#Mali : Korèdugaya à Sikasso : Immersion dans le monde du burlesque

Indépendance, travail, sincérité, honnêteté et droiture sont, entre autres, des vertus de cette confrérie. Les korèdugaw sont affublés de plusieurs noms en fonction des localités de la cité du Kénédougou

Publié vendredi 26 janvier 2024 à 06:53
#Mali : Korèdugaya à Sikasso : Immersion dans le monde du burlesque

Des femmes Korèdugaw en démonstration lors d’une cérémonie

 

Les bouffons ou «Korèdugaw» en langue bamanakan répondent à d’autres noms dans d’autres localités, notamment   dans le Cercle de Sikasso où, les senoufo leur collent les appellations «mpwugni» ou «mpwubi». Dans le Cercle de Kadiolo, les «shènnabele» (senoufo) leur affublent du sobriquet de «mpuwi» et «mpuubii» tandis que les Minianka leur collent aussi le nom «xodubalaa».

 Le korèdugaw représente une personne qui a le sens du burlesque, du rire, voire de la dérision. C’est aussi un être qui s’exprime ou passe des messages par des grimaces, des codes de résignation et une forme de sagesse. Les spécialistes définissent le korèdugaya comme une confrérie initiatique du patrimoine culturel du Mali. L’origine de la confrérie date de la nuit des temps. On les rencontre dans les milieux bambara, malinké, senoufo, minianka et samogo. Tout comme les confréries des chasseurs, des prêtres, des divinités du monde bambara, chaque communauté à ses propres korèdugaw.

Le korèdugaya tirerait son nom de «korè» (l’une des six divinités du monde bambara qui joue un rôle rituel et public) et de «duga» qui signifie en français le vautour. En milieu senoufo, il officie comme de maître de cérémonie, l’amuseur du public et l’interface entre les groupes d’âge. Grossomodo, le korèduga, c’est cet être humain qui a la particularité de s’habiller bizarrement. Il porte des haillons, des colliers, des pantalons dont l’un des pieds est le plus souvent long que l’autre.

à Sikasso, ces personnages atypiques sont toujours présents dans les rencontres culturelles. Ils se caractérisent par leur gestuelle, mais aussi leurs chants, danses, accoutrements, parures, langages verbaux et non-verbaux. Mais surtout cette façon ubuesque de faire des bénédictions, annonçant une chose à travers son contraire. C’est un code propre aux korèdugaw. Certains, sans prendre des gants, déclarent que les korèdugaw n’ont pas de pudeur (autrement sans scrupule). C’est une perception erronée de cette couche sociale.


Parce ces manières révèlent la beauté et la qualité du korèdugaya. Feu Tiémoko André Sanogo, qui a été rappelé à Dieu, en otobre 2021, était le président de l’Association des korèdugaw de la Région de Sikasso. Dans une publication intitulée : ‘’Les korèdugaw en milieu Senoufo’’, il évoquait l’initiation à la confrérie des korèdugaw ou «tuer quelqu’un à la confrérie», selon l’expression consacrée par la confrérie. D’autres confréries comme celles des chasseurs, géomanciens et sorciers ont une appellation à l’initiation. L’initiation se fait tous les 3 ou 7 ans, selon les aires culturelles.


Les initiés suivent toujours un cursus de formation. Les étapes de la formation commencent de 0 à 7 ans jusqu’à 42 à 63 ans. Au-delà de 63 ans, le korèdugaw se résigne à limiter ses déplacements et apparitions publiques. Il se contente du peu qu’on lui donne et s’interdit de quémander. «C’est à 63 ans que le korèduga devient un (duga mansa) signifiant roi des vautours ou un (duga koro) vieux vautour», expliquait l’ancien chef de l’Association des korèdugaw.

 Et d’ajouter que c’est en cette période que le «duga koro» entre dans l’univers du mysticisme visionnaire. Par ailleurs, les interdits des korèdugaw, selon Tiémoko André Sanogo sont notamment ne jamais allumer le feu de la discorde, du malentendu ou de la guerre, mais surtout être ouvert aux autres et recevoir le pêcheur comme le bienfaiteur avec la même courtoisie et ne jamais toucher ce qui ne l’appartient pas ou ne lui a pas été donné.

Sur un tout autre registre, le défunt affirmait que leur confrérie est sollicitée par les couples stériles pour satisfaire à leur aspiration à la parenté. Le couple prête serment et, une fois, le vœu exaucé, juste après le baptême, l’enfant est amené à la confrérie. Cette dernière lui donnera un prénom korèdugaw comme «malokini» (plat de riz), «tobogo» (boue de to), «dèguè» ( brouet ), «galama»  (louche), «gnama» (balayures), «duga» (vautour), «tchètèmalo» (l’homme n’a pas honte). En outre, les chants évoqués par les korèdugaw sont relatifs à l’éducation, la religion, la politique, etc.

De son côté, le chercheur du Centre de recherche pour la sauvegarde et la promotion de la culture senoufo de Sikasso, Abbé édouard Coulibaly, fait beaucoup d’investigations dans les villages senoufo, surtout sur le korèdugaya. Le Senoufo et l’originaire du Kadiolo dresse le tableau de la vie des korèdugaw du folona (Kadiolo). Selon lui, les korèdugaw de Sikasso sont différents de ceux de Kadiolo. Le symbole du korèdugaya est représenté par la sculpture d’un oiseau appelé «calao». Son bec fermé appelle les initiés à ne pas dévoiler ce qu’ils ont appris lors de l’initiation; le long bec de la sculpture qui se traine sur le ventre signifie que le vrai korèdugaw se nourrit par lui-même (indépendance); ses ailles écartés les encouragent à bondir sur le travail; la position droite de la sculpture appelle les bouffons à ne pas mentir, à ne pas toucher à la femme d’autrui et à ne pas voler. Qui n’apprécie pas ces valeurs ?

 

Amap-Sikasso

 

Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso

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