Droit d’auteurs et droits voisins : Les Éclaircissements de Diallo Aida Koné

La directrice générale du Bureau malien du droit d’auteur et droits voisins précise que les œuvres peuvent être protégées pendant toute la vie de l’auteur et 70 ans après sa disparition

Publié lundi 13 mars 2023 à 06:30
Droit d’auteurs et droits voisins : Les Éclaircissements de Diallo Aida Koné

Le droit d’auteur et droits voisins représentent une préoccupation d’ordre moral et matériel chez les créateurs d’œuvres littéraires et artistiques et leurs ayants droit. Ceux-ci sont légitimement et légalement en droit de réclamer des retombées financières sur leurs créations ou celles des siens. Ces droits sont largement méconnus par les créateurs eux-mêmes, leurs ayants droit voire.


La situation fait débat dans notre pays et la jeune garde d’artistes semble avoir des appréhensions diffuses sur la gestion du droit d’auteur et droits voisins. Pour apporter des éléments de réponse à cette préoccupation, nous avons rencontré la directrice du Bureau malien du droit d’auteur (Bumda), Mme Diallo Aida Koné. Objectif : éclairer la lanterne des créateurs, artistes et leurs ayants droit.

 Intervenant à cet effet, la directrice générale du Bureau malien de droit d’auteur (Bumda) opine sur la gestion du droit d’auteur et droits voisins, le recouvrement des redevances sur les créations et la répartition. C’est un domaine qui suscite beaucoup de discussions, notamment dans la gestion et la répartition des redevances, commente Mme Diallo Aida Koné.

Elle a salué l’engagement des autorités pour la promotion du régime et particulièrement son département pour son accompagnement dans l’amélioration des conditions de vie des artistes. De son point de vue, le domaine est très complexe et mérite une large sensibilisation pour faire connaître ces droits.

La patronne du Bumda a levé toute équivoque sur le droit d’auteur et droits voisins, avant de parler de l’évolution administrative de sa structure et des grandes actions réalisées en vue de l’amélioration des conditions de vie des créateurs et annexes.

Le Bumda, créé en 1978, a été rattaché à la direction nationale des arts et de la culture (Dnac) dans un premier temps. Il a fini par être érigé, en 2000, en Établissement public à caractère professionnel, doté d’une autonomie financière avec comme mission, l’organisation et la défense des intérêts moraux des créateurs maliens.

À ce titre, il est chargé de percevoir et repartir les redevances des droits et d’établir les relations nécessaires entre les utilisateurs d’œuvres et les artistes, et de lutter contre la piraterie, un fléau qui gangrène «le monde de la production artistique», et qui affecte sérieusement les créateurs.

 

De bons rapports de collaboration- Mme Diallo Aida Koné relève les bons rapports entre les artistes et sa structure. Elle explique que pour bénéficier du droit d’auteur et droits voisins, il y a un préalable. Il faut être sociétaire du Bumda, c’est-à-dire s’inscrire au niveau du registre du Bumda pour permettre à la structure d’agir en lieu et place de l’artiste. Et pour cela, il y a des critères établis, conformément aux textes qui régissent la structure.

Ce qui permet de maintenir une bonne relation de travail. Il faut aussi avoir des œuvres, c’est-à-dire des productions susceptibles d’être consommées par la population, plus deux photos d’identité et s’acquitté des frais d’adhésion estimés à 10.000 Fcfa pour les artistes musiciens, photographes, cinéastes… Les éditeurs doivent payer 30.000 Fcfa plus l’œuvre éditée pour être sociétaire.

L’enregistrement de l’œuvre constitue une phase de sa protection. Il s’effectue comme suit : le dépôt d’une copie de l’œuvre accompagnée d’une fiche de renseignements, signée par le déposant, la délivrance de l’attestation de dépôt signée par le chef du service de la documentation et de répartition.

C’est après l’inscription au registre que le Bumda peut prétendre réclamer la redevance aux organismes et sociétés de consommation des œuvres.

Toutefois, Mme Diallo Aida Koné précise clairement que l’utilisation des œuvres dans un espace public ou à but commercial est soumise au paiement du droit d’auteur. Mais la consommation personnelle des œuvres dans des espaces privés est sans droit. Généralement, le droit d’auteur et droits voisins sont réclamés auprès des opérateurs de téléphonie mobile, des stations radiophoniques, des chaînes de télévision, des restaurants et des entreprises publicitaires, entre autres, qui doivent impérativement payer les redevances. Bumda agit en lieu et place des artistes pour récupérer les dus.

 Un autre aspect aussi à clarifier pour tout le monde: on peut être sociétaire et ne pas bénéficier de redevances si les œuvres ne sont pas exploitées. L’argent perçu par les artistes est proportionnel à la fréquence d’utilisation des œuvres. Ce qui justifie le fait que certains artistes perçoivent plus que d’autres, car les musiques les plus jouées bénéficient forcément plus de droit.

La même rigueur s’applique aux organismes et sociétés dans le paiement des redevances. Car le quota est calculé en fonction  de la consommation, explique la directrice du Bumda. Après adhésion au régime du droit d’auteur et droits voisins, l’artiste va commencer à percevoir ses dus, chaque année, en fonction de l’utilisation ou de la consommation de ses œuvres. La particularité de ce droit est qu’après le décès de l’artiste, ses ayants droit peuvent continuer d’en percevoir pendant 70 ans si elle est toujours exploitée. Après l’œuvre tombe dans le domaine public et n’exigera plus de paiement de droit d’auteur. 

 

Difficultés de paiement- Une grosse épine dans le pied du  Bumda demeure le non payement des redevances par les structures. Les responsables de certaines radios et télévisions et autres structures ont une mauvaise perception des choses, en matière de droit d’auteur et droits voisins. Ils pensent faire plutôt la promotion des artistes en consommant leurs œuvres publiquement et que leurs structures ne doivent rien au Bumda pour le compte des artistes.

Selon elle, il faut introduire le programme sur le droit d’auteur et droits voisins dans les écoles d’art et facultés de droits pour une large vulgarisation du droit des créateurs. Elle a aussi requis l’implication de la Haute autorité de la communication (Hac) dans le payement des redevances.

Notre interlocutrice pense même qu’il faut inclure le paiement du droit d’auteur et droits voisins  dans les cahiers de charges des radios et des télévisions. Il faut aussi une large sensibilisation. Le Bumda est toujours confronté à plusieurs défis; à savoir : le problème de local approprié pour le bon fonctionnement de la structure, la formation du personnel et le recouvrement des redevances, car il est obligé parfois de transfèrer le dossier au niveau du tribunal.

Amadou SOW

Lire aussi : El Hadj Adama Issa Sacko : «J’ai remarqué que la culture Khassonké est en voie de disparition»

L’écrivain traditionnaliste, à travers son livre, intitulé : «Le Khasso traditionnel : coutumes et mœurs», lancé le 17 juillet dernier, met en lumière les repères culturels de cet espace linguistique dont il est le «Djeli», de par la bataille de Tumbifara. Dans cet ouvrage de 162 pa.

Lire aussi : Coopération culturelle : Le ministre Daffé et l’ambassadeur de la Palestine, Hassan Albalawi, s’inscrivent dans la même vision

Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l'Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, a rencontré, lundi dernier dans ses propres installations, dans le cadre de l’Année de la culture, l’ambassadeur de la Palestine au Mali, Hassan Albalawi..

Lire aussi : Biennale de Tombouctou : La chorégraphie de la cérémonie d’ouverture en construction

Depuis bientôt un mois, le maître chorégraphe, Karim Togola, assisté de deux professeurs de danse du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Abdoulaye Koné et Dramane Sidibé, sont à pied d’œuvre pour la construction du ballet de la cérémonie d’ouverture.

Lire aussi : Ségou : lancement de la journée de la Jeunesse africaine

Le directeur de cabinet du gouverneur de la Région de Ségou, Boureïma Ongoïba, a présidé, vendredi dernier, la cérémonie de lancement des activités commémoratives de la Journée de la jeunesse africaine, édition 2025..

Lire aussi : Année de la culture : Le plaidoyer pour la création

Le parrain du mois dans le cadre de l’Année de la culture a expliqué clairement lors de la rencontre la nécessité de créer pour être visible dans le monde. Il a aussi invité les créateurs à s’inspirer de notre patrimoine musical, textile ou architectural pour bâtir des produits culture.

Lire aussi : Festival Rendez-vous chez nous : De beaux spectacles dans la rue

Si au départ le «Festival Rendez-vous chez nous» était concentré sur les masques et marionnettes, force est de constater que l’événement s’est beaucoup développé. De nos jours, il est devenu plus éclectique avec une programmation riche et variée, allant de la musique à la danse moder.

Les articles de l'auteur

Coopération culturelle : Le ministre Daffé et l’ambassadeur de la Palestine, Hassan Albalawi, s’inscrivent dans la même vision

Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l'Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, a rencontré, lundi dernier dans ses propres installations, dans le cadre de l’Année de la culture, l’ambassadeur de la Palestine au Mali, Hassan Albalawi..

Par Amadou SOW


Publié mercredi 19 novembre 2025 à 08:26

Participation aux évènements sociaux : La Pénurie de carburant met les Bamakois à rude épreuve

La crise de carburant a contraint les habitants de la capitale à revoir leur copie en termes de participation aux événements sociaux (mariages, baptêmes et décès). Les autorités multiplient les initiatives pour que la situation revienne à la normale.

Par Amadou SOW


Publié mardi 04 novembre 2025 à 13:19

Financement de la culture : Des initiatives innovantes à envisager

En marge de la 9è édition du Festival international «Triangle de Balafon», le Consortium ACF–Fonds Maaya et le Réseau Kya, ont organisé, samedi dernier dans la salle de réunion de la Chambre de commerce et d’industrie de Sikasso, une table ronde sur la problématique de financement du secteur de la culture..

Par Amadou SOW


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:42

Festival international Triangle du balafon : Le Mali fait honneur à sa réputation

Après trois jours de compétitions intenses, le groupe «Danbe» de notre pays a remporté le premier prix du Festival international Triangle du Balafon, suivi du groupe «Bolomakoté» du Burkina Fasso. La troisième place a été décernée au groupe «Djéli» de la Guinée et le prix spécial AES a est revenu au Niger, pays invité d’honneur.

Par Amadou SOW


Publié lundi 13 octobre 2025 à 12:18

«Femme du soldat»: Une œuvre poignante d’Alima Togola

À l’accoutumée, les spectacles proposés par la comédienne Alima Togola procurent de l’émotion intense, notamment la sensation de vivre souvent dans la peau des acteurs, mais aussi matière à réflexion sur les préoccupations sociales de l’heure. Jamais, ou du moins rarement pour ne pas être catégorique, la comédienne n’est à contre-sens. Sa nouvelle œuvre théâtrale intitulée : «Femme du soldat» ne déroge pas à cette règle..

Par Amadou SOW


Publié mercredi 01 octobre 2025 à 09:10

Fadima Coulibaly : L’étoffe des grandes figures

Cette femme a mis toute son énergie et sa disponibilité à porter le projet d’exposition sur l’Armée malienne intitulée : «Le Soldat», à le concrétiser. Celle qui reste dans sa cohérence et dans la constance est passée maîtresse dans l’art de redéfinir l’organisation des évènements qui marquent les esprits..

Par Amadou SOW


Publié lundi 29 septembre 2025 à 08:12

Exposition Photo : Le soldat

Le thème de cette exposition, parrainée par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de Corps d’armée Sadio Camara, est expressif. Il traduit l’engagement des militaires et leur rôle dans la défense de la patrie et le développement socio-économique de notre pays.

Par Amadou SOW


Publié lundi 29 septembre 2025 à 08:10

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner