Cybercafé : Le salut par la reconversion

L’affluence est de plus en plus timide dans ces lieux

Publié mercredi 16 février 2022 à 07:17
Cybercafé : Le salut par la reconversion

Face à la rude concurrence des téléphones portables, les promoteurs de ces espaces informatiques survivent aujourd’hui grâce à d’autres activités connexes qu’ils assuraient

Autre temps, autre réalité. Jadis un espace incontournable pour les services divers qu’il proposait comme les formations en informatique, les photocopies, les impressions et surtout la fourniture de la connexion, le cybercafé connaît aujourd’hui une période de vaches maigres.

Avec le boom des Smartphones et l’accès facile à la connexion Internet, les usagers ont déserté ces espaces. Dans l’attente de jours meilleurs, la plupart des cybercafés survivent aujourd’hui, grâce à des activités supplémentaires telles que les transferts d’argent, la vente de matériels informatiques, le transfert des jeux vidéo, de sons musicaux, etc. Cette reconversion est un facteur incontournable pour permettre aux acteurs du domaine de joindre les deux bouts. Les cybers de la place nourrissent-ils encore leur homme ?

Il n’est pas encore midi. Devant le cybercafé, World Informatique sis à Djélibougou près d’un marché, est assis le gérant Issa Flabou Bougoudogo sur un fauteuil à bascule.

La morosité dans les affaires se lit sur son visage. Entre ses mains, deux téléphones lui servant d’opérations monétaires, Issa Flabou Bougoudogo dans un embarras pressant explique qu’avec l’expansion des téléphones portables dotés du système Androïd et des Smartphones en majorité connectables, l’accessibilité de la connexion est devenue facile. Ce qui, regrette-t-il, a impacté la rentabilité de leur commerce.


«Autrefois, beaucoup de clients venaient dans le cyber pour faire des recherches, consulter leurs boîtes électroniques ou se connecter sur Facebook, Skype et autres. Mais, actuellement, l’affluence est timide.

La rentabilité du cyber a vraiment diminué», déplore-t-il. Dans ce cyber, en plus de la connexion, ils assuraient, entre autres, des formations en informatique, la plastification, la copie, l’impression, la reliure des documents ainsi que la vente de matériels informatiques. Le gérant a ensuite indiqué que la copie est facturée à 25 Fcfa la page, et la reliure de 30 pages à 500 Fcfa, et de 30 à 80 pages au prix de 1.000 Fcfa. Quant au tirage, il est à 50 Fcfa, alors que le scan se fait à 300 Fcfa.

Par la suite, Issa Flabou Bougoudogo précise que les activités du cyber sont présentement, en grande partie assurées par la vente d’outils informatiques et le transfert monétaire. «Avec les activités monétaires via Western union, Orange Money, Ria Money, Sama Money etc. par jour, nous recevons plus d’une trentaine de clients. à travers les revenus de ces activités, nous arrivons à tirer notre épingle du jeu», explique-t-il.

 

LES FILMS ET VIDÉOS ONT TOUJOURS LA COTE-Par contre, Cheick Diankoumba, informaticien du même cyber, indique que, malgré la prolifération des Smartphones qui vient ralentir le marché, le cyber reste toujours un lieu incontournable pour certains clients. «Grâce à la vitesse de la connexion haut débit que nous proposons, beaucoup de gens viennent passer des heures pour se connecter, faire des téléchargements, consulter leurs boîtes email, et même naviguer sur les réseaux sociaux», révèle-t-il.

Pour inviter les gens à retourner vers les cybers, il ajoute que la connexion du cyber est moins chère que celle des téléphones mobiles quand il s’agit du téléchargement des gros fichiers, des films et des vidéos clips. Il argumente qu’il est impossible de télécharger pendant 30 minutes avec un forfait Internet de 20 Mo à 200 Fcfa.

Si Issa Flabou Bougoudogo parvient à combler le vide en pratiquant à la fois d’autres activités technologiques dans son cyber. Abdoulaye N’Diaye gérant du cyber Xtrem technology à Kalaban-Coura n’a pas plusieurs alternatives.


Lui se démerde dans les activités classiques. Selon lui, le temps est dur pour les cybers : «Autrefois les gens venaient au cyber pour se connecter ou transférer des documents à l’extérieur du pays, maintenant avec le Smartphone portable tout est facile.

Je pouvais gagner 10.000 Fcfa par jour mais maintenant je ne gagne que 3.000 à 5.000 Fcfa par jour, soit une réduction de plus de 50%», explique-t-il, avant d’ajouter que ceux qui continuent de fréquenter le cyber viennent pour faire des copies, imprimer des documents ou demander des services pour rédiger leurs lettres de motivation ou curriculum vitae.

Perturbés par la prolifération des Smartphones et Androïds qui paralysent leurs activités, les cybers diversifient leurs offres pour pouvoir sortir la tête de l’eau. «Grâce aux téléchargements de films long métrage vendu à 100 Fcfa, de jeux vidéo à 500 Fcfa, des vidéos clips à 50 Fcfa, nous arrivons à joindre les deux bouts», se réjouit Abdoulaye N’Diaye.

De l’avis de Modibo Keïta étudiant en lettres, avec le téléphone portable le besoin en connexion est déjà assuré. «Il m’arrive souvent d’oublier le cyber. Je peux passer des mois sans y mettre les pieds. Avec le portable, il suffit d’activer un forfait Internet mobile pour exécuter tous les travaux sur place. Avec la baisse du prix du forfait Internet mobile, je fréquente les cybers juste pour des besoins de copie ou d’impression», développe-t-il. 

 

ACTIVITÉS LUCRATIVES-Avant d’ajouter qu’avec son téléphone portable, il n’a pas à faire le déplacement. Il se connecte quand et où il veut. Par ailleurs, il lui est possible, comme à de nombreux étudiants, de se connecter gratuitement sur les réseaux wifi dans les sites universitaires avec leur ordinateur portable et leur tablette numérique, pour faciliter la recherche des documents sur les exposés et les travaux de mémoire de fin de cycle», indique-t-il.

Fatoumata Togola était très fréquente dans les cybers. Mais depuis un certain temps elle affirme qu’elle y va rarement. «Je me souviens quand j’étais encore plus jeune, je passais tout mon temps à «tchatcher» avec mes camarades de classe ou imprimer des paroles de chansons. Actuellement, avec mon ordinateur portable et ma tablette numérique, je fréquente le cyber pour faire uniquement les copies et les impressions de mes documents», explique-t-elle.

Ibrahim Sissoko, diplômé en réseau informatique, assure qu’avec la prolifération des Smartphones et l’évolution de la technologie, les cybercafés traversent actuellement une période de vaches maigres. «Auparavant, les cybercafés étaient la plaque tournante de l’informatique à savoir, les impressions, les copies et les téléchargements, etc. mais actuellement avec l’apport des Smartphones, le domaine est devenu un peu difficile à gérer.

Les quelques-uns qui arrivent à s’en sortir sont ceux qui s’adaptent avec le rajout d’autres activités lucratives», relate-t-il. Et de conseiller qu’avant de mettre en place un projet de cybercafé, il serait d’abord important de trouver un endroit stratégique notamment, à côté des universités et d’autres établissements de formation.

«Franchement les cybercafés ne marchent plus comme auparavant. Les gens sont de plus en plus désintéressés. Le business des cybercafés n’est plus comme avant où l’informatique n’était pas encore développée et mise à la portée de tout le monde. Maintenant, tout est informatisé et la population mondiale tend vers cela au détriment des gens qui évoluent dans le domaine des cybercafés», dit-il.

À cet effet, Ibrahim Sissoko conseille aux gens qui veulent s’investir dans le domaine de trouver d’abord un endroit stratégique et d’avoir des idées créatives dans le domaine de la technologie pour accompagner le projet afin de se démarquer.

Makan SISSOKO

Lire aussi : Rumeurs de crise d’hydrocarbures : Le CECOGEC met en garde contre les spéculations

Le Centre de coordination et de gestion des crises (CECOGEC) porte à la connaissance des population que des personnes mal intentionnées diffusent sur les réseaux sociaux de fausses informations sur une « prétendue pénurie qui commence à refaire surface dans plusieurs stations et des files d'.

Lire aussi : Gestion de la crise des hydrocarbures : 41 pétroliers, responsables syndicaux et chauffeurs décorés

À tout seigneur, tout honneur ! Ainsi peut-on qualifier la décision du Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, d’attribuer des distinctions honorifiques aux opérateurs pétroliers, aux responsables syndicaux et chauffeurs blessés qui ont accompagné activement l’.

Lire aussi : Crise du carburant : Des progrès visibles et un dispositif renforcé

Le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, a présidé ce mardi 2 décembre la réunion hebdomadaire du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, largement consacrée à la situation des hydrocarbures..

Lire aussi : Construction citoyenne : La DGCC renforce les capacités sur la citoyenneté

Dans le cadre du renforcement des capacités de son personnel, la Direction générale de la construction citoyenne (DGCC) a organisé, jeudi dernier dans ses locaux, une session de formation à l’intention de ses agents..

Lire aussi : Redevances annuelles des sociétés minières : La part de l’État malien passe de 201 à 358 milliards de Fcfa

Cette prouesse financière est le résultat du travail acharné mené par la Commission de négociation et de renégociation mise en place par les autorités. Celle-ci a présenté hier son rapport de fin de mission au Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta.

Lire aussi : Perspectives sahéliennes : Le défi du contrôle sur les ressources et sur les données

La fin du mois de novembre a été intense, riche en actualités et en enseignements sur la vie économique du Mali. D’abord avec le communiqué de la mission du Fonds monétaire international (FMI), ensuite avec l’accord, conclu entre le Gouvernement et la société Barrick Gold. Deux événeme.

Les articles de l'auteur

Environnement : 143.433 foyers de feux de brousse au Mali entre 2016 et 2023

Ces feux de brousse ont dévasté près de 36 millions d’hectares, soit l’équivalent de plus d’un quart du territoire national. Dans une analyse, le spécialiste en géographie de l’environnement, Dr Adama Sissoko, dresse un état des lieux alarmant.

Par Makan SISSOKO


Publié jeudi 04 décembre 2025 à 13:32

PDZSTA-KB : PLAN et budjet annuels validés

Le Programme de développement de la zone spéciale de transformation agro-industrielle des Régions de Koulikoro et péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB) a tenu, vendredi dernier, la 6è session de son comité de pilotage dans les locaux du ministère de l’Agriculture. L’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du département, Garantigui Traoré, en présence du coordonnateur du PDZSTA-KB, Demba Sidibé, ainsi que des membres de l’Unité de gestion du programme..

Par Makan SISSOKO


Publié lundi 01 décembre 2025 à 08:49

Projet «Femmes maliennes mobilisées pour le climat, la paix et la sécurité» : Les conseillers régionaux s’approprient les objectifs

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Femmes maliennes mobilisées pour le climat, la paix et la sécurité», la Coalition malienne genre, sécurité et changement climatique (Comagesc) a organisé, vendredi dernier dans les locaux de l’antenne de la Coalition à Banankabougou, un atelier d’immersion à l’intention de ses conseillers issus des communes d’intervention du projet, notamment Niono, Siribala, Karaba, Baramandougou, Ségué-Irré et Kendié..

Par Makan SISSOKO


Publié mercredi 26 novembre 2025 à 07:44

Disponibilité du carburant à Bamako : L’embellie du week-end appelée à se poursuivre

Le carburant était disponible dans plusieurs stations-services de la capitale le week-end dernier avec des files d’attente très raisonnables. Cette embellie semble marquer le pas au moment où le dédouanement rapide des citernes est pourtant bien enclenché.

Par Makan SISSOKO


Publié mardi 25 novembre 2025 à 08:25

Télévision de l’AES : Le délai de dépôt des candidatures repoussé au 2 décembre

À travers un communiqué rendu public ce lundi 24 novembre 2025, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, a informé l’opinion publique nationale de la prolongation du délai de dépôt des candidatures pour le recrutement du personnel de la Télévision de la Confédération des États du Sahel (AES)..

Par Makan SISSOKO


Publié lundi 24 novembre 2025 à 16:37

Peste des petits ruminants : 15 millions de têtes à vacciner

La campagne spéciale de vaccination et de marquage contre la peste des petits ruminants (PPR), couvrant la période 2025-2026 dans le District de Bamako, a été officiellement lancée hier par le gouverneur du District, Abdoulaye Coulibaly..

Par Makan SISSOKO


Publié mercredi 19 novembre 2025 à 08:23

Mali : La HAC ordonne le retrait de LCI et TF1 des bouquets audiovisuels

La Haute Autorité de la Communication (HAC) a ordonné, à compter du 13 novembre 2025, jusqu'à nouvel ordre le retrait des chaînes françaises LCI et TF1 de l’ensemble des bouquets audiovisuels au Mali..

Par Makan SISSOKO


Publié vendredi 14 novembre 2025 à 18:17

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner