
Les délégués et exploitants agricoles de la zone office du Niger ont témoigné «une nette amélioration de la situation sécuritaire» dans cette principale zone de production de riz au Mali qui était sur le point de devenir un sanctuaire pour les terroristes qui empêchaient les paysans de cultiver ou brûlaient leurs productions. Ils l’ont fait savoir hier devant le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui les a reçus en audience à la Primature.
La délégation forte de dix personnes était venue exposer les préoccupations des producteurs au chef du gouvernement. Pour l’occasion, Choguel Kokalla Maïga avait à ses côtés le ministre du Développement rural, Modibo Keïta et le directeur national adjoint de l’agriculture, Amadou Cheick Traoré.
Prenant la parole, le délégué général des exploitants agricoles de l’Office du Niger a évoqué les principales contraintes et difficultés auxquelles ils font tous face. «Notre premier problème, c’est le barrage de Markala qui est réglé aujourd’hui. Mais nous faisons face aux difficultés liées à la redevance eau qui s’élève à 1,7 milliard Fcfa. Une somme que les exploitants agricoles ne peuvent pas payer», a avoué Samba Doua Mahamane.
À cet effet, le délégué général des exploitants agricoles de l’Office du Niger a suggéré que l’État prenne en charge cette redevance eau pour alléger leur fardeau.
Le deuxième problème soumis au Premier ministre est relatif à l’insécurité dans les Cercles de Niono et Macina. «Cette insécurité a entrainé la destruction de plusieurs champs, des moissonneuses batteuses, des tracteurs ont été détruits ou emportés et occasionné des pertes en vie humaine», a déploré Samba Doua Mahamane. Toute chose qui explique, selon lui, les contreperformances en termes de production cette année, car les différents acteurs ne pouvaient pas se rendre dans leurs champs pour cultiver.
Le troisième problème exposé se rapporte au coût élevé de l’engrais. «Auparavant, on se procurait le sac d’engrais non subventionné à 16.000 Fcfa, aujourd’hui son prix est passé à 30.000 Fcfa. Aucun agriculteur ne peut se permettre plus de trois sacs pour son champ», a expliqué Samba Doua Mahamane. Il a plaidé pour une subvention substantielle de l’État pour réduire le coût d’acquisition du sac d’engrais.
Quant au représentant des syndicats, Alpha Oulalé, il rappelle que beaucoup d’agriculteurs sont confrontés aux créances des banques. «Des prêts qu’ils sont dans l’incapacité de rembourser vu la multitude de problèmes auxquels ils font face», a-t-il souligné. En effet, a précisé le paysan, les champs dans lesquelles ces prêts ont été investis ont été brûlés par les djihadistes. Pour le président du Conseil de Cercle de Macina, Adama Kola, sur 139.000 hectares mis à leur disposition pour exploitation, seule une partie de 106.000 hectares a pu être exploitée.
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, prenant la parole, a félicité la délégation pour leur diligence en venant exposer leurs problèmes. «Je suis au courant de la situation à Ségou et à Niono. Nous avons déjà mobilisé 3,5 milliards de Fcfa pour le barrage de Markala. Concernant l’engrais, tout sera fait pour baisser le prix.
Cependant, il faut noter que le prix sur le marché mondial a augmenté», a expliqué le chef du gouvernement. Le Premier ministre a également dit à la délégation que le Mali ne reçoit plus d’aide de la communauté internationale, dont le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne, la Banque mondiale. Selon lui, tout est fait sur fonds propres depuis bientôt deux mois. «Les problèmes sont traités selon les priorités, et la sécurité sur toute l’étendue du territoire se concrétise petit à petit aujourd’hui», a-t-il dit.
À la fin de l’entretien, le délégué général des exploitants agricoles de l’Office du Niger, Samba Doua Mahamane a remis un document comportant toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Le Premier ministre a promis qu’il fera parvenir ledit document à qui de droit.
Oumar SANKARE
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