
Des jeunes garçons, munis de bidons de 20 litres, font la queue pour obtenir le précieux liquide (archives)
À Mamaribougou, un quartier périphérique de la capitale,
l’approvisionnement en eau potable est une préoccupation de premier ordre. Les
habitants de ce quartier situé dans la Commune rurale du Mandé redoutent une
pénurie d’eau pendant la saison sèche où très souvent de nombreux puits
tarissent. Dans ces conditions s’approvisionner en eau potable devient une
corvée pour les femmes et les enfants qui se bousculent aux portillons des
familles disposant de châteaux d’eau.
Sur le site d’un de ces forages, femmes et enfants munis de bidons de 20 litres et de seaux font la queue pour obtenir le précieux liquide (l’eau). On est servi en fonction de son arrivée. Les plus impatients essaient de créer le bazar et tirer profit de la confusion pour avoir un rang confortable.
Mme Keïta Aminata Traoré, visiblement la quarantaine,
préfère éviter cet attroupement bruyant. Depuis 6 heures du matin, elle s’y
rend accompagnée de sa belle-fille pour s’approvisionner en eau. Ses petits
enfants prennent le relais dans l’après-midi.
Pour elle, cette situation est dure à vivre. Les puits sont taris et il faut recourir aux forages qui fonctionnent pour la plupart avec l’électricité. Or, dans un contexte de délestage permanent, cela reste une autre épine dans le pied. Sinon, il faut parcourir une certaine distance pour retrouver des forages solaires.
Djélika Keïta, étudiante en 11è année lettres, explique
que quand elle rentre de l’école à 17 heures, ses frères et elle vont chercher
de l’eau au forage pour les besoins de la famille. Celle qui est l’aînée de la
fratrie estime que pour l’instant ça n’affecte pas ses études.
Selon Aïssata Cissé, la faible pluviométrie pendant l’hivernage et la multiplication des forages d’eau sont à l’origine de l’assèchement des puits. En cette période, déplore-t-elle, sa famille consomme l’eau avec beaucoup de parcimonie pour éviter le gaspillage.
Pour Fatoumata Coulibaly, la pénurie d’eau impacte la vie quotidienne des ménagères. Le temps d’aller chercher de l’eau pour cuisiner, faire la lessive et la vaisselle, explique-t-elle, ne lui permet pas de s’occuper correctement d’autres tâches ménagères et de ses enfants. La brave femme invite les autorités compétentes à aider les familles à accéder aux robinets pour pallier toute éventuelle pénurie d’eau.
TOLÉRANCE À L’ÉGARD DES OUVRIERS- Pour Nakorè Sacko,
habitante du quartier depuis une quinzaine d’années, cette pénurie pendant la
saison sèche est cyclique. Mais elle témoigne que cette année, la situation a
empiré. C’est la première fois que le quartier enregistre une pénurie d’eau
d’une telle ampleur. Ibrahim Maïga possède un forage. «Nous donnons de l’eau
gratuitement aux habitants. C’est un geste de solidarité pour surmonter la
pénurie d’eau en ce moment. Quand on est arrivé dans le quartier, on n’a pas pu
avoir le robinet. Donc, on a été contraint d’installer un forage pour faire
face à la crise d’eau», explique ce bon Samaritain.
L’accès difficile à l’eau potable est une préoccupation
majeure de la Société malienne de patrimoine de l’eau potable (Somapep-SA).
Pour le cas de Mamaribougou, le directeur des Projets affirme que sa structure
a obtenu, dans le cadre de la phase 2, un financement de la Banque islamique de
développement (BID) qui permettra de densifier le réseau de distribution dans
plusieurs quartiers de la rive gauche du District de Bamako dont 21 kilomètres
dans le quartier Mamaribougou. Aly Koné précisera aussi que les tuyaux sont
déjà arrivés à Bamako, avant d’annoncer que le réseau devrait être disponible
au plus tard en décembre 2024. L’ingénieur hydraulicien souligne le rôle
crucial de la population dans la construction des ouvrages. Il les invite à la
patience et la tolérance à l’égard des ouvriers qui travaillent sur le
terrain.
Précisons que la Somapep-SA est chargée de réaliser les
infrastructures d’eau potable à savoir les ouvrages de production, de stockage
et de distribution, en vue d’assurer un accès durable à l’eau potable des
populations urbaines du Mali. Ces ouvrages sont mis à la disposition de la
Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep-SA) qui, à son tour,
s’occupe de leur exploitation et entretien. À Bamako, la structure dispose de
deux grandes sources d’approvisionnement en eau. Celle de Kabala qui produit
288 millions de litres par jour et la station de Djikoroni Para dont la
capacité de production se chiffre à 130 millions de litres par jour. Cinq petites
stations appuient les deux grandes sources d’approvisionnement.
Alima Nia DOUMBIA
Rédaction Lessor
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