#Mali : Cheickna Sissoko : L’homme aux cinq “tamans”

Le prestigieux joueur de cet instrument de percussion multiplie les recherches pour mieux exploiter la tradition musicale. C’est ainsi qu’il a été amené à associer deux autres xylophones aux siens pour en faire sept et un orchestre. Une prouesse jusque-là inégalée

Publié jeudi 12 septembre 2024 à 20:10
#Mali : Cheickna Sissoko : L’homme aux cinq “tamans”

 Cheickna Sissoko lors d’un concert

 

Souvenez-vous encore du concept de «Balani Show Bisness» ? Constitué de deux groupes de rap, notamment Suprême Talent Show et Warawo et de l’homme au cinq tamans, Cheickna Sissoko. Cet attelage a fait un tabac dans les rues de Bamako, puis dans les festivals au Mali, en Afrique et dans le monde dans les années 2010.

C’est Cheicknè Sissoko, avec les cinq tamans, qui arrangeait pendant des mois les différents morceaux. Ce coaching intensif des musiciens virtuoses n’a sans doute pas étouffé l’énergie rythmique des xylophones : «balani» et tamans. Ce coup de maître d’alors appelé «afro rap» a mis en scène l’une des meilleures expériences musicales de notre pays. En effet, Cheicknè Sissoko a compris que le taman peut constituer à lui seul un orchestre, parce qu’il possède la capacité d’animer une scène.

Cheicknè acquiert également une belle expérience en travaillant avec Acte Sept d’Adama Traoré en 1997 dans le cadre du théâtre de sensibilisation. «Théâtre dans la rue» avait pour but d’instaurer un dialogue entre les artistes et leur public. Ce qui a beaucoup enrichi et définitivement convaincu Cheicknè qu’il pouvait désormais volé de ses propres ailes avec son instrument de prédilection.

Il met en place le Groupe «Somanè», constitué de Cheicknè Sissoko (chef du groupe), de son épouse Yah Kouyaté (chanteuse), d’Assaba Dramé (N’Goni), Youssouf Koné (taman déni) et calebasse, Kalifa Konè (balafon) et Abdoulaye Diombana (administrateur).

Les instruments utilisés sont tous traditionnels. Au fil des années, le groupe a effectué plusieurs animations dans des lieux culturels, notamment au Musée avec les «Jeudis musicaux», à l’Institut français de Bamako, au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, à l’Exodus, un club de musique au champ hippique. Les festivals et grands évènements culturels du pays, les chaînes de télévision et les radios s’intéressent tous au Groupe Somanè.

Néanmoins, Cheicknè continue ses recherches musicales qui le conduisent parfois jusqu’aux fins fonds du terroir pour exploiter et améliorer la tradition dans toutes ses composantes. Il faut vraiment porter au crédit de ce groupe une grande innovation, celle d’associer plusieurs «tamans ba» et le «taman ni». Cheicknè Sissoko y joue lui seul cinq tamans superposés qui donnent des notes musicales différentes.

Après une formation académique à l’Institut national des arts, le chef du groupe a acquis d’autres expériences avant de faire du taman l’un des instruments traditionnels les plus doux et sensibles dans le milieu artistique. Cheicknè Sissoko, au regard du parcours de sa grand-mère, de son père, en un mot de sa famille, il était plus ou moins destiné à exceller dans cet art et devenir un prestigieux joueur de taman dont la renommée  dépasse les frontières maliennes.  Issu d’une famille de griot, depuis sa tendre enfance, il a commencé à jouer le taman, un instrument dompté par sa famille depuis des lustres avec ses ancêtres.

Son père Waldé Baba Sissoko fut l’un des précurseurs de cet instrument dans les orchestres et à l’Ensemble instrumental. C’est avec lui qu’on a su que les n’goni, guitares et autres instruments peuvent être accompagnés par le taman. Il travailla avec plusieurs artistes maliens, africains et européens.

Ses parents l’emmenaient depuis l’âge de 10 ans dans les cérémonies de mariage ou de baptême. Il a petit à petit appris l’art de la parole, la fonction du griot et son instrument de prédilection le taman. En ayant cette capacité de jouer comme son père, Cheicknè Sissoko accompagnait plusieurs grandes cantatrices dans les mariages et baptêmes. Ainsi, il remplaça son père dans beaucoup de groupes.

Son premier grand concert était avec l’Ensemble instrumental «Faso Jigui», dirigé par Massambou Wélé Diallo, éminent professeur de musique à l’Ina et au Conservatoire (deux écoles d’art au Mali), lors d’un événement politique en 1991 à l’hôtel de l’Amitié de Bamako.

Youssouf DOUMBIA

Lire aussi : Ouverture du Siama aujourd’hui : Tout est fin prêt pour accueillir les artisans

La 5è édition du Salon international de l’artisanat du Mali (Siama) s’ouvre aujourd’hui dans notre pays sous le thème : «Artisanat, facteur de développement et de sauvegarde de notre identité culturelle» pour prendre fin le 7 décembre prochain..

Lire aussi : Livre sur Guimba national : Le parcours d’un comédien hors pair

Habibou Dembélé dit Guimba national a fait rentrer la comédie dans une autre dimension. Cet artiste arrive, avec une facilité déconcertante, à arracher le sourire à tout le monde.

Lire aussi : Chorégraphie de la Biennale de Tombouctou : Le ministre Daffé exprime sa satisfaction

Cette œuvre sera présentée par 333 jeunes en référence aux 333 Saints de Tombouctou. La répétition a commencé depuis fin octobre et elle relate les figures historiques des empires du Ghana, du Mali et du Songhaï avec des forgerons et des griots qui ont construit notre histoire.

Lire aussi : Semaine internationale de l’artisanat touareg : Le secteur artisanal comme alternative à la migration irrégulière

Le Salon international de l’artisanat touareg, tenu du 18 au 23 novembre, a dédié la journée du samedi dernier au département des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine. La rencontre a été marquée par un panel sur le thème : secteur artisanal au Mali, alternati.

Lire aussi : El Hadj Adama Issa Sacko : «J’ai remarqué que la culture Khassonké est en voie de disparition»

L’écrivain traditionnaliste, à travers son livre, intitulé : «Le Khasso traditionnel : coutumes et mœurs», lancé le 17 juillet dernier, met en lumière les repères culturels de cet espace linguistique dont il est le «Djeli», de par la bataille de Tumbifara. Dans cet ouvrage de 162 pa.

Lire aussi : Coopération culturelle : Le ministre Daffé et l’ambassadeur de la Palestine, Hassan Albalawi, s’inscrivent dans la même vision

Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l'Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, a rencontré, lundi dernier dans ses propres installations, dans le cadre de l’Année de la culture, l’ambassadeur de la Palestine au Mali, Hassan Albalawi..

Les articles de l'auteur

Biennale de Tombouctou : La chorégraphie de la cérémonie d’ouverture en construction

Depuis bientôt un mois, le maître chorégraphe, Karim Togola, assisté de deux professeurs de danse du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Abdoulaye Koné et Dramane Sidibé, sont à pied d’œuvre pour la construction du ballet de la cérémonie d’ouverture de la Biennale de Tombouctou..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 18 novembre 2025 à 11:43

Festival Rendez-vous chez nous : De beaux spectacles dans la rue

Si au départ le «Festival Rendez-vous chez nous» était concentré sur les masques et marionnettes, force est de constater que l’événement s’est beaucoup développé. De nos jours, il est devenu plus éclectique avec une programmation riche et variée, allant de la musique à la danse moderne..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 11 novembre 2025 à 08:19

Cinéma : Le 2è épisode de «Bini Bana» réaffirme la souveraineté des noirs

Au moins 300 élèves de l’École fondamentale Bleu et Blanc de Missala, à une vingtaine de kilomètre de Bamako, ont assisté, vendredi dernier, à l’avant-première du 2è épisode du film Bini Bana de Zaidou Coulibaly. Ce long métrage de 90 minutes est une ode à la libération totale du joug colonial..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 04 novembre 2025 à 14:01

Manuscrits anciens : L’ONG Savama-DCI montre sa contribution à l’année de la culture

La Sauvegarde et valorisation des manuscrits anciens pour la défense de la culture islamique (SAVAMA-DCI) est une ONG culturelle, qui a joué un rôle fondamental dans la préservation du patrimoine écrit au Mali. Dans le cadre de ses missions, elle a entrepris la construction de plusieurs bibliothèques dédiées à la conservation, protection et mise en valeur des manuscrits anciens..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:23

4ē Grand prix d'Afrique de hippisme au Maroc : Enrichissante participation du Mali

La 4ē édition du Grand prix d'Afrique de hippisme se tient ces jours au Maroc avec la participation de plusieurs pays du continent dont le Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié samedi 13 septembre 2025 à 21:54

4è Grand prix d’Afrique de hippisme : Les turfistes Maliens pourront désormais parier sur courses marocaines

-.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié vendredi 12 septembre 2025 à 20:26

Culture et Intelligence artificielle : Bamako Académie dévoile sa série « La voie du Donsoya »

On peut s’aventurer à dire que Kabakoo Academies ose une fusion avant-gardiste de l’Intelligence artificielle (IA) et de la culture, en présentant en exclusivité un film intitulé « La voie du Donsoya ». Il s’agit du tout premier film d’animation explorant la richesse du Donsoya, une institution sociale et une vision du monde multiséculaire d’Afrique de l’Ouest..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 09 septembre 2025 à 17:02

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner