Gaspillage de nourritures : Une pratique condamnée

Selon l’Onu, 17% de la production mondiale sont gaspillés dans les ménages, services de restauration et au stade de vente au détail. Les pertes et gaspillages alimentaires sont responsables d’environ 7% des émissions de gaz à effet de serre

Publié lundi 16 octobre 2023 à 05:40
Gaspillage de nourritures : Une pratique condamnée

Le phénomène s’accentue les lendemains de fête ou des cérémonies sociales

 

La morale sociale voire religieuse condamne sans réserve le gaspillage de nourritures. Pourtant certains de nos compatriotes, notamment du côté de la gent féminine, ne semblent pas avoir le sens de la mesure. Ils préparent chez eux une quantité de nourritures plus que suffisante et déversent souvent le reste dans les poubelles au grand dam des puritains. Ceux-ci s’accommodent mal de la pratique et la juge inacceptable dans une société où on a toujours des familles qui n’ont rien à se mettre sous la dent.

Le phénomène s’accentue les lendemains de fête ou de certaines cérémonies sociales comme les baptêmes et les mariages. Les vendeurs de produits alimentaires ne sont pas en marge. Ceux-ci aussi déversent des marchandises avariées dans les poubelles au lieu de les offrir aux plus nécessiteux, souvent avant leur date d’expiration.

Le gaspillage de nourritures révolte la conscience humaine. Et personne ne peut reprocher à nos compatriotes de condamner la pratique avec la dernière rigueur. C’est une pratique qui interroge sur le sens réel de la solidarité dans notre pays. Certaines familles n’ont pas de quoi manger et dont les membres souffrent de malnutrition.

Les statistiques du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) font froid dans le dos. Plus d’un million d’enfants de moins de 5 ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë dans notre pays d’ici fin décembre prochain. Parmi lesquels, 200.000 sont susceptibles de mourir de faim s’ils ne reçoivent pas l’aide vitale dont ils ont besoin. Le phénomène est mondial. C’est pourquoi, les Nations unies ont institué en 2019, la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourritures qui est célébrée le 29 septembre de chaque année.

Selon l’organisation onusienne, on estime à 17% la production mondiale totale gaspillée dans les ménages, les services de restauration et au stade de la vente au détail. Elle poursuit que les pertes et gaspillages alimentaires sont responsables d’environ 7% des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Dans notre société, les aînés ont toujours condamné le gaspillage de nourritures.


La sexagénaire Mariam Doumbia affirme que toute femme qui a l’habitude de jeter de la nourriture à la poubelle ne verra jamais son mari faire fortune. S’il l’est, il sera rapidement ruiné. Elle explique que ce constat empirique a été toujours enseigné par les personnes âgées, notamment celles qui représentaient l’autorité morale dans les familles et au sein de la communauté. Elle souligne que personnellement, il lui arrivait d’étaler des restes de nourritures sous le soleil enfin de les sécher pour ensuite en faire des petits plats pour les enfants.


Mariam Doumbia se souvient aussi qu’elle exposait sous le soleil la quantité restante en état de putréfaction pour ensuite la vendre aux acheteurs, qui à leur tour approvisionnent les éleveurs de bétail. «Les épouses d’aujourd’hui n’en font qu’à leur tête. Elles n’écoutent pas les conseils et laissent la gestion des nourritures aux servantes», déplore-t-elle.

 

Baraka de la nourriture- Korotoumou Diakité arrive à joindre les deux bouts, grâce au commerce de nourritures séchées. Elle fait le porte à porte pour acheter les restes d’aliments et ensuite les revendre aux éleveurs. La veuve explique que la nourriture, même pourrie, peut toujours servir. Il suffit, dit-elle, de veiller à sa bonne conservation.

Le gaspillage de nourritures fait grincer des dents. Pour Souleymane Sy, c’est juste une négligence coupable des femmes qui n’ont cure des conditions d’acquisition de la provision. «Du temps de nos mères, on voyait rarement les restes de nourritures dans les poubelles. La pratique est inacceptable dans un pays pauvre comme le nôtre», fustige Oumar Tamboura. Ce chef de famille a travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de la restauration. Il s’insurge contre le gaspillage de nourritures. «Nous jetons les aliments non conservables.


Dans une société minière du pays, on pouvait jeter une grande quantité de riz et plus de 4 kilogrammes de viande par jour», précise le diplômé en hôtellerie. L’avènement des réfrigérateurs a atténué le gâchis. Aminata Konaté arrive à conserver ses restes de nourritures dans un congélateur. La jeune épouse déclare que c’est un moyen idéal pour éviter le gaspillage.

De nombreuses religions recommandent la bonne gestion de la nourriture. Alexandre Théra, pasteur stagiaire à l’Église évangélique d’Hamdallaye explique que la bonne gestion de la nourriture et le non gaspillage est un principe biblique, sinon une recommandation de Dieu. C’est pourquoi, justifie-t-il, dans l’histoire de l’amande, le Seigneur recommandé : «Recueillez-en chacun en proportion de ce qu’il peut manger. Un honneur par tête, selon le nombre de vos personnes, vous en prendrez chacun pour le nombre de personnes qui sont dans votre maison.»

Le pasteur stagiaire indique que le Nouveau Testament en parle aussi à travers Jean, chapitre 16, verset 12. Ce passage biblique enseigne que Jésus a multiplié et transformé du pain et des poissons pour nourrir un grand nombre de personnes, après qu’il les fut rassasiés, il dit à ses disciples : «Ramassez les morceaux qui sont des restes afin que rien ne soit perdu.» Selon Alexandre Théra, Jésus a donné cette recommandation pour que ces restes puissent servir d’autres personnes nécessiteuses. Le pasteur affirme que cette pratique peut fermer la porte de la bénédiction, car dit-il, c’est une expression de notre ingratitude envers Dieu.


Quant à l’islam, il aborde aussi le rejet par Dieu du gaspillage de la nourriture dans la sourate Al-bakhara. Selon Alou Diaby, professeur d’arabe, Allah précise dans cette sourate qu’il n’aime pas le gaspillage surtout celui de la nourriture. Dans un hadith, dit-il, le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) explique que la baraka (bénédiction divine) de la nourriture se trouve à la fin, c’est-à-dire au reste. Selon le professeur, tout ça c’est pour nous inciter à faire bon usage de ce qu’on a de trop et éviter de le gaspiller.

 «L’islam étant une religion de partage, le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) incite les musulmans à partager ce qu’ils ont de trop avec ceux qui sont en manque au lieu de gaspiller les restes de nourritures», affirme l’arabophone, avant d’ajouter que celui qui évite la faim à son prochain même avec un morceau de pain se verra récompensé par Allah. Et de prévenir que celui qui fait du gaspillage de nourritures une pratique rendra compte au Tout-Puissant et sera puni dans l’enfer.

Nahawa SANGARÉ                  

Rédaction Lessor

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