Faits divers : Cour d’assises de Bamako : Ils ont payé pour leur conduite

À deux, ils commettaient des forfaits dans le quartier sans discontinuer au point que les victimes ont décidé de les affronter pour se débarrasser d’eux. Force est finalement restée à la loi

Publié mercredi 16 novembre 2022 à 06:22
Faits divers : Cour d’assises de Bamako : Ils ont payé pour leur conduite

Les nommés SC et CHD devront (en principe) passer les sept prochaines années entre les quatre murs d’un cachot. Ainsi en ont décidé les jurés de la Cour d’assisses dont la première session au titre de l’année 2021-2022 se tient toujours à la Cour d’appel de Bamako. Si SC est blanchisseur de profession, son complice et compagnon de fortune CHD lui est chauffeur.


Ces deux individus, tous des trentenaires, ont comparu devant les juges de la dite cour pour leur implication dans une histoire d’«association de malfaiteurs, vol qualifié, tentative de vol qualifié, détention, vente, achat et consommation de drogues à haut risque, détention illégale d’armes à feu et de munition». Ces faits sont prévus et punis par les articles 175, 252, 253, 254 et 3 du code pénal, 99 et 138 de la loi n°01-078 du 18 juillet 2001 portant sur le contrôle des drogues et précurseurs et 12 et 43 de la loi n°04-050 du 12 novembre 2004 régissant les armes et munitions en République du Mali.

D’intenses patrouilles nocturnes  régulières

Tels qu’ils sont ressortis de l’acte d’accusation, les faits qui ont conduit ces deux individus devant les juges sont clairs. Courant 2018, les habitants de Sirakoro Méguétana, un quartier populaire et périphérique de la capitale, ont été sérieusement éprouvés par des attaques et braquages à main armée.

Bien que les paisibles populations étaient atteintes dans leur intégrité physique, mais aussi, leurs biens n’étaient pas épargnés. Plus le temps passait, moins les habitants pouvaient dormir tranquillement dans leurs domiciles. Excédés, par la recrudescence de l’insécurité ambiante dans leur quartier, les jeunes ont été obligés de chercher une solution pour la circonscrire, faute de pouvoir l’éradiquer de façon définitive. C’est ainsi qu’ils ont décidé de la mise en place de comités de veille et de vigilance dans leur quartier.


Le but de ces regroupements était de mener des patrouilles nocturnes intenses à travers tout le quartier et ses environs. C’est au cours d’une des sorties de ces jeunes que les nommés SC et CHD ont été coincés et interpellés par les membres du comité de vigilance. Les deux individus avaient été déjà dénoncés comme des malfrats appartenant à une bande qui avait été mis hors d’état de nuire par la  Brigade territoriale de la gendarmerie de Faladié.

Juste deux sachets d’eau pour se rafraichir

Se référant à leurs propres déclarations, l’acte d’accusation précise que les deux garçons évoluaient en duo pour mener leurs opérations à travers tout le quartier et ses environs. C’est ainsi que dans la nuit du 23 au 24 mai 2018, les deux hommes ont monté une opération pour dérober une moto tricycle garée quelque part dans le quartier.


Malheureusement pour eux, ce jour là, cette opération n’aura pas lieu à cause du fait que l’engin qu’ils avaient visé était dépourvu de pneus. Complètement déçus, les deux bandits se sont retirés des lieux, très assoiffés de butins. Sur le chemin du retour SC qui n’avait pas pu digérer l’échec de leur toute première opération de la nuit, a de nouveau tenté sa chance. Ignorant complètement que c’était leur jour de malchance, il s’est approché d’une boutique du coin de rue.

Au lieu de chercher  à voler un objet de valeur, il a profité de l’inattention du boutiquier pour passer sa main à travers le grillage qui était sensé sécuriser le frigo. Curieusement, il n’y a soustrait juste que deux sachets d’eau. Histoire de se rafraichir la gorge en attendant de voir clair pour la suite de la nuit. C’était une grossière erreur de sa part. C’est comme cela qu’ils ont été vus, coincés et remis aux membres du comité de vigilance du quartier. Ces jeunes les ont, à leur tour remis aux gendarmes.

Les pandores ont suivi la logique pénale en l’espèce. Ils ont procédé à des fouilles corporelles des deux bandits. C’est comme cela qu’ils sont tombés sur un pistolet de fabrication artisanale sur SC. Quant à son compagnon CHD, lui détenait une vignette de mobylette de provenance douteuse.

C’était suffisant pour que les pandores se montrent plus sévères au cours des auditions des deux malfrats. Coincés, ces derniers ont été obligés de faire des révélations sur leurs activités lugubres. Notamment des soustractions frauduleuses portant sur divers objets : téléphones portables, batteries de camions remorques, colliers et boucles d’oreilles en or etc.

Dès lors, leur culpabilité a été retenue. D’où leur renvoi en assises pour y être jugé conformément à la loi. Devant le magistrat instructeur, ils ont tenté de nier les faits. Mais l’inculpé S.C a affirmé dans ses déclarations à l’enquête préliminaire que son compagnon « C.H.D possédait une poudre traditionnelle... ». C’était sa technique à lui de dissiper la possession de drogue dont l’acte d’accusation faisait allusion. Dans la même veine, le même document précise que les inculpés avaient formé une association dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou leurs propriétés.

Il a été établi de façon formelle qu’outre les deux sachets d’eau à cause desquels ont été pris, les deux sont suspectés du vol d’une mobylette Djakarta, des téléphones portables, des bijoux dont 2 bracelets en argent, un pistolet automatique de marque Beretta noH86154Z, une clé USB. à ces butins, s’ajoute le vol d’une certaine somme d’argent au préjudice de plusieurs victimes. Mieux, le dossier d’accusation a donné des détails sur le fait que les inculpés détenaient illégalement des substances psychotropes dont la faible quantité permet de considérer qu’elle était destinée à leur consommation personnelle.


Pour l’accusation, ces faits reprochés aux inculpés sont constitutifs du crime d’association de malfaiteurs, vol qualifié, tentative de vol qualifié, détention, vente, achat et consommation de drogues à haut risque, détention illégale d’armes à feu et de munitions.

À la barre, les accusés ont partiellement reconnu les faits qui leur sont reprochés. Ils ont reconnu l’infraction d’ «association de malfaiteurs, vol qualifié, tentative de vol qualifié, détention illégale armes à feu et de munition ». Ainsi, ils ont avoué avoir braqué à plusieurs reprises, de nombreux citoyens pour les déposséder de leurs biens. Mais, de façon constante, ils ont cependant nié en bloc les accusations de « détention, vente, achat consommation de drogues à haut risque». Pour se défendre, ils sont allés jusqu’à dire qu’ils n’ont jamais consommé de la drogue.

La clémence des jurés

Après avoir relaté clairement les faits tels qu’ils ressortent du dossier, le ministère public a demandé à la Cour de déclarer les accusés « non coupable » de l’infraction « détention, vente, achat consommation de drogues à haut risque et vol qualifié ». Selon le magistrat debout, ces faits n’ont, en aucun moment pu être établis. Toute fois, le défenseur des citoyens a plaidé leur maintien dans les liens de culpabilité pour les faits d’« association de malfaiteurs, tentative de vol qualifié, détention illégale armes à feu et de munition ». Visiblement, il y’avait pas grand chose à débattre.

C’est pourquoi, les conseils des accusés on préféré se rallier au ministère public. Tout ce qu’ils ont pu dire, c’est de demander la clémence de la Cour. Cela, selon eux, à cause du fait que leurs clients sont des délinquants primaires qui ont regretté leurs actes. Dans le même ordre d’idée, les avocats ont plaidé pour que les accusés soient condamnés à une peine qui peut leur permettre de retrouver leurs familles.


Surtout, vu leur jeunesse. Après tout, en réponse aux questions résultantes des débats, les accusés ont été reconnus coupables des faits. Mais, ils ont bénéficié de circonstances atténuantes. Lorsque le parquet est revenu à la charge, c’était pour requérir 10 ans de réclusion criminelle contre les deux quidams. Finalement la Cour les a condamnés  la peine ci-dessus citée.

Yaya DIAKITE

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