Évaluation et accréditation des établissements de santé : «Public et privé sont tous concernés»

Cette nouvelle Agence est outillée d’un dispositif pour amener les structures de santé à s’inscrire dans une amélioration continue de la qualité des soins. Son directeur général, Sékouli Fadjadji Touré, explique les défis à relever pour réussir cette noble mission

Par

Publié lundi 06 février 2023 à 07:44 , mis à jour mardi 28 mars 2023 à 09:44
Évaluation et accréditation des établissements de santé : «Public et privé sont tous concernés»

L’Essor : L’Anaes a été créée sur les cendres de l’Agence nationale d’évaluation des hôpitaux (Aneh) avec de nouvelles attributions. Pourquoi cet élargissement des missions ?

Sékouli Fadjadji Touré : Sous l’impulsion de la ministre de la Santé et du Développement social, Mme Diéminatou Sangaré, l’Anaes a été créée en février 2022 en réponse à plusieurs aspects dont l’élargissement du système de santé à travers la création des cliniques, les cabinets, les centres de santé communautaire (Cscom), les Centres de santé de référence (Csref) qui sont en train d’être transformés (pour certains) hôpitaux de district sanitaire depuis 2018.

 Cette évolution exige de donner des soins de qualité à la population. Il a ne sert à rien de soigner des patients dans des conditions où il n’y pas de qualité. Le deuxième aspect est que les structures doivent être accréditées.

Cela vise à identifier celles qui répondent aux normes de qualité. On ne peut plus se contenter de prodiguer des soins qui ne sont pas de qualité. À partir de ces constats, la nécessité de revoir les missions de l’Aneh a été partagée par la cheffe du département en charge de la Santé qui a toujours prôné la qualité en matière de soins.


Il fallait élargir les missions d’évaluation à l’ensemble des établissements de santé, aussi bien dans le public que dans le privé. L’Anaes est chargée de procéder à l’évaluation externe des établissements de santé en ce qui concerne la qualité des soins, la maîtrise des coûts et l’impact en termes de santé publique et médico-économique, de procéder à l’évaluation des établissements de santé en vue de leur classement en niveau de référence dans le système de santé.

Il s’agit aussi de favoriser le développement de l’évaluation des soins et des pratiques professionnelles. L’Anaes a aussi mission d’établir et de mettre en œuvre des procédures d’accréditation des structures de santé, ainsi que de proposer au ministre chargé de la Santé leur accréditation et de proposer la souscription et le retrait de la souscription aux organismes d’assurance publics.

 

L’Essor : Quelles seront les contributions de l’Agence à notre système de santé, en termes d’accès à des soins de qualité ?

Sékouli Fadjadji Touré : Le dispositif de l’Anaes est très bien. L’État s’est donné le moyen, à travers ce service de pouvoir garantir la qualité des soins. Quand une structure est accréditée, la qualité monte progressivement et elle offre des conditions de prise en charge idéales. L’évaluation des établissements de santé apportera donc une saine émulation dans l’amélioration des soins offerts aux malades. Cela, à travers l’évaluation des acquis et les insuffisances, mais aussi les recommandations à l’endroit de la ministre de la Santé et du Développement social pour la quête de qualité.

 

L’Essor : L’Anaes a pour mission l’accréditation des établissements de santé. Est-ce le début d’une lutte contre la prolifération des structures de soins privées qui ne répondent pas aux exigences ?

Sékouli Fadjadji Touré : Le Mali n’avait pas un service dédié à l’accréditation. Il y a des services de répression, notamment l’inspection de la santé. Dès que le processus va démarrer, c’est la population qui va sanctionner en refusant d’aller vers ces structures non accréditées. Ce processus d’accréditation est participatif. La vision du département de la Santé et du Développement social est d’amener les responsables des structures privées ou publiques à emprunter la démarche qualité à travers des outils et des normes.


Chaque niveau de service aura ses normes qui seront élaborées et validées par les autorités. La population aura l’information nécessaire par rapport à  l’accréditation des établissements de santé. D’autres structures seront impliquées aux processus d’accréditation comme la direction générale de la santé, la Caisse nationale d’assurance maladie (Canam) et l’Institut national de santé publique (INSP). La ministre en charge de la Santé a tout le loisir d’accréditer ou non les structures évaluées. Cette accréditation peut être retirée une fois que la structure ne répond plus aux normes.

 

L’Essor : Quels sont les établissements de santé qui rejoindront la liste des hôpitaux traditionnellement évalués ? Comment comptez-vous relever ce challenge ?

Sékouli Fadjadji Touré : L’Aneh était centrée sur les hôpitaux. Cette fois-ci, les évaluations concernent tous les établissements de santé publics et privés. La loi d’orientation sur la santé donne le libre choix à un malade de se soigner où il veut. C’est la raison qui implique ce changement afin que tous les établissements de santé offrent la qualité aux patients.   

 

L’Essor : Quelles sont vos attentes pour réussir ces nouvelles missions assignées à votre Agence ?

Sékouli Fadjadji Touré : Nous avons besoin d’appuis techniques, en termes de renforcement de capacités. Nous avons des cadres très expérimentés en matière d’évaluation. Mais l’accréditation est un nouveau domaine. Nous sommes en train d’élaborer les outils qu’il faut pour l’accréditation. Aujourd’hui, nous avons les outils qu’il faut par rapport aux Cscom.

 Nous allons commencer à accréditer au moins 45 Cscom pour l’année 2023. Nous allons élaborer d’autres outils par niveau de référence à savoir pour les hôpitaux du district sanitaire, de deuxième, troisième, voire quatrième référence, surtout les privés.

La recherche de financements est l’une des recommandations de la première session de notre conseil d’administration, tenue le 26 janvier dernier. Il faudra que l’état et les partenaires techniques et financiers apportent le concours nécessaire à l’Anaes pour relever le challenge lié aux ressources humaines, matérielles, financières et logistiques.

Afin qu’elle joue véritablement sa partition de façon efficace et efficiente. Jusque-là, nous avons toujours bénéficié de l’accompagnement de l’État, mais aussi des ordres professionnels de la santé. Nous voulons que chacun joue son rôle, car nous sommes tous des potentiels malades.

Propos recueillis par

Mohamed DIAWARA

Lire aussi : Sékouli Fadjadji Touré : «Les résultats reflètent les données des hôpitaux»

Le directeur général de l’Agence nationale d’évaluation et d’accréditation des établissements de santé (Anaes) parle des bienfaits de l’évaluation des hôpitaux, des critères pris en compte et des insuffisances constatées dans ces établissements de soins.

Lire aussi : Mali : L'hôpital de Kati classé le plus performant de l'année 2021

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Bocar Sidy Sall de Kati est le plus performant des établissements hospitaliers du Mali en 2021 avec un score de 103 points sur 135. Cette distinction, couronnée par un chèque symbolique d'un montant de 750.000 Fcfa, a été proclaméee à l'occasion de l.

Lire aussi : Suspension des cours dans les écoles privées : Les promoteurs réclament 8 milliards à l’Etat

Ils exigent le paiement intégral des 20% de frais scolaires et demi-bourses en souffrance, au titre de l’année scolaire 2021-2022. Pour obtenir gain de cause, ils observent un arrêt d’activité de 5 jours.

Lire aussi : Mali: Un système de fraude à l'inscription découvert à la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage

Sur un total de 12 655 étudiants enregistrés à la scolarité de la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FLSL), 5 128 ont été consignés sur les listes d'inscription sans dossier, soit 40,52% de l'effectif qui n'ont pas versé de droits d'inscription à la comptabilité .

Lire aussi : Spécial 8 mars 2023, Paix, sécurité et réconciliation : Jamais sans les femmes

En dépit des nombreuses difficultés et du poids de la société, certaines femmes contribuent activement au processus de consolidation de la paix et de la réconciliation dans notre pays.

Lire aussi : Spécial 8 mars 2023, Dr Sidibé Djénéba Diallo : Pilier central des soins d’urgence

Dr Sidibé Djénéba Diallo est une bénédiction pour le Service d’accueil des urgences à l’Hôpital du Mali. Celle qui est constamment aux petits soins des malades, dont le pronostic vital est parfois en jeu, est un bon disciple d’Hippocrate qui marche dans le sillon tracé par ses prestigi.

Les articles de l'auteur

Sékouli Fadjadji Touré : «Les résultats reflètent les données des hôpitaux»

Le directeur général de l’Agence nationale d’évaluation et d’accréditation des établissements de santé (Anaes) parle des bienfaits de l’évaluation des hôpitaux, des critères pris en compte et des insuffisances constatées dans ces établissements de soins.

Par Mohamed DIAWARA


Publié lundi 20 mars 2023 à 07:48

Mali : L'hôpital de Kati classé le plus performant de l'année 2021

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Bocar Sidy Sall de Kati est le plus performant des établissements hospitaliers du Mali en 2021 avec un score de 103 points sur 135. Cette distinction, couronnée par un chèque symbolique d'un montant de 750.000 Fcfa, a été proclaméee à l'occasion de la 4è édition de la Journée de restitution des résultats de l'évaluation de la performance des hôpitaux du Mali au titre de l'année 2021..

Par Mohamed DIAWARA


Publié jeudi 16 mars 2023 à 20:35

Suspension des cours dans les écoles privées : Les promoteurs réclament 8 milliards à l’Etat

Ils exigent le paiement intégral des 20% de frais scolaires et demi-bourses en souffrance, au titre de l’année scolaire 2021-2022. Pour obtenir gain de cause, ils observent un arrêt d’activité de 5 jours.

Par Mohamed DIAWARA


Publié mardi 14 mars 2023 à 07:50

Mali: Un système de fraude à l'inscription découvert à la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage

Sur un total de 12 655 étudiants enregistrés à la scolarité de la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FLSL), 5 128 ont été consignés sur les listes d'inscription sans dossier, soit 40,52% de l'effectif qui n'ont pas versé de droits d'inscription à la comptabilité de ladite Faculté.

Par Mohamed DIAWARA


Publié samedi 11 mars 2023 à 15:35

Spécial 8 mars 2023, Paix, sécurité et réconciliation : Jamais sans les femmes

En dépit des nombreuses difficultés et du poids de la société, certaines femmes contribuent activement au processus de consolidation de la paix et de la réconciliation dans notre pays.

Par Mohamed DIAWARA


Publié mercredi 08 mars 2023 à 08:42

Spécial 8 mars 2023, Dr Sidibé Djénéba Diallo : Pilier central des soins d’urgence

Dr Sidibé Djénéba Diallo est une bénédiction pour le Service d’accueil des urgences à l’Hôpital du Mali. Celle qui est constamment aux petits soins des malades, dont le pronostic vital est parfois en jeu, est un bon disciple d’Hippocrate qui marche dans le sillon tracé par ses prestigieux maîtres de la médecine d’urgence au Mali.

Par Mohamed DIAWARA


Publié mercredi 08 mars 2023 à 08:32

Mme Soumaré Hadja Assa Diallo : «Les femmes étaient une arme efficace pour les régimes de l’époque»

Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, les femmes ont fait preuve d’un solide engagement dans le soutien aux deux premiers régimes qui se sont succédé au pouvoir. Mme Soumaré Hadja Assa Diallo, membre de l’Union nationale des femmes du Mali (UNFM) de 1968-1991, revient sur le rôle des associations féminines à l’époque.

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 03 mars 2023 à 08:06

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner