Élimination des violences à l’égard des femmes : Les valeurs sociétales, un vecteur important

Le Mali et tous les autres pays du monde célèbrent aujourd’hui (25 novembre), la Journée mondiale de l’élimination des violences à l’égard des femmes.

Publié vendredi 25 novembre 2022 à 07:43
Élimination des violences à l’égard des femmes : Les valeurs sociétales, un vecteur important

L’événement se tient cette année sous le thème international intitulé : «Tous unis! L’activisme pour l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles. » Au niveau national, notre pays a retenu le thème : « Utilisons nos valeurs sociétales pour mettre fin aux violences faites au femmes et aux filles. » La célébration de cette journée donne le coup d’envoi des 16 jours d’activisme.


Durant cette campagne, autorités et partenaires feront le point sur les dangers et les conséquences liées aux violences faites aux femmes et filles (VFF ) en vue de trouver des solutions pour mettre fin à ces violences.  Selon la directrice du Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (PNVBG), Mme Keita Fadima Tall, le choix de ce thème national se justifie par le fait que notre pays a enregistré plusieurs cas d’assassinat cette année.

L’objectif est de mener des activités de sensibilisation et d’information de la communauté sur nos valeurs sociétales et traditionnelles en vue de valoriser la femme.  « Au Mali, nous avons plus de 20 formes de Violences basées sur le genre (VBG)», précise-t-elle. Avant d’indiquer que ces violences se trouvent dans six types. Ce sont : le viol, l’agression sexuelle, la violence physique, le mariage d’enfant, les dénis de ressources d’opportunités et de services, y compris les violences psychologiques et émotionnelles.  Mme Keita Fadima Tall estime que les cas de VBG augmentent d’année en année dans notre pays. 

«En 2020, on a enregistré 6.065 cas contre 9.450 cas l’année suivante», indique-t-elle. La directrice du PNVBG souligne que le viol vient en tête des VFF suivi de la violence physique. Selon elle, le déséquilibre et l’abus de pouvoir, le faible niveau d’instruction et économique ainsi que la consommation des stupéfiants sont à l’origine des violences faites au femmes. 


Parlant des valeurs sociétales, le sociologue Dr Mohamed Abdoullah Haïdara, indique qu’elles concernent l’ensemble de la société et orientent les conduites individuelles et groupales. Elles peuvent provenir notamment de la religion, de la tradition et  des coutumes. Selon l’universitaire, les VFF  sont la traduction du statut inférieur donné aux femmes dans la société. Cette position, soutient-il, engendre des violences à la fois physiques, psychologiques, économiques et sociales contre les femmes. 

       
   

Dr Mohamed Abdoullah Haïdara indique que la société malienne détient des valeurs qui nous permettent de lutter contre les VFF et de revaloriser ainsi l’image de la femme. Ces valeurs proviennent aussi bien des traditions que de la religion. «Dans toutes les traditions du Mali, on trouve des références à la sacralité de la maman et de la sœur. Ne dit-on pas souvent que la colère d’une mère contre son enfant entraîne forcément des dommages irréparables chez ce dernier et qu’en revanche faire plaisir à sa maman entraîne  l’ascension sociale de l’enfant ?», cite l’enseignant de l’École normale supérieure de Bamako (ENsup). Ajoutant que pour les sœurs, on éduque toujours les frères pour qu’ils  évitent de faire couler les larmes de celles-ci afin de ne pas attirer des malédictions sur la famille. 

     
  

La sacralité de la femme- Quant aux valeurs issues de l’islam, poursuit-il, les dispositions de la tradition prophétique enseignent que le paradis se trouve sous les pieds des mamans. Le maitre de conférence en sociologie à l’ENsup propose qu’en éduquant les jeunes dans ces valeurs qui montrent la sacralité de la mère, de la sœur et en général de la gent féminine notre pays peut amoindrir de manière substantielle les VFF. Outre les conséquences psychologiques, économiques et sociales sur les femmes, Dr Mohamed Abdoullah Haïdara soutient que les VFF peuvent cultiver chez la femme le complexe d’infériorité et freiner son ascension sociale. 
Au niveau économique, dit-il, les femmes sont généralement confinées dans les tâches les moins rémunérées.  Au niveau social, explique le sociologue,  les femmes  sont maintenues dans une position de discrimination qui est considérée comme étant « normale».

Selon « ONU femmes », la campagne des « 16 Jours d’activisme » est l’occasion de célébrer les dirigeants audacieux qui ont pris ensemble une forte position contre la violence basée sur le genre. « Nous appelons les gouvernements et les partenaires du monde entier à faire preuve de solidarité envers les mouvements de défense des droits des femmes et les militantes ».     Ainsi, « ONU Femmes » invite ces entités à financer et soutenir à long terme les organisations de défense des droits des femmes, à résister au recul des droits des femmes, amplifier la voix des mouvements de féministes dans leur diversité et mobiliser davantage d’acteurs.

S’y ajoutent la promotion du leadership et la participation des femmes et des filles aux plateformes de formulation de politiques ainsi que dans les processus du développement, de l’aide humanitaire et de la paix et le renforcement des mécanismes de protection pour prévenir et éliminer le harcèlement, les menaces, l’intimidation et la discrimination à l’encontre des femmes défenseures des droits humains et des promotrices et activistes des droits des femmes.

Selon les données du rapport d’ONU Femmes-ONUDC, sur le féminicide, plus de 80.000 femmes et filles ont été tuées de manière délibérée l’année dernière, quelque 56 % des cas l’ayant été par des partenaires intimes ou d’autres membres de leur famille (45.000). Moins de 10 % des personnes sollicitant une aide font appel à la police. Et aussi ces études montrent que seulement 1 % de l’aide axée sur le genre des gouvernements est versée à des organisations de femmes autonomes. Dans le même rapport, il est indiqué qu’en Afrique subsaharienne, 1 femme et fille sur 4 a subi des mutilations génitales féminines. Selon ce document, les crises, les conflits et les situations d’urgence actuelles intensifient la violence à l’égard des femmes et des filles et exacerbent les facteurs qui en sont la cause et les risques à encourir.

Baya TRAORÉ

 

Violences faites aux femmes : LE TÉMOIGNAGE POIGNANT D’UNE SURVIVANTE

La déception a été brutale pour Kadiatou Fomba, quelques mois après la naissance de son deuxième enfant. Les larmes chaudes succèdent aux larmes chaudes. Kadiatou endure le martyr. Elle le témoigne en ces termes : « Mon mari  m’insulte violemment depuis le début de notre mariage. Il a commencé à me frapper quand j’ai eu mon deuxième enfant, il y a neuf ans. Au début, je pensais que cette violence était passagère. De ce jour à maintenant, il ne rate jamais une occasion pour me violenter devant mes enfants»,  Elle a aujourd’hui 38 ans, cette survivante des violences faites aux femmes et filles (VFF).

à notre arrivée dans la cour de son domicile conjugal, situé à Sénou en Commune VI du District de Bamako, cette dame de teint noir partageait avec ses quatre enfants le repas de midi. Son embonpoint lui donne l’apparence d’une résistante aux épreuves difficiles. Mais sur son visage, les cicatrices des coups violents reçus de son mari irascible sont visibles. Le contour des yeux rougis et le visage enflé témoignent du dernier choc conjugal dont elle a été victime, il y a moins de deux semaines. La diplômée en secrétariat est restée bouche bée pendant longtemps chaque fois que les gifles et les coups de poing de son époux alcoolique pleuvaient sur elle. Elle encaissait tout  dans le but de préserver ce mariage auquel elle tenait.


Les violences subies par  la trentenaire ne sont pas seulement physiques. «Mon mari me donne 1.000 Fcfa par jour pour le prix des condiments. Avec cette somme, je paye le petit déjeuner pour mes enfants, ils passeront le reste de la journée sans mettre un grain sous la dent. Je suis obligée d’aller chercher à manger chez les voisins. Il a cessé de prendre en charge les autres dépenses de la famille y compris les frais de maladie des enfants», confie celle qui a treize ans de mariage.

À titre d’exemple, elle raconte un cas qui ne cesse de la hanter régulièrement. Il s’agit du décès de son enfant âgé de près d’un an à la suite d’une malnutrition aiguë. «J’ai passé plus d’un mois à l’hôpital avec mon enfant, Son père n’est jamais venu nous rendre visite. Deux mois après ma fille est décédée». L’enfant devait être nourri au lait artificiel sur instruction des médecins. Ils interdisaient à la mère de donner son lait maternel de mauvaise qualité au bébé.

L’épouse Kadiatou avait reçu une somme de 300.000 Fcfa de sa belle-sœur lors de son baptême. Cet argent qu’elle comptait utiliser pour les besoins de l’allaitement de sa fille lui sera retiré’ de gré ou de force à sept jours de la naissance du bébé.  N’ayant pas les moyens financiers pour acheter régulièrement le lait, elle était obligée de donner à son enfant une alimentation non recommandée par les nutritionnistes. Kadiatou dénonce l’abandon conjugal de son homme durant plusieurs jours, sans donner un franc pour les prix des condiments de la famille. 


L’endurante Kadiatou explique qu’elle doit parfois cohabiter avec les maîtresses de son mari tortionnaire. Le pire, selon elle, c’est que son mari a décidé de divorcer d’elle si elle exerce un métier. Face à toutes les violences qu’elle subit,  ses parents lui demandent de rester dans son foyer auprès de ses enfants. Elle supporte toutes ces souffrances en attendant d’avoir un travail.

B.T



Rédaction Lessor

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