Alimentation : La tradition «Manchi» se perd sur les rives du fleuve Niger

C’est un breuvage dont la chaîne de production est basée sur une parfaite connaissance du “bourgou”. La matière première est récoltée en période de basses eaux

Publié mardi 10 mai 2022 à 06:28
Alimentation : La tradition «Manchi» se perd sur les rives du fleuve Niger

Le “Manchi” est la principale boisson traditionnelle, commune à tous les constituants du peuple songhoy, traditionnellement, tous implantés sur les rives du fleuve Niger, d’où le nom de “Issa Bôrô”, qui signifie “gens du fleuve”, autrement les riverains. Toutes ces sous-composantes songhoy boivent ce sirop, issu d’un fourrage aquatique, appelé “bourgou”, depuis des dizaines de siècles.

Cette plante pousse dans le lit du fleuve, parfois, sur ses berges, pendant la crue du fleuve. Elle sert de fourrage aux animaux, pendant les périodes de soudure, et est en même temps transformée en boisson pour la consommation humaine, selon un procédé de sélection, immuable depuis des siècles.

“Manchi” est un dérivé alimentaire du “bourgou”, scientifiquement appelé “Echinocloa stagnation”. Cette boisson multi-séculaire, est désaltérante, tonifiante et est, un délice pour le palais, à cause de son goût caramélisé. Le processus de production de cette boisson est laborieuse et passe par de nombreux procédés.

La boisson “Manchi” est un produit dont la chaîne de production est basée sur une parfaite connaissance du “bourgou”, la matière première est récoltée en période de basses eaux et, dès cet instant, les producteurs, véritables initiés, sélectionnent les tiges qui serviront à confectionner la précieuse boisson. Celles-ci sont d’apparence épaisses.


Elles ont une couleur verte, tirent vers le brun foncé, quand elles sont sélectionnées, elles  prennent le nom de “koundou” et sont mises à sécher au soleil. Les gerbes constituées par les tiges sont disposées de façon savante au soleil pour le séchage, qui est rigoureusement suivi, pour éviter l’excès de déshydratation de celles-ci.

Il faut noter que la chaîne de fabrication de cette boisson implique les hommes aussi bien que les femmes à toutes les étapes, sauf pour la coupe du “bourgou” qui est exclusivement réservée aux hommes. Quand les gerbes sont séchées à point, elles sont mises à fumer, pendant une période déterminée, dans de grands fours en terre séchée.

Ce procédé permet au “koundou” de se bonifier à souhait. Le fumage se fait généralement avec les crottes de chameaux séchées. Elles ont la particularité de donner au “koundou”, un fumet particulier, qui rappelle, celui du caramel.

Le fumage terminé, il revient alors  aux femmes de concasser finement les tiges. Elles sont méticuleusement entassées, dans de grands mortiers où les gerbes sont écrasées grâce à de lourds pilons. Le produit obtenu de ce concassage ressemble à un mélange homogène de fines brindilles et de poudre, à la couleur blanchâtre.

 LE GOÛT EST SUCRÉ- Au goût, il est  sucré. Cette substance devient, alors, l’ingrédient basique du “Manchi”. La préparation, proprement dite de celle-ci, peut commencer. Cette opération de distillation, revient aux femmes.

Le concassé de “koundou” est mis dans un récipient plat et délicatement aspergé d’eau. Quand il est bien imbibé, il est soigneusement entassé, au point de prendre l’aspect d’une pâte épaisse dans un panier cylindrique, percé au flanc et au fond de plusieurs trous. Quand le panier est bien garni, il est délicatement déposé, sur l’ouverture d’une jarre en argile. Le contenu est arrosé d’eau de façon intermittente. Le “koundou”, ainsi gorgé d’eau, suinte à un rythme espacé et régulier dans la jarre.

Le liquide ainsi libéré est le “Manchi”. Il est de couleur marron foncé, presque noire. Son goût est sucré et rappelle celui du caramel. À le humer, de près, il sent la brise fluviale. Le fond du liquide dans la jarre est concentré et s’appelle “katou”. Il peut être considéré comme la confiture de “koundou”.

Étalé sur les galettes ou le pain, il est délicieux. On l’utilise également pour garnir les fonds des outres en peau, dans le but de mieux conserver le beurre de vache et lui donner un goût particulièrement bon. Le sirop de “koundou” appelé “Manchi”, est une boisson désaltérante qui tonifie l’organisme, surtout après une journée de travail harassante ou pour rompre le jeûne. Il fait intégralement partie du patrimoine culinaire des Songhoy.

Aujourd’hui, cette boisson est en voie de disparition. Elle est méconnue ou oubliée. Nombreux sont les héritiers de la culture songhoy qui ne la connaissent, aujourd’hui, que par ouï-dire. Sa quasi-disparition est causée également par le désintérêt des producteurs qui préfèrent s’adonner à d’autres activités plus lucratives.

La vulgarisation des boissons manufacturées a, aussi, fortement contribué à la disparition du “Manchi”. Celui-ci fait aujourd’hui presque figure de “boisson de musée». Il faut sauver ce breuvage historique, en reprenant sa production et en le mettant au jour.

Mohamed GAKOU
Amap-Gourma Rharous

Rédaction Lessor

Lire aussi : Bamako: Les enseignants des écoles publiques reprennent les cours

Les enseignants des écoles publiques du District de Bamako reprennent le travail dès ce lundi 20 octobre 2025 aux heures habituelles des cours..

Lire aussi : 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne : les organisateurs remercient le Chef de l’Etat d’être le parrain

En marge de la 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne, tenues à Bamako les 16 et 17 octobre, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a reçu, ce vendredi 17 octobre, une délégation de l’Association des contrôleurs, inspecteurs et auditeurs .

Lire aussi : Contribution : À ceux qui veulent enterrer la transition malienne, qu’ils sachent : elle marche encore !

Certains rapports occidentaux tentent désespérément de faire croire que le Mali serait une « république en ruine », une «transition sans cap», un pays «sous tutelle russe» condamné à l’isolement. Ce récit, souvent répété, ignore la logique interne d’un processus souverain qui.

Lire aussi : Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogique.

Lire aussi : Mopti : La solidarité agissante du gouverneur

Dans le cadre des activités de la 30è édition du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le gouverneur de la Région de Mopti, le Général de brigade Daouda Dembélé a respecté la tradition en rendant visite, mercredi 15 octobre, aux deux personnes les plus âgées de la Co.

Lire aussi : Gao : Des mesures strictes contre l’exploitation illicite du site minier de N’Tahaka

Suite à la recrudescence de l’insécurité dans la Région de Gao, des mesures strictes ont été prises concernant les activités illicites sur le site minier de N’tahaka, situé à une cinquantaine de kilomètres de la Commune urbaine de Gao..

Les articles de l'auteur

L'UNASAM dénonce les collectes de fonds frauduleuses au nom des supporters

Le vice-président de l’UNASAM, Cheickna Demba Dans un communiqué datée u 15 octobre dont copie a été déposée à notre Rédaction, l'Union nationale des associations de supporters des Aigles du Mali (UNASAM), alerte l'opinion publique et les partenaires du sport malien sur des pratiques qu'elle qualifie d'usurpation et de recherche de fonds à des fins personnelles dans la perspective de la phase finale de la CAN, Maroc 2025..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:50

Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogiques destinés aux premières classes du fondamental s’est bouclé, lundi dernier, dans la salle de réunion du Centre féminin de formation et d’appui au développement rural (CFADR) de Ouélessébougou..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:45

Communiqué du conseil des ministres du 15 octobre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 15 octobre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:47

Compléments alimentaires : Pas sans risque

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation célébrée aujourd’hui, nous nous sommes intéressés au commerce de ces produits, présentés comme miraculeux. Pourtant leur prise prolongée, sans l’avis d’un professionnel de santé, est déconseillée.

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:38

Youwarou : Une forte riposte contre l’épidémie de diphtérie à Kormou

L’épidémie de diphtérie a été déclarée au début d’octobre à Kormou, Commune de Dongo (Cercle de Youwarou). La campagne de riposte contre cette maladie s’est déroulée du lundi 6 octobre au vendredi 10 octobre. Les résultats de cette campagne indiquent que sur une population cible de 12.774 enfants de 0 à 15 ans, 13.338 ont été vaccinés soit un taux de couverture vaccinale de 104, 81%..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:31

Mois de la solidarité : Le préfet de Kati rend visite aux aînés

Remise d’un don composé de cola, natte, matelas, couverture, moustiquaire, sac de riz et d’une enveloppe symboliqueDans le cadre du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le préfet du Cercle de Kati, Harouna Diarra, s’est rendu, mardi dernier au domicile de Mme Sega Soucko à Kati Farada..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:30

Fonds de soutien patriotique : Plus de 142 milliards de FCFA mobilisés au 30 septembre 2025

Le Fonds de soutien patriotique (FSP) poursuit sa dynamique de mobilisation nationale. Selon les chiffres publiés par le Comité de gestion, le vendredi 10 octobre, les recettes cumulées du FSP ont atteint 142.603.529.418 Fcfa au 30 septembre 2025, confirmant la forte adhésion des Burkinabè à cet instrument de solidarité nationale..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:37

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner