Mali-Niger : La relation avec la France ne facilite pas la reprise des actions militaires conjointes

C’est l’avis de Dr Aly Tounkara. Dans cet entretien, le chercheur revient sur la visite du général Mody Salifou, chef d’état-major général des Armées nigériennes à Bamako. Cette visite a été suivie de celle du patron de l’Armée française à Niamey.

Publié mardi 14 mars 2023 à 06:30
Mali-Niger : La relation avec la France ne facilite pas la reprise des actions militaires conjointes

 Le chef d’état-major général des Armées nigériennes avec son homologue du Mali

Simple coïncidence ? En tout cas, le rapprochement entre les deux pays voisins ne sera pas simple au regard de l’état de la relation entre le Mali et la France dont les soldats sont basés au Niger. Selon le chercheur, le Mali et le Niger sont des pays frontaliers qui connaissent la présence des groupes radicaux violents notamment  dans les parties frontalières. Dr Aly Tounkara rappelle qu’à la suite de la brouille diplomatique entre Bamako et Paris, Niamey a pris parti en faveur de la France.

D’où la suspension des actions militaires conjointes entre le Mali et le Niger depuis le départ concerté de la Force française Barkhane du territoire malien. D’après lui, cela a laissé un vide sécuritaire en termes de partage de renseignements et d’actions conjointes au niveau des deux Armées contre les groupes radicaux violents.

«La visite du chef d’état-major général des Armées nigériennes à Bamako, on peut l’inscrire dans l’hypothèse d’une reprise d’actions conjointes des deux Armées. Laquelle reprise est plus politique voire géopolitique que militaire», analyse le directeur du CE3S, soutenant que la visite du général Mody Salifou prouve à suffisance le besoin d’actions conjointes qui s’exprime aujourd’hui avec acuité dans les rangs de l’Armée nigérienne. «De plus en plus, des voix audibles au sein de l’Armée nigérienne demandent une reprise immédiate des opérations conjointes avec l’Armée malienne», indique Dr Tounkara. 

Toutefois, le chercheur se demande quel sera le sort du contingent français avec cette reprise pour la simple raison que le Niger est l’une des bases pour l’Armée française dans le Sahel et celle-ci continue à mener des opérations conjointes avec l’Armée nigérienne. « La reprise d’opérations militaires ensemble est le souhait exprimé par le Niger», fait savoir le chercheur, qui explique que cette reprise serait très conditionnée, largement réfléchie et discutée entre les deux Armées notamment pour clarifier la position de la France.


«La reprise d’actions militaires arrange théoriquement les deux états dans la lutte contre la nébuleuse terroriste. Mais cette reprise n’est pas aussi simple qu’on le pense par le fait que la France est bien positionnée au Niger et mène des opérations conjointes avec l’Armée nigérienne y compris jusqu’aux frontières avec le Mali», analyse Dr Tounkara.

 

POSITION DE LA FRANCE- Parlant de la visite du chef d’état-major des Armées françaises au Niger au lendemain de celle de son homologue nigérien à Bamako, notre interlocuteur dégage deux lectures. Il se demande si ce n’est pas une façon pour l’Armée française de pouvoir intervenir au nom du Niger sur le territoire malien. Pour lui, cette hypothèse reste plausible au regard du regain d’intérêt que manifesterait la France vis-à-vis de certaines localités du Mali. La deuxième hypothèse qu’il évoque est que dans les couloirs, l’Armée nigérienne ne serait pas réellement en phase avec l’Armée française. Ainsi, elle chercherait à se soustraire de la France dans le cadre de la lutte contre les groupes radicaux violents à travers la reprise des actions militaires avec le Mali.

Dr Tounkara pense qu’il est difficile de dire à ce stade que les autorités nigériennes seraient dans une logique de revoir les termes de leur coopération militaire avec la France ou d’emboîter le pas au Mali et au Burkina Faso par une rupture. Selon lui, les éléments probants n’aident pas à comprendre cela même si l’opinion nigérienne serait clairement dans  une telle dynamique. De même, au regard de certains bruits de couloir, on se rend compte qu’il y a des voix discordantes au sein de l’élite militaire nigérienne qui souhaiteraient mettre un terme à cette coopération militaire avec la France.

Pour Dr Tounkara, ces voix discordantes  au sein de l’Armée sont étouffées par l’élite politique au pouvoir. Il précise à cet effet que le militaire évolue sous la coupe du politique. Et aujourd’hui, les présidents Bazoum du Niger et Macron de la France seraient en phase. Toutefois, il note que la présence française est loin de bénéficier de l’adhésion populaire des Nigériens.


Mieux, beaucoup d’activistes nigériens, d’organisations de la société civile, de personnalités y compris politiques sont de plus en plus réticents à cette présence militaire française. Le chercheur estime que dans la durée, la probabilité est forte que cette présence soit contestée et hypothéquée à tel point que l’élite politique au pouvoir finisse par répondre favorablement aux demandes exprimées par la société civile et par une partie de l’Armée nigérienne.

Dieudonné DIAMA

Lire aussi : Colonel-major Fousseyni Keïta, directeur de l’OCS : «Nous avons mis au-devant de nos missions la prévention»

Dans cette interview, le directeur de l’Office central des stupéfiants (OCS) explique les missions de sa structure et fait le point des résultats engrangés au cours de l’année écoulée. Le Colonel-major Fousseyni Keïta parle aussi des défis et des perspectives dans la lutte sans merci que.

Lire aussi : Confédération des États du Sahel : Le 2è sommet des chefs d’Etat se tiendra à Bamako en décembre prochain

L’annonce a été faite vendredi dernier par le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta non moins Président de la Confédération des États du Sahel (AES).

Lire aussi : Dr Aly Tounkara : «La lutte contre le terrorisme se fait dans la durée»

Ces dernières semaines ont été marquées par des incursions des terroristes contre des positions des Forces de défense et de sécurité dans plusieurs localités du pays. Dr Aly Tounkara, expert sur les questions de défense et de sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques a.

Lire aussi : De Kayes à Ménaka : La solidarité sans limite du président Assimi Goïta

Après son investiture le 7 juin 2021, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a décidé d’allouer les 2/3 de son fonds de souveraineté à des œuvres sociales. De cette date à ce jour, de nombreuses actions ont été réalisées dans ce sens pour soulager les popu.

Lire aussi : Conseil national de Transition : Le Plan d’action du gouvernement adopté à l’unanimité

Après plusieurs heures de débats, le texte, présenté par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, a été voté hier soir par les membres de l’organe législatif de la Transition.

Lire aussi : Plan d’action du gouvernement : Les annonces fortes du Premier ministre

Elles concernent la défense et la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la lutte contre la corruption, la souveraineté alimentaire, la formation professionnelle, les futures élections, l’électricité. Après la présentation du document vendredi dernier au CNT, la journée.

Les articles de l'auteur

Colonel-major Fousseyni Keïta, directeur de l’OCS : «Nous avons mis au-devant de nos missions la prévention»

Dans cette interview, le directeur de l’Office central des stupéfiants (OCS) explique les missions de sa structure et fait le point des résultats engrangés au cours de l’année écoulée. Le Colonel-major Fousseyni Keïta parle aussi des défis et des perspectives dans la lutte sans merci que ses équipes mènent contre le trafic et la consommation des drogues et autres produits stupéfiants, aux conséquences incommensurables sur la santé des populations surtout la frange juvénile.

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 08 juillet 2025 à 08:05

Confédération des États du Sahel : Le 2è sommet des chefs d’Etat se tiendra à Bamako en décembre prochain

L’annonce a été faite vendredi dernier par le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta non moins Président de la Confédération des États du Sahel (AES).

Par Dieudonné DIAMA


Publié lundi 07 juillet 2025 à 07:53

Dr Aly Tounkara : «La lutte contre le terrorisme se fait dans la durée»

Ces dernières semaines ont été marquées par des incursions des terroristes contre des positions des Forces de défense et de sécurité dans plusieurs localités du pays. Dr Aly Tounkara, expert sur les questions de défense et de sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), livre ici son.

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 10 juin 2025 à 07:41

De Kayes à Ménaka : La solidarité sans limite du président Assimi Goïta

Après son investiture le 7 juin 2021, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a décidé d’allouer les 2/3 de son fonds de souveraineté à des œuvres sociales. De cette date à ce jour, de nombreuses actions ont été réalisées dans ce sens pour soulager les populations surtout les plus démunies : eau potable, vivres et non vivres, installations de panneaux solaires dans des structures de santé, éclairages publics.

Par Dieudonné DIAMA


Publié lundi 09 juin 2025 à 09:05

Conseil national de Transition : Le Plan d’action du gouvernement adopté à l’unanimité

Après plusieurs heures de débats, le texte, présenté par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, a été voté hier soir par les membres de l’organe législatif de la Transition.

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 20 mai 2025 à 07:29

Plan d’action du gouvernement : Les annonces fortes du Premier ministre

Elles concernent la défense et la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la lutte contre la corruption, la souveraineté alimentaire, la formation professionnelle, les futures élections, l’électricité. Après la présentation du document vendredi dernier au CNT, la journée d’aujourd’hui sera consacrée aux débats et au vote du texte.

Par Dieudonné DIAMA


Publié lundi 19 mai 2025 à 08:37

Conseil national de Transition : Le Premier ministre présente le Plan d'action du gouvernement

Le Premier ministre, Général de division Abdoulaye Maiga a présenté ce vendredi, le Plan daction du gouvernement (PAG) pour la période 2025-2026 devant le Conseil national de Transition (CNT)..

Par Dieudonné DIAMA


Publié vendredi 16 mai 2025 à 12:45

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner