#Mali : Formations universitaires : Le basculement vers le privé

Les parents qui ont les moyens inscrivent de plus en plus leurs enfants dans les universités privées afin qu’ils suivent une formation adaptée au marché de l’emploi et obtiennent rapidement leurs diplômes. D’autres étudiants du public s’organisent avec leurs bourses pour s’inscrire aussi dans les établissements privés

Publié lundi 26 février 2024 à 07:07
#Mali : Formations universitaires : Le basculement vers le privé

Le privé offre, selon certains, des formations débouchant sur plusieurs perspectives d’emploi

 

 

Tout le monde s’accorde à dire que le meilleur investissement, c’est l’éducation des enfants, autrement dit leur accorder une bonne formation afin qu’ils puissent s’épanouir et réussir dans la vie. Pour cela, les parents sont globalement prêts à consentir tous les sacrifices, y compris financiers, pour les inscrire dans les meilleures écoles et universités. En la matière, les parents (en tout cas tous ceux qui ont plus ou moins les moyens) optent pour l’inscription de leurs enfants dans les universités privées parce qu’ils  estiment que les gens deviennent des étudiants de carrière dans les universités publiques.

Aussi, pensent-ils, les formations offertes par l’Institutions d’enseignement supérieur (IES) publiques sont peu adaptées au marché de l’emploi.

En tout cas, c’est un constat très proche de la réalité et de nombreuses voix ont décrié cet état de fait. C’est pourquoi, les parents se bousculent aux portillons des universités privées pour y inscrire leur progéniture en vue de leur permettre de trouver un parchemin, notamment une Licence en 3 ans et un Master en 4 ou 5 ans au lieu d’attendre 6 ou 7 ans pour obtenir une licence dans les universités publiques comme c’est le cas très souvent. Afin de pouvoir trouver un emploi après la formation.

Dans la cour de la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE), des étudiants devisent. D’autres attendent de rentrer dans les salles de classe.  À l’extérieur de l’université, trois bus de transport d’étudiants sont stationnés. Certains étudiants attendent d’embarquer. Dans ce tohu-bohu, Awa Diallo, étudiante à la FSHSE exprime sa lassitude. Celle qui est en 1ère année, depuis 2021, justifie sa situation par les grèves incessantes.

«Imaginez ce que cela fait de passer trois ans dans une même classe», explique l’étudiante désabusée. Pour éviter de perdre du temps, Awa Diallo a décidé de s’inscrire aussi dans une université privée où elle est en troisième année de Licence. Selon l’étudiante, le coût de la formation est énorme, mais là au moins on respecte la durée de la formation et on est soulagé par la qualité.

Oumar Haïdara, visiblement nerveux se tient devant un bus. Il lèche de temps en temps ses lèvres et explique que ses parents l’ont contraint à s’inscrire à la FSHSE pour éviter le chevauchement des années dont les étudiants sont victimes dans les autres universités publiques. Il explique malheureusement n’y avoir pas échappé aussi du fait des grèves des enseignants ou des étudiants. Il exprime à qui veut l’entendre son ras-le-bol face à cette situation. Mais en attendant que l’on ne trouve une solution à cette situation frustrante pour les étudiants des universités publiques, il a lui aussi décidé de s’inscrire dans un établissement d’enseignement privé où il prend des cours depuis un an. 

 

TOUCHER LE FOND- Anta Maïga, ressortissante de Tombouctou, réside au campus du Centre national des œuvres universitaires (Cenou) à Kabala. Pour elle, la tâche semble plus difficile parce qu’elle vit loin de ses parents qui sont restés dans sa région natale. L’étudiante est obligée de rester au campus. Mais après deux ans, elle a aussi décidé de s’inscrire dans une université privée. Pour faire face à ses frais d’études, elle met en contribution sa famille et complète avec ses bourses (une subvention de l’État). Anta Maïga invite l’État à mettre fin au chevauchement des années dans les universités publiques. Pour elle, il est clair qu’un pays qui n’accorde pas de l’importance à l’université est condamné à échouer.

Yacouba Konaté, alias Agent 007, est le secrétaire général adjoint du comité de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) de la FSHSE.

Il reconnait aussi qu’il y a  une forme de lassitude chez les étudiants inscrits dans les universités publiques où le cycle semble interminable. C’est pourquoi, de nombreux étudiants s’organisent pour s’inscrire dans le privé. Il relève aussi que les établissements privés facilitent également l’accès au stage et offrent des formations, en entreprenariat des entreprises de la place, en vue de faciliter la création d’entreprises personnelles.

Le responsable estudiatin précise que 10 à 20% des étudiants abandonnent les études au niveau des facultés publiques du fait de la durée de la formation. «Par exemple, la Licence qui dure trois ans va jusqu’à 5  à 6 ans», explique Yacouba Konaté. Et de souligner que les études supérieures dans les structures publiques exigent plus de courage et de persévérance.

Au regard de ce tableau sombre dressé, on peut logiquement se poser la question de savoir si les universités publiques ont touché le fond ? Certains n’hésitent pas à répondre par l’affirmative. Selon Djibril Bah, enseignant vacataire au département de lettres à la Faculté des lettres des langues et des sciences du langage (FLSL), les universités privées connaissent une stabilité académique qui leur permette d’exécuter correctement leurs programmes.

L’universitaire précise que le privé offre des formations débouchant sur plusieurs perspectives d’emploi. Surtout, insiste-t-il, des formations adaptées aux réalités du marché de l’emploi. «De nos jours, ce sont les apprenants des écoles privées qui se distinguent excellemment lors des concours à l’échelle nationale et internationale. Cela est dû à la qualité de l’enseignement dans ces structures», détaille l’enseignant vacataire. Et de poursuivre qu’il y a moins de pression dans les universités publiques.

Par contre, dans les universités privées, professeurs et apprenants sont soumis à des obligations. Pour Djibril Bah, les administrations des universités privées veillent à l’atteinte des objectifs de chaque filière. Il reconnait que rester longtemps sans diplôme peut provoquer le dégoût chez l’étudiant et le pousser à abandonner ou à migrer vers les universités privées.

Le directeur de l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESJC) indique que ce serait une erreur de croire que la majorité des bacheliers maliens vont s’inscrire systématiquement dans les universités privées. Selon Aboubacar Maïga, certains parents optent de plus en plus pour les établissements privés à cause du démarrage tardif des cours dans les institutions d’enseignement supérieur (IES), aggravé par la crise sanitaire de la Covid-19 qui a vu la fermeture des IES maliennes pendant près d’une année.

Il cite aussi les grèves récurrentes des enseignants et des étudiants, aboutissant au chevauchement interminable des années académiques. S’y ajoute l’augmentation exponentielle des effectifs année après année dans les facultés et instituts dépourvus d’infrastructures adéquates pour créer les conditions pédagogiques idéales pour chaque contingent estudiantin.

 Face à ce fléau, dit-il, et la publicité des universités privées aidant, il va de soi que certains Maliens préfèrent aller vers des établissements qui offrent des formations rapides et stables. Mais même là, indique Aboubacar Maïga, il conviendrait de souligner que la majeure partie de ces étudiants s’inscrivent parallèlement dans les universités publiques soit pour bénéficier de la bourse étatique, soit pour y poursuivre leurs études et obtenir un diplôme. Étant donné que les universités publiques ont le privilège de proposer des offres de formation, habilitées et reconnues directement à la Fonction publique, signale le directeur de l’ESJSC.


Assitan KIMBIRY

Rédaction Lessor

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