
1.54
parle de l’Afrique. Un continent de 54 pays. Qui prend le nom de la Foire.
L’une des plus grandes foires d’art contemporain africain qui tourne dans
l’année entre Marrakech (au Maroc), New York (USA), Londres en (Grande Bretagne)
et Paris (France). Une
foire qui réunit plusieurs galeries sélectionnées par un jury et chacune
présente un artiste ou des artistes, soit en duo ou en solo. Ibrahim avait
participé à cette Foire, il y a deux ans, en duo avec un autre artiste.
Cela signifie
que les œuvres de notre compatriote ont la côte auprès du public et des
acheteurs. Le succès des œuvres de Ballo est tel que le célèbre magazine
spécialisé Diptyk utilise cette semaine une de ses œuvres en couverture. Selon
de nombreux confrères, il y a longtemps qu’un artiste du sud du Sahara n’avait
pas autant attiré les regards.
La
signature d’Ibrahim Ballo et la pratique unique consistant en la broderie et le
tissage en toile ou en textile apportent une atmosphère rafraîchissante,
délicate, colorée et pourtant profonde au 1-54 Marrakech. Un spectacle solo
avec ses dernières pièces alors que notre artiste a mûri et franchi une
nouvelle étape, permettant plus de complexité, de diversité et de polyvalence
dans les médias, les techniques ou les sujets développés par Ibrahim.
Après
une résidence à la Fondation Montresso durant l’été 2023, le spectacle
d’Ibrahim Ballo, créé pour le 1-54 Marrakech 2024, confirmera son statut et son
importance pour la scène artistique contemporaine, pour la rédaction continue
de l’histoire de l’art textile et renforcera la relation spéciale avec le Maroc
et le public marocain qu’Ibrahim a construit.
La
technique parfaitement maîtrisée d’Ibrahim Ballo sert sa quête d’exprimer
esthétiquement des sensations, des sujets ou des idées, pour apporter des
réponses esthétiques aux problèmes. Il pose de nouveaux canons, il est coloré,
calme et parfois bizarre. Reines, rois, voisins et personnalités bien
identifiées complètent le panthéon des anonymes, des ombres, des animaux, des créatures,
des figures allégoriques et anthropomorphes. Cette année, un autre artiste
malien Ange Dakuo est présenté à cette foire.
De
manière générale, les artistes africains du Sud du Sahara sont particulièrement
bien représentés à cette édition de 1.54, constatent les observateurs. «Le fait
que la foire ait lieu sur le continent est un facteur important pour nous»,
note le fondateur Marwan Zakhem de la Foire. Le profil des exposants change et
les enseignes africaines représentent pour la première fois plus de la moitié
des participants (quatorze galeries).
À quelques mois de la biennale de Dakar,
1-54 fait un focus sur le Sénégal et deux galeries dakaroises entrent dans le
bal. Le collectionneur et mécène saint-louisien Amadou Diaw connaît bien la
foire pour l’avoir sillonnée lors des éditions précédentes : il revient avec sa
galerie M Concept, ouverte il y a un an, pour «contribuer à faire
connaître la photographie ouest-africaine. Dans cette visée, 1-54 est une très
belle porte d’entrée», note-t-il.
Cette dimension panafricaine impulsée par la 1-54 depuis son lancement à Marrakech en 2018 irradie en dehors de la foire. Ce n’est pas un hasard si le Festival du livre africain se tient en parallèle. Lancé l’an dernier par Mahi Binebine, le Flam réunit, pour sa seconde édition, des penseurs reconnus comme Ali Benmakhlouf, Souleymane Bachir Diagne ou encore Felwine Sarr, créant un momentum africain autour d’une foire qui montre une vraie dimension de mise en réseau à partir et au-delà du marché.
Youssouf DOUMBIA
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