Interdiction de la chicha : La phase de la répression

Depuis mi-février 2023, les services techniques compétents appliquent rigoureusement l’arrêté d’interdiction de la chicha. Tout appareil ou accessoire de chicha saisi sera détruit. Et les contrevenants s’exposent aussi à des sanctions

Publié lundi 27 février 2023 à 06:33
Interdiction de la chicha : La phase de la répression


Toute personne détenue pour cause de consommation de ce produit sera punie d’un à 10 jours de prison et payera une amende allant de 300 à 10.000 Fcfa.

 

 

La Réquisition n°001/2.DOCS-CR du 11 février 2022, interdisant la vente et la consommation de chicha sur toute l’étendue du territoire national est entrée en vigueur. L’annonce de la décision avait été unanimement saluée ou presque par nos compatriotes qui s’indignaient de voir des jeunes (garçons et filles) se livrer à une consommation outrancière de la pipe à eau.


Certains s’interrogeaient sur les capacités des autorités compétentes à appliquer la mesure, après le délai accordé aux importateurs, distributeurs et consommateurs de la chicha pour se conformer à la décision. L’Office central des stupéfiants (OCS) a sonné la fin de la recréation. Une unité de cette structure, en collaboration avec d’autres services techniques compétents, a réalisé une descente sur des clubs de chicha. Cette patrouille a été menée par le lieutenant-colonel Siliman Sangaré, chef de renseignements et des opérations par intérim à l’OCS et ses éléments.

Au total, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées en taule et un important lot de matériels saisi. Il faut souligner que depuis la publication du communiqué interministériel du 15 août 2022, les commentaires et les avis sur la mesure d’interdiction divergeaient sur les réseaux sociaux. Les puritains qui développent une aversion pour la chicha ont bien accueilli la décision. Ils estiment qu’un relâchement dans cette lutte représenterait une victoire pour les acteurs frappés par la mesure. Ceux pour qui la chicha reste un gagne-pain s’accommodent mal de l’interdiction et n’apprécient guère de vivre une telle situation. En tout cas, le sujet fait le buzz sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Tik-Tok.

Il est admis par tous que la  consommation de  chicha a pris de l’ampleur dans notre société depuis une dizaine d’années. Le produit qui nuit  gravement à la santé est surtout consommé par la frange juvénile. La chicha, elle-même, est fabriquée à base de tabac : nicotine et goudron mélangés aux fruits avec de l’arôme parfumé. Une autre préoccupation reste l’utilisation faite par les drogués qui s’exhibent dans la rue avec la chicha et prennent leurs doses.

Dans les grains, bars, restaurants et night clubs, on fume la chicha. Les jeunes filles ont développé une addiction au phénomène. Ce qui justifie en partie leur engouement pour les boîtes de nuit, resto ou chicha-clubs. Beaucoup d’entre elles pensent que le club ou le restaurant qui ne dispose pas de chicha est démodé. Dans la lutte contre le phénomène, les unités de répression de l’OCS ont repéré de nombreux lieux de consommation à Bamako et dans les capitales régionales.

Le phénomène de la chicha est une toxicomanie presque banalisée qui entraine une consommation précoce d’autres drogues par les jeunes. Pourquoi ? Parce qu’en plus du tabagisme lié à sa consommation, la chicha permet de dissimuler la consommation de divers produits dérivés du cannabis tels que le haschich, le Kusch et des médicaments détournés de leur usage qui sont utilisés à la place du tabamel des chicha.

Dorénavant, toute personne détenue pour cause de  consommation de ce produit sera punie  d’un à 10 jours de prison et payera une amende allant de 300 à 10.000 Fcfa. Les sentinelles pour le respect de la mesure d’interdiction sont : les ministères chargés de la Sécurité, de la Justice, de la Santé, de l’Industrie et du Commerce, de l’économie et de la Jeunesse.

 

TOXICOMANIE DÉGUISÉE ET BANALISÉE- Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, en collaboration avec l’OCS en sa qualité de service central de lutte contre les stupéfiants sur toute l’étendue du territoire national, a pris l’initiative de l’interdiction de la chicha, qui à l’origine était du tabac. Aujourd’hui, c’est un moyen de consommation de drogues comme le haschich, le Kusch, le crack et d’autres médicaments détournés de leur usage pharmaceutique, a expliqué le chargé de  communication de l’OCS, Ousmane Diakité.

«En effet, par réquisition, nous avons saisi le Laboratoire national de santé pour analyser quelques échantillons de produits de tabac utilisés dans la chicha. Les résultats ont prouvé la présence de produits stupéfiants dans tous les échantillons examinés.  Face à ce phénomène de toxicomanie déguisée et banalisée, nous avons saisi le ministre de la Sécurité et de la Protection civile  en vue d’interdire l’usage de la chicha au Mali», ajoute-t-il. Et de souligner qu’à partir de mi- février 2023, les services de répression et ceux de l’OCS procéderont à l’application rigoureuse des dispositions de l’arrêté, en saisissant tout appareil et accessoire de chicha découvert et tout appareil saisi sera détruit par les moyens appropriés.

La chicha est devenue  un gagne-pain pour certains jeunes propriétaires de boutiques de  vente de chicha et accessoires ainsi que les chicha clubs, notamment à Bamako.  Grâce à la mesure, certains se sont reconvertis.  M.S, âgé de 24 ans, titulaire d’une licence en finance et comptabilité, était propriétaire d’une boutique de chicha dans un quartier de la Commune III à Bamako. Selon lui, la mesure a impacté son business. Mais il admet qu’elle va surtout protéger les enfants.

«Je soutiens l’état dans la lutte  contre  la délinquance financière et la consommation des mauvais produits, même si je gagnais beaucoup d’argent dans la vente d’accessoires de la chicha surtout pendant le week-end. J’avais de nombreux  clients, particulièrement les filles. J’aimerais aussi attirer l’attention sur le fait que le charbon utilisé pour la chicha a une autre utilité. Il était utilisé  bien avant  la chicha au Mali, car il était utilisé par les femmes pour encenser les chambres.

En tant que jeune entrepreneur,  j’ai reconverti  ma boutique en alimentation et elle marche bien pour le moment. Cette reconversion  n’a pas été difficile», affirme M.S. Il s’est réjoui de la mesure qui renforce l’éducation et la surveillance des jeunes filles, incriminées comme étant de grandes fumeuses de  chicha. «Les filles sont devenues très accros à la chicha. Cela peut provoquer des problèmes sur leur santé reproductive. Les enfants aussi doivent être surveillés à tout moment», fait-il savoir.

 

 PAS DE BRAS DE FER- Beaucoup pensent que l’interdiction peut pousser à mettre au point d’autres stratégies de consommation, notamment à la maison. Pour éviter cette situation, il faut des contrôles assidus, sinon les grins  seront délocalisés dans les chambres, estiment-ils. La répression contre la vente et la consommation de la chicha a bel et bien commencé. Il y a quelques jours, les unités de l’Office central des stupéfiants et la police ont fait des descentes à Bamako, Sikasso et dans d’autres villes pour traquer les contrevenants.

Le président de l’Association des promoteurs et distributeurs de chicha au Mali, Mamadou Diawara, appelle à une analyse plus poussée du problème puisque l’interdiction boostera le chômage. Et il n’est pas évident que les gens renoncent. Il estime qu’on aurait dû essayer d’autres alternatives parce que c’est difficile de priver un fumeur de son désir.

Pour lui, il faut du temps. Il appelle à la responsabilité des adultes responsables et des opérateurs économiques. Les clubs de chicha sont environ 200 à Bamako et  environ 3.000 jeunes vivent  de la chicha. Imaginez, l’impact de la mesure en termes chômage dans des boites de nuit, boutiques, bars et  restaurants. La chicha est beaucoup plus rentable pour ces lieux de loisir. Mais le président de l’Association des promoteurs et distributeurs de chicha, tient à préciser qu’il n’y aura pas de  bras de fer avec les autorités. Une décision sage.

Abdramane DIOMA

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