Alassane Barro : «Monsieur touche à tout» des arts et du sport

Alassane Barro ! Un nom qui n’est pas inconnu aujourd’hui des habitués du Club Africa Espace de Bamako-coura où presque tous les samedis un hommage lui est rendu par Safi Diabaté et Djély Moussa (Manding griot groove de Madou Sidiki Diabaté) pour son «inestimable soutien» aux artistes.

Publié vendredi 25 février 2022 à 07:02
Alassane Barro : «Monsieur touche à tout» des arts et du sport

Animateur chevronné depuis sa tendre et très mouvementée enfance, «Charlot» a presque touché à tous les domaines de l’animation et de la musique. Sans compter une carrière professionnelle enviable et une passion sportive qui l’a poussé vers les rings de boxe. Zoom sur un homme au franc parler déroutant, mais très humble, loyal et fidèle dans les relations.

«Je ne suis pas musicien. Mais, j’ai beaucoup travaillé dans la musique et pour les artistes» ! C’est la confession faite par Alassane Barro que l’un de nos défunts oncle aurait sans doute qualifié de «12 métiers, 14 valeurs». La cinquantenaire trompeuse (on lui donnerait moins de 40 ans), cet homme humble et franc est un «touche à tout». Musique, animation, boxe, informatique, communication sur les réseaux sociaux… Peu de domaines résistent aujourd’hui à la soif d’apprendre de ce natif de Bamako des feus Cheick Oumar (comptable à la pharmacie populaire) et Assitan Diallo.

Après une enfance turbulente, cet enfant-rebelle s’est finalement concentré sur ses études. C’est ainsi qu’avec le Diplôme d’études fondamentales (DEF) obtenu à Ségou, il s’est retrouvé à la section mécanique du Centre Père Michel (CPM) de Niaréla. Premier national, il a bénéficié de la passerelle réservée aux meilleurs pour poursuivre ses études à l’Ecole centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration (ECICA). Par la suite, celui que ses amis surnomment chaleureusement «Charlot» a bénéficié d’une bourse d’études au Québec (Canada) de 2001 à 2002.

Il revient au bercail avec un diplôme d’ingénieur en génie mécanique et intègre la fonction publique en 2004 comme agent à la Direction nationale des transports où il s’illustre rapidement par sa conscience professionnelle, son franc-parler et surtout sa compétence. Très méthodique et à cheval sur les valeurs morales d’intégrité, il est l’un des acteurs de la modernisation des différentes divisions (carte grise, permis de conduire…) de cette direction hissées à l’ère de l’informatique. Aujourd’hui, cet expert auto est le chef de la Cellule parc auto de l’état (véhicules de l’Etat, des ambassades et consulats, des représentations des organisations internationales, des ONG..) à la Direction générale des transports terrestres, maritimes et fluviaux.

Animateur dès le bas âge, annonceur, vidéaste/photographe, présentateur de spectacles et d’événement sportifs, DJ et maître de cérémonie, Alassane Barro a servi les arts et la culture presqu’à tous les niveaux. «Je me suis passionné pour l’animation dès le bas âge. à Ségou, j’étais sollicité pour la partie technique des intimités (veillées à l’occasion d’événements sociaux comme les baptêmes) et des bals. Au début, c’est à travers une émission musicale de la radio Mali que j’animais. Il y a eu ensuite les magnétophones 4 piles, 6 piles… puis les Xbass avec cassettes avant l’ère des minichaînes…», se rappelle celui qui a partagé sa passion de l’animation avec les Oumar Mariko (radio Guintan) et Hamidou Dicko dit «Mc Chaleur» (radio Tabalen puis Benkan).
 
L’homme à tout faire- Il était aussi au départ de l’aventure «Farafina Lolo» (étoiles d’Afrique) en 1994. Technicien, présentateur, intendant lors des tournées, attaché de presse…, il était finalement devenu le technicien de son du studio ouvert par ce groupe qui a fait le beau temps de la musique d’orchestre malienne dans les années 90. Il a ainsi enregistré une dizaine d’albums, notamment ceux de Benké Traoré, Assétou Kéita dite Bella, Déniba Sanogo, Aboubacar Kissa dit «Cubain»… Il mettra fin à la collaboration avec Farafina Lolo pour des raisons personnelles.

Il continue néanmoins avec l’animation tout en s’investissant aussi dans le coaching de jeunes talents, comme Binguini Baghaka  et bien d’autres, dans la location du matériel de sonorisation. C’est ainsi que l’entreprise «Doussou Souma Sono» a vu le jour. «Ce nom a été donné par Mountaga Diabaté parce qu’il trouvait que c’est avec nos matériels qu’il avait le plus de satisfaction. Il a été le premier a dédié une chanson à Doussou Souma Sono», explique Alassane Barro, le coordinateur de l’entreprise aujourd’hui gérée par sa fille Malado Barro. Comme Mountaga Diabaté, Doussou Souma Sono a été d’un apport inestimable pour des artistes comme feu Kassé Mady Diabaté, Safi Diabaté, Madiaré Dramé, Binguini Baghaka… Cette jeune entreprise a eu également à sonoriser des émissions télévisées telles que «Africa Show» et «Talent des jeunes» d’Africable télévision ainsi que «Gorobinè Kènè» de l’ORTM.

«Barro est un homme de conviction, dévoué et loyal. Aujourd’hui, il est sans doute le meilleur attaché de presse et de relations publiques que le couple Madou Sidiki et Safi Diabaté puissent avoir», témoigne un critique de la place. Sans compter que de nombreux jeunes artistes le sollicitent pour améliorer leur corde vocale ou pour qu’il les aide à trouver des opportunités de se produire afin de booster leur carrière.

De nos jours, M. Barro est déterminé à relancer la carrière de Djénéba Diakité dite Djenny, une artiste/musicienne du Wassoulou. Il profite de sa maîtrise des réseaux sociaux (Facebook, WatsApp, Tik-Tok…) pour mettre en valeur les artistes qui sollicitent son expérience et son expertise. «Pitié pour le Mali» ! C’est son cri de cœur pour signer ces nombreuses publications sur les réseaux sociaux, Facebook notamment.
 
Combattant, entraîneur et manager de boxe- Ceux qui connaissent Alassane, vous diront qu’il a plusieurs flèches à son arc. Ainsi, en plus d’être serviteur de la culture, il est aussi un passionné de sport, notamment de la boxe. «J’ai baigné dans le milieu de la boxe depuis mes six ans car mon regretté oncle Hady Barro (le frère aîné de son père à qui il a été confié juste après le jardin d’enfants) était un grand entraîneur de boxe. J’étais comme son bras droit puisque nous partions et revenions toujours ensemble au club», se rappelle-t-il. «Mon oncle parvenait à organiser au moins un gala de boxe par an à Ségou. Mais, depuis son décès, cette discipline est à l’agonie dans la Cité des Balanzas», déplore-t-il.

Mais, c’est à l’USFAS que le jeune Barro a réellement commencé sa carrière de boxeur entre 1992 et 1994. «Avec l’USFAS, j’ai participé au premier championnat de boxe du district en 1992. J’ai même eu l’opportunité d’intégrer l’armée en faveur d’un recrutement spécial  pour étoffer le Bataillon des Sports. Mais, cela ne m’intéressait pas», rappelle «Baron». Et c’est par la suite qu’il s’est retrouvé au Canada pour deux ans d’études. Sur place, il a intégré en 2002 le club de boxe Lévis Lauzon. à peine inscrit, il a aussitôt bénéficié de la confiance de son entraîneur qui lui donna sa chance lors du gala qui a suivi. Un combat bouclé sur un nul. Au Canada, il avait comme coach Benoît Martel et il a été le sparring-partner d’une boxeuse très connue dans le milieu du noble art : Ariane Fortin Brochu ! Aujourd’hui présidente de la Fédération québécoise de boxe, elle a été olympienne et championne du monde de boxe amateur (-70 kg) en 2006 et en 2008.

Quant à Barro, il profité d’une opportunité pour décrocher un diplôme d’entraîneur de boxe au Canada. à son retour au pays, il a été convaincu par son coach des débuts, Cheick Oumar Sogodogo dit «King Kong» de créer son propre club de boxe. C’est ainsi que le Club Pierre Diakité de Lafiabougou a vu le jour en 2021 en obtenant son récépissé en juillet 2007. «Le regretté Pierre est une fierté nationale. Animé de la passion de servir le sport et le public sportif, il est mort à la tâche le 4 novembre 2006 à Saint Domingue où il participait au Congrès de  l’Association internationale de boxe amateur (AIBA). Et c’est pour immortaliser ce serviteur très dévoué au noble art que je lui ai donné le nom du club», justifie-t-il son choix.

Ce qui lui ouvre la voie pour intégrer le management de la boxe au niveau régional et national. Secrétaire général de la ligue de Bamako, Alassane est aussi le 1er Secrétaire de l’organisation de la Fédération malienne de boxe (FMB). Une responsabilité qui ne l’empêche pas d’avoir un regard très critique sur la discipline. «Depuis la mise en place de la ligue de Bamako en 2014, elle n’a organisé aucun combat. D’une manière générale, la boxe malienne est agonisante parce que, entre autres, ses dirigeants sont incapables de mobiliser les ressources indispensables à son développement», nous confie-t-il.

Et visiblement la boxe est bien ancrée dans la famille Barro puisque le jeune Hady (USFAS) est aujourd’hui bien lancé sur les traces de son grand-père et homonyme ainsi que de son père. Et il s’est illustré lors du premier gala de boxe organisé le 22 janvier 2022 par le Centre de boxe «Cisséla» à Sangarébougou-Marseille.  Pour un coup d’essai, le boxeur en herbe a réalisé un vrai coup de maître en battant Modibo Coulibaly jusque-là invaincu en 6 combats.

La cinquantaine à l’horizon, marié et père de six enfants, Alassane a tronqué la fougue de l’adolescence et de la jeunesse contre la sagesse sans rien perdre de son dynamisme. Avec toujours la même passion et un engagement intact, il a encore beaucoup à attendre de la vie et à apporter aux arts et à la culture ainsi qu’au sport, notamment à la boxe.

Moussa BOLLY
bollymoussa@gmail.com

Rédaction Lessor

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