Yirimadio plateau : Le gravier, cette source de revenu cocasse pour les femmes

Elles recueillent ce matériau sur les hauteurs d’une colline, puis le rassemblent plusieurs semaines jusqu’à constituer la charge d’une benne. Ces braves exploitantes qui ne rechignent pas le dur labeur sont parfois victimes d’arnaques

Publié vendredi 01 septembre 2023 à 05:46
Yirimadio plateau : Le gravier, cette source de revenu cocasse pour les femmes

Ces dames travaillent pendant un mois au moins pour avoir la charge d’une benne vendue entre 25.000 et 30.000 Fcfa

 

Certaines femmes exercent des activités qui sortent de l’ordinaire comme par exemple les conductrices d’engins lourds de travaux publics, de remorques ou citernes, électricienne au poteau, mécanicienne ou menuisier. Les femmes sont également de plus en plus présentes dans les carrières d’extraction de matériaux ou de mines pour exécuter les tâches les plus ingrates peu rémunérées.


C’est le cas de ces femmes qui s’adonnent à l’extraction du gravier sur une colline à Yirimadio plateau en Commune VI du District de Bamako. Sous un soleil brûlant, notre équipe de reportage a rencontré au flanc de la colline ces exploitantes de graviers disséminées par groupe sur leur périmètre de travail. Pour arriver sur leur site d’extraction, il faut parcourir avec effort une dizaine de mètres.


L’échine courbée vers le sol, certaines dames à l’aide d’un morceau de bidon raclent à la force de leurs biceps une importante quantité de sable mélangé à du gravier. Elles tamisent ces matériaux à travers un bidon de fortune conçu sous forme de tamis. Le gravier ainsi tamisé est rassemblé sur un point de dépôt.

Pour obtenir une quantité suffisante de gravier capable de remplir une benne, ces exploitantes doivent suer eau et sang pendant trois semaines à un mois d’intenses et harassantes activités. La saison sèche est une période très pénible pour ces exploitantes à cause essentiellement de l’état très dur du sol. Pour obtenir la charge d’une benne, ces exploitantes doivent décupler d’efforts pendant un mois au moins afin d’amasser le volume nécessaire. Le prix de ce volume varie entre 25.000 et 30.000 Fcfa. Portant son enfant à califourchon, Fatoumata Naparé remplit son récipient de sable.


La quadragénaire exerce ce métier depuis deux ans. Elle et ses enfants sont au four et au moulin du lundi au dimanche de 8 heures à 18 heures. «Même la pluie n’est pas dissuasive pour nous. Nous sommes contraints d’exercer ce métier en vue d’assurer pleinement mon autonomie financière», avoue l’exploitante. Ce travail lui permet de subvenir à ses besoins et éviter la mendicité occasionnelle.

Grâce à ce métier, cette mère de huit enfants paie les fournitures scolaires, les frais de scolarité et assure la prise en charge médicale de ses mômes. «On pouvait faire deux jours sans préparer de repas à la maison à cause de la galère», confesse la quadragénaire avant de conseiller aux femmes de refuser l’oisiveté.

 

DES BRAVES FEMMES-Anta Ouologuem est de cet avis puisqu’elle ne s’avoue pas vaincue par l’inactivité. Elle assure que l’extraction du gravier est laborieuse, mais fructueuse. «Je résous mes petits problèmes financiers. C’est déjà un avantage», confie la mère de famille. Toutefois, elle affirme que son activité a des conséquences sur la santé. «Une fois, tous mes enfants ont contracté une maladie provoquée par ce dur labeur», déplore-t-elle.


S’y ajoute le souci de son époux de la soustraire de ces travaux pénibles. Elle relève les diverses formes d’arnaque auxquelles elle et ses collègues dont elles sont victimes. Souvent, confirme-t-elle, des conducteurs de bennes ne leur payent que la moitié du prix de la benne et n’honorent pas leur promesse de revenir payer le reliquat. Par ailleurs, relèvent les femmes, il arrive que les graviers amassés la veille soient volés la nuit, laissant la place déserte. Cette situation les oblige à replonger dans le dur labeur pour reconstituer le tas.

Lassine Boiré, chauffeur de camion benne, assure qu’il entretient une bonne relation de travail avec les exploitantes de gravier. Cependant, il reconnaît que des divergences surviennent généralement entre les deux parties et peuvent porter sur la quantité de gravier nécessaire pour remplir la benne. Les chamailleries autour de cette quantité sont interminables entre les deux parties et les femmes gardent l’amertume de la frustration et sont outrées d’être grugées par le sexe fort.

Alou Coulibaly est un riverain de la colline d’extraction du gravier par les femmes. Il a de l’admiration pour ces braves dames qui font ce travail pour aider leurs maris à faire face aux dépenses conjugales. Il explique que ce sont les conditions de vie difficile qui contraignent certaines femmes à se livrer à des activités pénibles et qui fragilisent leur santé.


Elles ne tarderont pas à porter les stigmates de ces durs labeurs sur tout le corps et dont les manifestations apparentes sont les douleurs musculaires, articulaires et autres pathologies qu’elles peuvent contracter du fait de l’environnement dans lequel elles ont évolué. Il arrive, témoigne Alou Coulibaly, que certaines qui portent leurs bébés à califourchon trébuchent et tombent en essayant de gravir la colline. Ces chutes accidentelles peuvent provoquer des hématomes et ou des fractures. Cependant, le vieil homme apprécie le fait que ces femmes gagnent leur argent dans la dignité et le respect.

Aïssata El Moctar TRAORÉ

Rédaction Lessor

Lire aussi : Bamako: Les enseignants des écoles publiques reprennent les cours

Les enseignants des écoles publiques du District de Bamako reprennent le travail dès ce lundi 20 octobre 2025 aux heures habituelles des cours..

Lire aussi : 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne : les organisateurs remercient le Chef de l’Etat d’être le parrain

En marge de la 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne, tenues à Bamako les 16 et 17 octobre, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a reçu, ce vendredi 17 octobre, une délégation de l’Association des contrôleurs, inspecteurs et auditeurs .

Lire aussi : Contribution : À ceux qui veulent enterrer la transition malienne, qu’ils sachent : elle marche encore !

Certains rapports occidentaux tentent désespérément de faire croire que le Mali serait une « république en ruine », une «transition sans cap», un pays «sous tutelle russe» condamné à l’isolement. Ce récit, souvent répété, ignore la logique interne d’un processus souverain qui.

Lire aussi : Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogique.

Lire aussi : Mopti : La solidarité agissante du gouverneur

Dans le cadre des activités de la 30è édition du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le gouverneur de la Région de Mopti, le Général de brigade Daouda Dembélé a respecté la tradition en rendant visite, mercredi 15 octobre, aux deux personnes les plus âgées de la Co.

Lire aussi : Gao : Des mesures strictes contre l’exploitation illicite du site minier de N’Tahaka

Suite à la recrudescence de l’insécurité dans la Région de Gao, des mesures strictes ont été prises concernant les activités illicites sur le site minier de N’tahaka, situé à une cinquantaine de kilomètres de la Commune urbaine de Gao..

Les articles de l'auteur

L'UNASAM dénonce les collectes de fonds frauduleuses au nom des supporters

Le vice-président de l’UNASAM, Cheickna Demba Dans un communiqué datée u 15 octobre dont copie a été déposée à notre Rédaction, l'Union nationale des associations de supporters des Aigles du Mali (UNASAM), alerte l'opinion publique et les partenaires du sport malien sur des pratiques qu'elle qualifie d'usurpation et de recherche de fonds à des fins personnelles dans la perspective de la phase finale de la CAN, Maroc 2025..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:50

Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogiques destinés aux premières classes du fondamental s’est bouclé, lundi dernier, dans la salle de réunion du Centre féminin de formation et d’appui au développement rural (CFADR) de Ouélessébougou..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:45

Communiqué du conseil des ministres du 15 octobre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 15 octobre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:47

Compléments alimentaires : Pas sans risque

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation célébrée aujourd’hui, nous nous sommes intéressés au commerce de ces produits, présentés comme miraculeux. Pourtant leur prise prolongée, sans l’avis d’un professionnel de santé, est déconseillée.

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:38

Youwarou : Une forte riposte contre l’épidémie de diphtérie à Kormou

L’épidémie de diphtérie a été déclarée au début d’octobre à Kormou, Commune de Dongo (Cercle de Youwarou). La campagne de riposte contre cette maladie s’est déroulée du lundi 6 octobre au vendredi 10 octobre. Les résultats de cette campagne indiquent que sur une population cible de 12.774 enfants de 0 à 15 ans, 13.338 ont été vaccinés soit un taux de couverture vaccinale de 104, 81%..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:31

Mois de la solidarité : Le préfet de Kati rend visite aux aînés

Remise d’un don composé de cola, natte, matelas, couverture, moustiquaire, sac de riz et d’une enveloppe symboliqueDans le cadre du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le préfet du Cercle de Kati, Harouna Diarra, s’est rendu, mardi dernier au domicile de Mme Sega Soucko à Kati Farada..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:30

Fonds de soutien patriotique : Plus de 142 milliards de FCFA mobilisés au 30 septembre 2025

Le Fonds de soutien patriotique (FSP) poursuit sa dynamique de mobilisation nationale. Selon les chiffres publiés par le Comité de gestion, le vendredi 10 octobre, les recettes cumulées du FSP ont atteint 142.603.529.418 Fcfa au 30 septembre 2025, confirmant la forte adhésion des Burkinabè à cet instrument de solidarité nationale..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:37

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner