
D’entrée de jeu, Abdoulaye Amadou Sy commence par rappeler qu’en 1959, les Français, alors que tous les États ouest-africains étaient colonisés, à l’exception du Ghana et de la Guinée, ont créé l’Union douanière des États de l’Afrique de l’Ouest (UDAO). Il se rappelle qu’en 1970, le Président du Mali d’alors, le Général Moussa Traoré a envoyé une mission à l’Union européenne pour voir quel genre d’union ils sont en train de créer, car ils parlaient d’union économique. Pour notre interlocuteur, l’idée du Président Traoré était de dépasser l’union douanière pour aller à celle économique en Afrique de l’Ouest. Abdoulaye Amadou Sy dira que tout est parti de là en réalité.
D’après lui, le problème réel qui était posé est d’ordre économique. Il s’agissait de passer du côté des frontières douanières à celui du développement économique, «surtout pour nous les pays sahéliens dont la colonisation en a fait des États consommateurs». On était fait pour consommer ce qu’on va produire dans les pays côtiers. Donc, l’industrialisation appartenait à ces États et la consommation aux pays sahéliens intérieurs comme le Mali, le Niger et la Haute Volta (actuel Burkina Faso). C’était donc pensé de cette manière, explique Abdoulaye Amadou Sy.
Il rappelle que le Président Moussa Traoré a dit, à l’époque, qu’il faut que cela change afin que nous arrivions à produire et à vendre plus que nous n’importions. De ce fait, il a envoyé des délégations dans tous les pays de l’ancienne fédération des États de l’Afrique de l’Ouest pour apporter le message en 1970.
Abdoulaye Amadou Sy a fait savoir qu’il a envoyé aussi une délégation dirigée par son ancien ministre des Finances, Louis Pascal Nègre, à Paris pour voir la possibilité de faire ce que l’Union européenne est en train de faire. Il se demandait pourquoi rester au niveau de l’union douanière pendant que l’Europe est en train d’aller à l’union européenne. «Cette délégation est revenue et vous remarqueriez qu’à la Cedeao et même à l’Union africaine, on parle de la commission qui prend des décisions et qui est permanente», explique-t-il.
COPIE CONFORME- C’est une copie conforme de la commission européenne», explique Abdoulaye Amadou Sy. Il confie qu’à l’époque, il faisait partie des experts en tant que directeur général du Trésor, des Banques et des Assurances du Mali. L’ancien ministre explique qu’ils étaient porteurs de ce message. Et ils étaient dans des réunions sur comment surpasser l’union douanière et l’amener à une union économique. Cela, pour permettre aux populations de pouvoir traverser allègrement ces frontières artificielles avec leurs marchandises sans qu’elles aient des tracasseries. «Il s’agissait de faire en sorte qu’au lieu d’être tout simplement des États consommateurs que nous arrivions à produire», relève l’ancien ministre et diplomate.
D’après lui, il n’y a pas de raison qu’on produise du coton et que celui-ci soit transformé dans un autre pays et qu’on vienne nous le vendre à prix d’or. «À l’époque, on avait notre riz et le Mali était appelé le grenier de l’Afrique de l’Ouest. Nous avions aussi notre bétail en Afrique occidentale française et on était toujours le premier dans ce domaine», se rappelle Abdoulaye Amadou Sy. Selon lui, on avait beaucoup à offrir. Alors pourquoi être encore beaucoup plus demandeur que vendeur, se demande-t-il. Avant de préciser que c’est la base de la création de cette union économique fondée au Mali en 1972.
Pour lui, les 22 et 23 mai 1972, les Chefs d’État se sont réunis à Bamako à cet effet notamment le Président Moussa Traoré du Mali, le Colonel Seyni Kountché du Niger, le Général Lamizana de la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Colonel Ould Sidi Ahmed Taya de la Mauritanie, Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire et Léopold Sédar Senghor du Sénégal. «Ce sont ces six pays qui ont créé la CEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Et c’est le traité créant la CEAO qui a été tout simplement transformé, en 1975, pour être la Cedeao», fait savoir Abdoulaye Amadou Sy, qui dira que le Président du Bénin d’alors, le Commandant Mathieu Kérékou est venu ajouter son pays à l’Union tout comme le Président Gnassingbé Eyadéma du Togo. «Les décisions des Chefs d’État d’aller à l’union économique en mai 1972 ont été signées le 17 avril 1973 à Abidjan et constituent l’acte fondamental de la création de la CEAO.
Ensuite, le Président du Togo est venu chez nous pour demander au Général Moussa Traoré d’ouvrir l’Union à ses deux grands voisins en l’occurrence le Nigéria et le Ghana», rappelle notre interlocuteur. Il dira qu’à l’époque, le Président du Nigeria, le Général Yakubu Gowon est arrivé au Mali de même que le Président du Ghana, le Général Acheampon.
D’après lui, on a pris juste le texte fondateur de l’Union économique de l’Afrique de l’Ouest pour le ramener au niveau de la Cedeao, sans enlever même une virgule. La base étant la promotion de la coopération économique, casser les barrières douanières et promouvoir l’économie. Malheureusement, dira-t-il, en 1973, les Chefs d’État ont créé des actes supplémentaires où ils ont introduit la politique, parlant de la démocratie occidentale telle que les Occidentaux la vivent chez eux. Ils ont aussi voulu qu’on dépasse les problèmes économiques pour s’attaquer à ceux politiques, en ce sens qu’il faut avoir une vision démocratique, prendre le pouvoir par le fait des élections.
«La base fondamentale de la Cedeao a été faussée à partir de ce moment. Les États, au lieu de s’occuper des problèmes purement économiques et douaniers, se sont attaqués fondamentalement à la manière dont les états sont gérés», déplore l’ancien ministre. Et de rappeler que la Cedeao est venue des pays sahéliens qui avaient créé l’Alliance du Liptako-Gourma à savoir le Mali, le Niger et la Haute Volta. Et c’est de là que l’idée de la création de la CEAO est partie.
«Ces trois pays se sont réunis aujourd’hui pour dire qu’ils sont attaqués par des djihadistes qui veulent les casser comme ils l’ont fait avec la Lybie. Ils ont entrepris donc de se battre mais les autres pays, au lieu de voir que le côté fondamental d’un État est la sécurité, se sont attaqués à eux en voulant même les déstabliser», dénonce Abdoulaye Amadou Sy. Il dira qu’ils ont même voulu attaquer le Niger. «N’eut été la déclaration du Mali et du Burkina Faso de dire que toute attaque contre le Niger est une attaque contre eux-mêmes, ils allaient attaquer ce pays», regrette notre interlocuteur.
INTÉRÊT DES PEUPLES- Abdoulaye Amadou Sy pense que les problèmes de la base restent entiers, car les pays côtiers vivent en grande partie de l’existence de ceux de l’hinterland. «Le Mali est le premier client du Sénégal et le troisième acheteur de la Côte d’Ivoire. Ces États ont besoin que leurs marchandises circulent, leurs industries vivent parce que leurs produits sont consommés, non pas par leurs populations en grande partie, mais par les nôtres», souligne Dr Sy. Pour lui, ils ne peuvent pas fermer les frontières car s’ils le font, leurs économies meurent. Par ailleurs, il indique que sur le plan international, il y a des textes qui existent pour que les pays de l’intérieur puissent traverser régulièrement et accéder à l’extérieur. S’ils bloquent les frontières, eux-mêmes seront bloqués premièrement et secundo, ils violent les règles internationales, explique Abdoulaye Amadou Sy.
«De la même manière que nos concitoyens vont là -bas, ces pays commandent aussi chez nous», soutient notre interlocuteur, qui dira que le nouveau Président du Ghana a demandé au Président de la Confédération AES une sorte d’accord. Cela n’est pas pour rien, dit-il. De la même manière que la Grande Bretagne a quitté l’Union européenne, il pense qu’il doit y avoir des accords pour voir au niveau douanier et autres ce qu’il faut faire. Pour Abdoulaye Amadou Sy, les dirigeants gouvernent pour le bien-être des peuples. Et si c’est pour l’intérêt de leurs peuples, ils ne peuvent prendre des décisions contraires. Il a pris l’exemple sur le problème qui existe entre le Bénin et le Niger, tout en soulignant que c’est la population béninoise qui en souffre.
Car d’après lui, le Benin ne peut rester sans que ses produits soient envoyés au Niger et vendus. Et aussi, les camions qui ont été bloqués à la frontière nuisent beaucoup plus au Benin qu’au Niger qui a d’autres voies de sortie. De ce fait, il pense que si le Président Patrice Talon veut l’intérêt de ses populations, il est obligé de revenir en arrière. Abdoulaye Amadou Sy déplore que les Français, au lieu de faire de l’Afrique occidentale française un seul État, ont préféré nous morceler. Pour lui, on aurait pu être dirigé par un seul Président comme Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor, Modibo Keïta ou quelqu’un d’autre. D’après lui, les Français divisent toujours pour régner. Et partout où ils sont partis, ils l’ont fait. «Maintenant, on doit avoir conscience de cela au sein de cette Confédération. Les États-Unis ont commencé par trois États et aujourd’hui, ils sont à 5O», souligne l’ancien ministre qui soutient que tant qu’il s’agit de défendre l’intégrité territoriale, la sécurité et le développement, l’AES va s’agrandir.
Bembablin DOUMBIA
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