
Bonjour Monsieur le ministre, merci d’accepter de nous entretenir sur votre département. À ce propos, comment vont les Maliens établis à l’extérieur sous votre magistère ?
Mossa Ag Attaher : Je vous remercie. Les
Maliens établis à l’extérieur sont présents sur tous les continents, avec une
forte concentration en Afrique de l’Ouest, au Maghreb, mais aussi en Afrique
centrale et de l’Est. On les retrouve également en Europe, en Amérique et en
Asie. Leur situation est diverse et dépend du contexte sociopolitique et
économique des pays d’accueil, ainsi que de leur statut administratif, qu’il
soit régulier ou irrégulier.
Sous mon magistère, nous avons placé la protection
et l’assistance au cœur de notre action. Entre janvier 2025 au 14 septembre
2025, plus de 20 567 compatriotes en détresse ont bénéficié de l’appui de
l’État et de ses partenaires. Rien qu’entre mars 2025 et 14 septembre 2025, 13
229 Maliens ont été rapatriés uniquement
de la Mauritanie, et ont reçu un accompagnement allant de l’accueil digne aux
soins de santé, jusqu’à leur retour sécurisé dans leurs localités d’origine.
Nous avons également renforcé la réinsertion. Plus de 20.000 migrants de retour ont été accompagnés dans leur intégration économique et sociale à travers le financement de projets, l’octroi de kits d’insertion et des formations adaptées. Pour structurer ces efforts, nous avons créé le Cadre national pour la réintégration des migrants (CNRM) et lancé la plateforme numérique Tounkan Blon, qui facilite le dialogue direct avec la diaspora.
Qu’est-ce que vous menez pour traduire concrètement l’appel du président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, aux Maliens établis à l’extérieur à venir investir massivement dans le pays afin d’édifier très rapidement le Mali Kura ?
Mossa Ag Attaher : L’appel du Président de la
Transition à notre diaspora est au centre de l’action de mon département. Nous
travaillons à transformer cet appel en résultats tangibles à travers plusieurs
initiatives.
Notamment la mise en place des réformes et des
dispositifs incitatifs pour faciliter et sécuriser l’investissement de la
diaspora. Cela inclut l’ouverture d’un guichet unique dédié à la diaspora, des
mesures fiscales et douanières avantageuses, ainsi que des dispositifs
d’accompagnement technique et financier.
Le lancement des programmes structurants tels
que Tounkan Blon, une plateforme numérique interactive, et le
Programme Tounkaranké, qui associe les institutions financières et les
collectivités territoriales afin de faciliter la mobilisation des ressources de
la diaspora pour des projets productifs et à fort impact.
Nous travaillons également à la mise en place d’un
Fonds d’appui à l’investissement productif
de la diaspora, afin de garantir un financement souverain et pérenne aux
projets portés par nos compatriotes établis à l’étranger.
Par ailleurs, nous avons organisés organisons des grands rendez-vous de la diaspora tels que les Etats Généraux de la Migration, le Cadre de Concertation avec les Maliens établis à l’extérieur (CCMEX) et le Forum International de la Diaspora (FID), qui s’est tenu en juillet 2025 à Bamako. Ces plateformes permettent de rapprocher l’État, le secteur privé et la diaspora autour d’objectifs communs de développement national. Notre vision est de faire de la diaspora non pas un simple soutien social, mais un acteur stratégique de la refondation et de la souveraineté économique nationale. C’est dans cet esprit que nous traduisons l’appel du Chef de l’État en actions concrètes et durables.
Pouvez-vous nous parler de cas concrets d’investisseurs nationaux qui ont réagi à l’appel présidentiel et quel accompagnement le gouvernement leur apporte en termes de sécurité des investissements ?
Mossa Ag Attaher : Effectivement, l’appel du
Président de la Transition a trouvé un écho favorable auprès de nombreux
compatriotes de la diaspora. Plusieurs projets d’investissement ont été
annoncés ou sont en cours de concrétisation dans des secteurs stratégiques tels
que l’agriculture, les mines, l’énergie, l’immobilier et les services. D’autres
opérateurs économiques, venant notamment du Congo, d’Italie ou de Suisse, ont
exposé leurs initiatives dans l’élevage, l’éducation et la formation
professionnelle.
Face à cette dynamique, le gouvernement a mis en
place plusieurs mesures pour sécuriser ces investissements dont l’adoption d’un
nouveau Code minier et une loi sur le contenu local, qui permettent à nos
compatriotes d’accéder à des parts de capital dans les sociétés minières. Un
guichet unique de l’investissement pour la diaspora a été ouvert, afin de
simplifier les démarches et garantir la transparence des procédures.
En matière de protection juridique, la réforme du
secteur de la justice et le renforcement des organes de contrôle, comme le
Bureau du Vérificateur Général, visent à instaurer un climat de confiance. À
cela s’ajoutent des conventions de partenariat avec les banques nationales et
les institutions financières, qui proposent
des produits spécifiques pour la diaspora, allant du crédit immobilier
au financement de projets productifs.
Le gouvernement assure également un accompagnement diplomatique et administratif pour sécuriser l’acquisition de terres agricoles, faciliter l’obtention de titres fonciers et protéger les investissements contre les risques de corruption ou de bureaucratie. L’objectif est d’offrir aux investisseurs de la diaspora un cadre sûr, attractif et durable, à la hauteur de leur engagement pour le Mali Kura.
Un sujet qui revient souvent dans les débats. Quelle est la contribution des Maliens de la diaspora à l’économie nationale ? Et surtout, quel impact sur le quotidien et la vie des citoyens ?
Mossa Ag Attaher : La diaspora malienne est
un pilier essentiel de notre économie nationale. Ses apports se traduisent
principalement par les transferts financiers, mais également par les
compétences et les investissements productifs. Je rappelle qu’en 2022, les
Maliens de l’extérieur ont transféré plus de 793 milliards de Fcfa par les
canaux officiels, un montant qui dépasse largement l’aide publique au
développement. En 2023, ces transferts ont représenté environ 5,6 % du PIB
national, ce qui démontre leur poids stratégique.
Au-delà des chiffres, l’impact sur le quotidien
des citoyens est considérable. Ces fonds permettent de soutenir directement des
millions de familles dans les domaines de l’alimentation, de l’éducation, de la
santé, du logement et des activités génératrices de revenus. Ils financent
également de nombreuses infrastructures de base dans les villages et les
localités d’origines, telles que des forages, des écoles et des centres de
santé.
Par ailleurs, de plus en plus de compatriotes de la diaspora investissent dans des petites et moyennes entreprises, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la dynamisation de l’économie locale. Leur rôle dépasse donc le soutien social : ils participent activement à la construction d’une économie plus résiliente et inclusive.
Quels sont les grands axes de votre bilan à la tête du département ?
Mossa Ag Attaher : Notre bilan couvre
plusieurs domaines essentiels de la mission confiée par le Chef de l’État. En
matière de protection et d’assistance, nous avons organisé le rapatriement
et l’accompagnement de plus de 40 974 compatriotes entre juillet 2023 et
mi-septembre 2025. Rien qu’entre mars 2025 à mi-septembre 2025, 13 229
maliens ont été rapatriés uniquement de la Mauritanie. Ils ont bénéficié d’un
accueil digne, de soins médicaux, d’un accompagnement psychologique et d’un
retour vers leurs familles.
Sur le plan
de l’insertion et de
la réinsertion, plus de 25.000 migrants de retour ont été soutenus à
travers le financement de projets, l’octroi de kits de réinsertion, des
formations techniques et professionnelles. Ces initiatives ont été renforcées à
travers la mise en place du Cadre national pour la réintégration des migrants
(CNRM). Ce dispositif structurel permet de mieux planifier et suivre les
actions en faveur de la réinsertion.
Concernant la sensibilisation, nous avons
conduit des campagnes nationales contre la migration irrégulière, alertant
notamment la jeunesse sur les dangers de «l’exil mortel», qui a coûté la vie à
plus de 10 000 migrants en 2024 selon l’Organisation Internationale pour les
Migrations (OIM).
En matière de réformes institutionnelles et
de gouvernance migratoire, plusieurs avancées sont à signaler : La création du
Cadre de Concertation avec les Maliens établis à l’extérieur (CCMEX), instauré
par décret en février 2025, qui devient un espace de dialogue et de
coordination ; la mise en place de la plateforme numérique Tounkan
Blon, qui offre aux Maliens de la diaspora un canal interactif de dialogue, de
suivi et de remontée d’informations ; la relecture en cours de la
Politique nationale de migration (PONAM) pour l’adapter aux nouveaux
enjeux ; la consolidation du projet TOKTEN, avec près de 1000 missions
réalisées et 30.000 bénéficiaires, et la préparation de sa transformation en
une structure nationale dédiée ; la relecture en cours des textes de
la Délégation générale des maliens de
l’extérieur en vue de son érection en Direction générale.
Sur le plan économique et financier, nous avons travaillé à la préparation de la création d’une Banque d’investissement de la diaspora ; au lancement du Programme Tounkaranké, destiné à mobiliser l’épargne de la diaspora pour des projets productifs ; à la mise en place d’incitations fiscales et d’un guichet unique pour faciliter l’investissement des Maliens de l’extérieur ; à l’organisation du Forum International de la Diaspora (FID 2025), qui a rassemblé plus de 300 participants et permis d’identifier des secteurs porteurs, d’instaurer un dialogue direct entre investisseurs de la diaspora et acteurs économiques nationaux, et de dégager des recommandations concrètes.
Le rapatriement des Maliens et la prise en charge de ces migrants de retour occupent une place de choix dans votre action. Nos compatriotes en situation difficile peuvent-ils toujours compter sur le gouvernement ?
Mossa Ag Attaher : Evidement ! Le
gouvernement du Mali a fait de la protection et de l’assistance aux
compatriotes de l’extérieur une priorité. Chaque fois que nos concitoyens se
trouvent en détresse, nous mobilisons nos services, nos représentations
diplomatiques et nos partenaires pour leur venir en aide.
Entre juillet 2023 et mi-septembre 2025 plus de 40
974 compatriotes ont été rapatriés. Il convient de signaler qu’entre mars 2025
à mi-septembre 2025, 13 229 maliens ont été rapatriés uniquement de la
Mauritanie. Ces rapatriements se sont faits dans la dignité, avec un dispositif
complet : accueil, hébergement, soins médicaux, appui psychologique, transport
vers leurs localités et suivi social.
Au-delà du rapatriement, le gouvernement veille à
la réinsertion durable. Des kits d’installation, des financements de projets et
des formations professionnelles sont régulièrement octroyés aux migrants de
retour. En 2024, plus de 100 millions de Fcfa ont été mobilisés à cet effet,
avec l’appui de nos partenaires techniques.
Globalement de 2020 à 2025 le Gouvernement en lien avec ses partenaires ont rapatrié et assisté 48 457 malien pour un coût total d’environ quarante milliard (40 milliards Fcfa). Nous avons également créé le Cadre national pour la réintégration des migrants (CNRM), qui permet de coordonner l’ensemble des acteurs autour de la réinsertion et de garantir un suivi rigoureux.
Une des difficultés auxquelles les Maliens vivant à l’étranger sont confrontés concerne la quête ou le renouvellement des pièces d’identité. La situation semble toujours demeurer. Alors ?
Mossa Ag Attaher : Vous touchez à une
préoccupation réelle de nos compatriotes. L’accès aux documents d’état civil et
aux pièces d’identité, notamment la carte NINA, la carte consulaire et le
passeport, reste un défi pour de nombreux Maliens établis à l’extérieur. Nous
avons pleinement conscience de ces difficultés et nous travaillons à y apporter
des solutions durables. C’est pourquoi le Gouvernement a accordé un moratoire
de dix ans depuis 2022 afin de permettre à tous ceux qui rencontrent des
erreurs ou des incohérences de les rectifier. Pour toutes informations
complémentaires nous invitons nos compatriotes à s’adresser à la Délégation
générale des maliens de l’extérieur (DGME).
Ensuite, des efforts sont engagés pour rapprocher
les services de nos compatriotes. Cela passe par le renforcement des moyens
techniques et humains de nos missions diplomatiques et consulaires, la
digitalisation progressive des procédures et la moralisation de l’ensemble du
système afin de réduire les lenteurs et les pratiques indésirables.
Enfin, nous travaillons en synergie avec les ministères concernés, notamment celui de la Sécurité et celui de l’Administration territoriale, pour sécuriser et moderniser l’ensemble de la chaîne de délivrance des documents.
Quelles sont les actes posés ou actions entreprises par votre département dans le cadre de l’intégration des peuples AES ?
Mossa Ag Attaher : Notre département a joué et continue de jouer un rôle central dans l’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel (AES), car l’intégration des peuples constitue l’un des piliers de cette Confédération. Plusieurs actes concrets ont déjà été posés.
Premièrement, nous avons travaillé
à l’harmonisation des documents de voyage et d’identité entre les
pays membres de l’AES. Cette mesure vise à faciliter la libre circulation des
personnes et des biens dans l’espace confédéral et à donner à nos compatriotes
une mobilité sécurisée et reconnue.
Deuxièmement, nous avons initié des actions de simplification des formalités administratives pour les ressortissants des pays de l’AES vivant au Mali. Cela inclut les procédures de résidence, de travail et d’accès aux services publics, afin de garantir un traitement équitable et d’encourager la mobilité intra-confédérale.
Troisièmement, nous avons contribué à l’ancrage
culturel et social de l’AES à travers des activités de sensibilisation, de
dialogue communautaire et d’intégration sociale. La Semaine de l’intégration
africaine a été un cadre privilégié pour rapprocher les peuples, avec des
volets éducatifs, culturels et scientifiques qui renforcent le sentiment
d’appartenance à un destin commun.
Quatrièmement, nous avons consolidé le cadre de
coopération entre les États membres dans des secteurs clés : agriculture,
énergie, infrastructures, sécurité et emploi des jeunes. Notre département a
participé activement aux travaux préparatoires pour assurer que la dimension
humaine, migratoire et sociale soit pleinement intégrée dans ces politiques
sectorielles.
Enfin, au niveau diplomatique, nous avons œuvré à maintenir un dialogue permanent avec les partenaires régionaux et internationaux pour expliquer la démarche de l’AES, préserver les acquis en matière de libre circulation hérités de la CEDEAO et bâtir des mécanismes spécifiques propres à l’AES.
Rédaction Lessor
Les deux sociétés de fourniture d’énergie électrique ont grandement contribué à améliorer le quotidien des populations de la zone rurale de Duguwolowula.
Il s’agit des centrales solaires de Sanankoroba, Safo et Tiakadougou-Dialakoro pour une capacité totale de 400 mégawatt (MW). Les travaux ont été lancés en 2024 par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.
À l’ère des technologies de l’information et de la communication, la robotique et l’intelligence artificielle (IA) s’imposent comme des secteurs clés de développement innovant. D’ici quelques années, assurent les experts, ces deux secteurs seront un levier incontournable dans les doma.
Les réformes initiées ces dernières années ont permis à l’État malien de renforcer sa présence et ses revenus dans ce secteur névralgique du développement économique de notre pays. Ainsi, la participation de l’État dans les capitales des sociétés minières a augmenté de 20% habitu.
Le Mali et l’ITIE, une adhésion pour la bonne gouvernance ..
C’est une sage femme qui a pris service en 1963 avant de faire valoir ses droits à la retraite en 1996. Celle qui porte admirablement ses 85 ans aujourd’hui a été la première directrice de la première école privée de santé de Bamako : l’École de formation des techniciens sociaux sanit.