Par leur présence sur le terrain, les Forces de défense et de sécurité exercent
une pression permanente sur l’ennemi
Sans doute, au nombre des poutres qui vont soutenir l’édifice Mali Koura figurent la sécurisation du pays et l’organisation des élections crédibles et transparentes. Il n’est donc point fortuit que le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire et l’organisation des élections générales soient les premier et troisième axes du Plan d’action du gouvernement (PAG).
En fin
juin 2022, le gouvernement présentait le chronogramme de la Transition devant
s’achever en février 2024 par l’organisation de l’élection présidentielle.
Par-delà plusieurs autres facteurs, la tenue de scrutins crédibles et
transparents reste fortement tributaire d’un contexte sécuritaire favorable.
Concilier les impératifs liés au respect des délais de la Transition et les
réalités du terrain, notamment la variable sécuritaire est le défi auquel font
face les autorités.
L’organisation
d’élections transparentes est un indicateur fort de la réussite de la
Transition. Il reste que prétendre relever ce défi sans l’adhésion des forces
politiques serait une gageure. Il n’est donc point surprenant que chef de
l’Etat, le colonel Assimi Goïta ait, à cet égard, constamment prôner le
rassemblement et l’inclusivité.
La reprise des travaux du Cadre de concertation
entre le ministère de l’Administration territoriale et la classe politique entre
sans doute dans cette dynamique. Qui plus est, l’accueil favorable réservé à la
nouvelle loi électorale par nombre de responsables politiques est également un
point positif à prendre en compte. La plupart des acteurs politiques sont
d’autant plus confiants que ce texte prend en charge une de leurs
revendications qu’est la création de l’Autorité indépendante de gestion des
élections (Aige).
CONSENSUS-
La réalité est que l’Armée est sur une pente ascendante. Dividendes tangibles
de la stratégie de diversification des partenaires et d’établissement
d’alliances stratégiques en matière de défense et de sécurité, les récentes
acquisitions des équipements militaires ont en effet considérablement contribué
à accroitre les capacités opérationnelles de notre outil de défense.
La posture
offensive adoptée par nos hommes a permis de neutraliser des centaines de
terroristes et détruire leurs sanctuaires. Présent à la Conférence pour la
sécurité internationale à Moscou, le ministre de la Défense et des Anciens
Combattants saluait l’espoir né suite à cette pacification progressive, malgré
quelques actions d’éclat des terroristes. Ainsi, a relevé le colonel Sadio
Camara, près de 100.000 réfugiés et déplacés internes sont retournés dans leurs
villages.
Ces
acquis obtenus sur les plans politique et sécuritaire offrent-ils des garanties
suffisantes pour la tenue des élections transparentes et moins contestées ?
Acteurs politiques et universitaires se prononcent, ci-dessous, sur ce sujet
d’intérêt national.
Si la
tendance de l’amélioration progressive de la situation sécuritaire était
maintenue, nul doute que les prochains scrutins auront lieu à date et dans des
conditions acceptables. Cette situation est saluée par la quasi-totalité des
dirigeants politiques de notre pays. Toutefois, concèdent-ils, parvenir à
assurer une sécurité optimale sur l’entièreté du territoire relève presque de
l’impossible.
Face à
de possibles facteurs impondérables, il apparait indispensable de construire un
consensus entre les acteurs concernés autour de l’essentiel. “Je pense qu’il
faut un consensus pour pouvoir organiser les élections même si toutes les
conditions ne sont pas là. Et accepter les résultats avec ce qu’on connait par
rapport à la situation globale du pays”, préconise Ibrahima N’Diaye, 2è
vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), une
formation politique qui est membre du M5-RFP. Ce serait plus grave, pense-t-il,
de lier l’organisation de ces élections à une situation dont on n’a pas la
maitrise.
Le
porte-parole du parti Yelema est convaincu que le type d’insécurité qui est là
ne peut être définitivement combattue en quelques années. Hamidou Doumbia
insiste sur le respect du chronogramme qui contient le retour de
l’administration dans les zones d’insécurité. “Donc, c’est un engagement pris
par les autorités de la Transition pour être dans le temps et pouvoir organiser
les élections en toute sécurité”, rappelle le responsable politique.
La
question du respect du chronogramme retient également l’attention du représentant
du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une Transition réussie. Un argument
supplémentaire sur la possibilité de tenir ces élections dans les délais
nourrit la conviction de Amadou Aya : l’organisation récente par le gouvernement
du Recensement général de la population et de l’habitat sur une bonne partie du
territoire.
“Donc, organiser des élections, c’est beaucoup plus simple que
faire un recensement de la population et de l’habitat sur l’ensemble du
territoire”, déduit-il. En appui à cet argumentaire, Amadou Aya martèle que la
Commission de rédaction de la nouvelle Constitution vient de sillonner
l’ensemble du pays pour organiser des fora. Il exhorte en revanche les
autorités à diligenter la mise en place de l’Aige.
S’il
admet que tenir les élections est absolument nécessaire, le président de la
Coalition des forces patriotiques (Cofop) est d’avis qu’il faut plus d’espace
sécurisé pour que les potentiels candidats puissent bien battre campagne.
“Depuis 2012, nous sommes dans cette situation de ni paix ni guerre où le pays
est complètement envahi par des terroristes et des malfrats de tout poil. A
partir de ce moment, le problème d’élections, ce n’est pas seulement aller
mettre le bulletin dans l’urne”, tempère
Abdoulaye Amadou Sy. Le souvenir du rapt de l’ancien chef de file de
l’opposition, Soumaila Cissé, alors en campagne électorale, vient conforter
l’attitude de prudence mise en avant par le dirigeant politique.
REDÉPLOIEMENT-
Montée en puissance de l’Armée, construction du consensus et présence des
représentants de l’Etat résument les opinions des universitaires dont la grille
de lecture sur le sujet ne diffère pas
radicalement de celle des politiques. Au-delà d’un climat de confiance entre
les acteurs, le retour des représentants de l’Etat sur l’ensemble du territoire
est en effet indispensable pour un processus électoral réussi. La nomination
récente par les autorités dans différentes localités de plusieurs dizaines de
représentants de l’Etat, dont 189 sous-préfets, conforte cette volonté
politique.
Siriki
Bagayoko, politiste et enseignant-chercheur à la Faculté des sciences
administratives et politiques, admet que la situation sécuritaire dans notre
pays demeure dans son ensemble tendue, l’Etat ne contrôlant pas encore
totalement la situation. Au regard du chronogramme publié par les autorités,
analyse-t-il, la tenue des élections est actuellement problématique.
Il faut
ajouter à l’activité des terroristes, fera remarquer l’universitaire, la faible
présence effective de l’administration partout sur le territoire. Ces deux
importants facteurs risquent d’entraver la bonne tenue des élections,
prévient-il. “L’Etat doit accélérer le déploiement de l’administration sur
l’ensemble du territoire national. Aussi, il doit veiller à améliorer la
situation sécuritaire avant les élections”, préconise Siriki Bagayoko.
Pour Pr
Fousseyni Doumbia, enseignant-chercheur à la Faculté de droit public de Bamako,
il n'existe pas d'élections parfaites en démocratie, surtout dans les États en
perpétuelle construction démocratique et en crise comme la nôtre. Sur ce point,
l’universitaire est quelque peu rejoint par le responsable politique et ancien
ministre Ibrahima N’Diaye qui rappelle que même aux meilleurs moments de paix,
d’accalmie, les taux de participation ont toujours été à des niveaux bas.
Le
consensus, insiste
l’enseignant-chercheur, doit prévaloir autour de la matérialisation de
l'ensemble des phases de ce processus électoral, afin d'éviter que celui-ci
n'aggrave les distorsions entre les différentes composantes de la nation et
créer la violence.
Massa SIDIBE
Les Forces de défense et de sécurité sont responsables de la défense de l’intégrité territoriale ainsi que de la protection des personnes et de leurs biens. Sur le plan opérationnel, nos hommes ont, ces derniers mois, abattu un travail titanesque ayant permis à notre pays d’exercer sa so.
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