
L'artiste Askia Modibo, l'une des figures du mouvement rastafari au Mali
Dans les rues de la capitale, il est fréquent de croiser des hommes et des femmes coiffés de dreadlocks se réclamant du mouvement rastafari. Souvent associés aux drogués et autres vagabonds au sein de la société, et pourtant les adeptes du rastafarisme à Bamako continuent de faire vivre leur culture. Ras Kébé, un rasta bien connu à Bamako, s’indigne : «Le Rastafarisme est dans l’esprit, moi je ne porte pas de dreadlocks. Pour beaucoup, rasta égale délinquant, ce qui n’est pas vrai».
Il faut vraiment approcher les Rastas pour connaître leur monde, leur philosophie, leur aspiration, leur croyance, leur goût pour la liberté. En plus de dreadlocks, les Rastas sont très attachés aux couleurs rouge, jaune, vert et noir qui sont visibles dans leurs vêtements. Chacune de ces couleurs a une signification.
Le Rouge signifie le sang versé pour la liberté ; le Jaune, la lumière du soleil ; le Vert représente la richesse naturelle de l’Afrique, surtout l’Éthiopie ; et le Noir est le peuple africain. Ces couleurs sont devenues populaires dans le monde entier, au point d’influencer même la mode internationale. On retrouve les dreadlocks, les bonnets «tam» et les colliers en bois ou en perles dans les défilés ou les vitrines de magasin.
Le mouvement rastafari au Mali a pris forme en 1992, bien que les premières rencontres aient eu lieu avant cette date. Baba Diarra, membre fondateur du mouvement, raconte : «Nous nous rencontrions déjà au Centre culturel français pour commémorer Bob Marley. Lorsqu’il est mort, chaque année, il y avait une rencontre pour lui rendre hommage. Ce n’est pas ce qui a rassemblé les Rastas, mais à Bamako, c’est plutôt les rencontres autour des spectacles au Centre culturel français qui ont créé cette dynamique, bien avant 1991».
Mais ce n’est qu’à partir de 1992 que les rastas ont décidé de formaliser leur groupe, en créant le «Mouvement Rastafari du Mali (Mourasma)», reconnu par l’État. Cependant, malgré ces efforts pour structurer et légitimer le mouvement, les rastas demeurent mal perçus par certains. «J’ai vu plusieurs femmes se faire rejeter par leurs futures belles familles car elles sont rasta. Les Maliens n’en ont pas une bonne perception. Pour eux, c’est seulement synonyme de délinquance», déplore Ras Kébé.
«Au Mali, on a surmonté cela avec l’application du groupe des 12 tribus d’Israël, car là, on ne tient pas compte de la religion ni de la position sociale. On se base sur ta potentialité, il n’y a pas besoin d’initiation en tant que telle. Je suis musulman, et parmi nous, il y a des chrétiens», affirme le président du Mourasma, Kèka Koné, avant d’évoquer les rituels du mouvement.
«Les rastas ici faisaient parfois le «Nayan biguin», une percussion de trois tambours. Le nombre peut aller à sept. C’est une cérémonie au cours de laquelle on se rappelle l’Afrique. On prie avec la Bible et le Coran, on allume le feu qui représente la pureté», explique-t-il.
Drogue et Stéréotypes- Le mouvement rastafari puise ses origines dans la Bible ; et des éléments comme le Sabar chez les juifs, consistant à jeûner le samedi, étaient également des rituels pratiqués par les rastas. Toutefois, les différences religieuses entre les membres rendent certains rituels difficiles à adopter de manière uniforme. «Nous organisons parfois un reasoning ou un grin où l’on pose des thèmes de causeries. Il n’y a pas d’initiation en tant que telle à devenir rasta. C’est philosophique», informe le président.
La consommation de cannabis est souvent associée au mouvement rastafari, notamment par le biais de son usage rituel et médicinal. Le cannabis est vu comme une herbe sacrée qui aide à la méditation et à la compréhension spirituelle. Ainsi, les Rastas sont indexés par la population comme des fumeurs et des consommateurs. Un monsieur tenant à rester dans l’anonymat est formel : «Quand on dit rasta on dit herbe, ils fument tous», lâche-t-il d’un ton agressif.
Pourtant, plusieurs membres du mouvement soulignent que la consommation de drogue ne définit pas l’identité rasta. Ras Kébé pense que cette perception est «liée aux premières personnes ici qui se sont autoproclamées rasta». Sinon, poursuit-il, «être rasta n’est pas synonyme de fumer». Et le président du Mourasma renchérit : «Fumer est une question qui n’engage que soi, et tous les fumeurs ne sont pas rasta.»
Des initiatives font la promotion du rastafarisme au Mali. La chanteuse de reggae, Sista Mam, a initié un festival de 3 jours dénommé «le Mali Festi Reggae».
L’objectif est de promouvoir la musique reggae, vulgariser les valeurs du rastafari et prôner le vivre ensemble à travers des conférences-débats, des expositions, des concerts live, des soirées d’animation musicale et autres activités artistiques, culturelles et caritatives. «Aujourd’hui, à travers ce festival, nous arrivons à donner une autre imagine des rasta», se réjouit Ras Kébé.
Sans conteste, le mouvement rasta a exercé une influence significative, non seulement dans le domaine de la musique et de la spiritualité, mais également sur la mode à l’échelle mondiale. Les dreadlocks, les couleurs et les symboles associés à ce mouvement ont traversé les frontières, et leurs impacts continuent de se faire sentir, malgré les perceptions parfois négatives.
Aminata DJIBO
Sur huit recommandations formulées, trois sont exécutées, trois sont en cours d’exécution et deux n’ont pas été réalisées.
La Société de gestion des immobilisations hors exploitation des établissements (SGIHE) a été officiellement lancée, hier dans un hôtel de la place. Son but est : acquérir, rénover, construire et vendre les biens immobiliers hors exploitation situés dans le périmètre urbain et périurbain.
La course effrénée au métal jaune impacte sérieusement les conditions de vie des populations de cette localité et cause de dommages graves à l’environnement.