#Mali : «Médicaments miracles» : On prête à ces produits le pouvoir de donner les rondeurs à une femme

Aujourd’hui, les rondeurs semblent être une nouvelle féminité. Les jeunes filles ou femmes sont prêtes à tout pour avoir un corps d’ange, même à consommer ces médicaments très souvent en sirop ou en forme injectable dangereux pour la santé

Publié lundi 06 mai 2024 à 08:01
#Mali : «Médicaments miracles» : On prête à ces produits le pouvoir de donner les rondeurs à une femme

 Les jeunes filles payent ces produits chez les vendeurs de médicaments par terre

 

Un aîné expliquait un jour dans les confidences d’une banale causerie que les rondeurs représentent un argument de poids pour une femme. La boutade avait eu le mérite d’inspirer un autre qui enchainait pour dire qu’il préférait quand «il y a du monde au balcon» chez une femme. C’est au début des années 2000 que les femmes ont commencé à ingurgiter toutes sortes de substances très souvent en sirop ou en forme injectable pour gonfler rapidement leurs fesses, seins et autres. Soit pour garder la ligne, autrement dit avoir une forme svelte comme les créatures angéliques. Mais la pratique n’est pas sans risque.

Aujourd’hui, les rondeurs semblent être un aspect bien recherché par la gent féminine. Sur les réseaux sociaux, notamment les blogs et les forums de discussion, on voit souvent la publicité sur les médicaments auxquels on prête le pouvoir de donner des rondeurs à la femme. Ces «recettes miracles» concernent des vitamines, des antidépresseurs, des corticoïdes, du sirop contre l’asthme, voire des hormones de croissance pour animaux.

On peut se procurer facilement ces produits pharmaceutiques chez les revendeurs de médicaments par terre ou médicaments de la rue. Les critères de beauté semblent avoir changé. En tout cas, les rondeurs passent pour la nouvelle féminité. Et les jeunes filles ou jeunes femmes sont très souvent prêtes à tout pour les avoir, même sachant parfois courir de graves risques en consommant des produits pharmaceutiques non homologués.

Les tops modèles représentent aux yeux de la gent féminine, l’archétype du corps mince ou longiligne. Ces femmes à la forme élancée sont des inspirations et toutes ou presque veulent plus ou moins leur ressembler. Des jeunes filles ou femmes fantasment sur le corps de ces mannequins. Pour parvenir à leurs fins, elles font recours à des médicaments très souvent dangereux pour la santé.

L´amphétamine, aujourd’hui appelé dans le jargon des vendeurs de médicaments de la rue  «gros bébé, botcho, bobarabani «bofaitai» etc. Un pharmacien d’une officine de la place  explique que ce sirop n’est pas homologué par la législation pharmaceutique et nuit à la santé. Ce produit fabriqué et vendu par une société pharmaceutique indienne contiendrait de la cyproheptadine (substance chimique toxique). Les professionnels de la santé reconnaissent qu’il a des effets secondaires graves parce que pouvant  engendrer une insuffisance hépatique, une somnolence extrême et des gonflements excessifs.

Malgré ses effets indésirables, les vendeurs arrivent à trouver des bouteilles d’amphétamine et en rajouter des trucs ensuite pour les remettre dans de nouveaux emballages pour en faire leurs marques de fabrique. «Bienvenue dans l´Institut Botcho ! , Vient prendre ton Bofaitai ! vous voulez notre sirop pour faire grossir des fesses».


C’est par ces formules que les sites, les pages Facebook, Tiktok accueillent la clientèle spécifique. Actuellement, les rondeurs sont bien appréciées chez les femmes, mais elles doivent faire attention aux produits proposés et auxquels on prête à tort des vertus. «J´ai augmenté en tour de taille» confesse une étudiante ...«On m’a dit que  gros bébé allait me donner des rondeurs. Je voulais avoir cet aspect au niveau de mes fesses, de la hanche et des cuisses», confie la jeune femme qui a vite déchanté  au bout d’un mois et demi. «Tout mon corps a grossi».

 

La chance de vivre-D’autres jeunes femmes qui ont requis l’anonymat racontent leurs expériences désastreuses avec l’amphétamine. Elles confirment crûment s’être effondrées de nombreuses fois en pleine rue ou dans les escaliers après avoir pris des doses de ces médicaments.

Une autre était si mal en point. Au-delà de la lassitude, elle ressentait de la douleur un peu partout même au niveau des yeux.  Elle constatait un œdème au niveau de ces membres inférieurs.

Mariam Diakité, une jeune femme nouvellement mariée, accepte de partager sa mésaventure avec «bobaramani» pendant trois mois. Elle explique avoir constaté que chaque fois qu’elle en consommait, elle trébuchait.  «Je dormais tout le temps. Je ne pouvais même pas écrire mon nom sur un bout de papier. Mes mains tremblaient tellement» déclare celle qui s’est rendue compte du danger encouru avec la consommation de ces «drogues».

Une autre jeune femme s’estime heureuse d’être encore en vie, après s’être évanouie au volant de sa voiture. Elle avait même  provoqué un grave accident de la route. Certaines vont jusqu’à se faire injecter des doses de produits non homologués par la législation pharmaceutique.

Selon la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM), un investissement de 1.000 dollars peut générer 500.000 dollars de profits. Cela rendrait les faux médicaments plus rentables que la plupart des stupéfiants. Au Mali, le commerce illégal de médicaments pose la problématique d’un business à trois à savoir le vendeur clandestin, le pharmacien professionnel et le grossiste.

Ces trois entités sont au cœur de cette nébuleuse. Pour en savoir plus, nous avons intérrogé une vendeuse qui a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux précisément sur Tiktok, à Bagadadji où se trouve sa boutique. Elle évolue dans le commerce de cosmétiques et tous autres produits pour grader la ligne ou embellir l’apparence physique, notamment avoir de grosses fesses. Celle qui a requis l’anonymat explique que ses produits sont de bonne qualité et que sa clientèle est toujours satisfaite du résultat. «J’ai eu de l’influence sur Tiktok grâce au témoignage de ma clientèle», déclare- t-elle , avant de confirmer que certains hommes en achètent pour leurs épouses.

Dr Moussa Drago, gastroentérologue et nutritionniste, officie dans une clinique de la place. Ce praticien explique que c’est un stéroïde anabolisant qui favorise le gain de poids. Bien sûr, cela va favoriser le développement des muscles fessiers, combiné à une rétention d’eau dans les tissus. Mais les effets secondaires sont nombreux. Il cite volontiers l’hypertension, les maux de tête, le saignement du nez et l’acné, etc.

Comme beaucoup d’autres médecins, le gastroentérologue tire la sonnette d’alarme, et fulmine contre le mutisme observé par les pouvoirs publics sur un phénomène aussi préoccupant. Il en appelle à l’intensification d’une campagne d´informations sur le fléau.

Ibrahim DEMBELE

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