#Mali : Décoration traditionnelle : Une nouvelle pratique à la mode

Depuis environ une année, un nouveau modèle de décoration s’est invité dans les cérémonies festives (enterrement de vie de jeune fille, baptême, mariage). Et il offre d’importantes sources de revenus à des entrepreneurs et des jeunes diplômés sans emplois

Publié mardi 12 décembre 2023 à 08:14
#Mali : Décoration traditionnelle : Une nouvelle pratique à la mode

Le prix de ce service varie entre 30.000 à 150.000 Fcfa

 


 Sanaba Samaké est une professionnelle de cet art. Rencontrée dans une famille à Djicoroni Para en Commune IV du District de Bamako, elle met son talent de décoratrice au service d’un couple qui attend de célébrer le baptême de sa fille. Ses clients ont décidé de décorer le garage de leur maison pour rehausser l’éclat de la cérémonie organisée à cet effet.


Un tissu artisanal est affiché à un pan du mur du bâtiment. Sur l’étoffe, Sanaba Samaké a disposé verticalement des éventails traditionnels et des paniers. Un siège métallique sous forme de trône est installé pour accueillir la mère de l’enfant qui sera baptisé. Aux alentours, la jeune artiste a posé paniers, calebasses, éponges à base de fibres, tamiseurs et balais. Sur le site, une natte étalée réserve des oreillers aux visiteurs.

Des petits tabourets décorent également le lieu. Le décor digne d’une salle royale affiche une grande beauté culturelle. Sanaba Samaké explique que cette décoration est celle de l’ethnie sonrhaï à laquelle appartient le nouveau-né. Elle  précise que ce travail lui permet d’exposer la beauté de la culture africaine.

L’étudiante en télécommunication ajoute, en faisant des touches à la chaise réservée à la mère, que c’est une interview de Seydou Badian Kouyaté qui est à l’origine de sa motivation. Le bricolage est une passion d’enfance de notre interlocutrice. «Depuis cet âge, j’organisais des fêtes à la maison et je décorais à l’aide des cartons. Maintenant, je fabrique des éventails avec des wax, des fleurs que je vends et mets en location», affirme-t-elle, avant d’indiquer qu’elle aime créer et essaie de toujours s’améliorer. En plus de ses talents innés, elle a suivi une formation en décoration à l’Atelier Firdaous Assitan Soumaoro.

Le prix de ses services va de 30.000 à 150.000 Fcfa. Celle qui dispose de vêtements traditionnels en location indique que le choix des lieux dépend du client. «Certaines personnes choisissent leur lieu à partir de mes vidéos publiées sur les réseaux sociaux», note Sanaba Samaké qui a su faire face à des difficultés dans ce métier. Elle a été obligée de mettre en location des habits traditionnels pour acheter une grande quantité de matériaux de décoration. «J’ai eu l’idée de faire de la décoration traditionnelle à travers une cousine qui vit au Sénégal. En ce moment, je ne connaissais personne qui évoluait dans le domaine au Mali», souligne-t-elle.

Son activité lui a permis d’être autonome. Grâce à sa communication sur les réseaux sociaux et les informations de bouche à oreille, sa clientèle s’est multipliée. Elle ambitionne d’ouvrir son propre magasin et un espace où les gens pourront venir célébrer directement leurs événements. À ces perspectives, s’ajoute la formation professionnelle. Notre décoratrice souhaite bénéficier des offres portant sur la décoration des grandes cérémonies.

Alima Coulibaly est celle dont on décore le lieu de baptême. Elle déclare avoir décidé de procéder ainsi parce que plusieurs de ses camarades l’ont fait. «C’est une façon de décorer qui se fait à moindre coût et je la trouve originale comparée à la décoration moderne. J’ai demandé à tous mes amis de s’habiller de façon traditionnelle pour rendre la scène plus jolie», confie celle qui a dépensé 40.000 Fcfa pour sa décoration

 

Valoriser la culture- Aux environs de 8 heures, Kamara Dolo, décorateur, est accompagné de deux autres personnes. Ils tiennent des bogolans et des statuettes noires qu’ils doivent accrocher au mur. Dans leurs bagages, on y trouve également des nattes en bois, des louches, de l’encensoir, des pailles, des paniers et une grande photo de la future mariée sur laquelle on peut  lire : «Soirée de henné d’Aïchata». C’est le jour où la mariée et son entourage se font tatouer.

Occupé à mettre tout en place, il explique qu’il a suivi trois formations différentes en décoration. «La décoration artisanale est très prisée par les gens en ce moment. Sinon, j’ai été formé à la décoration moderne. Et j’ai commencé par cela il y a 4 ans. J’ai eu l’idée de faire la décoration artisanale, quand j’ai vu que les gens commençaient à mettre en valeur nos tissus artisanaux», souligne-t-il avant d’expliquer que son travail valorise notre culture.

Ce métier lui tient à cœur. «J’aime créer chaque fois des nouveautés. Je suis très apprécié par mes clients à travers cela. Grâce à cette décoration artisanale, j’ai eu à signer des contrats avec des entreprises. Généralement, nous sommes sollicités par les gens qui célèbrent les mariages, des baptêmes ou organisent des enterrements de vie de jeune fille», détaille Kamara Dolo. Et de déplorer la faible valorisation de ce métier à cause du nombre important de décorateurs qui offrent leurs services à vil prix.


«Nos prix dépendent de beaucoup de paramètres : matériaux, main-d’œuvre, locations et frais de transport», précise-t-il. Ne quittant des yeux son objectif, il déclare qu’à l’avenir il aimerait avoir un titre pour être reconnu à sa juste valeur pour pouvoir se démarquer des autres.  Assise à côté de son prestataire, une voile blanche sur la tête, Aïchata Kanté, explique qu’elle a voulu que sa décoration soit faite de manière traditionnelle parce qu’elle la trouve jolie. «Cela me permettra de mettre mon ethnie en valeur», justifie-t-elle. Ses amies vêtues de tissus traditionnels précisent que c’est l’occasion pour elles de prendre des photos afin d’immortaliser ces moments.

Kadidia Yossi est la directrice de Koun’dji Events (une entreprise spécialisée dans la décoration). Détentrice d’une maîtrise en droit privé, elle a commencé la décoration en 2017. «J’ai commencé avec le placement des hôtesses lors des forums, des colloques. Deux mois plus tard, je me suis lancée dans la décoration à la demande de mes partenaires», renchérit-elle, avant de déclarer son amour pour ce domaine dans lequel elle excelle. «Je voulais me différencier des autres quand j’ai pris l’initiative de créer ma propre boîte. C’est vers la fin de l’année passée que j’ai été encouragée par quelques clients à faire la décoration traditionnelle.

Sur les réseaux sociaux, j’ai vu des vidéos où les décorations sont faites artisanalement», relève Kadidia Yossi qui fait sa décoration avec tout ce qui peut rappeler la culture africaine. Selon elle, c’est un travail qui est à la mode. La directrice de Koun’dji Events avoue que cette activité est rentable. «Il dépend de la quantité et la qualité que le client souhaite avoir. Au début, les réseaux sociaux m’ont permis d’avoir de la visibilité», affirme-t-elle. Et de souligner qu’elle entend rehausser la valeur de son entreprise et créer des emplois au profit des jeunes filles maliennes.

Fatoumata Mory SIDIBE

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