
L’Essor :
En tant qu’ambassadeur de la Palestine au Mali, comment ressentez-vous le
climat de tension qui prévaut actuellement dans votre pays ?
Hadi
Shebli : La situation se dégrade davantage de plus en plus, c’est-à-dire vu le
nombre de Palestiniens qui ont été blessés, tués et déplacés à l’intérieur de
la bande de Gaza. Cette zone est l’endroit le plus peuplé parce que sur 360 km,
habitent presque 2,5 millions d’habitants. Ils prévoient encore une opération
terrestre, il va y avoir des morts, des blessés et des dégâts importants. Les
dégâts, c’est facile parce que s’il y a destruction, on peut reconstruire. Mais,
la vie des Palestiniens coûte cher.
Environ 4.000 Palestiniens civils ont été tués
uniquement dans la bande de Gaza. Et les 2/3 sont des femmes et des enfants qui
ont été bombardés dans leurs maisons. Même les lieux de culte n’ont pas été
épargnés. Tout récemment, les Israéliens ont bombardé une église orthodoxe dans
la bande de Gaza. Des dizaines de personnes ont été blessées et tuées. Dans
leur furie meurtrière, ils s’en sont pris également aux hôpitaux. Il y a eu un
crime de guerre en violation du droit international. Nous avons toujours tiré
la sonnette d’alarme en disant que toute action nécessite une réaction.
Israël
a le gouvernement le plus extrémiste de l’histoire de ce pays. Cet État donne
le feu vert au colon pour qu’il commette chaque jour des crimes contre la
population civile, notamment en Cisjordanie. Les gens vont dire oui, mais le
Hamas a attaqué le 7 octobre dernier, c’est la raison pour laquelle les
Israéliens réagissent.
Ce
n’est pas vrai. Lorsque la Palestine demande tout le temps que la communauté
internationale intervienne pour mettre fin à ce conflit et assurer le droit
légitime du peuple palestinien avec la création de son État indépendant,
Jérusalem pour capitale, elle est restée muette. La communauté internationale
n’a rien fait. Cela a suscité cette réaction. Même si le Hamas n’avait pas
attaqué, Israël a un plan qui est clair et connu maintenant par le monde
entier. L’État hébreu veut expulser les habitants de Gaza vers le Sinaï en
Égypte. Une fois que cela est fait, ce pays fera de même avec les habitants de
la Cisjordanie pour les renvoyer en Jordanie et occuper toute la Palestine, lui
seul. Nous ne pouvons accepter cela en aucun cas.
Les Palestiniens ont vécu la tragédie en 1948 en acceptant le plan de partage et la solution de deux États. Bien que la Palestine a donné les 78% pour une cause israélienne, le pays de Yasser Arafat a accepté les 22%. Les pays membres des Nations unies n’ont respecté que la moitié des résolutions en reconnaissant l’existence de l’État d’Israël. Jusqu’à présent, la deuxième partie de la résolution n’a pas été respectée. Les Palestiniens attendent toujours leur reconnaissance et le droit légitime de créer leur État.
L’Essor
: Qu’est-ce qui est à l’origine de cette crise entre la Palestine et
Israël ?
Hadi Shebli : La Palestine était sous mandat britannique. Les Anglais ont permis aux Israéliens de venir occuper la Palestine historique. Depuis l’arrivée de l’occupant israélien, les Palestiniens ont résisté pour libérer leur territoire. Mais avec la complicité et le soutien de l’Occident, Israël a été créé. Cela ne fait qu’aggraver le conflit actuel. Malgré l’adoption de la résolution des Nations unies par la Palestine, elle n’a jamais été respectée. Il n’y a pas d’efforts sérieux pour la mise en œuvre intégrale de cette résolution.
L’Essor
: Y a-t-il des efforts en cours pour stopper la violence à l’encontre des
civils ?
Hadi
Shebli : Maintenant tout le monde appelle à l’arrêt de l’attaque israélienne
contre la population de Gaza. Mais s’il y a le feu vert des pays occidentaux,
les Israéliens vont se voir libres de faire tout ce qu’ils veulent dans le
territoire palestinien. Ils iront de plus en plus rapidement à leur plan de
faire évacuer notre territoire de ses habitants. Si la population dans les pays
arabes et musulmans arrive à faire pression sur Israël, l’attaque contre les
civils peut être arrêtée.
Mais si les Américains continuent à soutenir Israël,
cela sera difficile. Malheureusement, nous sommes convaincus de plus en plus de
l’existence de l’État d’Israël comme un État qui sépare les pays arabes et
l’Asie et les pays arabes de l’Afrique. La conférence en Égypte s’inscrit dans
le sens de la décrispation.
L’Essor
: Quelles sont les actions entreprises par la communauté internationale pour
ramener les deux pays à la table des négociations ?
Hadi
Shebli : Nous n’avons aucun problème pour retourner demain à la table des
négociations. Mais la communauté internationale n’arrive pas à faire entrer les
médicaments, les produits alimentaires, l’eau, l’essence à Gaza. Je me demande
si elle a la volonté réelle d’exercer la pression sur l’État hébreu pour
l’obliger à venir à la table de négociation. La communauté internationale
applique la politique de deux poids deux mesures.
Si c’est l’Ukraine, c’est
tout à fait différent que quand cela concerne un pays arabe ou musulman. La
Palestine fait partie de ces pays. Toute la communauté internationale a réagi
pour faire face à la Russie en Ukraine. Après ces crimes commis par Israël
contre la population palestinienne, il y a une menace de guerre régionale. Le
monde ne va plus être dirigé par les Américains. C’est fini. Il sera dirigé par
plusieurs forces, notamment la Russie et la Chine. Ce n’est plus acceptable de
voir un continent entier sans représentant au Conseil de sécurité des Nations
unies.
L’Essor
: Le Mali soutient la création de deux États : la Palestine et Israël.
N’est-ce pas là un gage de stabilité et de paix dans la bande de Gaza en
particulier, et dans le Proche- Orient en général ?
Hadi Shebli : Le Mali soutient la solution de deux États. Il a été toujours aux côtés du peuple palestinien et solidaire à sa cause. Mais encore à nouveau, si les Américains, les grandes puissances dans le monde ne veulent pas trouver une solution, le soutien des pays qui appellent à la création de deux États, ne va rien donner. C’est le plus fort qui domine, impose les règles aux plus faibles. Le seul espoir restant est de voir le monde changé, plus équilibré que le monde actuel fait de deux poids, deux mesures.
L’Essor
: Des actions sont-elles envisagées en Palestine pour aller à la
désescalade ?
Hadi Shebli : Nous sommes contre toute attaque qui vise des civils, que cela soit des Palestiniens, des Israéliens ou d’autres peuples. Nous appelons la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à ces attaques israéliennes meurtrières contre le peuple palestinien. Mon pays est prêt à se mettre à la table de négociation si la communauté internationale oblige le camp d’en face à respecter le droit humanitaire international. À notre grande surprise, des pays prennent des lois pour encourager des initiatives de soutien à l’égard de l’État adverse. Et ils condamnent toute manifestation de sympathie à la Palestine.
L’Essor
: Quel regard portez-vous sur la coopération entre la Palestine et le
Mali ?
Hadi Shebli : La coopération entre le Mali et la Palestine est en bonne voie. Elle se renforce dans le domaine de la formation professionnelle, de la santé, de l’agriculture et de la culture. Nous espérons que très bientôt il y aura de nouveaux programmes. En temps d’accalmie, nous allons faire venir des experts dans tous les domaines pour donner un coup d’éclat à notre coopération. La Palestine accorde de l’importance à tous ceux qui étaient toujours avec elle. Le Mali fait partie de ces pays. Le président Arafat avait un amour particulier pour le Mali. Et la population est très touchée par la présence de deux monuments (Al Qods, l’Enfant matyr Aldora) pour la Palestine à Bamako.
L’Essor
: Votre mot de la fin ?
Hadi
Shebli : Nous espérons de tout cœur que ces attaques israéliennes s’arrêtent
parce qu’il y a des victimes de plus en plus. La communauté internationale
pourra assumer ses responsabilités en assurant la protection de la population
afin qu’elle obtienne son droit légitime de création de l’État palestinien,
indépendant avec Jérusalem pour capitale.
Propos recueillis par
Namory KOUYATE
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