Grand marché de Bamako : «Coxeurs» et harceleurs

Ces commerciaux d’un autre genre incitent de plus en plus la clientèle à s’orienter vers les boutiques. En contrepartie, ils se retrouvent le petit soir avec des ristournes au prorata des clients drainés et en fonction des montants déboursés par ces derniers

Publié lundi 20 octobre 2025 à 12:59
Grand marché de Bamako : «Coxeurs» et harceleurs

Ces «commerciaux» ne manquent pas de formules pour susciter de l’intérêt chez les passants

 

«Il n’y a pas de sot métier...» Des courtiers péjorativement appelés «coxeurs» s’inspirent bien de cet adage. On les voit dans les centres commerciaux de la capitale à la recherche de leur pitance. Ils s’imposent souvent comme des acteurs incontournables. Harceleurs et dévoués, ils ne jurent que par leurs recettes journalières. Le vendredi 19 septembre 2025, le secteur «Dabanani» au grand marché de Bamako, il était environ 16 heures. Cinq jeunes hommes se tenaient au bord de la route exposant des échantillons de rideau, de drap et de bazin, etc. Ils sont tous des courtiers et proposent des articles aux passants pour attirer les clients vers les commerçants, propriétaires des boutiques de vente de tissus. Ces «commerciaux» ne manquent pas de formules pour susciter de l’intérêt chez les passants et arrivent souvent à drainer du beau monde.

«Maman que voulez-vous ? Des draps ? Quelles sortes de produit?» «Nouvelle mariée», «la femme du vieux». Une dame qui passe devant ces jeunes hommes se voit apostropher en ces vocables : «Veux-tu des draps ou des rideaux pour séduire ton mari». Elle ne répond pas. Les coxeurs insistent et lui arrachent un petit sourire et attirent son attention. La jeune dame au teint clair, vêtue d’un abaya, demande le prix d’un rideau que tenait, Amadou Diarra, l’un des courtiers. Celui-ci persuade sa cliente à faire un tour à la boutique de son patron pour découvrir d’autres modèles et couleurs de l’article proposé à la dame. Ces agents commerciaux sont de plus en plus nombreux dans les marchés.

Au niveau du secteur surnommé «Djalaba côrô», Hamadoun Touré s’illustre. Il tient quelques échantillons de tissu et de brodé. Il explique exercer ce métier depuis plusieurs années. Il arrive à tirer son épingle du jeu. De 7 à 17 heures, il a gagné 10.000 Fcfa suite aux achats des différents clients dans sa boutique partenaire. Selon lui, ce travail est toujours avantageux. «Les marchandises que nous proposons aux clients appartiennent aux  propriétaires des boutiques», dit-il, avant d’ajouter que quand ils amènent un client chez les boutiquiers, ces derniers leur donnent une somme en fonction du montant déboursé par le client. À la fin de la journée, l’argent gagné sur les différents achats leur est  versé. Il fait savoir que les courtiers surmontent la négligence et le rejet des clients.

Oumar Diallo, un praticien de ce métier, ne dit pas le contraire. Il témoigne que cette activité exige beaucoup de courage. Et d’estimer «qu’il n’y a pas de sot métier, mais de sottes gens». Au grand marché de Bamako, l’activité de courtier est diversement appréciée des commerçants. Lah, commerçant de pagnes wax, brodé, tissu, regrette que des voleurs, arnaqueurs et toxicomanes se déguisent en «coxeur» pour appâter les visiteurs du marché. Ce commerçant précise qu'un courtier bénéficie d’une somme sur chaque achat des clients. Dans ce business, Lah martèle qu’ils ont toujours de nouveau visage dans leurs boutiques qui viennent avec des clients.


Un commerçant sous anonymat apprécie le courage des «coxeurs». Ce vendeur de basin explique qu’ils font aussi la promotion de leurs produits. Le commerçant apprécie les efforts des courtiers visant à motiver les clients en cette période où les clients se font rares. Les courtiers sont diversement appréciés de la clientèle. Fatoumata Diarra visite le grand marché de Bamako.


Elle soutient qu’il faut encourager les courtiers, car ils facilitent la tâche de la clientèle qui n’a pas souvent besoin de se promener pour découvrir de bons articles. Ils connaissent tous les coins et recoins du marché, témoigne celle qui venait d’être guidée vers une boutique de tissus «guipures». Le plus amusant, selon elle, c’est la marque de respect dont font montre les courtiers en s’adressant aux potentiels clients.

Awa Guindo voit l’activité d’un autre œil. Elle trouve qu’ils sont harceleurs. «On ne doit pas faire confiance en ces jeunes. Un jour, j’ai l’habitude de suivre certains, Ils m’ont amené à un endroit suspect. Ne voyant plus beaucoup de gens, j’ai refusé de les suivre», se souvient-elle.

Aminata Diallo explique avoir a été poursuivie par un prétendu courtier. Ça n’a été facile pour elle, ce jour-là de se débarrasser de l’indésirable parce que cet homme lui donnait l’impression d’être pourchassée. Et ça, elle ne l’a pas apprécié du tout. 

Aminata SOUMAH

Lire aussi : Mines et énergie : 77 % des activités de 2024 déjà réalisées

77 % des activités programmées en 2024 dans le secteur des mines et de l’énergie ont été exécutées, selon la Cellule de planification et de statistique (CPS). Ce constat ressort de la première réunion statutaire du Comité de coordination du secteur, tenue vendredi dernier au ministère d.

Lire aussi : Consommer local : Des acteurs préconisent l’industrialisation

La consommation et la valorisation de nos produits locaux étaient, jeudi dernier, au centre d’un panel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) sur le thème : «De 2019 à nos jours : bilan, défis et perspectives»..

Lire aussi : Forum zéro déchet à Istanbul : Le Mali veut s’inspirer de l’exemple turc

Notre pays était représenté par la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Doumbia Mariam Tangara.

Lire aussi : 3è édition des journées ouest-africaines de l’audit interne : les organisateurs expriment leur gratitude au Chef de l’État

En marge de la 3è édition des journées ouest-africaines de l’audit interne, tenues à Bamako les 16 et 17 octobre derniers, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a reçu, le vendredi dernier, une délégation de l’Association des contrôleurs, inspecteurs et au.

Lire aussi : École de guerre du Mali : La 5è promotion fait son entrée solennelle

Pour la première fois, des officiers burkinabè, nigérien, tchadiens, Guinéens sénégalais, camerounais, togolais et marocains ont rejoint les rangs des auditeurs maliens.

Lire aussi : Égypte : L’AES au cœur du Forum d’Assouan

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, prend part les 19 et 20 octobre 2025 à Assouan en Égypte, à la cinquième édition du Forum d’Assouan pour la paix et le développement durables, dont la cérémonie d’ouverture a lieu ce dimanche 19 .

Les articles de l'auteur

Journée internationale de la fille : Tout pour son plein épanouissement

À l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré la Journée internationale de la fille que consacre le 11 octobre sous le thème national : «Situation de crises et mariage d’enfants : impact et perspectives»..

Par Aminata SOUMAH


Publié mardi 14 octobre 2025 à 07:53

Rentrée scolaire 2025 2026 : Le ministre Sy Savané échange avec les directeurs des académies d’enseignement sur les derniers réglages

Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Amadou Sy Savané, a organisé, hier dans la salle de réunion du Centre national des ressources de l’éducation non formelle (CNR-ENF), une rencontre d’échanges avec les directeurs des Académies d’enseignement (26 directeurs d’Académies d’enseignement étaient au rendez-vous) sur les préparatifs de la rentrée scolaire 2025-2026..

Par Aminata SOUMAH


Publié vendredi 26 septembre 2025 à 08:01

Journée de l’alphabétisation : La nécessité de prendre en compte le numérique dans l’éducation non formelle

Le Premier ministre, qui a présidé la Journée hier au CICB, a rappelé que des milliers de concitoyens sont aujourd’hui alphabétisés grâce aux efforts du gouvernement, des collectivités territoriales et des partenaires au développement. Le Général de division Abdoulaye Maïga a aussi déclaré que l’introduction progressive des langues nationales comme langues officielles d’enseignement constitue une avancée historique dans la démocratisation du savoir.

Par Aminata SOUMAH


Publié mardi 09 septembre 2025 à 08:15

Artisanat : Le perlage moderne en quête de notoriété

Les perles produites par les femmes sont très appréciées lors des foires. Cette activité contribue ainsi à leur autonomisation.

Par Aminata SOUMAH


Publié vendredi 22 août 2025 à 09:17

Malformations faciales : La fondation SAER veut redonner un visage à 300 enfants

Tout ce qui se rapporte aux enfants malades, notamment ceux atteints de malformations faciales, touche les âmes sensibles. La Fondation Société africaine d’étude et de réalisation (SAER), consciente de son devoir de solidarité, multiplie les initiatives et actions pour soutenir ces enfants sur lesquels, le sort continue de s’acharner.

Par Aminata SOUMAH


Publié vendredi 01 août 2025 à 09:27

Semaine nationale des bacheliers : le club autodidacte maintient la tradition

Le Club autodidacte (C.A) a organisé, samedi dernier dans les installations de la Coalition des alternatives dettes et développement (CAD-MALI) à Djelibougou en Commune II du District de Bamako, l’édition 2025 de la Semaine nationale des bacheliers..

Par Aminata SOUMAH


Publié vendredi 04 juillet 2025 à 07:48

Fête de Tabaski : Quand la friperie rivalise avec le traditionnel basin

Les moins nantis se bousculent aux portillons des revendeurs de vêtements, chaussures et autres accessoires de seconde main, en cette veille de fête parce que leurs prix sont très abordables.

Par Aminata SOUMAH


Publié mercredi 04 juin 2025 à 07:56

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner