
Certains groupes servent des intérêts personnels, pour une sorte d’autopromotion
«WhatsApp est devenu notre
village virtuel», explique Mariam Coulibaly, membre d’un groupe d’entraide
féminine dans la Région de Ségou. Le groupe dénommé Benkadi (entente, ndlr) est
composé de plus de 100 femmes. C’est une plateforme dont les membres partagent
des conseils, des opportunités d’emploi et des solutions aux problèmes de tous
les jours.
Suudu Babba (la famille en
français) est un autre groupe WhatsApp à Mopti qui a réussi à rassembler les fonds
nécessaires pour la reconstruction d’une école détruite par les intempéries.
Amadou Diadié Sow administre depuis six ans ce groupe de plus de 500 personnes.
Pour parvenir à cette prouesse de réhabiliter une école, l’administrateur du
groupe explique que tous les membres vivant dans différentes localités cotisent
chaque mois une somme forfaitaire. Grâce à cette somme, tous les deux ans, une
œuvre caritative est réalisée.
Autant Suudu Babba œuvre
dans la réhabilitation ou la réalisation d’infrastructures communautaires,
autant le fait un autre groupe WhatsApp dans la Région de Tombouctou, plus
précisément dans le Cercle de Gossi, Commune rurale de même nom. Le 21 juin
2017, un ressortissant d’une des communautés du cercle, ayant constaté que le
site naturel de Inabaw où vit sa famille, occupé toute l’année par des
populations semi-sédentaires ne possède ni école, ni centre de santé encore
moins une adduction d’eau ou un édifice religieux il crée la même nuit un
groupe WhatsApp qu’il a dénommé «Initiative pour Inabaw», regroupant l’ensemble
de la diaspora communautaire en Afrique et dans le monde.
En un mois, des fonds
suffisamment importants pour permettre la construction d’une école de trois
classes, un centre de santé et une mosquée ont été rassemblés. L’État du Mali a suivi
cette dynamique de développement enclenchée par les populations et a reconnu et
l’école et le centre de santé pour les ériger en établissements publics. Aussi,
le site jadis nomade est depuis 2020 un village avec plus de 1.000 habitants,
devenant ainsi après Gossi le plus important village du cercle avec aujourd’hui
un Centre de santé communautaire (CScom), une école en dur, une mosquée et
plusieurs forages.
Benkadi Suudu Babba, initiative pour Inabaw sont certes des groupes WhatsApp. Ils ont servi à réaliser des choses importantes. Des choses aujourd’hui qui peuvent inspirer et qu’on peut qualifier d’utilité publique. À leur différence, d’autres groupes ne servent que pour des intérêts personnels, pour une sorte d’autopromotion. Au nombre de ceux-ci, figure celui de Fanta Diarra qu’elle affirme transformer «en boutique». Dame Fanta Diarra est en effet, une femme entrepreneure malienne spécialisée dans la vente de pagnes et accessoires féminins. Selon ses dires, grâce à son groupe créé à cet effet elle atteint plus d’une cinquantaine de clients potentiels par jour. C’est moins coûteux que les sites web qui sont payants, semble-t-elle se féliciter.
APPRENDRE LE CORAN- Mme
Cissé est, quant à elle, dans un groupe WhatsApp pour une autre raison,
spirituelle celle-là. À la retraite depuis quelques années, au lieu de rester à
la maison et se tourner les pouces, elle a adhéré à un groupe qui permet aux
membres d’apprendre la récitation du Saint Coran. «Je suis dans sept groupes
WhatsApp d’apprentissage du Coran. Je suis active dans tous ces groupes et tous
les jours», affirme-t-elle.
Si les groupes WhatsApp ont
des avantages plus ou moins reconnus, ils ne sont pas non plus exempts de
risques. La propagation rapide de fausses informations, les conflits entre
membres et l’exposition à de cyberattaques figurent parmi les principaux défis.
«Une rumeur dans un groupe a failli causer le lynchage dans mon quartier»,
raconte Moussa Keita, habitant à Baco Djicoroni Golf qui renseigne que n’eut été
la mise en place et l’application de certaines règles strictes, comme la
vérification des informations avant de les partager des conflits
persisteraient. Parmi ces règles, la création du poste de modérateur dans le
groupe.
En plus des conflits qui
peuvent apparaitre ou qui apparaissent périodiquement dans les groupes WhatsApp
on leur reproche d’être envahissants, chronophages, voire toxiques. Kadia
Coulibaly cadre dans une institution publique fait partie de ceux/celles qui
ont un avis peu favorable sur ces nouvelles associations : «les notifications
incessantes de mon groupe de travail m’empêchent de me concentrer».
Elle regrette que des groupes censés être professionnels deviennent des «grin» où des discussions personnelles, voire intimes sont évoquées. Elle constate que certains sont, à la limite, accros aux réseaux sociaux et raconte : «Il y a des gens qui sont très réseaux sociaux et sont dans plusieurs groupes, comme le cas d’un de mes amis.» Cet ami, selon elle, interagit dans tous les groupes et envoie fréquemment des messages comme s’il est l’animateur principal du groupe. Décrit comme un quadragénaire, l’ami en question aurait provoqué une grosse polémique parce qu’un administrateur d’un des groupes dont il est membre l’a retiré à cause des propos jugés malveillants.
DES FIGURANTS- À la
différence de cet ami hyper actif sur les réseaux sociaux, d’autres membres des
groupes ne sont que des figurants qui écoutent et ne réagissent pas, et cela
passe mal chez certains. Binta Soumaré se souvient d’une anecdote : «Ma sœur et
moi avons été prises à partie par des cousines qui nous ont traité
d’arrogantes, car on ne réagit pas dans le groupe». Leur comportement a
provoqué des mésententes dans la famille au point que lors d’un évènement
social, les cousines ont été omises sur la liste des invités.
Et de regretter : «Au lieu
de nous rapprocher, ce groupe a été source de discordes entre nos familles. Les
gens ne comprennent pas qu’on a autre chose à faire que de rentrer dans les
groupes pour interagir. Cela est difficile pour nous, car on est de nature
timide», ajoute cette commerçante. Binta dit ne pas aimer les groupes de
réseaux sociaux, non seulement à cause des perturbations par les notifications
mais surtout à cause du frais qui leur sont liés.
Dr Mamadou Diarra,
psychologue, explique que les groupes WhatsApp peuvent causer du stress
lorsqu’ils créent une pression sociale pour participer ou répondre rapidement,
surtout dans des contextes professionnels ou familiaux. Car, cette surcharge
peut générer de l’anxiété, voire des tensions entre proches. D’un point de vue
sociologique, le professeur Ousmane Konaté observe que ces espaces numériques
reproduisent souvent des hiérarchies sociales existantes, excluant parfois les
voix marginalisées. «Certains membres hésitent à s’exprimer par peur de
jugement ou de répercussions», explique-t-il.
Ousmane Konaté poursuit que les groupes posent également des problèmes de sécurité et de confidentialité. En dépit de ces défis, certains voient en ces groupes des opportunités d’amélioration. Le professeur préconise qu’avec une meilleure gestion et des règles claires, les groupes pourraient devenir des outils de changement positif». Ainsi, les groupes WhatsApp ne sont-ils donc pas simplement des outils neutres ? Reflètent-ils ou amplifient-ils les dynamiques sociales préexistantes, avec leurs forces et leurs faiblesses ? Pour en tirer le meilleur parti, une utilisation réfléchie et respectueuse est essentielle.
Anta CISSÉ
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