
À Kalaban Coura, au cœur de la Commune V du District de Bamako, Cheick Oumar Sissoko est un éleveur discret mais déterminé. À son domicile, des lapins, poulets et pigeons s’épanouissent grâce à ses soins. Il achète des vaccins dans les pharmacies vétérinaires sans consulter de vétérinaire.
Ce mardi 3 mars 2025, alors que le soleil commence à se coucher, Cheick Oumar Sissoko s’affaire dans sa cour. «J’achète des vaccins dans les points de vente, mais je n’ai jamais consulté un vétérinaire pour mes animaux. Cela me semble suffisant», confie-t-il. Pourtant, l’année dernière, Oumar a perdu une dizaine de ses sujets à cause d’une maladie virale, dont il ignore jusqu’à présent les raisons.
Éleveur et marchant de bétail depuis plusieurs années, Adama Bah est tout simplement réticent à la vaccination de son cheptel. En effet, les animaux qu’il élève, ne sont pas vaccinés. «Depuis que je m’occupe du bétail, je m’intéresse pas aux produits vétérinaires, car mes animaux sont en bonne santé», assure-t-il, avec une mine fière. Et il ose même mettre en doute l’efficacité des vaccins. «On nous dit que ça protège contre certaines maladies, mais on ne voit pas les résultats sur le terrain», explique-t-il.
En décembre 2024, le gouvernement a lancé la campagne nationale de vaccination du cheptel, visant à vacciner et prémunir 81 millions d’animaux contre diverses maladies animales et zoonotiques. Cette initiative vise à renforcer la protection sanitaire du cheptel national et à contrôler des maladies telles que la peste des petits ruminants, la péripneumonie contagieuse bovine, la maladie de Newcastle, le charbon bactérien et symptomatique et surtout la rage.
Malgré la disponibilité de vaccins subventionnés et l’encouragement de nos autorités à faire vacciner les animaux, de nombreux éleveurs, comme Oumar, continuent d’acheter des vaccins sans prescription vétérinaire. Le vaccin qu’il utilise, sans avis médical, pourrait être inefficace ; ou pire, s’il est mal administré, il pourrait causer la perte de son cheptel. Pourtant, l’État a mis à disposition des vétérinaires pour accompagner les éleveurs et garantir une couverture sanitaire optimale et sécurisée.
MANDATAIRES SANITAIRES- En la matière, pour encadrer la vente et l’utilisation des médicaments vétérinaires, la loi n°028 du 14 juillet 2011 institue le contrôle des denrées alimentaires d’origine animale et des aliments pour animaux, stipulant que les agents des services vétérinaires sont habilités à accéder aux documents liés aux activités de production et à effectuer des prélèvements pour analyses. Cependant, la vente de médicaments vétérinaires sans ordonnance persiste, ce qui complique le contrôle de la qualité et de l’efficacité des vaccins utilisés.
Pour améliorer la situation, l’Association nationale des vétérinaires mandataires du Mali (Anavem) mise sur la sensibilisation des éleveurs, sur l’importance de consulter les vétérinaires pour la vaccination et le traitement de leurs animaux. Son président, Mady Keïta, rappelle qu’avant le mandat sanitaire, c’est l’État qui vaccinait les animaux à travers les vétérinaires publics. Depuis un certain moment, explique-t-il, l’État s’est désengagé pour confier la vaccination aux vétérinaires appelés mandataires sanitaires. Selon Mady Keïta, dans les localités où ces vétérinaires privés ne sont pas présents, l’État assure la vaccination des animaux pour combler le vide.
Les vaccins vivants qui sont utilisés contre la peste des petits ruminants et la péripneumonie contagieuse bovine doivent être impérativement gardés dans la glace
Aujourd’hui, ils sont au nombre de 159 vétérinaires titulaires du mandat sanitaire repartis sur l’ensemble du territoire qui, chaque année, mobilisent les éleveurs pour la vaccination du cheptel. «À ce titre, chaque titulaire du mandat sanitaire se fixe un objectif par rapport à l’effectif de son cheptel dans la localité qu’il couvre en se donnant une prévision pour faire le bilan à la fin de la campagne», explique le président de l’Anavem qui apprécie globalement la vaccination à mi-parcours comme satisfaisante. Par ailleurs, Mady Keïta souligne la faible mobilité des agents dans certaines localités du pays comme dans les Régions de Mopti, Bandiagara et une partie de Gao, Kidal, Tombouctou et le Cercle d’Ansongo.
Mais aussi dans la bande sahélienne comme Nara, Nioro, Troungoumbé, où le déplacement du vétérinaire en moto devient difficile à cause de l’insécurité. Parlant de l’acquisition des vaccins, il précise qu’il existe un seul circuit d’approvisionnement à travers le Laboratoire central vétérinaire (LCV) qui fabrique des produits vétérinaires. À ce titre, les vaccins de ce laboratoire sont subventionnés par l’État au prix fixe de 30 Fcfa pour les vétérinaires titulaires de mandats sanitaires. «Si les vaccins appelés morts sont disponibles chez les grossistes, seuls les titulaires de mandats sanitaires ou les vétérinaires étatiques ont accès aux vaccins vivants utilisés contre la peste des petits ruminants et la péripneumonie contagieuse bovine. Ils doivent être impérativement gardés dans la glace», argumente le président de l’Anavem. Il précise que la vaccination n’est pas gratuite et la prestation du vétérinaire est payée en fonction des localités.
VACCINATION OBLIGATOIRE- Outre les difficultés liées à l’insécurité, Mady Keïta souligne la problématique de la vente illicite des vaccins vivants qui sont à la portée de tout le monde. Ce qui, estime-t-il, rend le travail difficile. «Un vaccin qui passe par la main d’un non professionnel où les conditions de conservation ne sont pas respectées affecte l’efficacité du produit», regrette-t-il. Le vétérinaire appelle les éleveurs à aller vers les bons produits en approchant des spécialistes assermentés pour protéger la santé humaine et le cheptel.
Le chef de la section surveillance épidémiologique à la Direction nationale des services vétérinaires (DNSV), Dr Boundiala Sissoko, explique que la campagne de vaccination est planifiée en fonction de la mobilité et de l’effectif du cheptel dans chaque zone. Par exemple, pendant que les animaux du Nord migrent vers le Sud à la recherche de pâturages et d’eau, la vaccination commence au Sud pour finir vers le Nord.
Aujourd’hui, la vaccination contre la péripneumonie contagieuse bovine se chiffre à 776.000 têtes vaccinées contre 831.000 têtes pour la peste des petits ruminants (moutons et chèvres) et 1.909.410 de volailles vaccinées contre la maladie de Newcastle. Le vaccin contre la rage n’est pas subventionné ce qui fait que la vaccination à ce niveau est timide. Pour le moment, le nombre de chiens vaccinés contre la rage se chiffre à 523 sur toute l’étendue du territoire national.
Près de 80% des vaccins utilisés au cours de la campagne sont produits par le LCV. «Il y a deux circuits d’approvisionnement du vaccin. Les vaccins contre la maladie des moutons, des chèvres et des bovins sont produits au LCV. Mais, pour les autres espèces dont le chien et le chat, le vaccin est importé. Son prix varie entre 15.000 et 20.000 Fcfa en fonction de l’agent qui administre l’acte. Le vaccin est garanti juste un an», explique Dr Boundiala Sissoko. Contrairement à ce que l’on peut croire, la vaccination n’est pas gratuite, mais elle est aussi obligatoire pour l’éleveur. À ce titre, ceux qui ne participent pas à l’opération sont passibles d’amendes. Elles vont de 150.000 à 200.000 Fcfa par troupeau, sans exclure la vaccination après l’interception des troupeaux par l’agent assermenté, précise le chef de la section surveillance épidémiologique à la DNSV. L’application de cette disposition est compliquée sur le terrain. L’État apporte une subvention afin que la dose d’un vaccin soit administrée à 100 Fcfa.
Cette initiative vise à renforcer la protection sanitaire du cheptel national et à contrôler des maladies
Mais, avec la privatisation du secteur, le prix de la dose de vaccin varie selon les localités en fonction des moyens de transport et de conservation des vaccins. Pour la peste des petits ruminants qui touche les moutons et les chèvres, la vaccination est à 100 Fcfa par tête. Les autres vaccins contre les maladies virales tels que le Newcastle qui touche les volailles, sont importés. Le prix subventionné de ce vaccin est de 50 Fcfa. «Les vaccins sont très sensibles à la chaleur. Il faut une chaîne de froid pour les garder. Souvent, celui qui n’a pas de congélateur, est obligé de payer de la glace», fait remarquer Dr Boundiala Sissoko.
Si l’opportunité de la vaccination semble évidente, il n’en demeure pas moins que la relation entre l’éleveur et le vaccinateur est empreinte de méfiance de la part du premier. Car l’éleveur est surtout obnubilé par l’effectif de son cheptel qu’il ne souhaite pas dévoiler, et le mandataire sanitaire a pour mission d’assurer la santé des animaux grâce à l’inoculation de vaccins contre les maladies virales et zoonotiques.
Nous sommes face à deux objectifs divergents qu’il faut concilier tant bien que mal. C’est là où la mission du vétérinaire est salutaire et a un double rôle, car il s’emploie à assurer la santé animale et la sécurité de la consommation des produits animaux.
Si le médecin s’occupe de la santé de ses patients, le vétérinaire lui se soucie de leur garantir cette santé en vaccinant le cheptel et afin que la population ait accès à des produits animaux sains et sécurisés. Pour réussir ces missions, le gouvernement organise chaque année la vaccination du cheptel en vue de garantir la sécurité sanitaire pour tous et par ce geste, connaître l’effectif des animaux.
Une meilleure communication à l’endroit des éleveurs dans les langues nationales permettrait d’assurer une réussite des campagnes de vaccination pour d’une part connaître les statistiques et d’autre part évaluer correctement la part du cheptel dans les données économiques. C’est une mission régalienne à laquelle l’État ne peut guère renoncer, car l’apport du cheptel dans l’économie du pays est très important. En effet, l’élevage contribue pour 15% au Produit intérieur brut (PIB). Il constitue la principale source de subsistance pour 30% de la population.
Makan SISSOKO
C’est une initiative du Chef de l’État qui concerne toutes les régions et le District de Bamako. L’opération se poursuivra jusqu’au 31 juillet prochain.
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