
La réussite de l’Année de la Culture nécessite le grand réveil des formations nationales
«Tout développement prend sa base à partir de sa
culture, c’est ce qui explique l’engagement politique à faire de notre culture,
un outil de développement », disait le Président Modibo Keita après
l’indépendance de notre pays. En se référant sur cette pensée du grand
nationaliste malien, on peut bel et bien confirmer que le Président de la
Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a eu raison de décréter 2025 comme
Année de la culture pour le retour à nos valeurs. Ce réveil aux valeurs
sociétale et de citoyenneté́ pour l’avènement de Mali Kura doit se reposer sur
des supports qui permettent d’éveiller la conscience des maliens et de susciter
la renaissance culturelle tant inspirée par les nouvelles autorités du pays.
Selon plusieurs spécialistes traditionnalistes ou
hommes de culture, la réussite de l’année de la Culture nécessite le grand
réveil des formations nationales qui sont considérées depuis leurs créations en
1962 par la première République comme bouclier de la souveraineté nationale.
Composées de quatre disciplines, l’Ensemble instrumental national du Mali, le
Badema national, le Kotéba national du Mali et les Ballets maliens. Aussitôt
après leurs créations, elles se sont engagées dans la recherche de l’expression
artistique et culturelle. Ce fut la relance avec l’appui des griots
composés de plusieurs personnalités du monde de la culture comme Sidiki
Diabaté, le père de Toumani Diabaté, Boncana Maïga, Ousmane Sow, Kassé Mady
Diabaté, Siramory Diabaté. Ce qui va leur permettre de participer à plusieurs grands
événements culturels et remporter des glorieux prix sur les scènes
internationales.
«Les formations nationales ont été créés pour
soutenir les valeurs artistiques et culturels du pays. Elles aident à mieux
comprendre la politique du pays », a rappelé Kardigué Laïco Traoré,
ancien ? Poursuit-il, c’est un outil de promotion artistique et culturelle
de notre pays et de reconnaissance de nos valeurs sur d’autres
cieux ». Et d’ajouter que cela
a été réalisé avec l’engagement du premier Président Modibo Keita.
À cette époque, c’était un signe de patriotisme et
de fierté qui animait les jeunes. « Avec Modibo Keita, il n’y avait pas à
discuter. Tout ce qu’il demandait de faire, nous le faisons avec plaisir et
fierté», se souvient-il. Avant, les formations nationales étaient adossées sur
la politique, mais avec l’évolution du temps, elles sont devenues plus
artistique que politique. Il s’agissait pour notre pays qui venait de proclamer
son indépendance de donner un sens à la culture malienne.
« Pour bien intégrer cette vision de la
souveraineté nationale, le Président Modibo Keita s’est appuyé sur sa jeunesse
pour donner une force à sa politique culturelle afin de permettre aux jeunes de
statuer sur les grandes actions de la culture comme la Semaine de la jeunesse
en 1962 », a témoigné l’un des rares témoins des différentes évolutions
des secteurs de la culture depuis les années 1960 jusqu’aujourd’hui. «Modibo
Keita, lui-même, se déplaçait pour chanter souvent, c’était extraordinaire. Et
je pense que c’est son combat, que nous sommes entrain de mener à travers cette
nouvelle décision des autorités du pays », a-t-il témoigné.
S’agissant du décret pris par le Président de la Transition de
considérer cette Année 2025 comme celle de la cuture, le grand défenseur des
pratiques de notre culture, apprécie cette idée. C’est un ouf de soulagement pour tout Homme de
culture. Pour la pérennisation, le doyen Laïco Traoré estime qu’il faut créer
des choses qui peuvent perdurer dans le temps pendant très longtemps comme les
formations nationales qui ont été créées depuis plus cinq décennies et elles
continuent de servir son peuple et faire son chemin, malgré les contraintes.
Par ailleurs, il suggère à la jeune génération d’accepter de se sacrifier pour
atteindre l’objectif fixé par notre nation à savoir la renaissance
culturelle. Et pourque la culture ne
meurt pas, il faut que les jeunes emboitent le pas de leurs ainés qui ont tout
donné pour que le but culturel soit atteint après l’indépendance de notre
pays.
LE CONTEXTE EXIGE. Les formations
nationales demeurent un véritable instrument de promotion culturelle. Et malgré
l’attachement des différentes autorités qui se sont succédées, les formations
nationales sont toujours sous évaluées en termes de budget et de programmation
lors des événements nationaux ou internationaux selon un responsable d’une
formation nationale qui a souhaité l’anonymat.
«Pour l’Année de la Culture, l’état doit beaucoup s’appuyer dans les formations nationales pour la réussite de la vision présidentielle », a soutenu le directeur de l’Ensemble instrumental national du Mali Moussa Mariko dit Remis. « Nous ne sommes pas souvent associés à des événements nationaux, ce qui est une perte pour l’Ensemble instrumental national du Mali », a dit Remis. Nous devons aller au delà du folklore pour mieux fixer l’Année de la Culture décrétée par le Chef de l’état.
À
partir des années 1970, notre pays était considéré comme le centre de la
création artistique en Afrique à travers ses formations nationales qui
produisaient abondement dans les différentes disciplines artistiques à savoir
le théâtre, la musique, la danse et l’orchestre moderne. À travers ces
formations nationales, le Mali a laissé ses empruntes dans toutes les grandes
manifestations en remportant plusieurs récompenses internationales et un
palmarès exemplaire. Parmi les grands événements on peut retenir le festival de
la Jeunesse francophone 1974 et le festival mondial du théâtre amateur (Monaco)
1981.
Le
président la Fédération des artistes du Mali (Fedama) Adama Traoré, pense que
le ministère en charge de la Culture doit travailler pour la
professionnalisation des artistes en cette année de la culture. « Il faut
travailler pour ce statut puisse être considéré comme des travailleurs avec de
contrat », a insisté Adama Traoré.
Pour parler de la souveraineté, il faut assurer le
financement des productions artistiques. Et depuis le Kotèba national souffre
car les créations ne sont plus soutenues. Selon cette année doit permettre à notre
pays de mettre en place des moyens et stratégie pour que les créateurs maliens
puissent vivre de leur création. Avec la souveraineté culturelle, l’état doit
d’augmenter le budget de la culture, pas uniquement pour le fonctionnement du
département, aussi un budget pour la création et les initiatives culturelles.
Le président de la Fedama a rappelé les années de
gloires au Mali du groupe dramatique Kotéba National du Mali, composé de
chants, de danses, de comédies burlesques et de satires bouffonnes, a été créé
pour promouvoir et valoriser les différentes formes du théâtre populaire
national. Après sa création en 1969, le théâtre national avait un soutien
politique de taille. A l’époque il y avait une programmation nationale qui se
tenait à Bamako et dans les capitales régionales et aussi une programmation
internationale Ce qui lui permettait de se confirmer tant sur le plan national
qu’international. Parmi les pièces
théâtrales qui ont marqué l’esprit des maliens et qui ont donné une notoriété
au Kotéba national sont les pièces Wari, Ferekeniakami Bougou et Bougounièry.
Toutes ces pièces avaient des messages fort permettant d’éveiller la conscience
de la population et d’attirer l’attention des politiques sur la gestion
catastrophique de l’état. Force est de reconnaitre que Kotèba national est
moribond aujourd’hui, parce que qu’il manque de jus pour produire. « Nous avons également des problèmes
d’espace de production », a souligné Adama Traoré, ajoutant qu’on peut noter le
départ en retraite volontaire des acteurs et metteurs en scène, comme Michel
Sidibé, Habib Dembélé dit Guimba, le metteur en scène, Ousmane Sow. Au-delà de
ces stars d’autres comédiens ont décidé de prendre d’autres aventures rendent
ainsi le Kotéba national orphelin. « Les formations nationales ne peuvent
se développer sans l’accompagnement des politiques », a dit le metteur en
scène Lamissa Traoré.
Force est de reconnaître que le grand théâtre a aujourd’hui perdu sa place dans la programmation de la télévision nationale. Bref, il est malade et nous pensons qu’avec l’Année de la culture, il sera probablement rétabli. Les ballets maliens et le Badema national ne font pas l’exception. Si elles ont eu l’accompagnement constant des autorités en un moment de leur histoire, elle se trouvent aujourd’hui à la quête de leur acceptation dans le cœur de notre pays. « Le ballet aujourd’hui n’est pas mourant, mais souffre. Quand nous regardons les années 1960,1970 qui sont considérées comme les périodes fastes du Ballet National avec pleins de tournées et de trophées gagnés à l’international et voir qu’aujourd’hui le Ballet n’a pas un mois de tournée, c’est vraiment grave », expliqué l’artiste. Il lance un cri de cœur pour la relance des activités des formations nationales.
*****
Des rencontres de haut niveau
Aussitôt après leurs créations, les formations
nationales ont participé à des rencontres de haut niveau pour représenter le
Mali souverain. Parmi les événements, on peut retenir la Tournée artistique en
URSS en 1961, le Festival des Arts Nègres à Dakar en 1964, Festival mondial des
Arts Nègres au Nigéria en 1977, le Festival de Jazz de New Orléans (USA),
et Animation à New York (Maliens de l’Extérieur) en 1997, le
4e Festival International « Roots Festival à Banjul » (Gambie)
en 1999.
Ces différentes participations des rencontres
artistiques et culturelles ont été rehaussées par plusieurs récompenses lors
des compétitions. Elles n’étaient point venues pour figurer mais pour imposer
la culture et les valeurs d’un Mali souverain et un Mali debout pour les
remparts. Des artistes comme feu Sidiki Diabaté, Batrouba Diabaté, Mogontafé
Sacko, Harouna Barry, Saranfing Kouyaté pour EI et Khalil Traoré (chef
d’orchestre et des membres comme Amadou Ba, Mamadou Doumbia, Toussaint Siane,
et Mama Sissoko du Badéma national. Des titres comme La Mort de
Chaka (Seydou Badjan Kouyaté). Une si belle leçon de patience (Mansa
M. Diabaté), La Grande Prédiction, La Diaspora noire ; Nègres,
qu’avez-vous fait ? (Alkaly Kaba), Kotè Tulon I « Cè tè malo », ont
marqué la bonne époque du Kotèba national.
L’Ensemble instrumental national du Mali qui a su
résister plus parmi les autres formations. Elle a débuté avec des virtuoses
comme Sidiki Diabaté, Batourou Sékou Kouyaté, Mogontafé Sacko, Bako Dagno,
Waldé Damba, Loutiki Diabaté, Fanta Damba Koroba, Orakya Kouyaté, Djélimadi
Diabaté, Bréhima Kouyaté…A partir des années 1970, la première génération va
passer le flambeau à la génération suivante dont la plupart était le fruit de la semaine nationale des
arts et de la culture (SNAC). Et c’est à
partir de cette période que les lauréats des disciplines de la biennale seront
choisis pour représenter les capitales régionales au sein des formations
nationales.
Ce fut le cas de Nafissatou Maïga dite Fissa, la voix sublime du
désert. Ainsi, notre pays aura un palmarès riche avec un répertoire riche dans
les quatre formations. Notre pays a obtenu plusieurs médailles. Il a été
médaillé de Folklore au Théâtre des Nations à Paris en 1963, médaillé d’or au
premier Festival des Arts Nègres à Dakar en 196, médaillé d’or au premier
Festival panafricain des Arts, Alger (Algérie) en 1969 et médaillé
d’or de la mélodie à Johannesburg (Foire afro-arabe) en 1995.
Moussa DEMBELE
Dans le cadre de la célébration du 65è anniversaire de l’indépendance de notre pays, le 22 septembre 2025, le ministère de l’Artisanat de la Culture de l’Industrie hôtelière et du Tourisme a organisé samedi dernier au Centre international de Conférences de Bamako, «la Nuit de la rena.
Dans cette interview, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme évoque les actions entreprises dan le cadre de l’Année de la Culture. Mamou Daffé parle également des perspectives pour son département.
La 8è édition du Festival interculturel de Kénédougou aura lieu du 1er au 5 octobre prochains à Sikasso sous le thème : «La culture, vecteur de paix et d’intégration des peuples». L’événement est organisé par l’Association interculturelle de Kénédougou (AIK), en collaboration ave.
La phase régionale de la Biennale artistique et culturelle qui se tiendra à Tombouctou en décembre prochain a été lancée dans la Région de Mopti, mardi dernier dans la salle de l’ex-office cinématographique national du Mali (Ocinam) à Mossinkoré (un quartier populaire de Mopti), par le d.
Pendant les six jours que dure la semaine régionale, les troupes des 13 cercles de la région rivaliseront de talents et de savoir-faire dans différentes disciplines comme le solo de chant, la danse traditionnelle, l’ensemble instrumental, le chœur, la musique.
Pendant 30 jours, elle partagera ses expériences avec la jeunesse dans le cadre de la mise en œuvre du projet Culture 2025.