Recherche : Le contrecoup de la covid-19

Travaux de recherche dans un laboratoire de la place

Publié lundi 07 mars 2022 à 07:19
Recherche : Le contrecoup de la covid-19

Tous les financements ou presque sont de plus en plus réorientés vers la recherche sur cette pathologie au détriment des autres. Cette situation est déplorée par les scientifiques, même s’ils disent la comprendre 

Depuis décembre 2019, «le monde est entré en guerre contre un adversaire invisible» : la Covid-19 qui a provoqué une crise sanitaire mondiale. Cette pandémie a perturbé tous les domaines d’activité, y compris celui de la recherche. Sur ce plan, notre pays a été durement affecté. Ceux qui évoluent dans ce registre s’accordent à dire que la Covid-19 a freiné l’évolution des protocoles de recherche. Nos centres de recherche font plus ou moins face à une tendance à la mobilisation générale des ressources en faveur de la Covid-19 au détriment d’autres activités de recherche.

 Analyses croisées de chercheurs. à l’Institut national de santé publique (INSP), toutes les activités ou presque sont réorientées sur  la Covid-19. Le chef du service de biologie médicale de l’Institut, Dr Boubacar Doumbia, explique sans langue de bois que la recherche sur les autres pathologies a été reléguée au second plan parce que tous les financements sont quasiment orientés sur la Covid-19.

Toutefois, l’INSP continue la surveillance des maladies à potentiel épidémique. à ce propos, le biologiste explique qu’une partie du personnel est dédiée à la surveillance des maladies transmissibles comme la méningite et la rougeole. D’autres agents travaillent sur le Vih/Sida et les maladies tropicales négligées. Selon lui, l’INSP est aujourd’hui en capacité de détecter tout type de micro-organisme, y compris le virus de la Covid-19, avec sa technologie de pointe et de faire des recherches compliquées sur d’autres maladies. Malheureusement, il n’est pas correctement approvisionné en réactifs pour des recherches sur d’autres maladies.

Le Centre universitaire de recherche clinique  (UCRC), un laboratoire de référence au Mali, vit aussi des difficultés similaires. Le directeur de cette unité de recherche, Pr Seydou Doumbia, explique clairement à qui veut l’entendre que la pandémie a considérablement affecté les activités de son Centre. Il a tenu à préciser que ses laboratoires n’ont pas été fermés. Bien au contraire, des dispositions utiles ont été prises pour les protéger. En revanche, il avoue que certaines activités ont été affectées par des problèmes de transport et d’autres ont été suspendues en raison de rupture de réactifs, d’intrants et perte de certains échantillons du fait de soucis de transport. Et d’expliquer qu’à ces petits ennuis, s’ajoute la restriction de voyage qui a empêché la formation des chercheurs.

 Le sous-directeur de la lutte contre les maladies à la direction générale de la santé, Dr Moussa Koné, déclare que la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) a été également impactée par la Covid-19. Les MTN sont des groupes de maladies qui sont peu financées. Dans les pays en développement, on leur accorde moins d’attention, en termes de recherche.

 
La contrainte d’observer une pause-Le sous-directeur de la lutte contre la maladie cite volontiers comme acquis l’introduction de nouvelles molécules et des publications scientifiques sur ces maladies. à le croire, notre pays a été choisi avec trois autres pour expérimenter la surveillance de la schistosomiase. Pour cela, le pays a ficelé l’étude entre 2021 et début 2022, un protocole solide qui nous vaut le financement de cette étude.

Dr Mamadou B. Coulibaly, directeur adjoint du Centre de recherche et de formation sur le paludisme (MRTC) et responsable du projet Target Malaria Mali, indique que son projet qui œuvre pour le développement d’un outil novateur de lutte contre le paludisme, basé sur la génétique, a aussi subi le contrecoup de la crise sanitaire. Le biologiste confie que cela a nécessité une pause dans certaines activités en dehors de l’insectarium et un temps de réflexion et de planification qui a débouché sur un retard considérable dans les livrables. Même si aujourd’hui, son unité a repris avec ses activités en conformité avec les règles d’hygiène et de distanciation.

Le Pr Bouréma Kouriba, directeur général du Centre Charles Mérieux et membre du comité scientifique de la Covid-19 du ministère de la Santé et du Développement social, souligne que son Centre fait de la recherche sur les problèmes de santé publique, notamment les pathologies émergentes et réémergentes, c’est-à-dire les pathologies nouvelles comme la Covid-19 et celles qui avaient disparu et qui reviennent comme la dengue. Son Centre qui réalise aussi des travaux scientifiques sur la tuberculose et surtout la résistance aux antituberculeux et antimicrobiens a aussi ressenti les effets de la Covid-19.

 «Dans le domaine de la recherche, la pandémie a eu un impact sur les financements dans d’autres activités de recherche», témoigne-t-il. Et d’ajouter que la Covid-19 s’est imposée comme une priorité de premier ordre, depuis 2020. Des difficultés d’approvisionnement en réactifs- «Tout notre esprit est préoccupé par la Covid-19 qui laisse très peu de temps au développement des autres aspects de recherche», déclare le Pr Kouriba. Il en veut pour preuve le délaissement temporaire par son Centre d’un protocole de recherche sur l’intérêt du diagnostic de la tuberculose chez les personnes vivant avec le Vih, même s’il a repris après ce travail.


Il relève que son Centre a accusé un an de retard dans cette recherche pour cause de Covid-19. Sa structure a voulu faire la surveillance des infections nosocomiales (des germes transmis en milieu de soins, notamment hospitalier) à l’hôpital Gabriel Touré. Malheureusement, ce projet tarde à voir le jour pour cause de pandémie. Il évoque aussi des projets de partenariat avec la Chine sur les infections respiratoires au Mali qui ont été arrêtés depuis l’avènement de la Covid-19.

 Le Centre Charles Mérieux travaille également sur des maladies émergentes et réémergentes comme la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, celle de la vallée du Rift, la fièvre Lhassa et la dengue. Du point de vue diagnostic, l’approvisionnement en réactifs et consommables s’en est aussi ressenti parce que les pays qui nous approvisionnent étaient sévèrement frappés par le coronavirus. Ainsi, les quantités des réactifs et consommables sur le marché étaient insuffisantes et le coût de leur importation dans notre pays s’en trouve grevé. 

Pour Dr Kouriba, la solution passe par une bonne programmation pour éviter que la Covid-19 ne soit chronophage. Il est primordial aussi de recruter du nouveau personnel pour appuyer le diagnostic de la Covid-19, afin que les chercheurs puissent sacrifier un peu de leur temps à faire autre chose (scientifiquement s’entend). Il faut aussi anticiper les commandes et améliorer la communication parce que les populations sont exposées souvent à des informations erronées qui effraient la population et la détourne des centres de soins.

Fatoumata NAPHO

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