Perspectives sahéliennes : Le nouveau monde multipolaire, de Tinza à Moscou

En rassemblant 29 Chefs d’État et de gouvernement issus de quatre continents le vendredi 9 mai à Moscou, le Président de la Fédération de Russie a poursuivi un double objectif : célébrer avec éclat les 80 ans de la victoire contre le nazisme en 1945 et affirmer la naissance d’un nouvel ordre mondial.

Publié mardi 13 mai 2025 à 07:24
Perspectives sahéliennes : Le nouveau monde  multipolaire,  de Tinza à Moscou

Ce monde multipolaire, façonné progressivement depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin en 2000, s’est affirmé à travers les bouleversements géopolitiques successifs : les attentats du 11 septembre 2001 à New-York aux États-Unis d’Amérique, la guerre en Irak, les convulsions chroniques du Proche-Orient, les Printemps arabes, la scission du Soudan, la crise des subprimes, la guerre en Libye, l’expansion du terrorisme dans le Golfe de Guinée et au Sahel etc. La Russie, héritière principale de la puissance de l’ex-URSS et victime des conséquences de la guerre froide, a observé ces mutations avec attention.

Vladimir Poutine l’a toujours affirmé : l’effondrement de l’URSS représente la plus grande catastrophe géopolitique pour son pays, notamment en ce qui concerne son héritage historique et culturel. Suivant les traces de ses prédécesseurs tels que Joseph Staline ou Léonid Brejnev, il s’est donné pour mission de rétablir cette vérité historique. Parmi les enjeux de cette vérité, figure la tendance des anciens alliés occidentaux de la Seconde Guerre mondiale à minimiser la contribution décisive de l’URSS à la victoire contre le nazisme.

C’est ce que rappelait à juste titre l’ambassadeur russe au Mali, Igor Gromyko, dans notre édition de vendredi dernier : «Aujourd’hui, nous assistons à une tendance inquiétante : des tentatives d’altérer la vérité historique sur la Seconde Guerre mondiale. Cela n’est pas un hasard : l’histoire authentique gêne ceux qui fondent leur politique sur le sable mouvant des doubles standards et des falsifications.

Nous sommes témoins de provocations flagrantes : le démontage de monuments dédiés aux véritables héros de la lutte antifasciste, la glorification de ceux qui ont collaboré avec les nazis, le silence délibéré sur les exploits des soldats libérateurs, leur courage sans pareil et leur sacrifice pour l’avenir de l’humanité». 
C’est à la réparation de cette injustice historique que s’attelle la Russie, aux côtés des partisans du nouveau monde multipolaire, dont la Confédération AES est une composante essentielle.


L’invitation du Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, ainsi que la présence du ministre de la Défense du Mali, le Général de corps d’armée Sadio Camara, et de son homologue nigérien, le Général de corps Salifou Modi, mandatés par les Présidents Assimi Goïta et Abdourahmane Tiani, témoignent de la consolidation d’un axe stratégique solide entre la Confédération AES et la Fédération de Russie. Cet axe s’étend également aux BRICS, aux États d’Amérique du Sud et d’Asie engagés dans la construction de ce nouvel ordre géopolitique.

Les échanges entre le Président du Faso et les dirigeants russe et vénézuélien ont mis en avant l’impérieuse nécessité de renforcer les convergences, dans une sincérité réciproque, afin de contrer les tentatives de déstabilisation de cette nouvelle carte du monde. La rencontre, en marge des festivités, entre le Capitaine Ibrahim Traoré et les ministres chargés de la Défense des pays de l’AES, a démontré l’engagement de notre Confédération à afficher, où que ce soit, son unité et sa détermination à figurer parmi les forces progressistes d’une Afrique souveraine en gestation.

La présence de plusieurs dirigeants africains aux célébrations moscovites témoigne de la considération des autorités russes pour le rôle de l’Afrique dans le monde actuel, mais aussi pour sa contribution à la victoire contre le nazisme en 1945. Sur ce point, la Russie et l’Afrique partagent une mémoire commune, car leurs sacrifices ont été minimisés par les anciens alliés.

Si la Russie a compté ses morts dans le froid glacial de Stalingrad et de Koursk, les Africains ont perdu les leurs dans les tranchées de Verdun. Et pour eux, le drame s’est poursuivi dans les casernes de Thiaroye, où des soldats africains, de retour sur leur sol natal, furent massacrés pour avoir simplement réclamé un traitement équitable, à l’égal de leurs camarades européens.

Mais la mémoire de l’histoire est puissante et finit toujours par s’imposer au temps, permettant à la Russie et à l’Afrique de retrouver leur place et de jouer leur rôle dans la construction du nouveau monde — un monde de paix et de coexistence partenariale. Que le Mali et l’AES continuent d’être agressés à Tinzaoutène, à Dongonkiria, à Diapaga, n’a rien de surprenant de la part des forces impérialistes qui déploient leurs tentacules aux quatre coins du monde, à visages masqués.


Que le brasier des néo-nazis continue d’alimenter une guerre sans fin jusqu’à l’objectif final du dernier Ukrainien, le monde évolue et évoluera sous l’impulsion des États épris de paix et de leurs dirigeants, bâtisseurs d’un nouvel édifice multipolaire. 
De la Volta et du Niger à la Moskova et à la Volga, l’humanité observe l’AES. Quant à l’AES, elle scrute le monde, déterminée à accompagner sa transformation vers une paix durable.

Alassane Souleymane

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