#Mali : Pr Younouss Hamèye Dicko : «En 2019, les rebelles nous ont refusé la thématique Géopolitique et environnement international»

En sa qualité de président de cette Commission lors du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, Pr Younouss Hamèye Dicko relève les particularités et les atouts de notre pays à mieux tirer profit de ses richesses et trouver une solution définitive à notre crise

Publié lundi 20 mai 2024 à 16:22
#Mali : Pr Younouss Hamèye Dicko : «En 2019, les rebelles nous ont refusé la thématique Géopolitique et environnement international»

L’Essor : Quelle est l’innovation majeure apportée au Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale?

Pr Younouss Hamèye Dicko : C’est la création de la Commission géopolitique et environnement international qui est à cheval sur toutes les commissions. Nous pouvons recommander tout ce que les autres commissions ont noté. Mais, nous avons fait des choix. La géopolitique est l’étude des rapports  entre les données de la géographie et la politique de l’État.


Nous sommes obligés d’exhiber les richesses du pays : son agriculture, ses mines, son élevage, ses eaux et son étendue. Tout ce dont on peut tirer avantage par rapport à l’extérieur. Nous avons des recommandations sur l’or, le lithium, l’hydrogène. Par exemple, nous allons tenir compte de l’or qui permettra de régler nos problèmes avec l’extérieur. L’or ce n’est pas du mil qu’on peut piler et manger, mais ça s’échange. Nous voulons qu’à partir de l’or, le Mali puisse faire des stocks pour garantir sa monnaie.

Les pays de l’AES ont un sous-sol faramineux. Ils peuvent créer une monnaie garantie par l’or qui se trouve dans leur sous-sol. Nous avons fait également  des recommandations sur le coton. Si nous habillons notre armée à partir de notre coton, cela créera des activités extraordinaires et permettra de booster l’économie. Le Mali a aussi le bétail qui peut nous enrichir. Nous ne voudrions plus exporter des bétails sur pieds.


Nous voulons créer des abattoirs modernes  et vendre notre viande plutôt que notre bétail sur pieds. En vendant la viande, nous aurons la peau à notre disposition. À cet effet, nous pourrions fabriquer les chaussures de nos militaires avec le cuir. Cela enrichira le pays, c’est important. Il y a également les deux plus grands fleuves de l’Afrique de l’Ouest: le Niger et le Sénégal.

Le Mali a plus de 70 milliards de m3 que charrient ces deux fleuves en eau de surface. Le pays a plus de 3.000 milliards de m3 d’eau souterraine. Il peut les exploiter. Nous ne sommes pas au bord de la mer, mais nous produisons 200.000 tonnes de poissons par an. Ce sont des richesses dont nous disposons aujourd’hui. Nous pouvons nous débrouiller sans nos voisins. Au contraire, c’est nous qui deviendrons indispensables pour eux, si nous exploitons, notre propre géopolitique.

 L’Essor : Comment vous percevez le devenir du Mali ?

Pr Younouss Hamèye Dicko : Aujourd’hui, je souhaiterai que le Mali  commence à extraire son pétrole. Je veux que l’on puisse dire que le Mali est un  pays pétrolier et gazier. Il y a des choses que les Maliens ne savent pas, notre pays, depuis son accession à l’indépendance en 1960, n’a fait que cinq forages pour chercher le pétrole et le gaz. La République du Niger en a fait 150 à 200 forages. Actuellement, c’est ce voisin qui nous envoie du carburant pour faire fonctionner la Société énergie du Mali (EDM SA). C’est inadmissible.

L’Essor : Êtes-vous satisfait du déroulement des travaux du Dialogue ?

Pr Younouss Hamèye Dicko : Lors du Dialogue inter-Maliens, nous avons  beaucoup travaillé. Il y a quelque chose qui m’a fait  plaisir pendant ce Dialogue. C’est l’arrivée des délégués de l’intérieur, ceux des ambassades, des consulats, de la diaspora et de l’université. Pour la première fois dans notre pays, l’université a participé à un dialogue. Le président du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, Ousmane Issoufi Maïga, a considéré l’université comme la 21è région du Mali. L’université en tant que telle  avait les mêmes délégués qu’une région. L’apparition de l’université a donné au Dialogue  un cachet particulier. Toute l’intelligentsia du Mali est arrivée avec ses problèmes, ses pensées et réflexions. Cela a permis à la Commission géopolitique d’avoir une image de marque. L’enseignement  supérieur et la diaspora ont complètement transformé le visage de la Commission et la qualité de ses travaux.

L’Essor : Qu’est-ce qui différencie ce Dialogue inter-Maliens, du Dialogue national inclusif (Dni) et des Assises nationales de la refondation (ANR)?

Pr Younouss Hamèye Dicko : Ce Dialogue à mon niveau est le meilleur  que nous avons organisé. J’étais parmi les organisateurs du Dialogue national inclusif et j’ai participé aux Assises nationales de la refondation  à travers mes représentants. Le Dialogue inter-Maliens est certainement le meilleur des trois que nous avons organisés. Il est meilleur aussi pour autre chose. Ce Dialogue n’est pas venu des bruits politiques en amont, ni pendant. C’est la véritable situation du Mali qui a amené le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, à faire une proposition très pertinente de convoquer les Maliens afin qu’ils discutent entre eux.


Nous avons dénoncé l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger. Cet Accord nous a paralysés. C’est vrai, il a été signé à Bamako, mais il a été préparé à l’extérieur dans un endroit où la rébellion était plus cotée que la République du Mali. Donc, l’on a imposé une camisole de force  que l’on ne peut porter. Et nous l’avons dénoncé. Maintenant, le pays est vide de toute contrainte avec le départ de Barkhane, de la Minusma et d’autres organisations. Nous avons dénoncé tous ceux qui ont une  émanation colonialiste, néo-colonialiste et impérialiste.

 Le chef de l’État  a eu l’élégance  de nous demander et de réfléchir nous-mêmes sur nos problèmes. C’est pourquoi, nous avons pu introduire  la thématique «Géopolitique  et environnement international». En 2019, les rebelles nous ont refusé ce thème avec Baba Akhib Haïdara, Ousmane Issoufi Maïga et Mme Aminata Dramane Traoré. Les rebelles ont fait tellement de bruit que le régime d’alors a été obligé de céder. Puisqu’ils savent qu’avec la géopolitique, on ouvre les yeux. À l’époque, les pays frontaliers étaient avec eux. Ils déversent les gens dont ils n’ont pas besoin  chez nous.

L’Accord étant dénoncé, certains pays voisins se sont fâchés puisqu’ils en profitaient. Maintenant, il va falloir que ces pays travaillent avec nous et non avec les rebelles. Nous avons discuté  tranquillement  sans aucune coercition. Il faut dissoudre tous les groupes armés et les mouvements armés en les renvoyant dos à dos. Il n’y a pas de groupes armés amis et groupes armés ennemis.

Quiconque porte des armes, qui n’est pas militaire du Mali, ne sera pas non plus toléré. C’est leur communauté et leur peuple qui doivent être invités à travers leurs représentants pour faire un nouvel Accord inter-Maliens. Nous avons toujours été une nation arc en ciel et de la façon la plus belle. Nous avons des racines, des fiertés, des trophées géopolitiques bien avant nos colonisateurs.

Désormais, nous reprenons notre liberté. Je pense que ce Dialogue  permettra de  nous reconstruire et de faire un accord malien où les conseillers ne seront pas les néo-colonialistes guidant les rebelles pour qu’il n’y ait jamais de paix. Mais ce serait nous-mêmes. Cet Accord-là doit être entre les communautés du Mali. Ceux qui voulaient faire du mal à notre pays ont été vaincus à Kidal. Et l’on ne recommencera pas à les remettre en selle.

Propos recueillis par

Namory KOUYATE

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