#Mali : L’étendard du «#djihad» au Soudan : D’hier à aujourd’hui

La barbarie qui, actuellement s’abat sur notre pays, au nom d’une interprétation singulière du «djihad», la guerre sainte, n’est pas un fait nouveau, car tout au long de notre histoire, l’étendard musulman a été déployé pour procéder à une occupation politique, prétexte à une nouvelle distribution des rôles et des statuts, voire une certaine forme d’émancipation dans des sociétés déjà bien organisées

Publié mardi 19 mars 2024 à 06:39
#Mali : L’étendard du «#djihad» au Soudan : D’hier à aujourd’hui

Il y a notre histoire aussi, celle fondée sur la mémoire du contact de nos sociétés avec les Arabes en général et de l’islam en particulier ; qu’il s’agisse du Mandé, du Songhoy, du Massina, du Ouassoulou samorien, du Khasso et des toucouleurs d’El Hadj Omar Tall. Cette relation est bien documentée avec une série de pèlerinages à La Mecque qui ne laissent aucun doute : Baramandana, Sakoura et Kankou Moussa, pour le Mandé, Askia Mohamed pour le Songhoy et El Hadj Omar dont personne ne conteste l’érudition.

Aujourd’hui, on parle de Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, deux boulets de canon de l’artillerie internationale du radicalisme, sous des noms divers, qu’on les appelle «AlQaida au Maghreb islamique», «Ansardine», «Katiba Macina», ou «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans»… Ils ne sont que les continuateurs d’une face tragique de notre vécu collectif ; car tous les agresseurs ont fini par se dissoudre au sein de la population dont la résilience apparaît comme une arme de négociation massive de la paix.

 

LA CHUTE DE L’EMPIRE DU GHANA- Cet empire, fondé par les soninkés, a tenu sept siècles. Il a été mis à sac par les cavaliers de l’islam, les «al-Murābiṭūn» ou «almoravides» au XIème siècle dans un contexte qui était caractérisé aussi par une grande sècheresse. El Békri (1067) qui a séjourné à Koumbi Saleh, rapporte que la ville comptait douze mosquées en même temps que les bois et bosquets sacrés qui abritaient les idoles. Jean Jolly (1996) reviendra sur les mêmes faits. (Histoire du continent africain : De la préhistoire à 1600, L’Harmattan, 1996)

Beaucoup de mythes fondateurs de plusieurs villes prennent ici leur source. La prospérité du Ghana, nous enseigne l’histoire, tenait au fait qu’annuellement, il fallait sacrifier au python protecteur une des plus jeunes filles du pays. Ce pacte longtemps et régulièrement renouvelé va être remis en cause quand vint le tour de Sya d’être sacrifiée. Yattabaré, son fiancé, a tué le serpent, geste qui serait, selon la tradition orale encore chantée, à la base de la décadence et de la dispersion des «marakas» ! Ce mythe vient comme une forme de catharsis, mais en réalité le coup fatidique contre le Ghana vint des envahisseurs fanatiques, pour la plupart étrangers, ne parlant aucune langue du pays.

Dans les faits, les «al-Murābiṭūn» ne vont pas tarder à construire la première théocratie au nom de l’islam en Afrique. Pour les territoires situés plus au sud, l’incrustation des «fanatiques» berbères va contribuer à l’émergence de nouvelles entités dont la plus achevée sera l’empire du Mandé. Cette partie de l’Afrique de l’Ouest était déjà au contact de l’islam depuis le IXème siècle, au moins. Ce qui n’empêcha pas la folie destructrice des «al-murabitun». Bien organisés, selon une discipline rigide, vivant en communauté pour ne pas «se perdre», les «al-murabitun» étaient, à tous les points de vue, des soldats bien formés. La base de leur enseignement religieux s’appuyait sur la tradition issue de l’imam Malik. Les cas de déviance étaient sanctionnés par des coups de fouets qu’il fallait supporter dans «un esprit de pénitence» et tous étaient aux ordres du maître Ibn Yassin, le gardien de la foi. 

Vincent Lagardère, dans «Esquisse de l’organisation militaire des murâbitûn à l’époque de Yûsuf B. Tâsfln» (Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée Année 1979 27 pp. 99-114) rapporte que ce sont «30.000 guerriers montés sur des chameaux de selle» qui ont attaqué la ville de Sigilmàssa. Ils renforceront la mobilité des troupes avec l’introduction des chevaux dont le rôle sera déterminant dans la progression des troupes, surtout en direction du sud. Désormais, on parle d’un «art équestre» avec une éducation spécialisée consignée dans des manuels spécifiques comme le «traité de Furùsiya d’Ali b. Hudayl al-Andalusi». «Le cavalier était équipé d’une épée, d’un bouclier en peau de lamantin.»

L’islam dont se réclament ces nouveaux défenseurs de la foi, est de type rigoriste, très austère. Ils ont une «idéologie de la guerre sainte» au nom de laquelle leur chef de tribu Yahya va les lancer contre les populations noires et dans le contrôle des routes caravanières. Ils parlent au nom du «djihad» pour dans un premier temps diffuser l’islam, en l’imposant par la force au besoin, et ensuite de lutter contre les puissances hostiles à l’islam.

On retiendra surtout dans cette incursion sanglante, qu’à la base se trouve l’introduction d’éléments nouveaux dans la mobilité des troupes, à savoir le chameau et le cheval. Quelques siècles après, le même élément stratégique sera mis à profit avec, cette fois l’introduction des véhicules tout terrain et des motocyclettes, toujours avec l’appui d’envahisseurs étrangers.Tatiana Pignon, (spécialiste de l’histoire de l’islam médiéval) dans sa publication «Les Almoravides, l’Andalûs et l’Afrique musulmane (1042-1147)» donne des orientations solides sur la motivation de ce mouvement : «Poussés par leur désir de propager l’islam, et favorisés par leurs talents guerriers, les Almoravides vont y parvenir en se réappropriant le modèle du jihâd ; c’est d’ailleurs de la même manière que procède Saladin, plus à l’est, pour construire un puissant empire.

Le jihad prend deux formes principales : il s’agit, d’une part, de diffuser l’islam, quitte à l’imposer par la force après conquête de territoires étrangers ; il s’agit ensuite de lutter contre les puissances étrangères hostiles à l’islam, incarnées notamment par les rois catholiques d’Espagne. Le premier jihâd almoravide, on l’a dit, s’oriente vers l’Afrique noire, et plus précisément le pays de Ghana qui est conquis à partir de 1054.» (Les clés du Moyen Orient, 27/02/2020).

L’espace géographique qui correspond presque au Mali de nos jours est entré en contact avec l’islam de façon pacifique, essentiellement par le commerce. Cette époque est largement documentée aussi bien dans la tradition orale que par les récits des géographes arabes qui ont visité le «bilad es soudan», le pays des noirs. Entre le dixième et le onzième siècle, les messagers de l’islam qui ont franchi les portes du Sahara l’ont fait à travers le commerce caravanier et la tolérance.

Il en a été ainsi aussi bien pour le Mandé que pour le Songhoy, avec d’abord des conversions des rois et celles des peuples ensuite. Dans le cas du Mandé, la foi était si établie qu’elle avait ses porteurs attitrés, les «marabouts du mandé», les «mandé mori» dont les patronymes sont Cissé, Touré, Diané et Bérété.

Les premiers messagers de l’islam n’ont pas trouvé une terre vierge de civilisation, bien au contraire. Le Mandé avait déjà opéré son unité territoriale à partir d’une Constitution devenue célèbre depuis le 13ème siècle, «la Charte du Mandé» ou la «Charte de Kouroukanfoukan».

El Békry (1010-1094) et Ibn Batouta (1304-1368) qui ont parcouru le pays, en ont eu la preuve ; ils ont même été subjugués. Ibn Batouta qui a visité le pays rapporte le degré de sécurité qui y régnait au point qu’il n’a eu besoin que de seulement trois porteurs pour son voyage. Il y a constaté l’absence totale d’injustice. Il a surtout vu des hommes et des femmes qui respectent les prescriptions de l’islam au point que la prière du vendredi est célébrée avec attention : de beaux habits, la mosquée vite remplie… Il n’y a pas de vol et enfin, il a noté le «zèle à apprendre par cœur le Saint Coran» (Voyage, tome 3, Paris, La Découverte, 1982, p. 426). ! On peut donc dire que le message de l’islam est venu conforter un socle solide.

En 1050, rapporte El Békry, le premier roi du Mandé, en la personne de Mansa Baramandana s’est rendu à La Mecque pour le pèlerinage. Il sera suivi deux siècles plus tard par Mansa Sakoura et le phénoménal Mansa Kankou Moussa. La «route de La Mecque» était connue et bien maîtrisée. Elle partait de l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest, du Fouta Toro, de la vallée du Sénégal en direction du Maroc, à travers de grandes étapes comme Taza, Fez, Tafilelt, Touat.

Certains pèlerins, ceux des abords nigériens, se joignaient aux caravanes, après avoir séjourné à Ségou ou Tombouctou avec le cap sur la ville de Touat. De là, la ligne atteignait Tripoli et le Caire avant de traverser la mer pour l’Arabie. Le chemin du retour était tout aussi connu.

En route pour Gao, Ibn Batouta témoigne qu’il a rencontré «Des groupes de musulmans blancs : des kharidjites de la branche ibadite (celle des Mozabites), appelés localement Saganogo, et des sunnites de rites malékite (courant en Afrique du Nord), appelés Touré - ces deux noms sont encore portés par des clans mandingues.» (Candide en Afrique ou le voyage d’Ibn Batouta, Pierre Alexandre dans «mensuel 62», décembre 1983).

 

L’ISLAM PACIFIQUE- Guy Lasserre a traité de «L’islam noir» (Les cahiers d’outremer, 1952, pp. 178-181). Il y fait la synthèse de «Contribution à l’étude de l’Islam noir», (Mémorandum II du Centre IFAN Cameroun, 1949, 120 pages) du capitaine Cardaire, chargé des Affaires musulmanes auprès du gouverneur de la colonie du Soudan. Cardaire a analysé les causes de l’unité islamique.

 Il a surtout étudié les causes de l’emprise de l’islam en milieu animiste du Soudan à travers les directions et les forces des courants religieux qui ont pris d’assaut les pays de l’intérieur. Dans son analyse, Cardaire retient «deux courants d’invasion de l’islam». Le premier courant, retient-il, est venu de l’Ouest ; il le qualifie de «courant kamitique peul ou foulbé» dont la source de la doctrine part du Maghreb et en particulier dans l’enseignement almoravide, modifié par la culture des races qui le véhiculèrent : Peuhl ou Poullos, Toucouleurs, Mandé, Haoussa».

«Cet Islam, commente-t-il, a été entaché dès ses origines de traces d’idolâtrie, subit des déformations rendues fatales par la mentalité des croyants eux-mêmes et surtout fut privé de soutiens extérieurs et de contact avec les sources pures de l’Islam». «Le culte idolâtre des Marabouts, l’amour des «gris-gris» disent éloquemment que, privés des lieux saints et de la langue arabe, Foulbé et Toucouleurs s’acheminaient lentement vers une nouvelle idolâtrie», termine-t-il.

Le deuxième courant identifié par Cardaire est venu de l’Est, de l’égypte et s’étendait au Soudan oriental et au Tchad. Pour lui, c’est le «courant négro-arabe». «Si le courant Foulbé ne s’est pas prolongé plus loin vers l’Est, c’est que depuis qu’il avait pénétré au Nigeria du Nord au début du seizième siècle, il était entré au contact du second grand courant islamique», décrit-il. «L’Islam qu’avaient répandu jusqu’au Logone les Arabes plus ou moins négrifiés, au long des âpres pistes de Libye et du Borkou, était imprégné de l’esprit des confréries politico-religieuses et gardait avec l’Arabie d’étroites relations». «Tandis que le courant Kamitique-Peuhl participait peu à la vie religieuse de l’Islam et que l’islamisation des masses restait médiocre, le courant négro-arable était sans cesse vivifié par les nouvelles du Caire et de la Mecque», compare-t-il.

Le XIXème siècle a été particulièrement violent pour le Soudan. Il correspond à la chute de deux grandes constructions politico-religieuses : la théocratie du Massina (1828-1862) et la théocratie toucouleur d’El Hadji Omar Tall. Samori aussi a entrepris de tailler son empire sous le sceau de l’islam, on ne le dit pas assez souvent. Samori était un imam. Ce siècle correspond également à la conquête coloniale qui a littéralement mis fin aux différentes ambitions surtout à partir de 1857, année où Faidherbe a pu venir à bout du siège de Médine, privant El Hadj Omar d’une victoire certaines à Médine, la capitale du roi Diouka Samabala Diallo du Khasso, un pays déjà musulman.

 

Correspondance particulière

Pr Ibrahim Maïga

Rédaction Lessor

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