#Mali : Consommation de stupéfiants : L’aventure périlleuse des jeunes

Sur le long terme, la consommation de stupéfiants entraîne des dommages irréversibles sur le développement du cerveau, la survenue de pathologies comme la schizophrénie, la dépression, l’hypertension artérielle

Publié jeudi 14 mars 2024 à 08:01
#Mali : Consommation de stupéfiants : L’aventure périlleuse des jeunes

Dans le cercle des jeunes, les stupéfiants ont conquis beaucoup de cœurs. Les saisies régulières de l’Office central des stupéfiants (OCS) démontrent largement l’engouement pour la consommation de ces substances euphorisantes. Le 2 mars dernier, deux personnes ont été arrêtées dans la Région de Kita en possession de 104 sachets de cannabis. La liste de ces psychotropes est longue. Et il faut être «un adepte du milieu» pour identifier les types de drogues. «14» ou encore «Panneau solaire», les connaisseurs connaissent. Des quartiers sont réputés pour être des lieux de grande consommation de ces produits prohibés.

Lassa, un quartier de la Commune IV du District de Bamako, est perché sur une colline. La localité est célèbre pour son paysage touristique. Selon des habitants, beaucoup de jeunes de ce lieu rocheux flirtent avec la drogue. Ici, cite Hamidou, presque tous les jeunes en consomment. Le jeune habitant indique que ces toxicomanes se méfient des personnes qu’ils ne connaissent pas. «Chaque fois qu’ils aperçoivent une nouvelle tête en train de roder dans la zone, ils sont persuadés que c’est un policier. Ils l’évitent», témoigne l’ouvrier.

Chaque consommateur de stupéfiants est guidé par une conviction. Le jeudi 8 février dernier, un amateur sous anonymat se dit être dans un état sobre. «Les gens oublient que la consommation des stupéfiants n’est pas nuisible quand la dose est contrôlée. J’en prends juste pour me détendre. D’autres le font pour être endurants au lit. Par exemple, le Tramadol peut jouer le rôle d’aphrodisiaque», explique le jeune homme d’une vingtaine d’années. Et de préciser que certains s’y adonnent pour stimuler le courage afin de commettre des délits et des crimes. «Dans la semaine, je consomme trois fois. Mais le week-end, je prends mes doses tout en restant à la maison. Dans le quartier, tout le monde me connaît ainsi. J’invite les gens qui consomment les stupéfiants à ne pas être violents et se comporter bien envers les autres», prévient-il.

 

SOLIDARITÉ ADDICTIVE- À en croire certains parents, les jeunes consommateurs ne sont que des victimes. Selon eux, c'est plutôt la police qui doit garantir la sécurité de la population. «Ces jeunes sont justes victimes de notre système. C'est à l'État d'empêcher l'importation de ces stupéfiants dans notre pays. Nous souffrons énormément. On espère que les autorités trouveront vite une solution à ce problème pour établir la tranquillité dans notre cité», souhaite Aly Traoré, père de famille à Lassa. Mohamed Touré est un enfant en situation de rue à Quinzambougou.


Ce début du mois de février, aux environs  de 2 heures du matin, il squatte au niveau du 3è arrondissement avec un petit sachet contenant du chanvre indien. L’adolescent de 15 ans est accro à toutes les drogues. Sous l’effet des stupéfiants, il arrive avec difficulté à se tenir debout. «Tantie, ce sachet ne pourra pas tenir jusqu'à demain. Il me faut une bonne quantité pour que je puisse bien être à l’aise», avoue celui qui dort sur la place publique.

Depuis 2020, il a quitté le domicile familial suite à une accusation de vol d’or que lui aurait imputé à tort sa marâtre. Dès lors, dit-il, aucun de ses parents n’est venu le chercher y compris son père qui, selon lui, avait soutenu la décision de sa femme. «Après le décès de ma maman en 2018 alors que j’avais à peine 9 ans, je n’étais plus à l’aise à la maison. Ma belle-mère ne me donnait plus à manger. Il fallait que je quitte la famille pour pouvoir trouver à manger», se souvient-il. Pour gagner de quoi vivre, le môme nettoie les vitres des véhicules au niveau des feux tricolores.

«Je reçois beaucoup de pièces et cela m’aide à payer des chaussures, me laver dans les toilettes publiques, manger et aussi payer mes doses», se réjouit le jeune toxicomane. Et d’assurer qu’il ne vole pas parce qu’il veut honorer sa défunte maman. «Elle m’a toujours dit que le vol n’est pas bien et qu’un voleur est capable de tout», se rappelle-t-il avant d’affirmer que s’il manque d’argent pour payer ses doses, ses camarades lui offrent de quoi passer la nuit. Mohamed Touré apprécie la solidarité qui existe au sein de leur groupe constitué d’une trentaine de personnes. Il souhaite sortir de cette situation d’enfant de la rue pour s’épanouir.

 

DÉMANTELER LES RÉSEAUX- Le père de Mohamed Touré est domicilié à Bagadadji en Commune II du District de Bamako. Le dimanche 12 février à 19 heures, le patriarche, l’air fatigué, porte un pantalon noir et une chemise orange. «Je ne vous cache rien ma fille. Mohamed était un enfant très timide et était collé à sa maman qui a perdu la vie suite à une hypertension. Depuis ce jour, il a changé. Il n’était plus comme avant et se disputait sans arrêt avec sa marâtre», témoigne le menuisier. Il soutient avoir trouvé la chaîne d’or de son épouse dans le pantalon de son fils. «Je vous assure j’ai failli m’évanouir. Je voulais le frapper et c’est ce jour qu’il est parti de la maison», indique le quinquagénaire qui souffre d’une déficience visuelle. Il dit avoir retrouvé son fils après deux ans de recherches. Ce dernier, dit-il, a refusé de revenir à la maison malgré leur insistance. «En tout cas, je ferai de mon mieux pour qu’il rentre. Maintenant il a des remords. Il souhaite revenir à la maison sinon il n’allait pas vous remettre mon numéro», se réjouit l’ouvrier.

La belle-mère de Mohamed Touré se dit heureuse que son fils change d’avis. «C’est vrai que le torchon a brûlé  entre nous. Je partage la responsabilité de cette mésentente. Il n’a pas aimé mon mariage avec son père parce qu’il est l’enfant unique de sa mère biologique», confesse Mme Touré Badiallo Guissé. Et d’insister qu’elle ne veut pas le voir dans la rue et encore moins qu’il consomme des produits nuisibles pour la santé. À Quinzambougou, notre équipe de reportage coïncide avec une patrouille des forces de l'ordre. Interrogé, un policier confie que la consommation des stupéfiants est un sérieux problème contre lequel les forces de sécurité luttent sans arrêt et tous les jours pour démanteler les réseaux.

Notre interlocuteur rapporte que 90% des personnes interpellées pour des crimes sont des jeunes qui se droguent. «À travers nos patrouilles, nos descentes et beaucoup d'autres opérations de police, nous avons démantelé certains réseaux mères. Mais il reste beaucoup à faire», souligne l'officier ajoutant que le côté social joue beaucoup sur leur travail, car les parents qui dénoncent ces drogués sont les mêmes qui retirent leurs plaintes et les supplient de libérer les délinquants. «Nous ne voulons pas voir nos enfants derrière les barreaux, c’est juste à titre correctionnel qu’on les amène ici», cite notre interlocuteur à titre d’exemple de requête des parents auprès de la police.

 

CONSEILS AVISÉS- Selon le médecin généraliste d’une clinique de la place, Boubacar Diarra, la consommation de drogue entraîne des dommages à court et à long terme. À court terme, le toubib explique que les principaux effets sont les violences en tant que victime ou auteur.

 Il  cite les rapports sexuels non consentis et non protégés, les accidents de la route, les blessures dues à des chutes ou des noyades. Sur le long terme, indique le praticien, la consommation de stupéfiants et d'alcool entraine des dommages irréversibles sur le développement du cerveau, la survenue de pathologies comme la schizophrénie, la dépression, l’hypertension artérielle et des accidents cardiovasculaires. S’y ajoute le risque de développement de cancers particulièrement ceux des voies aéro-digestives et des poumons, de pathologies pulmonaires et cardiovasculaires.

Le psychologue Mohamed T. Konaré propose aux parents de maintenir le dialogue et s’intéresser aux activités de leur enfant. «Savoir ne pas être loin, sans être trop proche. Être son ami, dialoguer avec lui sans arrêt, se maîtriser pour que la communication puisse être très longue», détaille-t-il. Et de recommander le suivi de l’enfant souffrant d’addiction par des spécialistes qui proposent un programme d’arrêt en cas de consommation modérée ou un traitement de substitution en cas d’usage plus important, notamment d’opiacés. Le psychologue explique  que le sevrage peut être ambulatoire ou en hospitalisation, selon le choix du jeune consommateur et l'importance de sa dépendance.

Le spécialiste en psychologie affirme que le suivi à distance d'un sevrage est primordial pour éviter les rechutes. Selon lui, il n’y a pas de drogue douce.

Celle dite «naturelle» ne veut pas dire sans danger, prévient le psy. Le Dr Konaré indique que l’enfant doit être informé sur les risques juridiques de la toxicomanie et les conséquences sur la santé. Ce phénomène compromet l’éducation de la jeunesse. Il urge de multiplier les mesures préventives et dissuasives pour protéger les jeunes. 

Djeneba BAGAYOGO

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