Dans les lieux publics, difficile de tourner le regard sans tomber sur un sachet abandonné
La gestion
des déchets plastiques est l’un des défis majeurs auxquels sont confrontées
beaucoup de villes dans les pays en voie de développement comme Bamako. En
effet, la croissance démographique et la diversité des activités
socio-économiques ont conduit à cette situation dans notre capitale qui compte
présentement plus de 4 millions d’habitants.
Ceux-ci produisent quotidiennement
4.050 m3 de déchets solides, soit 2.025 tonnes, selon le bilan de 100 jours
présenté le 27 avril dernier par la Délégation spéciale de la mairie du
District de Bamako. La même source signale que la direction des services de
voirie et d’assainissement (Dsuva) enlève par jour une moyenne de 588 m3 de
déchets solides. Ces abandons constituent une part significative de plastique.
La loi
n°2012-003 du 23 janvier 2012 interdit la production, l’importation et la
commercialisation des sachets plastiques non biodégradables et de granulés non
biodégradables destinés à la fabrication desdits sachets en République du Mali.
Malgré l’existence de cette disposition, des matériaux indestructibles
continuent de circuler à travers le pays. Ils sont utilisés à des fins
multiples.
Une grande majorité des ménagères se rendent
aujourd’hui au marché les mains vides et retournent à la maison avec la presque
totalité des condiments du jour conditionnés dans du plastique ou dans un
morceau malléable. Dans les lieux publics (services, ménages et marchés),
difficile de tourner le regard sans tomber sur un sachet abandonné après son
utilisation. Ils sont parfois jetés sur les voies publiques.
«Mon ami, tu n’as
pas honte de jeter le sachet d’eau sur la voie publique ? Les poubelles servent
à quoi à ton avis ? S’il te plaît, va me ramasser ça vite», s’adresse Aba
Touré, un commerçant sis au Quartier du fleuve, à l’un des passants. Il déplore
le comportement inapproprié de certains citoyens. Modibo Sidibé est un
réparateur de téléphone de profession, non loin de la Brigade des mœurs.
Ce
dépanneur regrette le fait que les personnes, après avoir utilisé des sachets,
les jettent où elles veulent. Pour lui, ce n’est pas la faute à la mairie si
l’éducation des gens ne leur permet pas de faire des efforts pour rendre propre
notre environnement. Modibo Sidibé montre l’exemple en installant devant sa
boutique des poubelles pour faciliter la collecte des déchets produits par
lui-même ou laissés par les passants.
Au même endroit, nous rencontrons Mamady
Diarra, conducteur de moto tricycle. Il était de passage pour récupérer les
dépotoirs du jeune réparateur Sidibé. Son engin à trois roues, encadré de
«tôle», est transformé pour la collecte des ordures. Sous un soleil de plomb,
chapeau noir vissé sur la tête, gants de protection à la main, le conducteur de
tricycle précise qu’il ne collabore avec aucune mairie de la place. Mamady
Diarra avoue traiter directement avec les clients qui le payent par jour et
cela, en fonction du volume de leurs déchets.
Triste
constat- Un mercredi du mois de juillet. Nous sommes à Hamdallaye-ACI, dans la
rue qui passe devant la Bibliothèque nationale. Des petits commerçants inondent
l’endroit. Certains sont installés à côté des canaux d’évacuation des eaux
usées, qui sont laissés à ciel ouvert, remplis de déchets plastiques. Vers la
grande porte de l’Agence nationale de l’aviation civile, des mottes de boue,
bouteilles, sachets et autres détritus sont extraits et déversés aux abords des
voies. Ces déblais ne passent pas inaperçus. La même situation gênante est
visible au niveau de la place de l’Indépendance, précisément sur le pont
faisant face au parking de la Banque Ecobank.
Les vendeurs ambulants
contribuent également à la détérioration de ce coin. Quasiment, tous les
caniveaux à ciel ouvert se trouvant à Bamako et environs sont envahis par des
plastiques fous. À Lafiabougou, sur la route appelée «Dioncounda goudroni», des
ménages déversent des déchets à même sur les dalles à béton des caniveaux. La
situation devient plus compliquée en cette période de pluie où les eaux
emportent les déchets indestructibles dans les rivières, puis dans le fleuve,
souillant ainsi la source principale des eaux de consommation de la capitale.
Mais aussi contribuent-ils aux multiples inondations occasionnant des pertes en
vies humaines et de dégâts matériels importants.
Les
plastiques échappés sont souvent brûlés à l’air libre. Cette pratique est
devenue courante à Taliko en Commune IV. Dans ce même quartier, aux abords du
marigot vers «Baba ka fanfan», les gens font du déversement sauvage des déchets
ménagers. Le long de la bordure de ce marigot est colonisé par des plastiques
de toutes couleurs. Cela, malgré l’avertissement d’au moins trois plaques sur
le lieu indiquant «l’interdiction de déposer des ordures ». Les habitants
autour de ce dépôt anarchique sont aussi obligés parfois de brûler ces abandons
pour échapper aux odeurs puantes.
Contacté,
Tidiane Hassimi Soumbounou, un militant écologique, retient que les dégâts des
déchets plastiques causés sur notre environnement sont importants. Cet amoureux
protecteur de l’environnement fait comprendre que la décomposition du plastique
enfoui dans le sol se fait au bout de plusieurs centaines d’années. Ainsi, les
animaux (surtout les bœufs) ne trouvant pas d’herbes fraîches en période de
saison sèche, s’en nourrissent allègrement sur les tas d’ordures. Et nos braves
paysans dans les zones rurales voient leurs terres de culture s’appauvrir à
cause des plastiques qui sont aujourd’hui utilisés même dans les hameaux les
plus reculés.
Le spécialiste en environnement regrette que neuf ans après son adoption, la loi n°2012-003 du 23 janvier 2012 soit toujours dans le tiroir des bonnes intentions. Pour lui, le défi sécuritaire qui focalise toute l’attention des gouvernants depuis quelques années et la réticence des importateurs et des promoteurs d’unités de production de sachets plastiques par rapport à l’application de cette loi, expliqueraient probablement cette situation. Pourtant, prévient le militant écologique, il urge d’agir.
Tri des
ordures À la source- En 2023, le Programme des Nations unies pour
l’environnement (Pnue) a établi un rapport sur la pollution plastique. Dans le
document, il ressort que plus de 400 millions de tonnes de plastique sont
produites chaque année, dont la moitié est conçue pour n’être utilisée qu’une
seule fois. Selon le document, moins de 10% de ce plastique est recyclé. Mais,
de l’avis de Tidiane Hassimi Soumbounou, les solutions de recyclage ont montré
leurs limites.
Le volume du plastique ramassé et recyclé est, en effet, très
insignifiant par rapport à l’important flux ininterrompu dont nous nous
débarrassons quotidiennement. «Nous ne disposons ni de la ressource humaine
compétente, ni du matériel adéquat, ni des moyens financiers qu’il faut», fait
savoir le militant écologique. Contactée, la mairie du District de Bamako
indique que le curage des caniveaux à l’intérieur des quartiers est assuré par
les collectivités. S’agissant de la gestion des déchets, la municipalité nous
renvoie vers la direction nationale de l’assainissement et du contrôle des
pollutions et des nuisances (DNACPN) où nos multiples sollicitations sont
restées sans suite.
La gestion
des déchets plastiques nécessite la mise en place d’un système durable devant
contribuer à la création d’emplois, tout en améliorant le cadre de vie des
populations. Pour ce faire, il faut une réelle volonté politique des autorités
urbaines et un engagement constant de tous les acteurs pour que les déchets
plastiques soient collectés, conditionnés et traités par valorisation.
Approché,
le chef du service de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des
nuisances de la mairie de la Commune IV, Oumar N’Faly Camara, indique qu’un
schéma doit être mis en place pour revoir toute la chaîne, depuis la production
au transport jusqu’à la décharge finale. Pour lui, il faut privilégier le tri
des ordures à la source. «La place des ordures, c’est dans la poubelle. Mais
pas n’importe quelle poubelle. Et ces poubelles doivent être à l’intérieur des
concessions et non au dehors», précise-t-il, invitant les citoyens à participer
activement à l’amélioration du cadre de vie.
Pour
rappel, la mairie a délégué la gestion des déchets aux Groupements d’intérêt
économique (GIE) il y a plus de 20 ans. Il se trouve qu’aujourd’hui, que ces
GIE rencontrent d’énormes difficultés à cause de l’insuffisance de dépôts de
transit. Aux dires d’Oumar N’Faly Camara, le seul dépôt officiel dans la
Commune IV était celui situé près du cimetière de Lafiabougou. Ce dépôt est,
malheureusement, fermé depuis avril 2023. Conséquence : les GIE qui
transportaient les ordures vers ce dépôt ont tous mis la clé sous le
paillasson, parce qu’ils ne savent pas où aller déverser les ordures.
Pendant ce temps où vont les ordures ?, s’interroge Oumar N’Faly Camara, avant d’évoquer l’apparition de nouveaux promoteurs de GIE qui évacuent les ordures de certaines familles. Cependant, dit-il, ces gens n’ont pas un endroit légal pour déposer les ordures. «Les ordures sont soit déversées dans les caniveaux ou déposées, tard dans la nuit et à l’insu des gens, sur les espaces publics», dénonce le chef du service assainissement et contrôle des pollutions et des nuisances de la mairie de la Commune IV. C’est la quadrature du Cercle
Souleymane SIDIBE
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