Guerre informationnelle : Regards croisés d’un universitaire et d’un journaliste

Dans les lignes qui suivent, le vice-doyen de la Faculté des sciences administratives et politiques (Fsap), Pr Abdoul Sogodogo et le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Journal du Mali, Maciré Diop, livrent les recettes pour la communication en temps de crise, notamment dans un contexte de guerre informationnelle

Publié mardi 04 février 2025 à 07:58
Guerre informationnelle : Regards croisés d’un universitaire et d’un journaliste

Pr Abdoul Sogodogo : «Une mauvaise communication peut mener à la panique et à la confusion»

Pour l’enseignant-chercheur, la communication est une arme redoutable de nos jours, surtout en contexte de guerre asymétrique et de lutte idéologique et culturelle. Il rappelle que la guerre de l’information implique l’utilisation stratégique d’informations pour influencer, tromper ou nuire à un ennemi. «Elle englobe non seulement la propagation de fausses informations, ou fake news, mais aussi le contrôle et la manipulation des flux d’information pour atteindre des objectifs spécifiques», souligne le Pr Abdoul Sogodogo, tout en dénonçant qu’à l’ère du numérique, les réseaux sociaux sont devenus des outils puissants de l’info de guerre.

Pour lui, cette guerre est menée par des États ou des acteurs non étatiques (y compris des groupes terroristes). Elle a pour finalité d’influencer l’opinion publique, d’affaiblir la détermination de l’ennemi, ou d’acquérir des avantages stratégiques sans avoir recours à la force militaire. Dans un contexte de crise politique (défiance envers les institutions, dialogue social fracturé) et sécuritaire (terrorisme, violences communautaires, déplacements de populations), selon le vice-doyen de l’ex-Fsap, la communication devient un outil vital pour les autorités politiques.




Pour lui, cette communication doit concilier urgence, transparence et responsabilité, tout en préservant l’unité nationale et la confiance des citoyens. «Dans un tel contexte, un effort de transparence est nécessaire, car un discours maladroit peut attiser des tensions ou nourrir les discours anti-institutionnels», prévient-il, tout en citant par exemple, les populations civiles touchées par des attaques terroristes qui attendent une reconnaissance de leurs souffrances. Et de signaler qu’un discours trop technocratique ou distant peut paraître déconnecté.

S’agissant de la Confédération des États du Sahel (AES), Pr Abdoul Sogodogo trouve qu’il est important de communiquer avec stratégie et surtout dans les langues nationales pour mettre les populations à l’abri de la manipulation. Pour lutter efficacement contre la désinformation, il faut d’abord éviter d’utiliser une seule arme, notamment la censure, suggère l’enseignant-chercheur. Ensuite pour lui, il est essentiel de miser sur la formation des citoyens pour vérifier les sources.

Selon lui, cela prend beaucoup de temps et peut s’avérer coûteux. «Je suis conscient de ces contraintes, mais les expériences de notre pays laissent croire qu’il s’agit de la voie efficace et durable. À mon sens, le jeu en vaut la chandelle, car une communication efficace pendant une crise est essentielle pour maintenir l’ordre public et la sécurité», fait remarquer le vice-doyen de la Fsap.

D’après lui, la crise, quelle qu’elle soit catastrophe naturelle, pandémie ou d'attaque terroriste, nécessite des messages clairs, cohérents et fiables provenant des autorités. Le chercheur soutient qu’une mauvaise communication peut mener à la panique, à la confusion et à des décisions mal informées. Il recommande aux autorités compétentes de fournir des mises à jour opportunes et des informations précises au public pour contenir les rumeurs, qui peuvent se propager rapidement, notamment sur les réseaux sociaux. 

Maciré Diop, rédacteur en chef à Journal du Mali : «En période de crise, la communication joue un rôle crucial»

Pour notre confrère, la guerre informationnelle est devenue une composante majeure des conflits modernes. Selon lui, elle se caractérise par l’utilisation stratégique de l’information pour influencer, manipuler ou déstabiliser un adversaire. «Cette forme de guerre ne se limite pas aux opérations militaires, mais s’étend aux sphères politique, économique et sociale», signale-t-il, tout en regrettant que les avancées technologiques, notamment l’essor des réseaux sociaux et des plateformes numériques, ont amplifié la portée et l’impact de ces opérations.

Maciré Diop affirme que l’information est devenue une arme redoutable capable de fixer le sort des conflits. Avant de souligner que dans certains pays, des campagnes de désinformation ont été menées pour saper le moral des forces armées et manipuler l’opinion publique.


En période de crise, selon l’homme de médias, la communication joue un rôle crucial. «Elle doit être rapide, transparente et précise pour informer le public, contrer les rumeurs et maintenir la confiance», dira-t-il, tout en signalant qu’une communication efficace permet de mobiliser les ressources, de coordonner les actions et de renforcer la résilience de la population. Cependant, regrette notre confrère de Journal du Mali, dans un contexte de guerre informationnelle, la diffusion de fausses informations ou de propagande peut aggraver la crise, semer la confusion et diviser la société. Pour lui, il est donc essentiel de mettre en place des stratégies de communication robustes pour anticiper et contrer ces menaces.

Pour renforcer la communication en temps de crise, Maciré Diop suggère plusieurs mesures. Il s’agit de la mise en place d’une veille informationnelle essentielle pour surveiller en temps réel, les informations circulant sur diverses plateformes, permettant ainsi de détecter et de contrer rapidement les fausses nouvelles.

Pour renforcer l’efficacité de cette démarche, selon l’homme de médias, il faut former les communicants aux techniques de gestion de crise et à la lutte contre la désinformation. «Parallèlement, une collaboration étroite avec les médias s’avère indispensable pour garantir la diffusion d’informations vérifiées et fiables», recommande Maciré Diop, tout en révélant que la sensibilisation du public joue également un rôle clé, en éduquant la population sur l’importance de la vérification des sources et de l’esprit critique face aux informations reçues. 

Souleymane SIDIBE

Lire aussi : Enseignement spécial : les bons points de la révolution numérique

Aujourd’hui dans cet ordre d’enseignement, on utilise des lecteurs d’écran pour permettre aux élèves non-voyants ou handicapés auditifs de communiquer avec les autres. Ce progrès est à saluer, mais de gros défis restent aussi à relever.

Lire aussi : Saison froide : Attention au «seprin et boloprin»

Communément appelée keratodermie palmo-plantaire, «seprin et boloprin» en langue «bamanankan», la pathologie est assez répandue pendant la saison froide avec le vent frais qui souffle. C’est surtout l’exposition des extrémités, c’est-à-dire la paume des mains ou la plante des pieds q.

Lire aussi : PDZSTA-KB : PLAN et budjet annuels validés

Le Programme de développement de la zone spéciale de transformation agro-industrielle des Régions de Koulikoro et péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB) a tenu, vendredi dernier, la 6è session de son comité de pilotage dans les locaux du ministère de l’Agriculture. L’ouverture des travaux ét.

Lire aussi : Clin d’œil sur Idrissa Tiama, major de la 47è promotion de l’Emia

Le major de la 47è promotion (2023-2025) de l’Ecole militaire interarmes (Emia) de Koulikoro s’appelle Idrissa Tiama de nationalité malienne. Il s’est classé premier avec une moyenne de 16 /20 devant ses camarades de différentes nationalités. Le fils de Diakaria et de Maïmouna Tiama est .

Lire aussi : Qui est feu général pangassy sangaré ?

Les 343 officiers d’active de la 47è promotion de l’École militaire interarmes (Emia) de Koulikoro peuvent être fiers du parcours exemplaire de leur parrain au sein de l’Armée malienne. Feu Général de brigade Pangassy Sangaré, puisqu’il s’agit de lui, nait le 11 juin 1947 à Kati. I.

Lire aussi : Sortie de la 47è promotion de l’EMIA : Le général pangassy sangaré immortalisé

La promotion 2023-2025 compte 343 élèves officiers d’active dont 311 Maliens et 32 étrangers. Le major de la promotion est le Sous-lieutenant Idrissa Tiama du Mali avec une moyenne de 16/20.

Les articles de l'auteur

Bamako : Un convoi de matériels du Génie militaire suscite curiosité et ferveur patriotique

-.

Par Souleymane SIDIBE


Publié dimanche 30 novembre 2025 à 17:24

Circonscription de Djenné : Une frappe ciblée contre des éléments terroristes

Les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, le 28 novembre dernier, une frappe ciblée contre des éléments terroristes regroupés à proximité de Sounga-Marka, dans la circonscription de Djenné..

Par Souleymane SIDIBE


Publié samedi 29 novembre 2025 à 22:53

Forêt de Ouessebougou : Une base terroriste détruite par les FAMa

Dans le cadre des opérations de surveillance du territoire menées le 27 novembre 2025, les Forces armées maliennes (FAMa) ont découvert une importante base terroriste dissimulée sous un couvert végétal dans la forêt de Ouessebougou, à proximité de Sébabougou..

Par Souleymane SIDIBE


Publié samedi 29 novembre 2025 à 10:37

Coopération : Ballet diplomatique à la primature

Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a successivement accordé hier à la Primature, des audiences aux ambassadeurs de la Guinée, Ansoumane Camara, de Grande Bretagne, Agnus Mckee, du Sénégal, Fatoumata Binetou Rassoul Correa, de l’Allemagne, Dr Corina Fricke ainsi qu’au chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge au Mali (CICR), Nicolas Lambert..

Par Souleymane SIDIBE


Publié vendredi 28 novembre 2025 à 08:22

Gestion des procédures domaniales et foncières : Le Premier ministre appelle à une gouvernance rigoureuse et concertée

La Direction générale du Contentieux de l’État (DGCE) a organisé, hier au Centre international de conférences de Bamako, la 3è édition de sa journée d’échanges, axée sur le thème : «la gestion des procédures domaniales et foncières par la DGCE»..

Par Souleymane SIDIBE


Publié vendredi 28 novembre 2025 à 08:19

Approvisionnement en hydrocarbures : Après le protocole, cap sur la fluidité totale

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a présidé ce jeudi 27 novembre 2025 la 7è rencontre hebdomadaire avec les acteurs du Groupement professionnel des pétroliers (GPP) et du Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP), une semaine après la signature du protocole d’entente entre le Gouvernement et les groupements pétroliers..

Par Souleymane SIDIBE


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 20:50

Kidal: Le gouverneur Gamou au plus près des populations

Dans le cadre de la poursuite de sa mission de terrain, le gouverneur de la Région de Kidal, Général Elhadji Gamou s’est rendu le lundi 27 novembre 2025 dans le village de Barrage..

Par Souleymane SIDIBE


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 17:53

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner