La pêche est l’un des piliers de notre économie
Bamako, lundi 16 décembre. Il est 7 heures du matin, le thermomètre affiche déjà les 19°C. Devant la façade d’un hôtel de la place, côté berges du fleuve. La place est réputée être à la fois un débarcadère et un marché aux poissons de la capitale. Le visiteur est accueilli par les odeurs de poissons pourris, des tas d’écailles et autres déchets de poissons. Le tout agrémenté par des mouches et les cris et interpellations de mareyeuses qui sentent toutes le parfum du poisson.
Nana Thiéro est justement une mareyeuse. Assise sous un parasol faisant face à sa table débordant de fretins (tinèni en bambara), la bonne dame de corpulence robuste accompagnée de sa fille, la trentaine, hèle les clients. «Je ne connais que ce métier. Depuis mes sept ans, je tirais le filet avec mes parents à Markala pour capturer des poissons.
Aujourd’hui, Dieu m’a confié cette activité commerciale dans laquelle je gagne bien ma vie», raconte celle qui pratique ce métier, depuis plus d’une cinquantaine d’années. L’arrivée des caisses de poissons égaie la conversation, car reconnaît notre interlocutrice, le poisson se fait rare dans nos fleuves et cours d’eau, obligeant les pêcheurs à partir de plus en plus loin. «Les rares poissons qu’on trouvait ne suffisaient pas à couvrir la demande», confie la vieille dame.
En 1972, le premier inventaire effectué sur les poissons par notre pays recensait 137 espèces dans les cours d’eau. De nos jours, l’on ne compte que 60 espèces, selon des données de la direction nationale de la pêche. Le fleuve Niger, le Bani, le Sankarani et le Falemé figurent parmi les pêcheries les plus connues. 17 espèces sont rares à trouver dans les captures. 22 sont totalement menacées, et peuvent disparaître du jour au lendemain.
Au passage, en plus de la rareté, Nana Thiéro déplore le fait que les prises soient de plus en plus de petites tailles, ce qui n’incite pas à exporter. A ses dires, la majorité de ses poissons proviennent de Mopti, Ségou, Niono, Gao mais aussi de Kona, Manantali et Diafarabè. Dans chacune de ces zones, elle se fait livrer par des pêcheurs.
Son inquiétude est corroborée par Yacouba Tounkara, un pêcheur rencontré sur les berges du fleuve Niger à Djicoroni-Para. Celui qui pratique ce métier depuis des années est triste de constater les mauvaises pratiques de pêche. Selon lui, même les plus petits poissons sont capturés aujourd’hui. Il suggère de sanctionner tous les pêcheurs qui font cette pratique malsaine. Les acteurs de la pêche déplorent la surpêche. Pour eux, la faute incombe en premier lieux aux équipements et engins de plus en plus sophistiqués utilisés par des pêcheurs comme les pirogues à moteur ou des filets. Il y a aussi les faiblesses de la loi.
«La loi exige que toute capture non étudiée doit être remise à l’eau. De 1960 jusqu’aux années 1990, il n’y avait qu’un seul code pour la gestion de la pêche. La pêche était ouverte de juillet à septembre. Il fallait ensuite respecter les périodes de reproduction des poissons. Aujourd’hui, tout le monde pêche dans les cours d’eau durant les douze mois de l’année, ce qui tue la ressource. D’autres mettent même des substances chimiques ou électriques pour pouvoir pêcher», dénonce-t-on à la direction nationale de la pêche.
22 ESPÈCES MENACÉES- En 2023, près de 125.000 tonnes de poissons ont été capturées, informe Alhassane Sarro de la direction nationale de la pêche avant d’ajouter : «Notre pays n’a recensé que 60 espèces de poissons dans le delta central du Niger, au lac Debo, dans la Région de Mopti en 2023. Plusieurs facteurs ont fait que des espèces ont disparu dans le fleuve Niger, le Bani, le Sankarani même dans les lacs de retenus.»
Pour Alhassane Sarro, les premières causes de cette disparition sont d’abord les facteurs climatiques. Il rappelle, les sécheresses successives que le Mali a connues depuis 1973, 1984 et 1985. «La deuxième cause, c’est l’effet des captures intensives. Le changement climatique fait que certaines espèces ont besoin de certaines conditions de température de chaleur et d’humidité pour se reproduire ou des écosystèmes bien adaptés. Tant que ces poissons n’ont pas ces conditions, ils peuvent faire plusieurs années sans se reproduire, donc l’espèce disparait dès que les adultes sont capturés», explique-t-il. Autre facteur cité par cet ingénieur des eaux et forêts, c’est les mauvaises pratiques de pêche.
C’est un facteur humain qui peut être résolu. «Par exemple, quand on enlève les œufs de la femelle du poisson, on voit beaucoup de petits cristaux dedans et chaque cristal contient un poisson. Donc, la femelle peut donner plus de 9.000 à 10.000 petits poissons. Il doit avoir une réglementation pour ne plus tuer les poissons avant les 30 ou 40 grammes», insiste-t-il.En période d’hivernage (entre juillet et septembre), quand un pêcheur tue une femelle, il tue plusieurs poissons, explique l’expert. Auparavant, ajoute-t-il, quand les vieux pêcheurs remontaient à la surface une femelle en état de reproduction, ils la remettaient dans l’eau au lieu de la tuer. Malheureusement, les prêcheurs d’aujourd’hui prennent tout, déplore-t-il.
À Mopti, Tombouctou et Gao, la direction nationale de la pêche a remarqué que beaucoup d’espèces ont disparu ces dernières années. Mais dans les zones du sud avec le barrage de Sélingué, de Manantali, dans la Région de Kayes, il y a un peu plus d’espèces de poissons que dans la zone du Delta. Parmi les facteurs de disparition des poissons, on peut également noter le changement climatique comme les conditions de crue ou d’hivernage qui ne sont pas trèp favorables dans les zones du nord. Beaucoup de mares lointaines ont tari où les poissons remontaient pour se reproduire.
Avec la crue exceptionnelle cette année, l’eau a traversé beaucoup d’endroits qui étaient à l’époque des passages que les poissons empruntaient pour partir se reproduire à 50 ou 100 km, voire au-delà du lit principal. S’ils n’ont pas cet espace, il serait difficile pour eux de se reproduire. La direction nationale de la pêche a préparé un arrêté qui précise que les poissons ne doivent pas être pêchés en période de reproduction ou de croissance. Les autorités veulent d’abord sensibiliser les pêcheurs avant de sanctionner les contrevenants.
De l’avis d’Abdoulaye Konta, ancien président des pêcheurs du Mali, président d’honneur de la nouvelle interprofession, l’écosystème et la rareté de l’eau ont fait en sorte que les endroits où les poissons se régénèrent ont disparu. La seconde raison est la surpêche, explique-t-il. Il cite également les raisons naturelles dues au changement climatique. «Nous avons essayé de trouver cette année à Mopti un endroit pour mettre à l’abri les espèces de poissons menacées pour la régénération», dit-il.
Pour y arriver, Abdoulaye Konta mise sur la sensibilisation et l’achat des poissons en voie de disparition avec les pêcheurs. C’est bien de pêcher pour se nourrir ou gagner sa vie, mais c’est encore mieux d’éviter pêcher jusqu’à nuire à l’écosystème. Pour coller au titre d’un mémorable film tiré d’un roman éponyme, « les oiseaux se cachent pour mourir », il faut s’interroger sur le sort des poissons dans nos cours d’eau. Eux aussi se cachent, pour mourir ou pas, à cause d’un prédateur appelé l’homme.
Fadi CISSE
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