Trois décennies plus tard, alors que le Mali traverse une crise sécuritaire, politique et économique, il est important de revenir sur les acquis démocratiques et les défis persistants. Entre espoirs déçus, résilience citoyenne et refondation de l’État, que reste-t-il des idéaux de Mars 1991 ? À l’analyse du Dr Abdoul Sogodogo, les acquis formels de la démocratie multipartite malienne représentent une rupture symbolique avec le monolithisme politique incarné par l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). «La fin de cette monoculture politique a donné naissance à un pluralisme institutionnalisé, ouvrant la voie à une compétition électorale encadrée par la Constitution de 1992», rappelle l’enseignant-chercheur.
Pour lui, ce pluralisme, bien que fragmenté avec plus de 300 partis enregistrés, constitue une avancée structurelle en rompant avec le centralisme oppressif de l’UDPM, qui étouffait toute voix dissonante au nom d’une unité nationale factice. À ses dires, les acquis formels de la démocratie se résument essentiellement à la fin du parti unique, la consécration des libertés civiles, l’émergence d’une société civile dynamique, l’élargissement de la décentralisation et l’empowerment local.
DÉMOCRATIE EN PANNE D’EXCROISSANCE- Le vice-doyen de la FSAP revient également sur les irrégularités relevées notamment lors des législatives de 1997 et de 2020. Pour lui, bien que des élections soient régulièrement organisées, leur crédibilité a souvent été remise en question. «Les contestations des résultats des législatives de 1997 et de 2020 en sont des exemples marquants», pointe-t-il du doigt. De plus, soutient-il, le taux d’abstention dépasse fréquemment 60%, comme lors des législatives de 2020, témoignage d’une désaffection croissante des citoyens vis-à-vis du processus électoral.
Dr Sogodogo déplore que ces chiffres révèlent un faible ancrage de la culture électorale au Mali. Par ailleurs, il analyse que les régimes successifs d’Alpha Oumar Konaré, d’Amadou Toumani Touré (ATT) et d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ont été critiqués pour avoir favorisé le clientélisme et la corruption, contribuant ainsi à l’instauration d’une culture politique prédatrice.
«L’instabilité politique, marquée par des ruptures de l’ordre constitutionnel en 2012, 2020 et 2021, révèle, selon de nombreux analystes politiques, l’inadéquation des institutions issues de la révolution de 1991 face aux réalités sociétales contemporaines du Mali», commente l’enseignant du supérieur. Et d’ajouter que certains observateurs attribuent cet échec systémique, voire collectif, à l’incapacité des dirigeants civils à gérer efficacement les crises politiques et sécuritaires, en particulier, la question du terrorisme, qui entravent le développement économique du pays. À ce propos, l’enseignant-chercheur signale que la réponse réside ailleurs. «Elle se trouve dans le système démocratique malien, notamment son incapacité à se métamorphoser pendant les périodes de crises profondes (2012 et 2020) et sa tendance à marginaliser les voix minoritaires», explique-t-il.
LE PARADOXE MALIEN- Dr Abdoul Sogodogo développe que le Mali se trouve à un carrefour paradoxal où le désir d’une démocratie véritable et substantielle coexiste avec un rejet de l’ordre politique établi et des structures de gouvernance qui ont échoué à répondre aux aspirations des populations. Pour lui, ce paradoxe peut être explicité à travers plusieurs dimensions. «Le premier aspect de ce paradoxe réside dans le rejet généralisé des institutions politiques du Mali post-autoritariste (1991)», révèle-t-il.
Pour le vice-doyen de la FSAP, les gouvernements successifs, souvent perçus comme corrompus et inefficaces, ont eu du mal à fournir, à hauteur de souhait, des services de base (éducation, santé, justice), à assurer la sécurité (rébellions récurrentes, terrorisme, criminalité transfrontalière) et à mettre en œuvre des politiques de développement.
«Ce constat a nourri un sentiment de désillusion parmi les citoyens, expliquant les crises récurrentes à l’égard des institutions étatiques», affirme l’enseignant-chercheur. Par conséquent, la population exprime son rejet non seulement de la classe politique, mais aussi des mécanismes de la démocratie libérale en place, jugeant ces institutions incapables de représenter ses véritables intérêts. Cependant, selon l’universitaire, ce rejet des formes et pratiques démocratiques établies ne signifie pas un renvoi de l’idée même de démocratie, comme en attestent des sondages d’Afro-baromètre et Mali-Mètre entre 2020 et 2024.
«Au contraire, il révèle un désir profond d’une démocratie substantielle, c’est-à-dire une forme de gouvernance où les citoyens jouissent d’une réelle participation et d’une représentation effective dans la prise de décision», soutient Dr Sogodogo, tout en appuyant que cette aspiration se manifeste à travers les revendications des jeunes, des mouvements sociaux et des acteurs de la société civile qui appellent à une refondation de l’État, à une clarification des droits des citoyens et à une plus grande transparence dans la gouvernance. Il prévient que les revendications pour une démocratie substantielle incluent plus de justice sociale, une meilleure répartition des ressources et une implication active des citoyens dans la gestion des affaires publiques.
Dr Abdoul Sogodogo rappelle que le Mali a connu plusieurs Transitions politiques à la suite de coups d’État, ce qui accentue le paradoxe de la démocratie malienne. Selon lui, les récentes prises de pouvoir par les militaires sont perçues par une partie de la population comme un retour à un autoritarisme susceptible de compromettre la quête de démocratie véritable. Pour l’enseignant-chercheur, cette dynamique illustre la complexité de la situation actuelle. En se présentant comme garantes de la stabilité, les Forces armées bénéficient du soutien de la grande majorité de citoyens.
Ces derniers semblent privilégier une sécurité immédiate au détriment de l’instauration, sur le long terme, de pratiques démocratiques pérennes.
En somme, selon l’analyste politique, 34 ans après la chute de Moussa Traoré, le Mali reste tiraillé entre les promesses inachevées de 1991 et les urgences du présent. Pour éviter que la «Journée des Martyrs» ne devienne un simple folklore historique, selon lui, il urge de renégocier un contrat social inclusif, où la sécurité ne se construit pas contre les libertés, mais avec elles.
Souleymane SIDIBE
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