Diéma : Avaler des mottes de terre est-il sans danger ?

C’est une pratique courante en milieu rural. Si certains parents la tolèrent d’autres par contre la combattent. La solution passe par une plus grande sensibilisation pour un changement de comportement

Publié mercredi 31 août 2022 à 07:13
Diéma : Avaler des mottes de terre est-il sans danger ?

L’une des pratiques la plus néfaste dans nos sociétés, c’est bien la consommation de la terre par des enfants qui n’ont pas atteint l’âge de sevrage, entre deux et trois ans. Beaucoup de parents ne voient pas d’inconvénient à cette pratique qu’affectionnent leurs progénitures, qui s’y adonnent quotidiennement. Si l’enfant tète le sein, ça ne fait rien… arguent certains par naïveté. 

Depuis le jour où ce migrant, rentré d’Espagne, a vu une petite fille, de moins de deux ans, remplir sa main de terre moulue, pour l’avaler goulûment, comme une vraie tartine, il resta estomaqué. Son étonnement fut encore grand, lorsque le père de la mignonne, assis sous son hangar, en cette heure chaude de la journée, occasionnée par l’arrêt des pluies, déclare sans anicroche, que même si l’enfant qui tète le sein, bouffe de la terre, cela ne le rend pas malade.


 Car, renchérit l’homme sur un ton banal, le lait maternel transforme en déchets toutes les mottes de terre contenues dans le ventre. Il secoue la tête en signe de remords, avant de poursuivre son chemin. Cette scène rébarbative hante son esprit. Il décide d’attirer l’attention d’un organe de presse de la place, sur ce comportement malsain, qui nuit dangereusement à la santé des enfants. 

En milieu rural, la plupart des enfants consomment de la terre, souvent au vu et au su de leurs parents, qui ne font rien pour les en empêcher. Seuls quelques parents conscients des conséquences de ce genre de pratique, réfutent la pratique. Ces garnements, livrés à eux-mêmes, passent le plus clair de leur temps à se vautrer dans la poussière. Les garçons apprennent à faire la maçonnerie avec du banco pétri. C’est pourquoi chaque fois que Sanata Séméga, la vendeuse de condiments, voyait ses enfants se livrer à un tel exercice, elle les chassait à coup de fouet, car, selon une croyance populaire, une telle simulation annonce «le décès d’un parent…»

 

SURVEILLER LES ENFANTS- Les filles elles, font des simulations culinaires, avec leurs petits ustensiles octroyés par leurs mères. C’est surtout le contact direct avec le sol, qui pousse certains enfants à manger de la terre. Certaines mères réagissent méchamment, en voyant leurs enfants sevrés, porter à la bouche de la terre. 


À cet âge, craignent-elles, la terre ne sera pas diluée, elle s’accumulera dans le ventre de l’enfant pour construire une maison, et dans la plupart des cas, mort s’en suit. «Le châtiment corporel n’est pas la solution, rapporte Kandé Wagué, une ménagère, qui, pour que sa fille cesse de manger de la terre, y a aspergé, à l’insu de cette dernière, un peu de piment.

Quand la petite reprit sa passion, elle s’assura que personne ne la lorgne, avant de déguster une portion de terre, qu’elle cracha aussitôt à cause du goût piquant de la substance. Elle criait à pourfendre sa gorge, réclamant sans cesse à boire. Que dire de la belle-mère de Fanta N’Diaye, qui sermonnait sa bru lorsque celle-ci se précipitait pour prendre sa fille, dès qu’elle la voyait jouer avec ses petites camarades dans la poussière. «C’est un comportement des toubabous, ça ne marche pas ici», lançait la vieille en maugréant.

Dans cette localité, rares sont les mamans qui s’occupent correctement de l’entretien de leurs enfants. Ces braves femmes sont au four et au moulin à la fois. Du lever au coucher du soleil, elles se livrent sans répit à une cohorte de travaux ménagers. Elles partent au marché pour acheter des condiments, font la corvée d’eau, cultivent leurs champs, s’occupent de l’entretien de leurs périmètres maraîchers, ou partent ramasser du bois de cuisine.

L’animateur d’ONG, Cheickné Doumbia, déprécie la pratique, qui, selon lui, expose plus l’enfant à des maladies. «Avec ce manque d’hygiène dont l’enfant s’entoure, il devient ipso-facto très vulnérable, sa croissance ralentit, avec un risque d’anémie sévère. Il faut, propose l’humanitaire, sensibiliser les parents, particulièrement les mamans afin qu’elles surveillent davantage leurs enfants». 

«Toute personne, dans son enfance, relate Massa Coulibaly, secrétaire général d’une mairie, a mangé, d’une manière ou d’une autre, de la terre. On m’a rapporté que moi-même, j’en mangeais lorsque j’étais encore tout petit. Chaque fois que ma mère me posait à même le sol pour vaquer à ses occupations, je trouvais du plaisir à fourrer de la terre dans ma bouche. Mais, il faut reconnaître que c’est une mauvaise habitude. Je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais tout le monde sait que si l’enfant s’habitue à consommer de la terre, tout son corps devient pâle, avec un ventre bedonnant».

 

ANÉMIE ET MALNUTRITION- Cette femme pense que c’est une question d’éducation. Elle donne son avis. «Un enfant doit être surveillé de près, sans quoi, si on le laisse à lui-même, il fait ce qu’il veut. La négligence provient surtout de notre côté, nous les femmes. Ce sont nous qui passions plus de temps avec nos enfants dans la maison. Nous devions donc prendre toutes nos responsabilités, si nous voulions garantir à nos petits un avenir radieux», conclut la dame.

Dr Moussa Koné, spécialiste en santé publique, médecin chef du district sanitaire de Diéma, décrie la pratique. Comme conséquences fâcheuses de cette pratique, il cite, entre autres, les vers intestinaux chez l’enfant, avec ses corollaires d’anémie et de malnutrition. Mais aussi, souligne-t-il, la survenue des maladies diarrhéiques n’est pas à écarter. Il préconise le renforcement de la sensibilisation des parents afin d’améliorer l’hygiène alimentaire de leurs enfants. Aussi, ils doivent accroitre la surveillance autour de leurs enfants. De nos jours, différents canaux de communication existent, si on les exploite à bon escient, nos objectifs seront certainement atteints.

En définitive, pour mettre fin, du moins pour réduire considérablement les mauvaises pratiques qui minent nos sociétés, et parvenir à un changement radical des comportements, il faut, impérativement, renforcer la sensibilisation. Il faut promouvoir l’alphabétisation au sein des populations, et mettre l’accent sur l’éducation des enfants. 


Certes des efforts ont été déployés par l’État et ses partenaires, mais le chemin à parcourir reste long et sinueux. Les enfants sont l’avenir du pays, et si ceux-ci souffrent des problèmes de santé, il serait difficile d’accéder à un développement durable. L’heure est donc venue de mutualiser nos actions pour favoriser le bien-être de tous.

Ouka BA
Amap-Diéma

Rédaction Lessor

Lire aussi : Bamako: Les enseignants des écoles publiques reprennent les cours

Les enseignants des écoles publiques du District de Bamako reprennent le travail dès ce lundi 20 octobre 2025 aux heures habituelles des cours..

Lire aussi : 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne : les organisateurs remercient le Chef de l’Etat d’être le parrain

En marge de la 3è édition des journées Ouest-africaines de l'audit interne, tenues à Bamako les 16 et 17 octobre, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta a reçu, ce vendredi 17 octobre, une délégation de l’Association des contrôleurs, inspecteurs et auditeurs .

Lire aussi : Contribution : À ceux qui veulent enterrer la transition malienne, qu’ils sachent : elle marche encore !

Certains rapports occidentaux tentent désespérément de faire croire que le Mali serait une « république en ruine », une «transition sans cap», un pays «sous tutelle russe» condamné à l’isolement. Ce récit, souvent répété, ignore la logique interne d’un processus souverain qui.

Lire aussi : Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogique.

Lire aussi : Mopti : La solidarité agissante du gouverneur

Dans le cadre des activités de la 30è édition du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le gouverneur de la Région de Mopti, le Général de brigade Daouda Dembélé a respecté la tradition en rendant visite, mercredi 15 octobre, aux deux personnes les plus âgées de la Co.

Lire aussi : Gao : Des mesures strictes contre l’exploitation illicite du site minier de N’Tahaka

Suite à la recrudescence de l’insécurité dans la Région de Gao, des mesures strictes ont été prises concernant les activités illicites sur le site minier de N’tahaka, situé à une cinquantaine de kilomètres de la Commune urbaine de Gao..

Les articles de l'auteur

L'UNASAM dénonce les collectes de fonds frauduleuses au nom des supporters

Le vice-président de l’UNASAM, Cheickna Demba Dans un communiqué datée u 15 octobre dont copie a été déposée à notre Rédaction, l'Union nationale des associations de supporters des Aigles du Mali (UNASAM), alerte l'opinion publique et les partenaires du sport malien sur des pratiques qu'elle qualifie d'usurpation et de recherche de fonds à des fins personnelles dans la perspective de la phase finale de la CAN, Maroc 2025..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:50

Ouélessébougou : Élaboration de livrets pédagogiques des classes de la 1ère et 2ème années

Lancé depuis le mois de septembre, par la Direction nationale de la pédagogie (DNP) avec l’appui technique et financier du Projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali (Miqra), l’atelier d’élaboration et de validation des livrets pédagogiques destinés aux premières classes du fondamental s’est bouclé, lundi dernier, dans la salle de réunion du Centre féminin de formation et d’appui au développement rural (CFADR) de Ouélessébougou..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:45

Communiqué du conseil des ministres du 15 octobre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 15 octobre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:47

Compléments alimentaires : Pas sans risque

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation célébrée aujourd’hui, nous nous sommes intéressés au commerce de ces produits, présentés comme miraculeux. Pourtant leur prise prolongée, sans l’avis d’un professionnel de santé, est déconseillée.

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:38

Youwarou : Une forte riposte contre l’épidémie de diphtérie à Kormou

L’épidémie de diphtérie a été déclarée au début d’octobre à Kormou, Commune de Dongo (Cercle de Youwarou). La campagne de riposte contre cette maladie s’est déroulée du lundi 6 octobre au vendredi 10 octobre. Les résultats de cette campagne indiquent que sur une population cible de 12.774 enfants de 0 à 15 ans, 13.338 ont été vaccinés soit un taux de couverture vaccinale de 104, 81%..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:31

Mois de la solidarité : Le préfet de Kati rend visite aux aînés

Remise d’un don composé de cola, natte, matelas, couverture, moustiquaire, sac de riz et d’une enveloppe symboliqueDans le cadre du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le préfet du Cercle de Kati, Harouna Diarra, s’est rendu, mardi dernier au domicile de Mme Sega Soucko à Kati Farada..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:30

Fonds de soutien patriotique : Plus de 142 milliards de FCFA mobilisés au 30 septembre 2025

Le Fonds de soutien patriotique (FSP) poursuit sa dynamique de mobilisation nationale. Selon les chiffres publiés par le Comité de gestion, le vendredi 10 octobre, les recettes cumulées du FSP ont atteint 142.603.529.418 Fcfa au 30 septembre 2025, confirmant la forte adhésion des Burkinabè à cet instrument de solidarité nationale..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:37

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner