Bakary Traoré, Cheick Oumar Diallo, Tiona Mathieu Koné
Déterminées à poser les jalons d’un Mali véritablement souverain et prospère à travers de nombreuses réformes institutionnelles et politiques, les autorités de la Transition sont accompagnées dans cette démarche par les médias locaux, qu’ils soient publics ou privés. C’est ce qui ressort du constat fait auprès des hommes de médias et des acteurs de la scène politique. Issues des Assises nationales de la Refondation, tenues en 2021, plusieurs réformes politiques et institutionnelles sont en cours dans notre pays. Pour le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Bakary Traoré, ces initiatives réformatrices répondent à la nécessité d’une adaptation à l’évolution permanente des réalités socio-économiques du pays.
Selon lui, par le processus de la refondation, il s’agit de refonder la gestion des affaires publiques à partir de bases nouvelles conformément aux trois principes qui guident l’action publique; à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégique et des choix de partenaires opérés par le Mali ainsi que la défense des intérêts du peuple malien dans les décisions prises. Une déclaration que le ministre Traoré a faite lors de l’enregistrement de la 3è édition de l’émission Mali Kura Taassira, le vendredi 23 mai dernier, au Musée national. Parmi les réformes majeures entreprises, l’on peut citer, entre autres, l’adoption de la nouvelle Constitution, la réorganisation du paysage politique, la lutte contre la corruption, la réforme du secteur de la sécurité et celui de la justice sans oublier la gestion des ressources naturelles notamment la réforme du secteur des mines, etc.
Auprès des observateurs avisés, cette nouvelle démarche des autorités étatiques fait des émules. C’est le cas de Cheick Oumar Diallo alias COD. Selon cet acteur de la scène politique malienne, la réforme du secteur de la justice lui tenait, tellement à cœur, qu’il y a consacré un clin d’œil dans son livre intitulé Mali 3.0. C’est ainsi qu’il a mis en relief, la réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale qui, selon lui, vise à fermer les ouvertures qu’il y avait en matière de corruption, de délinquance financière en faisant en sorte que les crimes économiques et financiers soient rendus imprescriptibles. «Pour moi, la justice est un aspect essentiel si nous voulons refonder un Mali plus juste». Notre interlocuteur n’a pas non plus oublié de mentionner d’autres réformes majeures; notamment celle relative à la diplomatie. À ce sujet, il laisse entendre qu’il nous fallait une voix audible et ferme, mais respectueuse de tout le monde pour autant qu’on respecte les principes qui guident l’action gouvernementale.
«LE PRIMORDIAL»- Pour sa part, Tiona Mathieu Koné a mis en avant la question sécuritaire lorsqu’il a été interrogé sur le processus de refondation en cours dans notre pays. Selon ce journaliste chevronné avec plusieurs décennies d’expérience de pratique journalistique et de communication institutionnelle, si certaines réformes ne sont pas encore enclenchées, ou bien tardent à faire leur effet, cela est dû surtout à ce qu’il appelle «le primordial», c’est-à-dire la sécurisation du pays. Toutefois, il estime qu’on ne peut pas aussi tout laisser à l’objectif de sécurité lorsqu’on parle d’un État qui a des besoins et des aspirations. Aussi, ajoute-t-il, qu’il nous faut encore peut-être de la patience vigilante lorsqu’on analyse le rythme des réformes annoncées.
Néanmoins, cet ancien conseiller à la communication à la Présidence de la République pense qu’on ne doit pas trop se lamenter dans la mesure où tout ce à quoi nous aspirons n’est possible que dans un climat de paix et de sécurité. «Ce qui n’est pas encore, partout», fait-t-il remarquer. Lorsqu’il s’agit également d’évoquer la place des médias dans la consolidation des réformes politiques et intentionnelles entreprises, les avis sont aussi convergents. Sur ce sujet, Tiona Mathieu Koné rappelle que nous sommes dans le pluralisme médiatique depuis les années 90 auquel est venu se greffer le nouveau phénomène incontournable des réseaux sociaux. Témoin de cette révolution du secteur médiatique, il surnomme tout ce cocktail «la grande famille de la communication» qui joue d’une manière ou d’une autre, sa partition.
«Hier, c’était une presse d’État. Aujourd’hui, c’est une presse plurielle. Mais on doit pouvoir s’unir quand il le faut pour la défense de notre État. C’est pour cette raison que je dis le plus souvent que le journalisme, la communication est un métier d’abord qui s’apprend et une science avec conscience, y compris patriotique. Nous appartenons à un État. Forcement, sa défense nous incombe quand qu’il est attaqué», argumente celui qui est également enseignant à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication. Tiona Mathieu Koné a, par ailleurs, exprimé sa peine de voir «la grande famille de la communication» se lancer des flèches très dures entre vidéomen, journalistes de services publics et de la presse privée.
C’est ainsi que ce doyen du paysage médiatique malien a exhorté ses cadets à cesser de se disperser autour du «papa malade» en faisant référence à notre pays. «Quand le papa est malade, les enfants de la même famille doivent resserrer les rangs, se comprendre, se tolérer et avancer ensemble. Le temps permet après de voir clair et de régler les choses de façon sereine», a-t-il donné comme conseil. L’acteur politique Cheick Oumar Diallo qui côtoie fréquemment les hommes de médias, estime que le monde est en train d’aller dans une accélération de l’information qui fait que toutes les dimensions médiatiques sont importantes. D’après lui, il faut que le travail de journalisme se fasse aussi dans une certaine forme de responsabilité envers le pays mais aussi envers le citoyen qui reçoit l’information. À cet effet, il dira que les médias sont à saluer.
«Il y a beaucoup de choses qui auraient pu tourner au vinaigre si les médias nationaux n’avaient pas joué pleinement leur rôle. Et là, c’est vraiment tout le monde que je vois impliqué», souligne-t-il. Par ailleurs, notre interlocuteur invite à ce qu’on cesse les procès d’intention les uns envers les autres en permanence et qu’on sorte de ce dans quoi, on nous a toujours plongés. C’est-à-dire, douter en permanence les uns des autres, s’insulter et se dénigrer.
TENTATIVES DE DÉSTABILISATION- Pour le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, la dynamique de refondation enclenchée vise à poser les jalons d’un Mali véritablement souverain et prospère. Une démarche qui vaut à notre pays, toute sorte de tentatives de déstabilisation; notamment de la part des médias surtout étrangers. Fort heureusement, la presse locale s’est constituée en rempart et a fait bloc derrière l’État face aux fausses informations.
Pour cet acte patriotique dans un contexte de guerre informationnelle d’une rare intensité, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration a tenu à saluer les efforts déployés par les médias locaux.
Dans une lettre de félicitations et de remerciements adressée à Bandiougou Danté, président de la Maison de la Presse, le ministre Alhamdou Ag Ilyène a déclaré que dans cette période où les attaques numériques, les manipulations médiatiques, les campagnes de désinformation et les narratifs hostiles cherchent à fragiliser nos institutions, à semer le doute dans l’esprit des populations et à affaiblir la cohésion nationale, la Maison de la presse s’est affirmée comme un rempart essentiel, une vigie lucide et un acteur stratégique au service de la vérité.
«Permettez-moi d’exprimer toute ma reconnaissance à l’ensemble des journalistes, techniciens, animateurs, responsables de rédactions et professionnels des médias qui œuvrent, souvent dans la discrétion, parfois au péril de leur sécurité, pour que la vérité éclaire chaque foyer malien», a ajouté le ministre Alhamdou Ag Ilyène.
Alassane Cissouma
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