La logistique, pierre angulaire de toute
stratégie militaire, joue un rôle déterminant dans le rapport des forces des
conflits. Elle est essentielle pour soutenir les opérations sur le terrain, la
gestion des ressources, le transport, la fourniture de matériels et la
maintenance des équipements. Le cas du Mali illustre bien ce constat avec le
simulacre de l’opération Serval qui, avec un seul avion, a permis de stopper
l’avancée des djihadistes.
À se référer aux différentes rébellions au Mali depuis les années 1962
jusqu’aux récentes rebellions, dans le rapport de force évolutive, la
logistique a été le facteur qui a beaucoup contribué soit à contenir, soit à
encourager la résistance et l’organisation des groupes armés.
La
maîtrise de la logistique s’impose comme un facteur de résistance qui distingue
les rébellions les plus résilientes de celles qui ne disposent plus de
l’autonomie nécessaire pour s’engager dans une guerre contre un État.
Historiquement, il n’y a pas de rébellion sans logistique et nullement pas de
résistance. Les pays du Sahel continuent d’être le théâtre de ce conflit actuel
importé et sponsorisé. De ce fait, posons-nous cette question : où est-ce les
terroristes trouvent leur logistique de guerre ? Au début de leurs activités,
les groupes extrémistes ont fait passer toute la contrebande (armes et
logistique) par la Libye et d’autres sources vers le Sahel. Chose qui a
intensifié et implanté la violence.
Cela a beaucoup contribué à explorer les motos comme principal moyen de
déplacement, car elles sont moins chères, moins énergivores, faciles d’entretien
et localement disponibles sur le marché.
En somme, pour espérer en découdre avec ces terroristes, il faut régler
cette équation combien difficile mais facile.
Ce sont ces motos de grosses cylindrées pullulant partout, à savoir le
cœur de leur logistique, qui doivent forcément être interdites d’importation,
de vente et de circulation au même titre que les armes sur l’ensemble des pays
du Sahel. Ces motos rendent complexes cette guerre contre le terrorisme,
surtout qu’elles sont difficiles de repérage et de destruction de par leur
système de camouflage comparé à une BJ.
Il faut
rappeler qu’avant l’avènement des motos, la BJ était la seule logistique, des
rébellions précédentes, très chère et très onéreuse, difficile de réparation et
d’entretien, difficile de dissimulation, ayant précédé celle de la logistique
du terrorisme qui symbolise tout le contraire des BJ. Et même le prix d’une BJ
permet de couvrir plus d’une cinquantaine de motos de grosses cylindrées pour
autant de terroristes. Connaissant le Sahel, parce qu’ayant été un haut cadre
des organisations internationales, je tiens à dire que les terroristes ne
tiendront pas dans cette guerre face à nos armées sans moyens logistiques et de
surcroît sans cette catégorie de motos.
Le vrai paradoxe dans le cas des pays du Sahel, est que cette logistique est
indirectement soutenue, à leur corps défendant,
par nos opérateurs qui importent, dédouanent, vendent et livrent ces
motos sur le marché à la portée de tous. Ces motos deviennent visiblement la principale
logistique des terroristes qui se les approprient par des réseaux criminels qui
passent entre les mailles des filtres de contrôle. Ces motos qui absorbent le
chômage dans les pays fabricants et exportées vers les pays du Sahel pour tuer
sont devenues de véritables armes de destruction massive pour nos pays et
renforcent la logistique des groupes terroristes.
309.221
MOTOS IMPORTÉES- Pour déterminer l’ampleur de ce commerce criminel et les
itinéraires qu’elles empruntent pour arriver jusqu’au Sahel, les données de
réexportation sont plus révélatrices (Selon.Global initiative). En 2021,
dernière année pour laquelle les données existent, le Mali, le Niger et le
Burkina Faso ont déclaré avoir importé 309.221 motos. Le nombre réel
d’importations est certainement beaucoup plus élevé si l’on tient compte des
données non déclarées et de l’ampleur probable du commerce illicite et de la
porosité des frontières.
Les motos transportées par conteneurs passent toujours
par les circuits officiels. Le problème est que toutes les marchandises ne sont
pas déclarées. Par exemple, sur 100 motos destinées, seulement 60% environ sont
déclarées et impliquent donc des droits de douane. Les motos à destination des
pays du Sahel passent généralement par certains pays de la CEDEAO, dans le
golfe de Guinée, sans s’être acquittées des droits de douane.
À partir de ces ports, des réseaux de contrebande sont bien mis en place. Ces réseaux peuvent être classés en deux
grandes catégories. Les trafiquants font
généralement passer clandestinement les frontières à plusieurs dizaines de
motos à la fois, entrent dans la première catégorie. Les individus ou petits
groupes d'individus qui opèrent à plus petite échelle en franchissant les
frontières à moto pour exploiter la différence de prix ou la valeur plus élevée
des motos due à leur pénurie entrent dans la deuxième catégorie. Quel qu’en
soit le circuit, l'affaire des terroristes est claire.
En plus,
il y a plusieurs possibilités de détournement depuis les chaînes
d'approvisionnement licites. On assiste à des dynamiques similaires, avec la
dissimulation notamment de grandes quantités de motos dans des camions, telles
qu’observées au Sahel, pour quelle fin ? Bien que signalé depuis 2018 dans un
de mes articles, la décision toute récente d'un pays voisin d'interdire
l'importation et de limiter les ventes par personne est salutaire mais
insuffisante, en matière de sécurité.
Il n’y a pas de demi-mesure, il faut souvent des décisions extrêmes, la paix et
la stabilité en valent un prix après plus d'une décennie de souffrance. La
première évaluation des risques au vu du degré de criticité, l’action urgente
que les autorités doivent prendre, c'est d'interdire l'importation, la vente et
la circulation de ces motos de grosses cylindrées et passer à leur destruction avec des mesures
d'accompagnement. Cette mesure d'interdiction d'importer, de vente et de
circulation au Mali et dans les pays du Sahel minimisera ou éliminera sans nul
doute les pertes économiques, logistiques et
humaines de nos forces de défense et de nos populations. Sans logistique
au Sahel aucun terroriste ne survivra longtemps.
Abdourahamane AK MAÏGA
Ancien Security officer des Nations-Unies
Rédaction Lessor
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