Le basketball malien, un « soft power » à bétonner

Au coup de sifflet final du match Mali-Nigeria, hier soir, Hamchétou Maïga a peut-être ressenti un double regret : celui d’être un coach adjoint qui perd, et celui d’avoir été la capitaine de la seule équipe malienne victorieuse de ce championnat, qui devra encore attendre pour voir sa relève.

Publié lundi 04 août 2025 à 09:55
Le basketball malien, un « soft power » à bétonner

Depuis l’épopée de Dakar en 2007, avec Hamchétou Maïga, Fatoumata Bagayoko, Aminata Sininta et les autres Djéné Diawara et Kadia Touré, le basketball féminin national a du mal à se réinstaller sur le toit de l’Afrique. Hier soir, bien que les Aigles dames aient bataillé sur le parquet du stadium ivoirien, l’obstacle nigérian était trop gros à avaler. L’espoir a été maintenu jusqu’à la moitié du dernier quart-temps, avant que les désormais sextuples championnes d’Afrique ne prennent le large en faisant valoir leur expérience. Le Mali passe à côté du trophée, comme en 2009 et 2021.


Ce beau parcours jusqu’en finale autorisait pourtant les supporters maliens à croire à une deuxième étoile, mais le basket est une discipline cruelle où les statistiques et la hiérarchie ont la dent dure. Elles ne se bousculent pas facilement. Un joueur doit être performant dans son registre, et si ce n’est pas le cas, c’est l’équipe qui en pâtit. Pendant la compétition, le Soudan du Sud a certes déjoué les pronostics en se posant comme un trouble-fête inattendu, mais dans ce sport, les surprises ont des limites. C’est ce que nos joueuses leur ont montré en demi-finale. Le Nigeria, à son tour, a prouvé aux nôtres que la hiérarchie ne se bouscule pas si facilement.


La capitaine Djéneba N’Diaye et ses coéquipières devront reprendre du poil de la bête pour arracher le trophée dans deux ans et démontrer qu’elles ont tenu la promesse de leur belle prestation en terre ivoirienne. Qu’est-ce qui manque donc au basketball malien, surtout féminin, pour toucher au graal ? Le Mali est intouchable chez les U16 avec huit trophées sur huit, et presque chez les U18 avec neuf sur onze. La question est de savoir où se situe le problème une fois que les filles arrivent en catégorie senior. Que fait le Nigeria, qui réussit moins bien que le Mali dans les catégories jeunes, pour écraser tout sur son passage au niveau senior ?


Lors de cette quatrième finale, la troisième perdue hier soir à Abidjan, la jeunesse de l’équipe malienne a sans doute tenu bon grâce à des années d’expérience dans les sélections de jeunes, ce qui lui donne fluidité et fraîcheur dans le jeu. Cependant, l’adversaire nigériane avait pour elle une expérience bien plus grande. Avec une moyenne d’âge de 31 ans (nées entre 1990 et 2005), les D’Tigresses avaient de quoi s’imposer à leurs adversaires maliennes, qui ont une moyenne d’âge de 25 ans (nées entre 1997 et 2004).


Le basketball malien s’est pourtant fait admirer au début des années 2000 avec la politique des petites catégories et les compétitions zonales qui ont fait émerger des talents et accru la compétitivité. L’absence d’un véritable projet de consolidation des acquis de la formation des jeunes reste visiblement le talon d’Achille, ce qui peut expliquer la fracture entre les jeunes sélections et la phase de maturation en senior.


Le manque de moyens pour accompagner les préparations des phases finales — à travers des tournois internationaux, des matchs et des camps de préparation — est un facteur handicapant, malgré toutes les bonnes intentions des différents bureaux fédéraux et du département des Sports. Il faudra que ces deux entités s’accordent sur un projet concret qui allie un suivi rigoureux des carrières, la formation des encadreurs et la préparation des phases finales, le tout enveloppé d’une politique de cohésion entre les institutions, les joueurs et leurs encadrements.


À Abidjan, avec une médaille d’argent et la prometteuse Sika Koné dans le Top 5 final, le Mali a pris rendez-vous pour conquérir le trophée dans deux ans. Il faudra pour cela faire mieux que les Nigérianes et leur projet qui a fait ses preuves lors de cinq éditions victorieuses d’affilée, tout en gardant un œil sur le Sénégal blessé, qui pourrait revenir avec force, et sur le Soudan du Sud, dont la stratégie axée sur sa diaspora fait des étincelles aussi bien chez les hommes que chez les dames.


Le basketball maintient son rang de grand ambassadeur du Mali dans les petites catégories, chez les dames seniors et de plus en plus chez les hommes, au niveau des sélections comme des clubs. C’est bien notre meilleur « soft power », cette puissance fine et douce par laquelle les nations se font remarquer. Et pour ce soft power malien, il faut davantage d’investissement et de stratégies globales affinées. Les promesses des catégories jeunes doivent être transformées en fruits mûrs à cueillir. La sélection féminine et ses joueuses nous l’ont démontré à l’Afrobasket 2025 : les ressources humaines sont là, avec tout leur génie, pour continuer à faire briller le Mali.

Alassane Souleymane

Lire aussi : Foot et Business: Plus d’autographe pour Lamine Yamal

Le prodige catalan arrête de signer ses maillots. Il envisagerait de vendre ses autographes..

Lire aussi : Tournoi qualificatif U17 UFOA-A : Sénégal-Mali, rebelotte !

La finale de la 5è édition du tournoi qualificatif U17 de la Zone A de l’Union des fédérations ouest-africaines (UFOA-A), qui mettra aux prises le Sénégal et le Mali ce samedi au stade Mamadou Konaté (19h), sera un remake de celle de 2024, remportée 5-4 aux tirs au but par la sélection sÃ.

Lire aussi : Compétitions africaines de clubs : Le Stade malien défie le FC Nouadhibou, le Djoliba se frotte à l’USFA

Les matches aller du 2è tour préliminaire des compétitions africaines des clubs se disputent ce week-end. Cette phase marquera un nouveau tournant pour les clubs engagés dans la quête d’une place en phase de groupes. En Ligue des champions d’Afrique, le Stade malien de Bamako défie le FC N.

Lire aussi : Basketball Africa League : Le CRBT entre en lice aujourd’hui

Le coup d'envoi du tournoi qualificatif de la Zone ouest de la poule A de la Basketball Africa League (BAL), sera donné aujourd'hui dans la salle Abdallah Mahamane Haïdara du stade du 26Mars de Yirimadio..

Lire aussi : CAN, Maroc 2025 : L’AJSM annonce un soutien précieux pour la presse sportive

La 13è édition de la Nuit AJSM, la 5è édition de la Coupe AJSM interservices et la CAN, Maroc 2025, voilà les trois activités phares qui attendent l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM) en cette fin d’année 2025..

Lire aussi : L'UNASAM dénonce les collectes de fonds frauduleuses au nom des supporters

Le vice-président de l’UNASAM, Cheickna Demba Dans un communiqué datée u 15 octobre dont copie a été déposée à notre Rédaction, l'Union nationale des associations de supporters des Aigles du Mali (UNASAM), alerte l'opinion publique et les partenaires du sport malien sur des pratiques qu'e.

Les articles de l'auteur

Crise du carburant au Mali : Quand le temps confirme les prémonitions du président Assimi Goïta à Moscou

Dans le cadre de sa visite officielle en Fédération de Russie, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, a rencontré le mardi 24 juin 2025, à Moscou, les membres de la communauté malienne résidant en Russie..

Par Alassane Souleymane


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:54

À l’heure du Mali : Pour la souveraineté minière, la SOREM frappe fort

Le 8 octobre, alors que nos compatriotes se relevaient de quelques jours de pénurie de carburant dans la capitale et dans d’autres régions du pays, l’histoire économique du Mali écrivait une bien belle page dans l’élan de souveraineté amorcé par les plus hautes autorités..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:47

Perspectives sahéliennes : L’albinos noir vivement attendu

-.

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 07 octobre 2025 à 09:22

Perspectives sahéliennes : Les agropoles de la souveraineté alimentaire

De la deuxième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine à Maputo (Mozambique), en juillet 2003, l’on retient l’engagement des États membres à consacrer annuellement 10 % des dépenses publiques à l’agriculture. Vingt-deux ans plus tard, seuls quelques pays, comme le Mali, ont franchi le pas. La Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique a marqué le lancement officiel du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA)..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 30 septembre 2025 à 09:38

À l’heure du Mali : L’AES à la tribune de l’ONU, entre flèches sifflantes et sagesses sahéliennes

Il semble bien lointain, ce temps où les chefs d’État du monde entier se succédaient à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), souvent avec un écho sourd tombant dans les oreilles des peuples qu’ils étaient censés représenter..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:24

À l’heure du Mali : Un «22», d’exceptionnel à inédit

Un maître de cérémonie commentant une séquence forte lors de la partie militaire du grandiose défilé du 22 septembre 2025, a poussé l’humour jusqu’à se faire le porte-parole des spectateurs massés sur le boulevard de l’Indépendance : «Dites à nos familles que nous sommes bien partis pour passer la nuit ici»..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 23 septembre 2025 à 08:00

Spécial 22 septembre 2025, Edito : Dans la peau du «MALIDEN KURA»

La rédaction de votre quotidien national et le service marketing de l’AMAP, comme il est d’usage, sont allés dans plusieurs directions pour ratisser large, afin de produire ce numéro spécial du 22 septembre et célébrer ensemble le Mali. C’est une tradition bien ancrée à l’AMAP, autant dans la production que dans la lecture..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 19 septembre 2025 à 18:27

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner