Exportation de la gomme arabique : Une activité plombée par la COVID-19

La gomme arabique intervient dans la fabrication des boissons, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques

Publié jeudi 27 janvier 2022 à 07:07
Exportation de la gomme arabique : Une activité plombée par la COVID-19

Ce produit d’exportation par excellence est peu consommé et pas transformé au Mali. Les acteurs de l’Interprofession souhaitent changer la donne afin de bénéficier de tous les avantages financiers de l’exploitation de la plante

 

Filière en pleine expansion au Mali, la gomme arabique est une résine naturelle et végétale issue de l’acacia (arbre à branche épineuse et à fleurs en grappe de l’Afrique subsaharienne). Produit à multiples usages, cette résine est très prisée par les secteurs de l’agroalimentaire et de l’industrie pharmaceutique. Elle est incorporée dans la fabrication des glaces, boissons, pesticides, etc.

Dans notre pays, la gomme arabique est produite dans les Régions de Kayes, Sikasso, Koulikoro, Ségou et Tombouctou à travers cinq principaux bassins de production. Celui de Kayes est le plus développé. Malgré ce potentiel de production, notre pays ne dispose d’aucune unité de transformation. à cet effet, la totalité de la gomme produite au Mali est exportée vers les pays à grande capacité de transformation industrielle, notamment la Chine, la France, les États-Unis d’Amérique, le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, l’Inde, etc.

Fort de ce constat, le gouvernement a mis en place le Projet de renforcement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique au Mali, à travers l’Unité de mise en œuvre du cadre intégré (Umoci). L’objectif de ce projet est de contribuer à l’amélioration des revenus des acteurs directs de la filière, notamment les producteurs, les collecteurs et les exportateurs afin de réduire la pauvreté. Ces dernières années, le taux d’exportation du produit a fortement baissé à cause de la pandémie de coronavirus qui impacte le commerce international de façon générale.

 Makanba Keïta est le chargé du suivi-évaluation du Projet de renforcement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique au Mali. Il explique qu’en 2020, le volume d’exportation de cette résine se chiffrait à 11.869,89 tonnes avec une valeur marchande évaluée à plus de 8,547 milliards de Fcfa contre 9.436 tonnes en 2019, dont la valeur marchande était estimée à plus de 5,800 milliards de Fcfa. Cette année, la pandémie de coronavirus a beaucoup impacté les activités. Actuellement, les chiffres des exportations sont revus à la baisse contrairement aux années précédentes.

Les foires internationales n’ont plus lieu à cause de la maladie. Le président de l’Interprofession de la filière gomme arabique du Mali, Cheick Oumar Guèye, soutient que la crise sanitaire a occasionné la chute drastique des activités industrielles. Cela a négativement impacté la production et la commercialisation locale de la gomme arabique. L’Interprofession qu’il préside défend les intérêts des acteurs de la filière au Mali. Il affirme à cet effet que la gomme arabique est un produit d’exportation par excellence peu consommé et pas transformé au Mali. La totalité de la production est exportée.

À cause de son usage multiforme (la gomme arabique est un additif alimentaire qui sert à la fabrication des boissons, des produits cosmétiques, la peinture, la texture, la pharmacie), elle doit subir un traitement particulier au préalable. «Malheureusement au Mali, nous ne disposons pas d’unités de transformation industrielle, déplore le président de l’Interprofession.

Par ailleurs, la consommation locale de la gomme n’est pas traditionnellement un gros marché. Cependant, elle entre dans certaines activités économiques qui occupent en général les femmes. Par exemple, Fatoumata Keita, une ménagère établie à Kalaban coura, nous explique qu’elle utilise ce produit sur ses vêtements en basin ou wax pour les rendre plus brillants.


Mais actuellement, poursuit-elle, avec la gomme fabriquée à base de manioc en poudre blanche, peu d’entre elles utilisent la gomme arabique. «J’ai utilisé deux à trois fois la gomme arabique pour imbiber mes tissus wax. Mais actuellement, j’ai arrêté de l’utiliser au profit de la gomme industrielle en poudre blanche, car son utilisation est compliquée», relate-t-elle.

Installé en face de l’Institut national des arts (INA) de Bamako, Youssouf Sanogo, vendeur d’encens et de gomme arabique au Grand marché, se plaint de la morosité du marché. Il y a deux qualités de gomme arabique sur le marché à savoir la couleur blanche et la rouge. «Pour le moment, nous disposons de la rouge dont la qualité est moins prisée par les clients car, nous n’arrivons plus à avoir la blanche», explique-t-il. Cette dernière est généralement exportée dans les pays occidentaux. Sur un ton très désespéré, notre marchand exprime son désarroi face à la situation.

Autrefois, les gens venaient acheter en grande quantité nos produits et je faisais de très bons chiffres d’affaires, se souvient Youssouf Sanogo. Mais, aujourd’hui, le prix du kilogramme de la gomme a chuté. Il oscille entre 250 et 300 Fcfa pour les clients particuliers et les acheteurs en gros.

Un peu plus loin, Drissa Traoré alias Badri est assis sur un banc. Il écrase en petits morceaux de grosses boules de gomme arabique avant de les remettre dans un sac de 50 kg. Comme Youssouf Sanogo, la rareté de la clientèle l’inquiète. Il se plaint également de la rareté du produit sur le marché. Selon lui, cette difficulté dans l’approvisionnement du marché est dûe à la coupe abusive et anarchique du bois qui touche les plantations sauvages d’acacia.

Au-delà des difficultés liées à la pandémie, le président de l’Interprofession, souligne la difficulté d’accès aux financements pour favoriser la filière et renforcer les capacités des sociétés coopératives mises en place au niveau de la production, de la collecte et des exportateurs pour faciliter les transactions commerciales entre les différents maillons de la chaîne.

Pour lui, il s’agit de mieux organiser la filière pour avoir des financements et avoir des bailleurs de fonds qui veulent investir dans le secteur. S’agissant des défis de la transformation de la gomme, Cheick Oumar Guèye indique qu’à ce niveau, sa filière est confrontée à un grand défi de valorisation.

«Avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, nous sommes en train de voir comment mettre en place des unités de traitement afin d’aller à la transformation pour faire de la valeur ajoutée», explique-t-il. Dans les zones de production, il y a un déficit de plantation qui a été inscrit dans le programme d’appui à la filière de l’Umoci.  C’est pourquoi, il est urgent pour la survie du secteur, de procéder à la plantation dans les zones de production.

Au nom des acteurs de la filière, Cheick Oumar Gueye demande un accompagnement structurel de l’État afin de développer un secteur qui contribue de façon conséquente à l’économie nationale.

Makan SISSOKO

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