Environnement : Des espèces végétales qu’il faut protéger à tout prix

Parmi celles-ci, il y a le karité, le néré, le balanza, le zaban et le baobab

Publié jeudi 23 février 2023 à 07:48
Environnement : Des espèces végétales  qu’il faut protéger à tout prix

Les formations ligneuses qui occupaient environ 32 millions d’hectares en 1985, ne couvrent plus que 17,4 millions d’hectares

 

Pays sahélien, le Mali possède des forêts assez denses. Mais, de plus en plus, notre écosystème perd de sa superbe du fait des pressions anthropiques. Plusieurs espèces  forestières ligneuses sont en effet menacées de disparition, comme le vitellaria paradoxa (karité), le parkia bigglobosa (néré), l’acacia albida (balanzan), zaban et le baobab. Services publics et particuliers, en l’occurrence ceux vivant des ressources végétales, conjuguent les efforts pour limiter les dégâts.

À Kalaban coura, Karim Traoré produit des arbres et des fleurs au bord de la route menant à l’Aéroport international président Modibo Kéita-Senou. Samedi dernier, vers 16 heures, nous avons rencontré l’arboriste. Il venait de finir l’arrosage de ses plantes. Karim a du penchant pour les espèces sauvages, singulièrement celles menacées de disparition dont le karité, le néré, le tamarin, le zaban et le baobab. «Nous produisons plusieurs types de plantations sauvages. On cherche dans la forêt, les bonnes qualités de noix ou de graine pour ensuite les faire pousser dans des pots remplis de banco avec de l’engrais organique. Nous pratiquons également le système de greffage des arbres», explique-t-il.

Le métier est pénible et moins lucratif. Mais notre arboriculteur, qui évolue dans le domaine depuis 1985, est porté par son désir de contribuer à la restauration de la nature. Il a pris conscience des enjeux liés à la déforestation à travers les multiples conseils des agents des eaux et forêts. Et depuis, Karim Traoré «fait de son mieux dans l’entretien des plantations avec ses maigres moyens». Une façon pour lui d’accomplir un devoir civique, celui de protéger les arbres. Son courage lui vaut aujourd’hui l’estime des services des eaux et forêts. «En cas d’insuffisance de la quantité d’arbres dont ils disposent pour les campagnes de plantation, ils viennent très souvent chercher avec les producteurs des arbres sauvages», révèle Karim Traoré.

Ainsi, les arboriculteurs contribuent-ils à la sauvegarde de la faune sauvage. à  ce titre, plaide Ba Fanta, « ils doivent être encouragés, soutenus». Au marché de Kalaban coro, cette septuagénaire est l’une des nombreuses vendeuses de plantes ayant des propriétés bénéfiques pour la santé. Il y a quelques années, elle n’avait pas besoin de faire des kilomètres pour s’approvisionner en feuilles de zaban et de karité.

Elle en trouvait en quantité dans les villages environnants comme à kabala et Kouralé. Le karité était disséminé entre les zones cultivées. « Mais l’urbanisation a carrément changé la donne », déplore Ba Fanta. Alors que ces arbres ont plusieurs vertus. Elle souligne que le beurre du karité entre dans la composition des pommades traditionnelles destinées à soigner de multiples maux.

 

500.000 HECTARES PAR AN-Le karité est constamment agressé par l’homme alors que sa reproduction est très lente. Jadis, notre pays disposait du plus important parc de karité de l’Afrique occidentale. Cette richesse naturelle qui fournit  condiments et argent liquide aux femmes rurales, est fortement menacée par des pratiques néfastes de l’homme. Tout comme le néré dont les amendes sont transformées en «soumbala». Il constitue une importante source de revenus pour les  populations. D’où l’intérêt de sensibiliser sur la problématique, selon Adama Sylla qui apprécie les journées dédiées à la protection des forêts.


Selon l’écologiste, les «arbres, de façon globale, sont extrêmement importants pour l’existence». Dans certaines localités du pays, les populations, ayant compris les enjeux, se sont organisées pour protéger ces espèces et, plus généralement, la flore. Cependant, en plusieurs endroits de notre pays, la situation globale préoccupe les forestiers.

Selon Ali Poudiougo, point focal national biodiversité à la direction nationale des eaux et forêts, les formations ligneuses ne couvrent plus que 17,4 millions d’hectares alors qu’elles occupaient environ 32 millions d’hectares en 1985. En cause: la surexploitation des forêts à des fins énergétiques, l’expansion agricole, l’activité minière et les feux de brousse, le changement climatique. Les pressions anthropiques sur les ressources forestières entrainent une perte de forêts estimée entre 100.000 et 500.000 hectares par an.

«Le caractère saisonnier des revenus en milieu rural est crucial pour l’évolution des forêts. Lorsque la campagne agricole échoue, le commerce de bois et de charbon devient pour les populations rurales la source facile de revenus. à côté des marchés ruraux de bois officiellement créés, prolifèrent des circuits informels de commerce de bois et de charbon, signes de la surexploitation des formations forestières», fait-il savoir.

Selon les Nations unies, des milliards de personnes, dans les pays développés et en développement, bénéficient quotidiennement de l’utilisation des espèces sauvages pour l’alimentation, l’énergie, les matériaux, la médecine et de nombreuses autres contributions vitales au bien-être humain. L’accélération de la crise mondiale de la biodiversité, avec un million d’espèces de plantes et d’animaux menacées d’extinction, menace ces contributions aux populations.

À ce titre, la Journée mondiale de la vie sauvage, célébrée le 3 mars, est l’occasion de mettre la lumière sur les nombreuses formes magnifiques et variées de la faune et de la flore sauvages. Mais aussi de sensibiliser à la multitude d’avantages que leur conservation procure aux populations. «Des partenariats pour la conservation des espèces sauvages», est le thème retenu cette année.

 

Makan SISSOKO

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