
À Baguineda, il est prévu d’équiper les 10.000 exploitants agricoles de la
Entre ambitions nationales, témoignages locaux et défis à relever, nous explorons comment cette technologie peut redessiner notre avenir énergétique et agricole. Dans un Mali où 80% de l’énergie consommée provient du bois, la déforestation progresse à un rythme alarmant, menaçant les écosystèmes et accentuant la précarité des ménages ruraux. Face à ce défi, la biodigestion se présente comme une solution prometteuse, transformant les déchets organiques en biogaz pour la cuisson et en engrais pour les champs.
À Baguineda, une zone agricole stratégique irriguée par le fleuve Niger, l’Anerb a organisé, le jeudi 24 juillet, une séance de sensibilisation pour promouvoir cette technologie auprès des acteurs ruraux. Ainsi, à travers des projets concrets et des témoignages de terrain, la biodigestion s’impose comme un levier pour une transition énergétique et agricole durable. Mais comment cette initiative prend-elle forme, et quelles sont ses perspectives ? Pour comprendre l’ampleur de cette révolution verte, il faut d’abord se pencher sur le rôle de l’Anerb. Comme l’explique Yacouba Yassa Diarra, son directeur général, «l’Anerb est un établissement public dédié à la promotion des énergies renouvelables et des bioénergies, avec des missions allant de la recherche appliquée à la sensibilisation des populations». Cette Agence joue un rôle de coordination en mettant en réseau les acteurs du secteur, ONG, institutions et communautés locales pour maximiser l’impact des initiatives. Elle assure également le contrôle qualité des infrastructures, comme les biodigesteurs.
En outre, l’Anerb mobilise des fonds propres à travers des formations et des prestations techniques, renforçant ainsi sa capacité à financer des projets pilotes. Elle s’appuie sur trois filières stratégiques pour réduire la dépendance au bois, responsable de la déforestation massive au Mali. Premièrement, la filière biogaz, au cœur de sa stratégie, utilise les biodigesteurs pour transformer les déjections animales en énergie propre et en digestats, des engrais organiques. Deuxièmement, la filière des biocombustibles solides valorise les résidus agricoles, comme les tiges de coton ou les coques d’arachide, en briquettes combustibles. Troisièmement, les cuiseurs solaires exploitent l’ensoleillement abondant du Mali pour cuisiner sans bois. Ces initiatives, combinées à des campagnes de sensibilisation, posent les bases d’une économie verte.
DES RÉALISATIONS TANGIBLES- Les projets portés par l’Anerb témoignent de son impact. Par exemple, le Projet d’Accroissement de la productivité agricole au Mali (Asap-Papam) a permis l’installation de plus de 500 biodigesteurs dans les Régions de Kita et Bougouni. Le projet Multi-énergies pour la résilience et la gestion intégrée des terroirs (Merit), lancé en 2022, a étendu cette technologie à cinq régions, dont Koulikoro, Bougouni, Kita, Koutiala et Ségou. Récemment, le programme African biodigester component (ABC), soutenu par la Coopération néerlandaise, a adopté une approche basée sur le marché, encourageant les ménages à financer eux-mêmes leurs biodigesteurs. «En 2024, environ 10.000 biodigesteurs ont été installés à travers le pays», précise Yacouba Yassa Diarra, soulignant l’effet mesurable sur la réduction de la déforestation et l’amélioration des rendements agricoles.
Par ailleurs, l’Anerb a formé des centaines de maçons et d’artisans pour construire et entretenir ces équipements, garantissant leur durabilité. À Ségou, par exemple, des artisans locaux assurent désormais un service après-vente, renforçant l’autonomie des communautés. Ces avancées ne se limitent pas seulement à la technique : des campagnes de sensibilisation, incluant des démonstrations et des spots radio, ont convaincu des milliers de Maliens des avantages des bioénergies. Dans la zone irriguée de Baguineda, où l’agriculture intensive épuise les sols, les biodigesteurs répondent à des besoins cruciaux. Adama Daou, directeur général adjoint de l’Office du périmètre irrigué de Baguineda (Opib) explique : «Les biodigesteurs produisent du biogaz pour la cuisson et des digestats pour fertiliser les sols, réduisant la dépendance au bois et aux engrais chimiques.»
Cette technologie est particulièrement pertinente dans une région où les agriculteurs luttent pour maintenir la fertilité des terres. «Les parcelles fertilisées avec des digestats surpassent celles utilisant des engrais chimiques pour des cultures comme le riz et le maïs», ajoute-t-il.
Le témoignage d’Hamadi Diallo, un éleveur de Baguineda, illustre ces bénéfices. «Depuis que j’ai installé un biodigesteur, il y a moins d’un an, je cuisine avec du biogaz et utilise les digestats comme engrais. Cela a réduit ma consommation de bois et amélioré mes champs», confie-t-il. Grâce à un modèle de financement innovant, où il a payé son biodigesteur en échange d’engrais produit, il a surmonté le coût initial élevé. Cependant, il souligne un frein majeur : «Beaucoup pensent que les biodigesteurs sont chers, et ils ont raison. Il faut réduire les coûts pour que plus de personnes en profitent», conclut-il.
De même, Mme Coulibaly Kadiatou Koné, une exploitante agricole présente à la séance de sensibilisation, se montre enthousiaste : «J’ai appris que les biodigesteurs permettent d’économiser sur le bois et de produire de l’électricité pour l’éclairage. Je n’en ai pas encore, mais je veux m’en procurer si mes moyens me le permettent.» Ces témoignages montrent un engouement croissant, mais aussi des défis persistants.
DÉFIS- Malgré les progrès, plusieurs obstacles freinent la généralisation des biodigesteurs. Tout d’abord, le coût initial, estimé entre 400.000 et 600.000 Fcfa, reste prohibitif pour de nombreux ménages ruraux. «Nous collaborons avec des entreprises pour proposer des paiements échelonnés, comme à Baguineda, où des plans sur 12 à 18 mois ont permis à des centaines de familles d’accéder à la technologie», note Yacouba Yassa Diarra. Ensuite, des barrières socioculturelles persistent, notamment autour de l’utilisation des déjections humaines pour le biogaz. «Nos campagnes, avec des témoignages de bénéficiaires, changent les mentalités, comme à Koulikoro», ajoute-t-il.
En outre, les défis techniques, comme la maintenance dans les zones reculées, compliquent le déploiement. «Un biodigesteur défectueux à Tominian, dans la Région de San, peut nécessiter un technicien de Bamako, ce qui est coûteux», explique Diarra. Pour y remédier, l’Anerb forme des artisans locaux, mais l’offre reste limitée. Enfin, l’accès aux matières premières, bien qu’abondantes au Mali, pose des problèmes logistiques dans certaines régions. Ces obstacles, bien que significatifs, n’entament pas l’optimisme des acteurs.
L’Anerb ambitionne d’installer 50.000 biodigesteurs d’ici 2026, avec un potentiel national de 7 millions d’unités. Pour y parvenir, Yacouba Yassa Diarra s’inspire de modèles internationaux, notamment le Burkina Faso, où des subventions couvrant jusqu’à 70% des coûts ont permis une adoption massive. «Nous planifions une visite à Ouagadougou pour adopter leur approche», précise-t-il. L’adhésion à l’Alliance pour la biodigestion en Afrique de l’Ouest et du Centre (Abaoc) facilite ces échanges, avec des leçons tirées du Rwanda et du Sénégal.
À Baguineda, Adama Daou ambitionne d’équiper les 10.000 exploitants agricoles de la zone, en faisant un modèle pour des régions comme Sikasso et Ségou. «Les biodigesteurs sont un renouveau pour le monde rural, répondant aux défis de la sécurité alimentaire et de l’énergie propre», insiste-t-il. Pour accélérer cette transition, il appelle à des subventions gouvernementales et à un soutien renforcé des partenaires internationaux, comme dans le cadre du programme ABC.
En somme, la biodigestion, portée par l’Anerb et des acteurs comme l’Opib, transforme le paysage énergétique et agricole du Mali. À travers des projets comme Merit et ABC, et des initiatives locales à Baguineda, les biodigesteurs réduisent la déforestation, améliorent la santé des ménages et dopent les rendements agricoles.
Les témoignages d’Hamadi Diallo et de Mme Coulibaly Kadiatou Koné illustrent l’enthousiasme des communautés, malgré des défis financiers et logistiques. Comme le souligne Yacouba Yassa Diarra, «avec un soutien collectif, le Mali peut devenir un leader régional des bioénergies, contribuant à 9 des 17 Objectifs de développement durable». Ainsi, la biodigestion n’est pas seulement une technologie : elle est une promesse d’un Mali plus vert, plus résilient et plus prospère.
Rédaction Lessor
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