
Comment l’Afrique est-elle devenue un «déversoir de produits», un
«receveur universel» et un «carrefour alimentaire» – pour emprunter des
formules malheureuses – à tout consommer et à peu produire, à acheter de la
camelote, des friperies de l’Europe aux pacotilles de l’Asie, en passant par
les vieilleries de toutes sortes, celles que les autres rejettent quand ils
n’en ont plus envie, allant des véhicules âgés aux congélateurs usagés, en
passant par les chaussures abîmées, la vaisselle décatie, les jouets d’enfant
élimés, les serviettes usées, les vieux matelas d’hôpitaux souillés, les draps
flétris, les soutiens-gorges défraîchis, et même les caleçons et pyjamas
avachis ?
Comment peut-on continuer en Afrique à bomber le torse, la sueur sur le
front et «les yeux dans les yeux» (pour reprendre une expression malmenée et
laminée dans le landerneau politique français) lorsque la majorité de leurs
programmes socio-économiques sont financés par l’extérieur avec l’entregent
manifeste du FMI ? À la suite de cette dépendance économique, quelle
indépendance politique lorsqu’une bonne partie du budget de nos élections est à
la charge des «partenaires» techniques et financiers ? Et comment peut-on après
s’insurger contre l’ingérence extérieure ?
En un mot comme en mille, comment les Africains sont-ils devenus des
mendiants sur leurs propres terres et à être soumis à l’ordalie, cette forme de
supplice médiéval qui reposait sur le postulat que l’innocence ou la
culpabilité de l’accusé était basée sur sa capacité à surmonter une épreuve
mortelle ?
Chers dirigeants africains, la main qui donne est toujours au-dessus de
celle qui reçoit. Cet aphorisme ne relève pas seulement de la morale ou du
domaine religieux. C’est une constante des réalités géopolitiques et
géostratégiques. Le monde s’est toujours révélé une affaire de rapport de
forces. Comme dans la jungle, chacun dîne d’un plus petit que soi. Ceux qui,
par chance ou par malchance, ne finissent pas leur course dans la panse des
prédateurs sont secourus par l’ambulance des aumôniers internationaux. Juste de
quoi leur remettre sur pied en attendant la prochaine chasse. «Dès lors, les
dirigeants africains devraient comprendre que ni la Banque mondiale ni le FMI
ne les aideront à se développer. Leur rôle est de les garder dans l’orbite
occidentale», estime l’économiste Demba Moussa Dembélé.
Tous, même les diplomates au langage plus doucereux que sulfureux
s’accordent à dire que les États n’ont pas d’amis mais des intérêts à conquérir
et à défendre. Et tous les moyens sont mis en œuvre pour y parvenir. Les
«généreux» donateurs ont toujours dans leur «boîte à outils» de quoi serrer un
peu plus la vis. D’ailleurs, dans un document présumé être la « Charte de
l’impérialisme», circulant à profusion sur le Net, il est indiqué : «Notre aide
doit être accompagnée des recommandations fortes de nature à empêcher et briser
toute action de développement des pays du tiers-monde.»
Assis sur des réserves immenses de minerais, les pieds dans l’eau, avec
«une bouche qui dégage une haleine de pétrole» (l’expression est empruntée au
politologue Babacar Justin Ndiaye), les Africains continuent à tendre la sébile
pour obtenir l’obole. Leurs gamelles ont fait plusieurs fois le tour du monde.
Pourtant, malgré cette débauche exceptionnelle d’énergie, les Africains
continuent de vivre dans une précarité insoutenable ; leur continent tient
fermement la corde de toutes les formes possibles d’indigence. En plein XXIe
siècle, des millions d’Africains naissent et disparaissent dans une
insupportable indifférence.
Chers dirigeants africains, comme le dirait le chercheur et écrivain
Sane Chirfi Alpha, on vous fait couler des larmes de sang et vous les essuyez
avec des épines ? De grâce, faites en sorte que l’Afrique ne soit pas un champ
de patates où tout ce qui est utile se trouve sous terre. Le développement est
un concept profondément endogène. On ne peut pas le sous-traiter en le confiant
aux bons soins des « partenaires » au développement, aux institutions
internationales et aux « pays frères et amis ». Ce sera trop leur demander. Et
même si c’est le cas, ils ne le feront pas. Ce n’est pas parce qu’ils aiment le
foie gras qu’ils doivent forcément s’intéresser à la vie du canard.
Les
relations économiques internationales sont comparables à un jeu à somme nulle.
Dans ce contexte de compétition mondiale, chaque État veille, légitimement et
jalousement, sur ses intérêts. Et tout y passe pour les préserver. Cela est
d’autant plus logique que dans la nature, rarement un dominant a hissé à sa
stature un dominé pour l’affranchir de sa domination. L’écrivain gallois Ken
Follett le dit autrement : « Dans le monde où nous vivons, il n’y a pas de
pitié. Les canards avalent les vers, les renards tuent les canards, les hommes
abattent les renards et le diable poursuit les hommes.» Que les dirigeants
africains se le tiennent pour dit !
Chers dirigeants africains, le développement n’est pas une notion
abstraite. Il se vit à l’intérieur et se voit de l’extérieur, à des milliers de
kilomètres à la ronde. On n’y accède que par une vision longue et partagée,
défrichée de toute contingence politique, par organisation et méthode, par
patriotisme et civisme, par labeur et rigueur.
Aussi, il ne sert à rien pour
maintenir les programmes insanes avec le FMI, de continuer à embellir l’état de
vos économies par des indicateurs macroéconomiques supposés «solides et
performants», à l’aide des chiffres plantureux, des graphiques savoureux, des
commentaires généreux distillés par d’onéreux experts lors de pompeux sommets
et forums. La réalité locale vous opposera toujours, aussi longtemps que durera
la farce, des visages miséreux, des regards vitreux, des cadres véreux, des
rapports de contrôle sulfureux, un chômage douloureux, un système de
gouvernance fiévreux, un système de santé défectueux, un système d’éducation
scabreux, un système de sécurité poreux…
Chers dirigeants africains, vous avez maintenant compris. Tout au
moins, vous êtes prévenus. Une sagesse burkinabè nous enseigne : «Quand le
canari se casse sur votre tête, il faut en profiter pour vous laver». Il ne
faut donc pas se tromper de responsabilités : les Africains sont tenus à la construction
de leur continent et leurs partenaires ne peuvent être que conviés à appuyer
cette œuvre. Inverser les rôles, c’est renoncer tout simplement au
développement.
La forte dépendance des économies africaines vis-à-vis de
l’extérieur n’est pas sans conséquence sur le choix des politiques publiques
qui restent imprimées par la volonté des donateurs. Un ancien président
africain ne disait-il pas que «l’aide la plus utile et la plus noble est celle
qui vient de nous-mêmes».
Il faut donc que les pays africains sortent du piège de l’aide, et ce le plus rapidement possible. Ceux d’entre eux qui en sont addicts doivent en être sevrés, progressivement mais irréversiblement. Dans ce monde où rien n’est gratuit, ne dit-on pas que celui qui prête la guitare c’est celui qui impose la mélodie ? Dès lors, légitimement et raisonnablement, si les pays africains veulent jouer et écouter leur propre mélodie, pourquoi ne pas s’investir à acheter leurs propres guitares ?
Cheickna Bounajim Cissé
L’émergentier
Rédaction Lessor
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