#Mali : Multiple professions : dans la peau d’un «Slasheur»

Le «slasheur» est un terme anglais qui désigne une personne qui jongle à la fois plusieurs activités professionnelles par nécessité d’augmenter ses revenus ou par plaisir d’être constamment occupée. Nous nous sommes intéressés à certaines d’entre elles qui évoluent dans la capitale

Publié mardi 03 septembre 2024 à 18:14
#Mali : Multiple professions : dans la peau d’un «Slasheur»

Beaucoup de gens mènent plusieurs activités en même temps afin de pouvoir joindre les deux bouts 

 

Âgée de 26 ans, Fatoumata Bagayogo est monitrice pour le compte d’un jardin d’enfants à Sébénikoro et propriétaire d’un salon de coiffure et de maquillage dans le même quartier. Nous l’avons trouvée dans son salon en train de s’occuper d’une cliente. Elle raconte que depuis l’école primaire, elle s’intéressait à la coiffure. «Je coiffais de temps en temps les camarades pendant les week-ends. Pendant les vacances,  je me rendais dans les salons pour mieux apprendre ce métier. Après les études universitaires, j’ai amené mon dossier dans ce jardin qui m’a recrutée comme monitrice», explique-t-elle.

Mener autant d’activités en même temps est un plaisir pour Fatoumata Bagayogo. «Les activités se complètent. Je trouve mon équilibre en chacune d’elle et j’adore la façon dont cela rythme mon quotidien. Si je ne m’organise pas bien, il m’arrive de me sentir débordée mais généralement, mes différentes activités s’imbriquent bien», dit-elle.  Et de déclarer qu’elle a un regain d’énergie chaque fois qu’elle passe de l’une à l’autre. Après l’école, elle peut tresser et gagner jusqu’à 10.000 Fcfa par jour, confie celle qui a environ 50.000 Fcfa comme salaire mensuel de monitrice.

 Sage-femme dans un hôpital de Bamako, Lala Fatouma Haïdara enseigne aussi l’obstétrique dans une école de santé. D’après elle, l’enseignement lui permet de partager ses connaissances avec les étudiants et d’acquérir également de l’expérience. Celle qui enseigne 12 heures par semaine soutient que les deux boulots lui permettent de gagner bien sa vie. Il lui arrive souvent d’être fatiguée pendant ses heures de cours, mais elle se donne à fond pour que tous ses étudiants deviennent des meilleurs. Lala Fatouma Haïdara dit que pour exercer deux emplois ensemble, il suffit d’organiser son emploi du temps pour ne léser aucun des employeurs.

À l’origine, les polyvalents étaient les personnes précaires qui cumulaient plusieurs jobs par nécessité. À présent, la démarche consiste à refuser d’entrer dans une seule case d’un point de vue professionnel, de ne pas se limiter à une seule étiquette. Raphaél Djibril Coulibaly, transformateur en agroalimentaire, intervient également dans le domaine du montage vidéo, de l’immobilier et produit des pépinières d’arbres fruitiers. Notre interlocuteur de teint noir, classant ses pépinières dans une petite camionnette, explique que quand on a de petites entreprises, on est obligé d’être polyvalent dans plusieurs domaines pour pouvoir augmenter ses bénéfices.

Pour que les travaux se passent bien, dira Raphaél Djibril Coulibaly, il faut avoir une base de données bien détaillée et essayer de classifier les clients pour les regrouper par centre d’intérêt en essayant d’avoir une complémentarité entre ses clients. «Au début, c’est fatiguant mais avec l’expérience ça devient moins difficile. Effectuer plusieurs travaux rend heureux et aussi plus compétent. J’assume avoir des appétences variées et des compétences dans des domaines divers, sans pour autant délaisser l’une au profit de l’autre», déclaré Raphaél Djibril Coulibaly. Avant de conseiller la jeunesse d’aller vers la polyvalence. Selon lui, il faut juste croire en sa potentialité et faire plus de formation.

Père de trois enfants, Sory Ibrahim Koné est chef cuisinier dans un hôtel de la place. Il travaillait avec Barkhane comme cuisinier à Gao. Après le départ de l’opération française, il est revenu à Bamako pour se faire employer au compte de deux restaurants. Avec ce salaire qui ne valait même pas la moitié de son salaire précédent, il a décidé de déposer son dossier dans plusieurs autres restaurants et hôtels de la ville.

«C’est ainsi que j’ai été employé dans un hôtel comme chef cuisinier. Je suis chargé là-bas tous les jours de 8h à 16h sauf le dimanche, avec un mois de congé», précise-t-il. Et de dire qu’avant d’aller à l’hôtel, il fournit le menu du jour aux deux restaurants et repasse les voir à sa descente vers 16h. Au cours de la journée, il reste disponible au téléphone pour les deux restos en cas de difficultés. Il lui arrive souvent de rentrer à la maison jusqu’à 23 heures.

 

RESPECT DES CONDITIONS LÉGALES- Selon l’inspecteur du travail Cheick Oumar Diakité, il n’est pas possible pour l’employeur d’embaucher un salarié à temps partiel et lui imposer une clause d’exclusivité. Il précise qu’aucune disposition légale n’interdit l’exercice de plusieurs emplois simultanément. Cependant, cette liberté n’est pas totale, plusieurs points sont à vérifier avant de s’y lancer. Pour lui, c’est l’employeur qui est responsable du respect de la durée maximale du temps de travail. En conséquence, ajoute l’inspecteur, il est en droit de demander au salarié de justifier ses heures dans une autre société.

Son refus de communiquer le temps de travail effectué ailleurs justifie un licenciement pour faute grave, selon l’arrêt de la Cour de cassation du 19 mai 2010. Ainsi, une personne n’a pas d’obligation légale d’informer son employeur de toutes ses activités, il doit tout de même lui fournir les informations suffisantes qui permettent le respect des conditions légales.

Cheick Oumar Diakité souligne qu’il y a des gens qui effectuent des travaux à temps partiels. «L’heure de travail normal, c’est 8h. Donc, ceux qui ne font pas 8h comme les boulangers, les maîtres dans les écoles privées peuvent facilement faire d’autres travaux», signale-t-il. L’inspecteur du travail ajoute que quelqu’un qui est recruté à temps plein comme le fonctionnaire ne peut pas effectuer un autre travail sauf en dehors de son heure de travail.

Cependant, prévient Mahamane Koné, médecin du travail à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), effectuer des multitâches peut présenter des risques pour la santé du travailleur et sur sa vie de famille. Les principales conséquences peuvent inclure le stress accru, la fatigue, les troubles musculo-squelettiques, la diminution de la productivité, les erreurs et accidents et l’incapacité de se concentrer pleinement sur une tâche. Selon le spécialiste, la capacité à effectuer plusieurs métiers en même temps dépend de la santé physique et mentale, de la qualité du travail, de l’équilibre vie professionnelle et personnelle.

 Ceux qui choisissent de cumuler plusieurs fonctions sont appelés à identifier les tâches les plus importantes en les traitant en premier, prendre des pauses et communiquer clairement avec les employeurs sur les disponibilités et les limites. Ils doivent aussi suivre des formations pour améliorer les compétences en gestion du temps et en organisation. Aussi, ils ne doivent pas hésiter à demander du soutien si la situation devient trop difficile à gérer seul. Cela peut aider à maintenir un équilibre sain et à prévenir les effets négatifs du multitâche sur la santé, confie Mahamane Koné.

Fatoumata Mory SIDIBE

Lire aussi : BAMEX 2025 : Un carrefour stratégique pour la défense et la sécurité en Afrique

-.

Lire aussi : Incendie au siège de Kafo Jiginew : Les citoyens invités à ne pas stocker de carburant à domicile

-.

Lire aussi : Kafo Jiginew : Le siège entièrement consumé

Un violent incendie dévastateur s’est déclaré ce lundi 10 novembre 2025, vers 14h au siège de la Direction de Kafo Jiginew, selon les informations de l’ORTM..

Lire aussi : Mali: La reprise des cours est prévue pour le lundi 10 novembre 2025

-.

Lire aussi : «Demba Sindji» : Du lait maternel dans une plante

Cette plante est à la fois un antiparasite, antibiotique, anti-antalgique, antiamibien, anti-bronchite, anti-aphrodisiaque, anti-dysentérique et antispasmodique.

Lire aussi : Baby shower : La grossesse fêtée comme un trophée

Une cérémonie prénatale mondaine est célébrée et postée sur le Net pour honorer une future maman et l’aider à se préparer à l’arrivée de son bébé. La pratique commence à avoir pignon sur rue dans un certain milieu aisé dans notre société.

Les articles de l'auteur

«Demba Sindji» : Du lait maternel dans une plante

Cette plante est à la fois un antiparasite, antibiotique, anti-antalgique, antiamibien, anti-bronchite, anti-aphrodisiaque, anti-dysentérique et antispasmodique.

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié vendredi 07 novembre 2025 à 15:23

Mois de la solidarité : La BDM offre des vivres à la pouponnière

La Banque de développement du Mali (BDM-SA) a apporté un appui humanitaire d’une valeur de 10 millions de Fcfa au Centre d’accueil et de placement familial, communément appelé la «pouponnière»..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié mercredi 05 novembre 2025 à 09:07

Mois de la solidarité : La BDM-SA au chevet des veuves et orphelins de guerre

Dans le cadre du Mois de la Solidarité et de la lutte contre l’exclusion, la Banque de développement du Mali (BDM -SA) a procédé à une remise de don alimentaire d’une valeur de 20 millions de Fcfa au profit des veuves et orphelins des paramilitaires des Forces de défense et de sécurité..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié lundi 03 novembre 2025 à 10:59

Relance de l’Agence nationale de presse : Des propositions concrètes

Les dernières activités des Journée de relance de l’Agence nationale de presse du Mali, organisées par l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), se sont déroulées hier au CICB..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié jeudi 30 octobre 2025 à 07:41

Mairie du District : La collectivité soumet son budget à la population

La mairie du District de Bamako a tenu, vendredi dernier à son siège, un débat public sur son projet de budget primitif au titre de l’exercice 2026. La rencontre était présidée par l’agent chargé d’expédier les affaires courantes, Abdoulaye Mahamane, en présence du directeur financier adjoint, Issa Ballo..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié mardi 21 octobre 2025 à 08:26

Mois de la solidarité : Le geste de cœur de la fondation orange pour l’UMAV

Dans le cadre du Mois de la solidarité et de lutte contre l’exclusion, la Fondation Orange Mali a consacré 28 millions de Fcfa à la réhabilitation des infrastructures de l’Union malienne des aveugles (Umav)..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié mercredi 08 octobre 2025 à 12:53

Commune V du District de Bamako: Les acteurs de la commande publique en formation

La mairie de la Commune V du District de Bamako, en partenariat avec l’Unité de gestion des partenariats publics-privés (PPP), a lancé, lundi dernier, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de la commande publique sur la gestion des PPP..

Par Fatoumata Mory SIDIBE


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:15

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner