#Mali : Guerre informationnelle et communicationnelle : Aux grands maux, les grands remèdes

Le recours aux réseaux sociaux comme moyens de déstabilisation est pernicieusement utilisé par les ennemis. Mais l’État peut mettre en place des stratégies pour contrer les effets de ce qu’on appelle la guerre informationnelle et communicationnelle

Publié mardi 03 septembre 2024 à 18:08
#Mali : Guerre informationnelle et communicationnelle : Aux grands maux, les grands remèdes

Les autorités doivent utiliser davantage les médias nationaux et continuer de s’appuyer  sur d’autres canaux officiels de l’information et de la  communication


 Notre pays est la cible d’une vaste campagne de désinformation. Depuis quelques semaines, de fausses informations sont véhiculées par des individus malintentionnés par la voie des réseaux sociaux. On est en droit de s’inquiéter de la montée en puissance de la désinformation via Internet destinée à saper le moral de nos braves soldats.

Malgré cette guerre informationnelle, l’Armée malienne poursuit ses opérations de sécurisation du territoire national. Elle ne cesse d’engranger des résultats palpables qui, malheureusement, font des jaloux à tel  point que ces derniers répandent des allégations mensongères, plus encore, mènent de véritables campagnes de dénigrement.

Par exemple en juillet dernier, les Forces armées maliennes (FAMa) ont été accusées de cannibalisme. Une séquence vidéo d’un homme en treillis en train de se servir de la chair humaine est devenue virale sur les réseaux sociaux. Mais à travers un communiqué, l’état-major général des Armées se démarquera de cette image, tout en assurant que ces pratiques sont contraires à l’éthique, aux valeurs, us et coutumes de notre Armée. Nos hommes sont des forces professionnelles, respectueuses des droits de l’Homme et du Droit international humanitaire.

L’on se souvient également des images d’une prétendue victoire des séparatistes sur nos militaires qui ont tourné en boucle sur la toile. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la propagande, de l’intox et de la désinformation dont le seul but est de semer le chaos, la haine, la division et la désolation dans notre pays.

Pour le premier responsable de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa), cette guerre informationnelle est destinée à saper le moral de nos braves soldats, dont la montée en puissance en moins de trois ans est perceptible sur le terrain. Elle est toujours dirigée par certains sponsors des forces internationales qui ont échoué à ramener la paix au Mali en 10 ans de présence sur notre sol.


Le colonel-major Souleymane Dembélé, intervenant ainsi lors d’une interview sur la télévision nationale le 29 juillet dernier, révèle que notre Armée subit depuis des années la guerre informationnelle et communicationnelle. Selon lui, il ne s’agit ni plus ni moins que des tentatives de dénigrement de nos forces et de déstabilisation du pays.

 

RÉALITÉ INCONTOURNABLE- Approché, l’expert des questions de défense et de sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S) est revenu sur les récentes attaques dirigées contre l’Armée malienne dans les parties septentrionales du pays qui ont été relayées avec de fausses informations. Pour Dr Aly Tounkara, l’objectif était d’amener les populations à se révolter contre les pouvoirs publics. Selon lui, ces informations non fondées sont volontairement diffusées en vue d’intensifier les conflits locaux et de contester les autorités politiques.


Joint au téléphone par nos soins, l’enseignant-chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), Pr Abdoul Sogodogo, abonde dans le même sens.  Il indique que dans le monde contemporain, où l’information circule plus rapidement que jamais, «l’infoguerre» est devenue une réalité incontournable, notamment au Mali, où des groupes armés exploitent cette dynamique pour atteindre leurs objectifs. Dans ce contexte, l’enseignant du supérieur pense que la désinformation est employée comme un outil stratégique de déstabilisation.

L’utilisation des réseaux sociaux par les services de renseignement de l’Ukraine  affirmant leur soutien aux Groupes armés terroristes (GAT) au Mali en est une preuve. Toute chose, selon Pr Abdoul Sogodogo, qui illustre à juste titre la prééminence des médias sociaux dans la guerre de l’information. «À cet égard, il est décisif de remarquer que la propagation de fausses informations peut avoir des conséquences désastreuses sur la cohésion sociale et la sécurité nationale», prévient-il. Pour l’universitaire, la communication de guerre et le renseignement sont des armes redoutables et souvent déterminantes dans la victoire. C’est pourquoi, dira-t-il, ces questions méritent toute l’attention de nos autorités.

Pour faire face à cette marque de fabrique terroriste, l’expert en questions de défense et de sécurité pense qu’il est extrêmement important que les autorités continuent de s’appuyer sur d’autres canaux officiels de l’information et de la  communication. Mais aussi d’utiliser davantage les médias nationaux et de mettre à contribution les différents acteurs qui sont à même d’informer les populations dans toutes les langues nationales du pays. Et par ricochet, de ne pas laisser les médias étrangers s’emparer de cette situation qui est cette subtilité de proposer des acteurs nationaux à interagir tout en mettant en exergue leurs actions et faits.

«Il est important aujourd’hui que la direction de l’information de l’Armée s’appuie sur l’expertise des nationaux en vue de porter un message qui ne soit pas émaillé par des interférences de puissances non sahéliennes», conseille Dr Aly Tounkara. Pour ce faire, insiste-t-il, les plateaux, les radios et les télévisions doivent être investis par des experts nationaux. Il faut aussi donner des éléments de langage à ces experts qui vont prendre part à ces différents plateaux nationaux, voire internationaux. Une fois que cela est fait, selon l’expert au CE3S, on pourrait réduire de façon drastique les impacts négatifs de cette désinformation.  

La gestion des réseaux sociaux représente un défi majeur, en raison de la rapidité et de l’ampleur de la désinformation. Ces plateformes permettent une diffusion massive d’informations, souvent sans vérification de leur véracité. Pour le professeur à l’USJPB, il est donc primordial de promouvoir des initiatives de sensibilisation sur l’importance de la vérification des sources et d’une information responsable.

«La lutte contre la désinformation, à l’ère des réseaux sociaux, nécessite une approche de communication proactive et transparente. À cet effet, les autorités peuvent investir dans des canaux d’information fiables pour interagir directement avec les citoyens, clarifier les faits et renforcer l’engagement civique», suggère Pr Abdoul Sogodogo. Et d’ajouter qu’il est également crucial d’éduquer la population, en particulier les jeunes et les femmes, sur les dangers de la désinformation et sur les techniques utilisées pour la diffuser.

 

LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITÉ- En temps de guerre, l’utilisation incontrôlée des réseaux sociaux est un danger pour la bonne conduite des opérations militaires. En partageant des publications qui contiennent des velléités de nuisances, les internautes aident à étancher la soif de nos ennemis sans le savoir. Faisons preuve de discernement pour ne pas tomber dans les pièges de nos adversaires. Nos hommes en treillis qui demeurent sous les ordres des institutions républicaines, restent déterminés et concentrés sur leur objectif visant à éradiquer le terrorisme. Leur mission étant d’assurer la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi de stabiliser notre pays.

En effet, les auteurs d’allégations mensongères sur les réseaux sociaux risquent gros. Toute personne diffusant ou partageant de fausses informations est passible de poursuite en justice depuis la création du Pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité, le 11 novembre 2022. «Notre saisine n’est pas liée forcément à la présentation d’une plainte. Il suffit qu’il y ait une infraction à la Loi pour que nous poursuivions», expliquait le procureur du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, Dr Adama Coulibaly, lors d’une conférence de presse. Cela, pour dire qu’il y a des poursuites sans que des mesures de contrainte qu’on appelle communément les mandats de dépôt, ne soient décernées. Et le magistrat de préciser : personne n’est empêché de s’exprimer, mais seulement à condition de ne pas porter atteinte à l’honneur et à la dignité d’autrui.

Pour l’expert Ali Tounkara, le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité joue un rôle extrêmement important, mais les actions qu’il mène ne suffisent pas tant que celles-ci ne sont pas soutenues par d’autres acteurs. Au regard de l’intensité des combats, de la complexité du phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent, Dr Tounkara estime qu’il est extrêmement important d’élargir le champ d’action du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité à d’autres compétences. En occurrence à toutes les sciences sociales et humaines et aux groupes d’expertises en lien avec la géopolitique et la géostratégie. Pour l’expert au CE3S, c’est la somme de toutes ces compétences qui pourrait permettre à l’État non seulement de redorer le blason informationnel, mais aussi d’être présent constamment dans les champs de la communication.

Pour Abdoul Sogodogo, la guerre informationnelle constitue un défi majeur pour le Mali, tout en offrant une occasion de renforcer la résilience sociale et institutionnelle. «En élaborant des stratégies claires pour contrer la désinformation et en favorisant une communication efficace, le pays ait mieux préserver, son intégrité et sa cohésion dans cette phase du conflit», espère l’enseignant. Il conseille à chaque citoyen de prendre conscience de son rôle dans la lutte contre la désinformation, en s’engageant à vérifier les sources et à promouvoir un dialogue ouvert.

Souleymane SIDIBE

Lire aussi : Digitalisation de l’Administration : Six solutions innovantes présentées au Chef du gouvernement

L’Administration malienne accélère sa transformation numérique.

Lire aussi : Bourem : La troupe se prépare pour la phase régionale de la biennale Tombouctou 2025

Le samedi 13 septembre 2025, s'est tenue dans les locaux de la préfecture de Bourem, la rencontre de la commission locale chargée des participaratifs de la phase régionale de la Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025. C’était sous la présidence du préfet du Cercle, Kassoum Sanogo.

Lire aussi : Sikasso : La coordination régionale de l’union des journalistes reporters du Mali lance ses activités

La coordination régionale de l’Union des journalistes reporters du Mali (UJRM-Sikasso) a procédé, vendredi dernier dans la capitale du Kénédougou, au lancement officiel de ses activités. L’évènement a regroupé un parterre d’hommes de médias de Sikasso et des Cercles de Bougouni, Kadi.

Lire aussi : Ortm Gao : La sous-délégation du Haut commissariat aux réfugiés offre des matériels à la station régionale

La sous-délégation du Haut commissariat des réfugiés (HCR) à Gao a offert des lots de matériels à la station régionale de l’Office des radios télévisions du Mali (Ortm) de Gao. Les équipements sont constitués de 3 ordinateurs portables, autant d’ordinateurs bureautiques, des tables b.

Lire aussi : Titre Forum de l’investissement en Afrique : La 1ère édition aura lieu du 2 au 4 décembre 2025 à Bamako

Pour renforcer le commerce et les investissements entre les états membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, organisera du 2 au 4 décembre 2025 dan.

Lire aussi : Guerre informationnelle : L’ autre front de la lutte contre le terrorisme

Alors que les attaques terroristes sont de plus en plus orientées vers le Sud du pays et que les réseaux sociaux deviennent un champ de bataille pour la propagande, experts, usagers de la route et citoyens appellent à une riposte coordonnée des autorités. Entre désinformation et résilience, l.

Les articles de l'auteur

Digitalisation de l’Administration : Six solutions innovantes présentées au Chef du gouvernement

L’Administration malienne accélère sa transformation numérique.

Par Souleymane SIDIBE


Publié mardi 16 septembre 2025 à 15:55

Guerre informationnelle : L’ autre front de la lutte contre le terrorisme

Alors que les attaques terroristes sont de plus en plus orientées vers le Sud du pays et que les réseaux sociaux deviennent un champ de bataille pour la propagande, experts, usagers de la route et citoyens appellent à une riposte coordonnée des autorités. Entre désinformation et résilience, le Mali tente de prendre le dessus sur le front de la guerre informationnelle.

Par Souleymane SIDIBE


Publié mardi 16 septembre 2025 à 09:34

Préparatifs du 22 septembre : interruption momentanée du trafic sur certains axes

-.

Par Souleymane SIDIBE


Publié lundi 15 septembre 2025 à 21:54

Mamoutou Coulibaly, membre du Collectif pour la défense des militaires : « Les Maliens doivent rester vigilants et soutenir les FAMa »

-.

Par Souleymane SIDIBE


Publié lundi 15 septembre 2025 à 20:38

Kayes, Nioro du Sahel, Kidal et Ségou : Déluge de feu sur les groupes terroristes

Depuis plus d’une semaine, les Forces armées maliennes ont lancé une offensive d’envergure, au sol comme dans l’air, pour mettre hors d’état de nuire les groupes armés violents qui sèment la terreur et la désolation dans plusieurs localités du pays.

Par Souleymane SIDIBE


Publié lundi 15 septembre 2025 à 07:57

Semaine nationale de la réconciliation : La 4è édition débute ce lundi à Bamako

La capitale malienne abrite, à partir de ce lundi 15 septembre, la 4è édition de la Semaine nationale de la réconciliation (SENARE). La cérémonie de lancement se tiendra au Centre international de conférences de Bamako (CICB) autour du thème : « Héritage culturel : facteur de paix et de cohésion sociale dans l’espace AES »..

Par Souleymane SIDIBE


Publié dimanche 14 septembre 2025 à 21:35

Axe Kayes-Bamako : Les FAMa déjouent une attaque terroriste

Les Forces armées maliennes (FAMa) ont repoussé, avec succès, une attaque terroriste survenue sur l’axe Kayes-Bamako. L’incident s’est produit alors qu’elles menaient une mission de sécurisation des personnes et des biens le long de cet important corridor routier.

Par Souleymane SIDIBE


Publié dimanche 14 septembre 2025 à 21:30

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner