Au Mali, tel un effet de mode, les rencontres nationales sont organisées au pas de charge. Cette impulsion enclenchée traduit incontestablement la volonté des autorités à trouver des solutions aux multiples maux qui minent le pays depuis plusieurs années. Quelques semaines après les états généraux de la santé, tenus en décembre 2024, ceux consacrés à la culture, au tourisme et à l’artisanat, suite à la décision présidentielle visant à faire de 2025, « Année de la culture malienne», ont été organisés au mois de janvier. Ensuite, on assista à la Semaine nationale des marques du Mali, puis les états généraux des sports et ceux relatifs à la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant. Avant, d’autres rencontres toutes aussi importantes ont été tenues, s’inscrivant chacune dans une dynamique de renaissance nationale en vue de repositionner le sujet traité comme un pilier central du développement économique et social.
Cette ferveur nous offre un extraordinaire tremplin pour s’attaquer à l’épineuse question relative à la gestion des ordures dont le principal composant est l’emballage plastique à usage unique. On choisira judicieusement le thème : « Faisons de l’exploitation massive des emballages écologiques un levier majeur pour booster l’économie du Mali. » Onze ans après sa promulgation, une loi interdisant l’usage des emballages plastiques non biodégradables sur toute l’étendue du territoire nationale, n’est malheureusement toujours pas effective, offrant ainsi le désolant spectacle que nous connaissons tous.
C’était à juste raison puisque depuis des décennies, les emballages plastiques à usage unique sont entrés dans nos mœurs. Toute emplette effectuée quel que soit son volume et/ou sa nature, est emballé dans du plastique systématiquement rejeté dans la nature. Notre triste rang parmi les pays les plus sales d’Afrique nous commande d’agir au plus vite. Le plastique ne se décompose qu’au bout de plusieurs centaines d’années. La contrainte juridique ayant failli, la seule solution qui vaille réside dans l’exploitation massive des matériaux alternatifs qui existent à foison.
La croisade contre l’emballage plastique sera d’autant plus pertinente et facile à mener qu’elle donnera du bon grain à moudre à une commission interministérielle. Dans la ferveur Mali Kura et/ou AES, une innovante synergie d’actions viendra à bout du péril écologique. Maître d’ouvrage et premier acteur dans la mise en œuvre du vaste plan d’actions antiplastique, le ministère de l’Environnement de l’Assainissement et du Développement durable pilotera la campagne : « 12 mois pour adopter le sac écologique Mali Kura » du 03 juillet 2025 au 03 juillet 2026, journée mondiale sans sac plastique. La période sera ponctuée par une série d’activités éco citoyennes.
Le ministère de l’Education nationale se trouve dans une belle dynamique d’exécution de leçons modèles dans les écoles. Après le téléphone, les symboles de la République et la culture le 14 janvier dernier, le développement durable mérite de faire l’objet d’une leçon modèle dans nos établissements scolaires. On inculquera aux jeunes apprenants le geste éco-citoyen consistant à utiliser dorénavant les sacs et sachets écologiques pour l’emballage de leurs goûters. Lieu d’apprentissage par excellence d’une nouvelle pratique, les écoles seront érigées en « espace barrière au plastique ». Le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne aura de quoi consolider ses projets «La Brigade citoyenne » et « à l’école de la citoyenneté ». De la maternelle à l’université, les jeunes brigadiers de l’environnement représenteront une formidable caisse de résonnance de ces initiatives très constructives chères au ministre Fomba.
Quid du ministère du Commerce et de l’Industrie ? Le résidu de la canne à sucre offre la meilleure des alternatives au plastique. Outre la production de tout type d’emballages écologiques (sacs, sachets, bouteilles, bols, barquettes pour fast-food, etc.), l’accroissement industriel de la filière sucrière pour la circonstance répondra aussi à la préoccupation du ministre Diallo, à savoir l’arrêt définitif de la pénurie cyclique du sucre au Mali. (Lien YouTube «Valorisation : de la bagasse à la bouteille »). Le ministère de la Santé et du Développement social. Vecteurs de maladies, les ordures dans nos centres de santé sont largement constituées du plastique « roi » contenant des vomissures, des restes de nourritures et… des déjections humaines. Par sa faute, les fosses septiques s’obstruent rapidement rendant impraticables les toilettes. Le concept « centre de santé, zéro emballage plastique » sera une réalité avec le précieux appui de l’Association des techniciens de surface-secteur de la santé au Mali (ATES-SSM) qui a marqué la fin de l’année 2022 par une historique campagne d’assainissement.
Le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Les ordures ménagères sans le plastique, offrent aux femmes du combustible écologique en lieu et place du démodé bois et de son dérivé qu’est le charbon (source de déforestation). Le 08 Mars 2026 sera favorable pour le développement du thème : « Le droit de la femme à une cuisson propre à travers la lutte contre la pollution plastique ». Placée dans le contexte AES en synergie avec le Niger et le Burkina, la touche féminine donnera une impulsion certaine au programme. (Lien YouTube « Rwanda, transformation des déchets en combustible»).
Le ministère de la Communication et de l’économie numérique est l’acteur clé dans la communication de toutes les rencontres nationales à travers l’ORTM. Le grand Tabalé national dans sa passion de servir le peuple s’illustrera de la plus belle des manières en disposant sur le plateau du JT de 20H00 un modèle de sac écologique rempli d’emplettes à l’image du gel hydro alcoolique exposé pendant les périodes critiques de la pandémie. En parallèle, elle déclenchera au moment opportun, le compte à rebours « jour J -…» jusqu’au 03 juillet 2026 comme elle le fait dans d’autres circonstances.
Un spot au contenu très pédagogique sera réalisé et diffusé en alternance avec celui dédié aux FAMA avant le grand JT. On y verra lors d’une scène de vente, le Président de la Transition, le Premier ministre et le Président du CNT chacun, dans la peau d’un citoyen ordinaire, tendre un sac (ou sachet) biodégradable au vendeur de fruits pour le premier, de viande pour le second et de pain pour le troisième ce, en lieu et place du plastique.
Les structures en charge des questions de l’emploi du ministère de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle que sont l’ANPE et l’APEJ croulent perpétuellement sous le poids des demandes. Les emplois verts à travers la collecte des sacs vides de ciment en vue de confectionner les contenants en papiers, celle des ordures ménagères pour le bio charbon (Mali kura charbon), la culture du dah pour ses fibres, etc. fournissent de réelles opportunités d’insertion professionnelle. Une autre fibre, le jute dont l’Inde est le 1er producteur mondial, représente une alternative très intéressante. (Lien YouTube, Sacs en toile de jute : Les secrets d’une fibre)
La Délégation spéciale de la mairie du district de Bamako dans son élan citoyen d’assainir, d’embellir et de moderniser la ville de Bamako, jouera un rôle majeur dans la mise en œuvre du programme. L’implication des Œuvres sociales du président de la Transition favorisera la création de milliers, sinon de millions d’emplois verts. Une dimension humanitaire plus productive que l’offre de forages, de vivres, d’ambulances, de don de chèques géants à des jeunes diplômés stagiaires et aux champions sportifs. Parce qu’ils ont voulu, les Rwandais ont pu faire de Kigali la ville zéro sac plastique et dans la foulée, la plus propre d’Afrique. Avec une dose de volonté, la réussite de la transition écologique est possible au Mali, voire dans l’espace AES. Le Mali nouveau dont nous rêvons ne s’accommodera pas de l’insalubrité. Alors… changeons !
Tidiani Hassimi Soumbounou
Militant écologique
Tél : 76 44 37 98
Rédaction Lessor
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