«Quels
défis pour les médias publics dans un contexte de terrorisme et de Transition
politique», c’est l’un des thèmes débattus, hier au Centre international de
conférences de Bamako (CICB), lors de la table ronde organisée dans le cadre
des journées de relance de l’Agence nationale de presse.
Le
conférencier était Dr Aly Tounkara,
enseignant-chercheur et directeur du Centre des études sécuritaires et
stratégiques au Sahel (CE3S). Il a apporté des éclaircissements sur cette question
qui domine l’actualité de notre pays . Il s’agit, selon lui, de comprendre les
attitudes à adopter par les journalistes dans les jugements portés sur le
terrorisme.
Pour le conférencier, quand on suit les médias à propos du terrorisme, on se rend compte qu’il y a quand même un seul problème de compréhension du phénomène. «Certains parleront de djihadistes, terroristes, extrémistes violents. Finalement, le lecteur ou l’interlocuteur n’arrive plus à les situer. Or, il se trouve que chaque expression utilisée pour qualifier le terrorisme a une connotation.
Dr
Aly Tounkara poursuit les explications : Je prends par exemple le cas du
djihad. Lorsque vous qualifiez une action violente au nom du djihad,
naturellement cela demande au journaliste, non pas d’être un théologien, mais
de comprendre quelles sont les implications du terme, du point de vue de
l’expression arabe. Il y a des auteurs, des chercheurs très contemporains, vous
diront que rien que le mot djihad a plus de 70 significations. Parmi celles-ci,
il n’y a qu’une seule qui voudrait dire l’action violente, le djihad al-qital.
Quand vous lisez par exemple les travaux de l’égypto-américain Mark A. Gabriel,
il a fait une œuvre qui s’appelle
«L’Islam et le terrorisme» dans laquelle, il revient sur ces compréhensions
conceptuelles du terme. Pour vous dire que les termes sont extrêmement
importants lorsque vous voulez les consigner dans un travail scientifique ou
dans un travail journalistique.
Et
de poursuivre : «L’autre élément important toujours à propos de cette
compréhension des concepts, j’entends certains dire que c’est juste l’injustice
sociale, c’est juste l’insuffisance de l’utilité sociale de l’État, c’est juste
le manque d’opportunités d’emplois pour les jeunes. Faites attention à cela
parce que lorsque l’on évoque le terrorisme, très souvent dans la recherche, on
parle de trois éléments à mettre en dialogue ensemble. Le premier élément,
c’est d’abord de se dire qu’il n’y a pas qu’un seul facteur qui pourrait
expliquer le terrorisme. Il n’y a pas que l’injustice sociale, il n’y a pas que
le fait religieux, il n’y a pas que le sentiment de la non-utilité sociale de
l’État, il n’y a pas que le peu de bienveillance de services sociaux de base. Mais plutôt, il
faut avoir à l’esprit que le terrorisme s’appelle une connexion avec les
facteurs. En fait, il n’y a pas qu’un seul facteur.»
Selon
les analyses d’Aly Tounkara, il est extrêmement important que les journalistes
dans leurs analyses mettent en dialogue les différents facteurs pour comprendre
le phénomène. «L’autre élément, c’est aussi de dire attention, non seulement il
y a une nécessité de mettre cette connexion avec le facteur, mais également de
se dire que les profils des acteurs, des entrepreneurs de l’environnement, sont
des profils aussi qui sont très hybrides. D’ailleurs, si vous regardez un peu
dans le contexte malien, de 2012 à aujourd’hui, vous allez vous rendre compte
qu’on parlait tantôt de certains chefs terroristes comme Ben Moktar ou Sahrawi.
Mais lorsque vous regardez un peu les éléments qui étaient avec ce groupe en
2012, et voir aujourd’hui la configuration actuelle, que ce soit avec l’État
islamique, avec le Groupe soutien à l’islamo-musulman, sans occulter ce qui se
passe aujourd’hui entre le Mali et le Sénégal, vous allez vous rendre compte
que non seulement les profils omîtes, mais dans le même temps, les raisons qui
soutenaient la violence sont aussi très complexes et dynamiques.
Malheureusement, on a l’impression que le phénomène est homogène.
DES
RÉFÉRENTIELS À NE PAS NÉGLIGER-«En fait, si vous suivez un peu les différentes
déclarations en lien avec le fait que les citernes sont incendiées, le fait que
certaines expériences sont aujourd’hui coupées de la part de groupes radicaux
violents, le référentiel des religieux est brandi. Mais derrière le référentiel
des religieux, quand on est journaliste, il est quand même extrêmement
important de se dire oui, c’est vrai, quand «Diarra» fait ses apparitions
médiatiques, il brandit le référentiel musulman pour justifier pourquoi aujourd’hui
les citernes sont attaquées. Mais en votre qualité de journaliste, il est
extrêmement important que vous ne devenez pas trop des théologiens, mais il est
quand même utile de comprendre quels sont les versets susceptibles d’être
utilisés par les groupes radicaux violents pour légitimer une action violente.
En
passant par Oussama Ben Laden, Iyad Ag Ghali, Amadou Koufa, on a globalement 13
versets qui sont mobilisés. Il est extrêmement important que vous sachiez
comment ces versets ont été révélés, quels sont également les contextes des
révélations, est-ce que ce sont des versets globalisants, est-ce que ce sont
des versets intemporels ? Donc, ça c’est extrêmement important de le
savoir. Maintenant pour finir, en termes de recommandations, c’est vrai qu’il
est difficile de comprendre aisément, qu’on soit chercheur ou qu’on soit
journaliste de travailler sur des thématiques aussi sensibles.
Pour Ali Tounkara, le travail de journaliste ou de chercheur exige donc une grande rigueur éthique. Les professionnels doivent s’efforcer d’éviter les simplifications excessives qui masquent la complexité des comportements humains. Il estime que l’analyse doit s’orienter vers la compréhension des facteurs socio-économiques, historiques et psychologiques qui poussent à la violence, plutôt que de se limiter à des éléments identitaires. C’est à travers cette compréhension approfondie que l’on peut espérer contribuer à une société qui ne se laisse pas emporter par des généralisations hâtives.
Seibou Sambri KAMISSOKO
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